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au 31 Mai 21 :
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Monochrome aquatique
Par SithGirl
Harry Potter  -  Romance/Action/Aventure  -  fr
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    Chapitre 2     Les chapitres     6 Reviews    
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Entre deux eaux
o°O°o 2. Entre deux eaux…o°O°o

Ce fut le froid qui lui fit rouvrir les yeux. Le froid assassin. Une morsure plus terrible encore.

Une poigne meurtrière achevait de le hisser dans le fond de la barque. La première goulée d’air fut un supplice. Elle lui déchira la gorge plus sûrement qu’une botte d’épingles. A la seconde, il recracha une quantité effroyable d’eau. La troisième le laissa sans force contre le bois pourri… Puis, le survivant se mit à trembler de tout son corps. Ses vêtements trempés collaient à sa peau comme la promesse d’une mort assurée…Dès qu’il fut en mesure de faire le moindre geste, il happa désespérément la jambe qui se trouvait dans son sillage. Les larmes gelèrent sur ses joues.

Un hoquet de douleur.

A deux pas, Draco était là. Serein. Aérien. Son sourire énigmatique planait toujours sur ses lèvres. Il se pencha sur lui et susurra à son oreille.

- Il fallait chasser la sirène, Potter…
Je n’avais pas le choix.

Le brun hoqueta de plus belle tandis qu’il crispait ses poings sur le pull de son interlocuteur. Ses tremblements semblaient atteindre jusqu’au sursauts de la barque. Le blond eut un sourire moqueur.

- Tu l’as vu ?…

Il secoua la tête d’un air have. Transi. Il voulait rentrer. Toucher terre de nouveau. Ses doigts errèrent spasmodiquement jusqu’à la rame. Il ne parvint pas à l’attraper. Brisé par la fatigue, il s’affaissa contre le jeune homme. Mais Draco le repoussa.

- On ne rentre pas si tu n’as pas compris…souffla-t-il durement.

Et en disant cela, il esquissa un geste pour replonger sa main dans l’eau. Déjà, l’onde frémissait à son approche. Le survivant bondit. Il plaqua le fruit de son imagination au fond de la barque et lui enfonça sa baguette sous la gorge. Une peur panique lui tenaillait à présent le ventre.

- Ne…refais…plus…jamais ça…gronda-t-il en tremblant de plus belle, les yeux démesurément vitreux.

Dans ses vêtements secs, le jeune noyé scrutait la détermination terrifiée qui luisait sur le visage du survivant.

- Je ne suis pas réel, Potter.
Je peux me noyer autant de fois qu’il faudra. Ça n’a pas de sens.

- La sirène….n’existe pas…gronda l’autre en secouant furieusement la tête.
Tu l’as dit, toi.

- Pourtant tu es passé par le fond…Faut-il être fou pour faire une chose pareille… cracha-t-il avec sarcasme.

Le brun se recula, comme électrocuté. Sa baguette se perdit dans le noir.
- Tu…tu coulais…J’ai…

Ses lèvres tremblaient, singulièrement bleues. Ses gestes étaient hagards. Le blond l’empoigna par le col et le secoua.

- Merlin, je ne suis pas réel ! Je suis le fruit de ta putain d’imagination ! Comprends-tu ?
Et pourtant, tu es tombé, Potter ! siffla-t-il contre ses lèvres.

Il sembla au survivant que toute couleur avait quitté la figure de sa Chimère. Elle était effrayante. Lisse. Presque reptilienne…

- Je…ne veux…pas… implora-t-il d’une voix atone.

Draco cessa de le malmener et le laissa s’affaisser au fond de l’embarcation comme une marionnette désarticulée. Un sourire équivoque germa sur ses lèvres.
- C’est ça Potter.
La seule vraie réponse… Tu ne veux pas.
Et c’est plus fort que toi.

Le brun se pelotonna contre le banc. Les paroles de son interlocuteur claquaient à son oreille comme les moins harmonieux des sifflements. Le lac semblait vivant contre sa joue.

- Ramène moi…

- Est- ce que je t’ai convaincu ?
Où est ce que je vais devoir nous passer par le fond une deuxième fois…

Un hoquet.
L’autre secoua la tête, d’un air désespéré. Ses cheveux bruns collaient à ses joues et à son front marbrés de rouge.

- La sirène n’existe pas…Elle…Elle n’existe pas…

Après un silence, le blond se coula à ses côtés au fond de la barque. Il l’enveloppa de ses bras tièdes et se pelotonna contre son flanc.

- Et pourtant, il suffirait d’un mot de moi, pour que tu me suives dans le lac…

Les paupières alourdies par les grelottements se soulevèrent péniblement et révélèrent au jeune homme, les iris vertes et noyées. Je ne veux pas… Il y eut un soupir douloureux. Un constat terrifié. Et dans un souffle, les lèvres se rencontrèrent avec force. Une tiédeur intolérable lui happa la bouche tandis que de l’étreinte se dégageait la saveur étrange de cette terre grasse et meuble. Il s’accrocha aux hanches frêles…comme à sa planche de salut.…que tu disparaisses….

de mon univers…

Soudain, la barque marqua un arrêt violent.
La berge.
La sensation des lèvres disparut. Le froid à nouveau. Le brun poussa un grondement d’abandon et rampa d’un air hagard en direction de la terre ferme. Il se hissa en tremblant, se déchira les ongles sur la pierre humide et roula bientôt dans la terre, avant de s’immobiliser, les bras en croix au pied d’un arbre dépouillé. Une chape de plomb s’écrasa sur lui alors qu’il se sentait partir dans une inconscience salvatrice. Des crocs glacés lui déchirèrent une dernière fois les poumons, puis le jeune homme cessa de lutter.

La barque heurtait la berge. Au loin. Il percevait le claquement régulier du bois contre les margelles métalliques. Rauque et sourd. Il lui sembla que le rythme ralentissait…au diapason des battements de son cœur enrayé par la température. A travers le brouillard anesthésiant, une main humide enserra sa cheville.

Il ouvrit péniblement un œil. La face luisante et blafarde de sa chimère émergeait à moitié au dessus de l’eau. Ses prunelles lui adressèrent une requête muette, tandis que la main happait avec une lenteur insoutenable le pantalon dans sa direction. Le jeune homme était dans le lac. Sa chevelure blonde dégoulinait le long de ses joues. Il n’y avait plus de limite au jeu chamarré de l’eau noire sur sa peau livide.

Le brun se dégagea de l’emprise de la créature. Une mélopée de son gutturaux coula sur l’onde. Les yeux se décolorèrent. Le gris métallique fondit à la surface. Il ne resta que le blanc glauque et vide. Le visage bistré lui adressa un ultime rictus, puis la main agrippa une poignée de terre avant de regagner l’eau en raclant la berge.

- Joyeux Noël, Harry Potter

La silhouette disparut. Son visage retomba contre le sol. Un spasme le secoua. Puis, plus rien.

C’était fini…

oOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOo

Un peu de paix.

Le silence.

Il n’avait jamais cru à une telle plénitude. Tout était si froid autour de lui. Cassant. Comme du verre. Un cocon de glace…

Les battements salvateurs lui échappaient.

La musique s’estompa. Le matelas noir et tendre de la terre.

Ces grelottements… Ils l’épuisaient.

Un hoquet.

Il pourfendit un dernier courant d’air et flotta…

oOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOo

Dans l’obscurité, une poigne solide l’arrachait du sol. Il s’affaissa contre un corps étranger et se sentit soulever de terre.

- Si tu te suicides au bord de ce lac, tu vas contribuer à diviser par deux le prix du mètre carré dans tous le village, Potter. Je ne peux pas te permettre un tel sabotage.

La voix.
Il y eut un sanglot et des poings qui se crispèrent sur les épaules trop fines pour un tel fardeau. Il y eut le bruit lointain d’une amarre qui glissa sur la berge. Puis, il y eut à nouveau le silence.

oOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOo

Le brun reprit connaissance en percutant sans douceur un sol inconnu. Il eut un hoquet violent et une main autoritaire le plaqua dans la poussière.

- La paix, Potter…
Tu en tient une sacré couche, n’en fais pas plus…marmonna la voix traînante et inespérée.

Dans son dos, il perçut les craquements lointains de l’âtre. Le bruit chaud des bûches. Il roula sur le dos. L’air sentait la cire vieillie et la fumée. Ses vêtements trempés pesaient de tous leur poids. La chaleur affluait bien, mais sans effet. Il grelotta de plus belle.

- Froid…

- Ouais, je me doute. Attends, bouge pas…

Son pull glissa maladroitement par dessus ses épaules. Après quelques résistances, il atterrit quelques mètres plus loin. Les mains qui le malmenaient cuisaient sur sa peau. Ses doigts…Il eut l’impression qu’on lui enfonçait des aiguilles sous les ongles. Arrachés…Un gémissement. Son jean lui déchira les hanches. Ses pieds s’évaporèrent en même temps que ses chaussures. Il eut l’impression de se casser aussi sûrement qu’une flûte de champagne fracassée contre un mur.

- Ok. Ça va aller maintenant…

Les mains assassines commencèrent à le frictionner en lui écartelant les muscles. Le supplice semblait devoir durer des heures. Il sentait des aiguilles lui perforer la peau de toute part. Son corps fut tourner et retourner à son insu. Il était semblable à un pantin désarticuler dont les membres menacent de partir en poussière…
Au bout d’un long moment, la brûlure intolérable se condensa en une chaleur diffuse. Au dessus de lui, il percevait le souffle court et serré de celui qui le ramenait progressivement à la vie. Dans la torpeur bienfaisante de cet endroit inconnu, ses dernières forces cédèrent et il s’endormit.

Les murmures indistincts lui parvinrent quelques secondes à peine…

oOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOo

La caresse de l’alcool dans sa gorge le tira de sa bienfaisante inconscience. Il toussa et sentit le liquide tiède lui couler sur le menton. On lui cala un verre dans la main. Il avait chaud.

- Avale ça…
Ensuite, on parlera, murmura l’autre contre sa joue.

Il descendit cul sec la lampée de gin. Elle lui brûla délicieusement l’œsophage.

Il revivait.

oOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOo

Comment sut-il où il se trouvait ?

Peut-être la classe indéniable malgré l’épaisse couche de poussière. Ou alors les entrelacements impeccablement brodés sur le drap qui avaient été jeté par terre. Peut-être l’évident bon goût dans le choix des vêtements qui avaient remplacé ses nippes trempées. Ou simplement un pressentiment. Néanmoins, ses derniers doutes se volatilisèrent lorsque le jeune homme blond pénétra à nouveau dans la pièce calfeutrée par d’épaisses tentures et des volets opaques, en portant un plateau chargé de café chaud, sa baguette coincée entre les dents.

La première œillade fut hostile. Le silence pendant que le mangemort se laissait tomber dans un fauteuil défoncé, princier malgré tout. Le second regard fut celui de la franche incrédulité. Et le brouillard se dissipant, Harry Potter prit conscience de l’incroyable réalité. Un maelström confus de sentiment afflua…

- Ne me regarde pas comme ça, Potter…marmonna l’autre en lui tendant un bol émaillé.
…On peinerait à croire que je viens de te sauver la vie.

Draco Malfoy…
Quelque chose se brisa dans sa poitrine. Il s’affaissa contre la banquette défoncée tout en passant sa main dans ses cheveux humides. Un malaise indéfinissable. Il se sentait une telle faiblesse dans tout le corps… Alors, il loucha sur le ballet du liquide odorant. Noir. Si noir…

- Je ne crois pas que tu sois…réel

Le blond fronça les sourcils en se rasseyant. La silhouette ramassée du survivant, les yeux plongés dans le foyer, le visage barbouillé des éclairs rougeâtres de l’âtre. S’il n’y avait eu l’amas trempé de ses vêtements qui formait une forme sombre au pied de la cheminée, le jeune homme eut pu douter de sa propre santé mentale.

- C’est toi, qui n’es pas croyable, Potter, malgré tout le respect que je te dois.
Tu étais dans le lac. Il fait moins quatre, dehors… Et tu as beau être un héros, dans l’eau, tu coules.
Tu sais ça ?

Le brun eut un pauvre sourire qu’il noya dans une gorgée de café brûlant.

- Il fallait la repêcher…ce n’est pas ma faute.

Qui ? La consternation barrait le front du mangemort. Vulnérable garçon à la cicatrice avec son adorable moue de gamin dément. Un sentiment fugace de pitié, avant de se souvenir….

- Qui ça ?

Un sourire fou. Le premier. Les prunelles vertes se braquèrent sur lui pour ne plus le lâcher.
- La sirène, Malfoy…

Silence.

- T’es complètement, barré, Potter, murmura-t-il incrédule en posant sa baguette sur l’accoudoir du fauteuil.

Les yeux verts chavirèrent vers l’âtre.
- Tu étais dans le lac, toi aussi…confessa le brun d’une voix grave..

Draco eut un sourire ironique.
- Oh…Tu m’en vois ravi.

Il se leva et alla remettre une bûche dans l’âtre. Il ne portait que du blanc. Ses pieds nus frottaient doucement le draps froissé. Ses longues mains aux ongles impeccables. Les cheveux trop long. La marque sur la peau étonnamment pâle.

- C’est drôle, Malfoy…

- Hmm…

- Tout à l’heure, tu flottais…ça ne faisait aucun bruit dans l’eau.

Le mangemort haussa les sourcils et s’allongea devant la cheminée à deux pas du noyé. Il jouait sans dire un mot avec sa baguette, en laissant se consumer ses questions petit à petit dans les flammes.

- Je n’était pas dans l’eau, Potter. Tu divagues complètement.

Le silence évinça sa contestation.

- Comment tu as su…

- J’ai entendu Granger partir. Puis il y a eut le cri. Et j’ai vu que la barque avait disparu. Ça n’a pas été trop difficile de faire le rapprochement…marmonna-t-il d’une voix atone comme s’il énonçait des évidences.
Et toi, comment as-tu su ?

- Su pour quoi ?

Les prunelles grises le transpercèrent.
- Pour la maison.

Le brun le jaugea en silence puis il se rapprocha du foyer et s’assit en tailleur en rabattant le pantalon trop long sur ses pieds nus.

- J’ai su il y a deux mois. Un communiqué du Ministère.

L’autre acquiesça. Puis, les deux sorciers restèrent silencieux un long moment, laissant au foyer le soin de meubler de ses crépitements le gouffre hostile de la pièce plongée dans l’obscurité. La silhouette longiligne du jeune mangemort se projetait fébrilement sur le mur nu. Harry contempla sans un mot la nuque qui ployait sous le poids de préoccupations invisibles. Ce profil aigu dont il avait furieusement espéré l’apparition pendant huit mois. Offert. Tranquille.

- Elle appartenait à mon père…La maison, je veux dire.

Il eut un sourire pour les murs.

- Ma mère n’y a jamais mis les pieds, elle détestait cet endroit. Une pure perte d’argent, selon elle. Le lac était trop glauque. La bâtisse trop grande. Les gens, les montagnes…

Sourire nostalgique.

- Alors, les rares fois où je suis venu…c’était seul avec mon père.

Le jeune homme s’arrêta un instant et se pinça l’arrête du nez tout en cherchant à ordonner le flot de souvenirs qui remontaient douloureusement.

- C’était l’été, surtout….On faisait le tour du lac avec la barque : ça pouvait durer toute la nuit. On emmenait des bières au beurre et les pâtisseries que nous fabriquait la vieille intendante. Des trucs odieux avec de la crème partout. Maintenant que j’y pense, on en mangeait à se rendre malade…pouffa-t-il.

- …Arrivé au château de Duingt, mon père remontait les rames et on se laissait dériver jusqu’au petit matin…J’avais quoi, dix ou douze ans ? Et je m’en souviens comme si c’était hier. Il lisait les étoiles pour moi et pour ma mère. Des histoires pas croyables. La bière aidait pas mal, je crois.

Draco cessa de rire et plongea un regard douloureux dans les flammes.

- Les meilleurs moments que j’ai passé avec mon père sont rattachés à ce foutu lac. Et tu sais quoi, Potter ?…Lui aussi il parlait d’une sirène. Il laissait sa main pendre dans l’eau pendant des heures en prétendant que si je m’endormais, elle viendrait le chercher. J’avais une frousse bleue, tu ne peux pas imaginer…murmura-t-il dans un rictus amusé tout un joignant le geste à la parole.

Silence.

- Je l’ai maudite cette prétendue sirène, tu peux pas savoir…Dans le fond, je crois juste que c’est parce que j’ai toujours eu peur de le perdre… et que j’ai mis trop de temps à le comprendre.
Tu vois, mon père était pas toujours tendre, Potter, il aurait pas eu la palme de la fibre paternelle. Mais je l’ai foutument aimé… J’étais fier de mon père. Je le voyais comme un sorcier que tout le monde respectait.

Haussement de sourcils plein d’ironie.

- En même temps, j’avais dix ans… Du haut de mon mètre quarante, il avait tout du héros
Comme son lac. Froid et imperturbable. Avec une détermination à éroder la plus stupide des montagnes…chuchota-t-il d’une voix rauque, le regard plongé dans le vague.
Tellement stupide dans le fond …

- Pourquoi tu me dis tout ça, Malfoy ? murmura le brun après un temps.

Le blond haussa les épaules en dardant des prunelles fatiguées dans sa direction.

- Va savoir, Potter, j’ai pas parlé de ça depuis des années…
Peut-être parce que c’est à toi que les journaux ont attribué sa mort…

Le survivant détourna les yeux, gêné.

- …peut-être aussi parce que je m’étais promis de te rendre la pareille une fois prochaine…acheva le mangemort dans un souffle.

Harry Potter eut un rictus plein d’ironie.

- Mais c’était il y a longtemps, ça.
A l’époque où tu semblais encore bon à quelque chose…murmura-t-il avec un sourire fané.

- Alors je ne suis plus bon à rien, selon toi ? ricana l’autre.

Draco haussa à nouveau les épaules en achevant son café.
- A te jeter dans un lac le soir de Noël…

Le rictus s’évapora.
Il y eut un craquement, suivi du bruit d’une cavalcade sous les charpentes. Quelques couinements, puis à nouveau le silence.

- Je ne te tuerai pas, Potter…lâcha soudain le jeune homme avec un indubitable sérieux.
Sur la tombe de mon père, j’ai fait cette promesse à ma mère. J’ai promis d’arrêter. Tout. Et pour commencer, j’ai promis d’arrêter de fuir.
J’en peux plus de la traque. Elle me bouffe la tête…Alors, voilà. Je suis là. Tu m’as trouvé, Potter. Bip-Bip : t’as gagné !
Et je t’ai même sorti du lac. Comme ça personne pourra dire que j’ai profité de la faiblesse de celui-qui-a-vaincu-par-la-volonté-du-saint-esprit…

Un plis moqueur souligna les lèvres fines de l’héritier Malfoy. Il fit rouler sa baguette en direction du brun amorphe, comme pour appuyer davantage ses propos. Le jeune homme la considéra en silence, puis darda profondément ses yeux dans ceux de son interlocuteur.

- Tu es trop bon… susurra-t-il.
Comme ça, à présent, j’ai deux raisons de te devoir la vie.

L’autre eut un sourire.

- En même temps, c’est pas comme si tu t’apprêtais à souscrire une dette de sang avec un prisonnier de guerre, pas vrai Potter ?

Le brun pouffa en se frottant les yeux.
- Tu sais quoi, Malfoy ?
Il y avait vraiment une sirène….

- Je te crois, Potter.
Il y en a toujours eu une. Elle n’est là que pour me foutre la trouille, mais elle est là.

Le sourire énigmatique chavira et le blond pointa un doigt lucide en direction des flammes.

- Elle est là pour la tentation…

- Laquelle… ?

Un rictus encore. Et le survivant se sentit stupide à côté du mangemort.
- Laisser la main dans l’eau, Potter, susurra-t-il, comme une évidence.
…Attendre…
Avec cette condition perverse qu’à laisser la main dans l’eau, on abandonne toujours quelqu’un derrière soi qui se fait un sang d’encre.
Moi, ma mère…Et toi…

Il eut a nouveau un sourire énigmatique et fit un geste évasif qui se perdit dans l’obscurité.

- Et moi, quoi ?

Les deux sorciers se jaugèrent en silence. Le brun sentait sa migraine s’évaporer au gré des prunelles métalliques de son interlocuteur.

- Et toi, va savoir, Potter…
Il n’y a que toi pour choisir qui tu abandonneras derrière toi au moment de faire le grand saut…murmura-t-il de sa voix traînante tout en se levant subitement.

Le contact visuel se rompit et un frisson secoua l’échine du jeune brun. Déjà, le mangemort passait la porte avec les bols vides. Il ne put s’empêcher de lui trouver une grâce apathique dans l’allure ou la démarche. Un petit quelque chose qui donnait l’impression de glisser plutôt que d’évoluer sur deux pieds.

Son cœur s’emballa alors que le goût meuble de la terre lui remontait dans la gorge…

oOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOo

Lorsque le blond regagna la pièce quelques instants plus tard, il trouva Harry Potter prêt à partir. Le jeune homme avait enfiler sa polaire partiellement sèche par dessus les vêtements providentiels et rassemblait sommairement ses affaires. Il eut un sursaut en croisant le regard de son hôte, visiblement désappointé.

- Désolé, je pensais que j’aurai eu le temps de m’éclipser avant ton retour…marmonna-t-il en détournant les yeux sans chercher à s’excuser davantage.

- Trop aimable, Potter, on reconnaît là tes bonnes manières, commenta l’autre placidement non sans se raidir un peu.
Est ce que je peux envisager d’aller me coucher, ou tu comptes remettre ça en sortant d’ici ?

Le brun dut estimer que la question était rhétorique et risqua tout juste un sourire négligeant en direction de son interlocuteur avant de quitter la pièce et de s’engouffrer dans un dédale de couloirs. Le besoin de mettre de la distance devenait pressant.
Il réalisa rapidement qu’il faisait un froid glacial dans le reste de la maison. La cage d’escaliers résonnait comme une cathédrale et sentait vaguement la cire d’abeille. Sans savoir pourquoi, il repensa à la vieille intendante alors qu’il tâtonnait dans le noir en direction du poussoir de la porte de service. Un peu plus loin, le parquet céda le pas aux carrelages : il estima être sur la bonne voie. Une dernière porte. L’étreinte glacée du grand Hall le cueillit avant même qu’il s’engouffre dans l’imposante flaque de lumière glauque. Il y avait un carreau cassé au dessus de la porte. Cette maison devait être infernale à chauffer. La série malheureuse se poursuivit lorsque la poignée métallique tourna dans le vide. Harry pesta silencieusement. La méthode musclée éventuellement… Néanmoins, son hôte ne lui en laissa pas le temps. Les verrous claquèrent dans le noir et Draco lui ouvrit lui-même la porte. Le regard que lui envoya le brun fut plein d’ironie.

- Je retire tout ce que j’ai dit, Malfoy. Même hors de l’eau, tu es plus silencieux qu’un détraqueur…

Le compliment de mauvais goût laissa le jeune homme froid. Il régnait à l’extérieur le même silence ouaté par la neige que plus tôt dans la nuit. Alors que l’auror s’engouffrait dans l’obscurité, Draco le retint par le poignet.

- Hey, Potter…

Les prunelles vertes restèrent accrochées aux longs doigts blancs pris autour de sa polaire. Ce simple contact… Dans un sursaut, il prit conscience de la situation qui avait été la sienne. Ses joues s’embrasèrent imperceptiblement avant qu’il ne vienne soutenir les deux orbes grises vides de toute expression.

- Quoi…

Il voulait partir. Avant de changer d’avis.
Draco le lâcha subitement, refroidi par cette morgue glaciale.

- Pour la maison…marmonna-t-il d’un ton traînant sans vouloir avoir l’air de réclamer quoi que ce soit.

Le brun eut un sourire las.
- Je ne dirai rien, Malfoy… Rassuré ?

Et en lançant ces derniers mots avec désinvolture, il dévala les trois marches qui donnait sur la cour.
S’il avait été moins pressé, moins fatigué, sans doute le survivant aurait-il lu plus que du soulagement sur le visage lunaire du mangemort défroqué. Sans doute aussi aurait-il anticipé avec plus de discernement ce qui devait suivre et éventuellement compris plus vite. Au lieu de cela, lorsqu’il fut harponné dans le noir et que les lèvres du blond capturèrent les siennes il se contenta d’avoir la réaction la plus primaire du monde. Surpris, il le repoussa violemment et mit de la distance entre eux.

Glacé, le jeune homme se mordit les joues en prenant sur lui de ne pas faire preuve de plus d’agressivité encore sur le seuil de celui qui venait assurément de lui sauver la vie. Il baissa la tête et serra les poings autour de ses vêtements trempés.

- Adieu Malfoy…grinça-t-il entre ses dents en ignorant le souffle court et le regard vacillant de son interlocuteur.

Au terme de la coulée verte qui dévalait la pente jusqu’au lac, une cicatrice concentrique défigura fugitivement le lac. Elle écuma dans l’obscurité… A peine. Trop peu pour retenir l’attention de qui que ce soit en un soir de Noël où la neige se fait attendre.

 

 
 
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