Août 2013.
5ème partie de la Symphonie fantastique de Berlioz.
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La cloche. Cette cloche. Elle nous cerne et elle ne nous lâchera pas, nous sommes la proie, elle le prédateur et elle ne laissera pas tomber. C'est fini, c'est fini maintenant. Ce n'est même pas une chasse, elle est patiente, elle nous laisse l'impression que tout est comme avant, nous permet de nous arrêter devant de grands emportements... Un peu vains. Un peu ! Et un seul son qui nous glace... Là ! Tout près ! Tout près et cruelle, froide, implacable...
On ne fuit pas. Elle nous fait courir pour son plaisir sadique, le plaisir du frisson quand on la retrouve, frisson de terreur, d'extase aussi, extase de la perte, du renoncement. Elle est là maintenant. Elle ne partira pas. Elle n'a même pas le dernier mot, elle a assez d'assurance pour laisser parler une trompette, elle nous a prouvé qu'elle ne disparaîtrait pas.
Et on recommence, oh oui encore. Et on sait cette fois qu'elle va venir, qu'elle va revenir, plus d'insouciance, de libération, juste l'attente terrifiée, l'angoisse de l'inévitable, et puis l'excitation profonde à savoir qu'elle nous guette et qu'elle bondira sur nous, glaciale, pour nous saisir.
Un vaste froid frissonnant et la cloche qui ne nous lâche pas, même quand on ne l'entend pas - surtout quand on ne l'entend pas. Parce qu'on l'attend, on l'attend, et elle est partout, dans le noir qui l'annonce, dans l'illusion de légèreté.
Et la voilà, oui, sa mâchoire effleure notre gorge, elle ne se refermera pas, elle ne se refermera pas mais on ne bouge pas... Tétanie, défaite... Et avec quelle fascination la sent-on nous anéantir. Victoire, victoire de la peur sur le paranoïaque.
Elle nous tient. Elle nous retrouvera toujours. Elle est dans notre tête, et on ne l'en chassera pas, tendus vers la terrible résonance qu'elle inflige à notre effroi quand elle sonne, sonne, sonne notre abandon.
Ding ! Ding ! Encore un et on meurt ; il ne viendra pas, attente étrange du terrassement.
Encore ! Encore. Quel plaisir de la désirer cette cloche, quel vertige dans l'effroi.
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