La nuit ne fut pas de tout repos. Cyllène n'avait pas attendu que le soleil se lève pour partir. La fraîcheur l'avait un peu apaisée et c'est déterminée qu'elle commença la longue marche. D'après les elfes qui l'avait aidée à se préparer, la montagne se situait à deux jours en suivant toujours le nord-est. Un seul problème se posait. Elle n'avait jamais appris à s'orienter. Et tous les arbres se ressemblaient un peu trop... Au bout de deux bonnes heures, la jeune elfe se surprit à penser qu'elle n'aurait pas dû partir comme une voleuse et accepter l'aide de Legolas. Mais les événements de la veille étaient à la fois issus d'un songe et source de peur. Cyllène n'avait jamais connu autre chose que la souffrance, le rejet, la haine. Elle avait fuit son clan et maintenant elle en fuyait un autre. Il se passait trop de choses en peu de temps et elle avait du mal à tout assimiler.

Un bruit la fit sursauter. Cyllène brandit sa dague mais la remit bien vite dans sa ceinture en voyant le petit écureuil qui la regardait, tête légèrement penchée.

- Vous devriez faire plus attention, fit une voix moqueuse.

La main sur le cœur, la jeune elfe tenta d'arrêter les battements désordonnés de ce dernier.

- Et vous devriez éviter de faire peur ainsi aux gens, rétorqua-t-elle pour se donner bonne figure.

- Vous me le devez bien. Après tout, vous êtes partie sans moi.

Elle se détourna de Legolas à l'annonce du reproche.

- Et bien, vous m'avez rattrapé non ?

- À vrai dire, je pensais vous rattraper plus loin vu l'avance que vous aviez pris.

Cette fois, de légères rougeurs vinrent teinter les joues de Cyllène. Surtout, ne pas lui dire qu'elle ne savait plus trop où elle allait.

- Vous n'étiez pas non plus obligé de venir...

- J'ai dit que je vous aiderai et c'est ce que je ferai.

Le sérieux avec lequel avait parlé Legolas la fit se sentir coupable. Elle se laissa dépasser et le suivi sans mot dire. Les minutes passèrent dans un silence rempli de tensions. Si Cyllène se savait plus ou mois coupable, elle ne comprenait pas pourquoi Legolas semblait autant sur ses gardes. Un doute l'envahit après réflexion sur la présente situation.

- Vous n'êtes quand même pas parti en abandonnant votre clan ?

- Je ne les ai pas abandonné, répondit-il tout en continuant de marcher. Ils peuvent se débrouiller sans moi. Ce qui n'est pas votre cas.

- Il n'empêche que vous êtes le fils du chef et donc vous avez des responsabilités envers eux.

L'elfe blond s'arrêta et se planta devant Cyllène, qui instinctivement recula.

- Est-ce la raison pour laquelle vous êtes partie sans m'attendre ? Parce que je suis le fils du chef ? Ou est-ce parce que je vous fait peur ? Si c'est à cause de ce qui s'est passé hier...

- Ce n'est pas votre faute. Enfin... je veux dire que je ne sais plus trop où j'en suis, qui je suis... Tout est si rapide.

- Je comprends. Je ne vous brusquerai pas plus et vous laisserai du temps et de la tranquillité. Mais n'oubliez pas de me répondre.

- J'essayerai de ne pas trop tarder.
La réponse de Cyllène fit rire Legolas, entraînant rougissements chez cette dernière. Le voyage se passa dans une ambiance moins tendue, jusqu'au moment où ils arrivèrent à une clairière...