La maison hantée.
Cette histoire se déroule au trentième siècle. A la vitesse où vont les choses actuelles : progrès, technologies, mœurs, évolutions, on pourrait croire que beaucoup d’éléments ont changé. Il en est rien. Tokyo est toujours là, arborant le même visage qu’elle dévoilait déjà il y a neuf siècles de cela.
Une maison à l’architecture boisée et élevée sur plusieurs étages se tient en retrait de cette ville. Cette demeure fut construite sous l’impulsion et le rêve fou d’un homme de nationalité américaine qui voyait en ce paysage, l’endroit parfait pour y poser les fondations de sa nouvelle résidence. Cet être était riche, infiniment puissant sur le plan financier. Il était âgé d’une cinquantaine d’années à cette période et la vie semblait lui sourire. Une femme, un fils de huit ans. Oui, tout lui réussissait et il n’hésitait pas à goûter ce bonheur en ayant constamment, un magnifique sourire aux lèvres. Cet américain était un chanceux, un très grand veinard. Une fois lorsque la construction de cette demeure s’acheva, tous trois s’installèrent à l’intérieur et commencèrent à y mener une vie paisible.
*
Haruka aime passer du temps à cette période. Puisque Setsuna vit dans ce monde, autant en profiter pour lui rendre visite de temps en temps. Cela fait un moment déjà que les guerrières des temps anciens et nouveaux n’ont mené de combats et cela ne leur manque pas le moins du monde. En ce moment, la blonde roule à bord d’une magnifique voiture jaune, possédant plusieurs chevaux sous le capot. La femme porte un pantalon bleu foncé et un sweet aux tons clairs. Malgré toutes ces années passées, Haruka est restée la même, toujours bien décidée à devenir aussi rapide que le vent, tout en étant insaisissable. Sur le siège passage se tient Michiru, dont les cheveux dansent sous la force de l’élément léger. La guerrière des océans porte une robe verte et un haut assez similaire à celui de son amie. Le visage de la femme aux cheveux turquoises n’exprime aucune crainte tant elle fait confiance à ce garçon manqué qui est à la fois sa partenaire de combat, son amie mais aussi, sa confidente.
Le véhicule s’échappe des rues encombrées de Tokyo et roule sur une route accidentée. Au bout de plusieurs kilomètres, la voie goudronnée disparait pour laisser la place à un chemin de terre. Haruka ralenti dans le but d’éviter le moindre endommagement sur sa voiture et constate, au bout de plusieurs minutes, qu’elle s’est engagée sur une route qui est loin d’être totalement inconnue.
« C’est bien cette route qui mène à cette maison abandonnée, n’est-ce Michiru ? - Tout à fait et je me demande bien pourquoi tu nous as amené ici. - Pour tout te dire, je l’ignore aussi. »
Lorsque la voiture arrive aux abords de la résidence, les deux femmes remarquent une silhouette se tenant devant les grilles du jardin. Cette personne, elles savent très bien de qui il s’agit.
« Rei ? »
Haruka arrête son bolide à l’hauteur de la grille et laisse Michiru discuter avec la jeune femme.
« Bonjour Rei. »
La brune se retourne et sourit rapidement.
« Bonjour Haruka, bonjour Michiru. Que faîtes-vous par ici ? - On s’ennuyait un peu chez nous et on s’est dit qu’une petite virée sympa pouvait nous faire que du bien. - Je comprends. »
Rei porte son traditionnel costume de prêtresse. Depuis la mort de son grand-mère, elle a reprit la direction du temple dans lequel elle vivait depuis toute petite. La perte de celui qui l’a élevé fut une terrible épreuve pour elle mais la brune possède en elle une incroyable force qui lui permet de surmonter tous les drames avec une étonnante facilité. Désormais, elle aide les personnes perdues à retrouver leur chemin dans ce dédale que représente la vie. Par moment, des visions animent ses rêves mais ces dernières ne sont guère menaçantes, sauf ce matin. C’est aussi pour cette raison qu’elle se tient ici, face à cette demeure abandonnée. D’ailleurs, son visage semble inquiet, ce qui alerte Michiru et Haruka.
« Quelque chose ne va pas ? Lui demande la blonde. - J’ai fait un rêve ce matin concernant cette maison et dans ce songe, quelque chose allait se produire. - Vraiment ? »
Michiru pose cette question mais n’attend pas de réponse tellement elle est devinable. La guerrière aux pouvoirs aquatiques se contente d’observe la résidence délaissée et perçoit le visage d’un jeune garçon brun à la fenêtre du second étage.
« Il y a quelqu’un là-haut. »
Haruka et Rei regardent à leur tour et constatent que leur camarade a parfaitement raison. Une poignée de secondes plus tard, l’enfant disparait comme par magie.
« Qu’est-ce que cela veut dire ? S’étonne la guerrière du ciel. - Je l’ignore mais je compte bien le découvrir. »
Sans prêter davantage d’attention aux deux combattantes, Rei s’éloigne de la voiture afin de s’approcher de la grille. Inquiète, elle pose l’une de ses mains sur la poignée et l’abaisse. L’issue s’ouvre dans un grincement mais cela n’est guère suffisant pour inquiéter la prêtresse. Dès qu’elle pose un pied sur la propriété, des ondes négatives se font ressentir, augmentant les doutes de la jeune femme.
« Effectivement, j’avais raison de me poser des questions suite à mon rêve de ce matin. - Que veux-tu dire Rei ? L’interroge Haruka. - Ce que je veux dire est simple. Il se passe quelque chose de très étrange par ici et j’ai bien l’intention de le découvrir. D’ailleurs, vous avez vu les arbres et la végétation environnantes ? »
Haruka et Michiru se gardent de donner une réponse négative et promènent leur regard sur la partie visible de la propriété. Même si leur monde est avancé dans le temps, il arrive encore parfois que des périodes pluvieuses survolent la ville. Les arbres devraient être vert en ce jour de printemps et généreux avec leur ramage mais non. Leur tronc est gris, comme s’ils étaient calcinés par un feu qui a sévi en ces lieux il y a de cela quelques années. Leurs branches sont nues de toute verdure et pour l’herbe se trouvant à leur pied, même sort.
Face à ce triste spectacle de désolation, les deux guerrières se regardent et hochent positivement de la tête. Rapidement, elles sortent de la voiture et prennent bien soin de fermer les portières avant de se placer aux côtés de la brune.
« Tu ne vois aucun inconvénient à ce que nous te tenons compagnie ? La questionne Michiru. - Non et au contraire, vous ne pouvez pas savoir à quel point votre présence me rassure. »
Rei fixe la porte d’entrée de la maison et des perles de sueur coulent sur son front.
« Allons-y ! »
Les guerrières des temps nouveaux acceptent la proposition de la troisième combattante et c’est ensemble qu’elles entrent dans la demeure.
*
Setsuna se tient devant les portes du temps, fidèle à son poste. La femme est dans sa splendide tenue de guerrière et dans ses mains se tient la fameuse clef qui lui sert également d’arme lorsque le besoin se fait sentir. Même si elle est habituée à être seule à ce poste, la solitude lui pèse énormément. Soudain, un bruit de cloche à intervalles réguliers se fait entendre. Pluton sait ce que cela signifie. Tranquillement, elle se retourne pour faire face à l’issue fermée et attend que celle-ci s’ouvre pour connaître l’identité de l’être qui emprunte le couloir dimensionnel. Les deux battants s’ouvrent tandis que les cloches se manifestent toujours et une magnifique adolescente aux cheveux roses vient rejoindre la grande brune.
« Petite demoiselle ? »
Lorsque Chibi-usa se tient face à Setsuna, l’adorable fille de la reine Serenity sourit. Il est bien loin l’époque où elle n’était qu’une fillette de six ans. Désormais, la fille de Usagi est une adolescente épanouie. L’héritière du Millénium d’Argent porte une somptueuse robe rose et bien sûr, Luna-P l’accompagne toujours.
« Que faites-vous ici ? - Je ne savais pas quoi faire à l’intérieur du palais et comme maman et papa sont occupés, j’ai décidé de me promener. Comme cela fait un moment qu’on ne sait vu, je me suis dit que te rendre visite pouvait te faire plaisir. - C’est une très gentille attention. »
Setsuna sourit à Chibi-Usa qui lui rend aussitôt.
« Tout se passe bien au palais ? - Oui mais avoir une horde de serviteurs à mes ordres pour satisfaire le moindre de mes envies me fatigue. Si je le pouvais, je retournerais dans le passé rendre visite à Usagi, Amy, Rei, Mako et Minako mais bon, elles ont une vie tranquille désormais et forcément, je ne pourrais que m’ennuyer parmi elles. - Petite demoiselle ! - Je plaisante Setsuna. »
Et voilà que Chibi-Usa rigole à gorge déployée. La gardienne de la porte agit très rapidement de la même façon tout en délaissant le couloir du temps grand ouvert, chose qui se produit très rarement après le passage d’un visiteur, même temporaire.
*
Rei, Haruka et Michiru se tiennent dans le hall d’entrée de la maison abandonnée. L’intérieur est sombre malgré les nombreuses fenêtres de la demeure qui ne sont pas protégées par leurs volets. De nombreuses toiles d’araignées recouvrent le plafond et les murs de la pièce, ainsi que la vingtaine de marches constituant l’escalier qui mène au premier étage. Là, l’intuition de la prêtresse se fait de plus en plus précise. Soudain, un air de valse se fait entendre par l’entrée d’une autre pièce se tenant à leur droite.
« Cette maison n’était pas abandonnée ? S’étonne Haruka. - Si. »
Curieuses, les guerrières quittent le hall afin d’entrer dans la salle dans laquelle résonne la douce mélodie. Là, face à elles, un homme, une femme et un petit garçon sont assit autour d’une grande table, prêt à savourer le délicieux déjeuner qui trône sur le meuble. Les murs sont recouverts de somptueuses tapisseries venues d’Orient, décorés de nombreuses toiles de grands maîtres et des meublent complètent ce cadre idyllique. L’homme, âgé d’une cinquantaine d’années, a les cheveux châtains foncés même si des mèches blanches trahissent son demi-siècle d’existence. Il se tient à l’extrémité droite de la table et porte un costume marron clair ainsi qu’une cravate rouge autour du cou. La femme elle, est assise à l’autre bout. Cette dernière évolue dans une robe blanche comprenant des motifs fleuris bleutés et ses cheveux longs, lui arrivant jusqu’en bas des reins, sont bruns. Au centre de cette tablée est installé un petit garçon d’environ huit ans. Il est châtain foncé et porte encore sa tenue d’écolier.
Visiblement, ces trois personnes forment une famille unie mais ce décor parfait intrigue Rei. Elle décide d’en avoir le cœur net.
« Excusez-moi. »
L’homme tourne son visage vers celui de le prêtresse tandis que la femme commence à remplir l’assiette de son fils.
« Bonjour jeune fille. - Bonjour monsieur. Désolé de vous déranger mais puis-je savoir qui vous êtes ? - Mais voyons, il me semble que la réponse est pourtant claire non ? - Comment ça ? »
Rei, Haruka et Michiru regardent les trois membres qui composent cette étrange famille avec des visages présentant de l’interrogation. Face à ce comportement, l’homme décide de répondre.
« Nous sommes les propriétaires de cette maison. »
Rei poursuit de son côté avec une nouvelle question.
« Vous avez emménagé récemment alors ? - Non mais… pourquoi toutes ces questions à la fin ? - Parce que cette maison est censée être inhabitée depuis fort longtemps. »
A la fin de cette réponse, l’homme, son épouse et son petit garçon s’immobilisent. Ils se regarde le cours d’un instant et se mettent à rire tous ensemble. Ce comportement déconcerte totalement Rei qui ne sait plus quoi penser.
« Partons d’ici avant de se couvrir davantage de ridicule, lâche Haruka. - Mais … »
Rei est complètent perdu dans ses réflexions intérieures et ne peut bouger, ce qui n’est pas le cas des deux guerrières qui quittent déjà le salon au profit du hall d’entrée. Quelques secondes plus tard, Haruka et Michiru se dirigent vers la grille restée grande ouverte lorsque le petit garçon qui se tenait dans le salon se matérialise sous leurs yeux. Cette fois, sa tenue d’écolier est déchirée de part et d’autres tandis que du sang coule sur son visage. Toutefois, ce dernier est baissé.
« Rei avait raison. Il se passe vraiment de drôles de choses dans cette maison. Conclut Michiru. - Oui et j’espère que nous n’avons pas fait une erreur en la laissant seule à l’intérieur. - Si. »
Cette réponse vient du petit garçon.
« Mon père est un homme méchant et il lui fera du mal comme il en a fait à moi et à ma maman, pleure le petit homme. - Que veux-tu dire par là mon grand ? » Questionne Haruka dans un ton attendrissant.
A ce moment, l’enfant lève sa tête et présente des orbites vides. A la place, du sang s’écoule en abondance, causant un mal-être chez chacune des deux combattantes lunaires. Soudain, un cri de femmes en provenance de l’intérieur de la maison se fait entendre.
« Rei ! » S’écrie Michiru qui abandonne Haruka pour foncer sur la porte d’entrée de la bâtisse. |