En rentrant dans sa tour, Draco croisa Blaise et Pansy. Ceux-ci étaient à moitié cachés par une sculpture et s’embrassaient à pleine bouche. Leur meilleur ami s’approcha silencieusement et déclara tout d’un coup :

-       Bah on dirait que y en a qui se sont enfin décidés…

Les deux serpentards se séparèrent rapidement et rougirent.

-       Cette couleur vous va à merveille. Surtout toi Blaise, j’ai toujours dit que le rouge et le noir s’accordaient parfaitement, dit ironiquement Draco.

-       Oh ça va, hein ! Pas la peine de devenir sarcastique, sinon on peut parler d’un certain brun aux yeux verts si tu veux, répliqua Blaise.

-       Attendez on va pas parler de moi là…

-       Mais non voyons Dray, tu n’es pas brun aux yeux verts, l’interrompit Pansy.

-       Rah vous m’avez compris. C’est vrai quoi ! Vous vous tournez autour depuis vos dix ans. Il faut fêter ça.

-       Ah si ce n’est que ça, c’est déjà fait si tu vois ce que je veux dire, sourit Blaise, prenant sa petite amie dans ses bras, avec un sourire lubrique collé aux lèvres.

-       Non je ne vois pas ce que tu veux dire et ne veux surtout pas voir. Bon on rentre, enfin non, je rentre. Restez là à faire… ce que vous avez à faire. Bref ! Bonne nuit.

-       Attends Dray, dit Pansy, on n’a pas parlé du brun ! Ca s’est passé comment ?

Mais Draco était déjà parti. Il travailla ensuite son devoir de potion sans grande concentration. Il sentait encore l’odeur de Potter, ressentait sa chaleur et… Oui donc la potion pousse-pousse.

De son côté Harry se faisait aussi questionner par Hermione et Ron.

-       Alors Harry tu t’es excusé ? demanda la gryffondor.

-       Comment ça « excusé » ?

-       Rien Ron. Oui c’est fait. Non je ne veux pas en parler. Oui je vais bien et non il ne s’est rien passé, assena Harry bien décidé à ne pas se poser trop de questions sur son geste.

-       Bon d’accord, abandonna Hermione.

-       Mais pourquoi je ne suis jamais au courant de rien moi, se désola Ron.

Hermione le prit dans ses bras et lui raconta la mésaventure de Harry. Celui-ci alla se coucher et quand il ferma les yeux, il revit la bataille finale. Il se souvint du regard échangé avec le serpentard. Ce dernier avait raison : il avait été heureux que Draco soit dans leur camp. Le fait que le serpentard soit dans le camp opposé aurait endommagé leur adversité : il n’aurait plus revu Draco. Celui-ci aurait été envoyé en prison voir pire : tué. Quant au geste d’affection qu’il avait eu, il n’y a pas une demi-heure, il l’avait fait spontanément. Harry avait décidé de ne plus réfléchir et de faire selon ses envies. Et là, il avait eu envie de réaliser le souhait de Draco. Le gryffondor n’avait pas regretté un seul instant : il s’était senti plus que bien dans les bras de son conteur.

Au cours de potion suivant, la potion pousse-pousse posait problème à une grande partie de la classe. Seuls Draco et Hermione arrivaient à la maitriser. Cette dernière refusait de partager ses informations et Harry bloquait complètement. Il reçut alors un papier :

Salut,

Granger ne partage pas ses informations avec toi normalement ?

Il faut que tu ajoutes de l’essence de murtlap. Tourne ensuite une fois vers la droite vers la gauche. Ta potion devrait prendre une teinte jaune canari.

DM

Harry releva la tête et croisa le regard de son expéditeur. Celui-ci lui adressa un sourire tendre et lui fit signe de travailler. Le gryffondor suivit donc les instructions et sa potion obtint la bonne couleur juste au moment où Rogue passait dans son rang.

-       Potter ? Un cerveau vous est poussé pendant la nuit ?

-       Il faut croire monsieur.

-       Un point pour gryffondor, dit Rogue en lui jetant un dernier sceptique.

Ron hallucina et pressa Harry pour que celui-ci l’aide.

A la fin du cours, la classe sortit. Les deux némésis se croisèrent et au grand étonnement de tout le monde, elles ne se tapèrent pas dessus. Pas même une minuscule pique ne vint. Elles échangèrent juste un regard, amoureux pour Draco et hésitant pour Harry.

-       Il ne s’est rien passé, hein ? glissa Hermione à l’oreille du brun.

Harry l’ignora. Il attendait le soir avec impatience. Celui-ci ne tarda pas à venir et Draco rejoint Harry. Il se plaça à quelques centimètres de son amour. Ce dernier pouvait sentir son souffle contre se nuque.

«  La sixième année commença. Le jeune homme et ses deux amis virent leur maison diminuer de nombre. Grand nombre de serpentards avait participé à la guerre dans le mauvais camp ou avait été abattus.

Les choses reprirent ensuite leur cours tranquillement. Les professeurs donnaient toujours autant de devoirs, la rivalité entre serpentard et gryffondor n’avait pas diminuée. Au contraire, les autres maisons traitaient les serpentards comme des ennemis alors que ceux qui étaient à Poudlard étaient les « gentils » serpentards. Dumbledore fit alors un long discours promettant une sanction à quiconque continuait à les rudoyer. Les regards persistèrent cependant. Notre héros n’en avait cure. Tout ce qu’il voyait c’était que son amour continuait à le traiter comme sa némésis. Il lui lançait chaque jour des regards noirs ce qui provoquait une certaine rage chez le jeune homme. Il ne voulait pas répondre à ses agressions mais sa fierté le poussait à chaque fois répliquer. Ce cercle vicieux plongeait notre héros dans un profond désespoir. Puis vint le jour où le gryffondor largua sa petite amie rousse pour un brun. Le héros national se déclara homosexuel devant tous, sans la moindre gêne. Cette information fit grand bruit et ne fut pas acceptée tout de suite. La presse s’en donnait à cœur joie. Mais le vainqueur ne se démontait pas et enchainait les conquêtes masculines. Le monde sorcier finit par comprendre que ce n’était pas un caprice d’adolescent et le laissa tranquille. Notre héros vit les choses autrement à partir de cet événement. Il se surprit à espérer. Mais Blaise lui rappela gentiment que leur relation n’avait aucunement changé et que le cercle vicieux continuait sa ronde. Le jeune homme comprit que la douleur de voir son amour avec un homme était encore plus grande que celle de le voir avec une femme. Dans le second cas, il n’y avait aucun espoir et l’absence de relation autre que haineuse pouvait se justifier par l’impossibilité d’une amoureuse. Alors que dans le premier cas, elle ne dépendait que de notre héros, ce n’était que parce qu’il n’agissait pas et subissait. Il perdait espoir devant sa lâcheté. Un jour, cependant, il trouva un livre à la bibliothèque, les Mille et Une Nuits, il le lut et celui-ci lui donna une idée. Il n’en parla à personne et la laissa germer, jusqu’à qu’il trouve le courage de prendre sa plume et d’écrire une lettre.

La suite tu la connais. Notre héros qui n’en est pas un, te raconte son histoire chaque soir, depuis cette fameuse lettre, dans l’espoir que tu le voies autrement que comme ton ennemi. Je n’espérais pas obtenir ton amour suite à cela. Je souhaitais juste avoir ta confiance et peut être ton amitié. L’amour viendra, s’il doit venir, mais cela ne dépend plus de moi. »