manyfics
     
 
Introduction Les news
Les règles Flux RSS
La Faq Concours
Résultats ManyChat
Plume & Crayon BetaLecture
Nous aider Les crédits
 
     

     
 
Par date
 
Par auteurs
 
Par catégories
Animés/Manga Comics
Crossover Dessins-Animés
Films Jeux
Livres Musiques
Originales Pèle-Mèle
Série ~ Concours ~
~Défis~ ~Manyfics~
 
Par genres
Action/Aventure Amitié
Angoisse Bisounours
Conte Drame
Erotique Fantaisie
Fantastique Général
Horreur Humour
Mystère Parodie
Poésie Romance
S-F Surnaturel
Suspense Tragédie
 
Au hasard
 
     

     
 
au 31 Mai 21 :
23295 comptes dont 1309 auteurs
pour 4075 fics écrites
contenant 15226 chapitres
qui ont générés 24443 reviews
 
     

     
 
Quatre
Par Tibre
Harry Potter  -  Romance  -  fr
4 chapitres - Rating : K+ (10ans et plus) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 1     Les chapitres     9 Reviews    
Partager sur : Facebook | Twitter | Reddit | Tumblr | Blogger
Summer's Almost Gone

 

...Merde alors ! Introduire une fic est presque aussi difficile que de faire son profil...

Que dire ? Les couples sont James/Lily et Remus/Sirius (par ordre alphabétiqe puisque vous vous rendrez compte que la fic est très équitablement répartie entre les quatre maraudeurs -non, je n'ai pas tué Peter, faites-vous une raison!- et qu'aucun n'est privilégié).

C'est un UA, en quelque sorte les maraudeurs sans Choipeaux magique pour les réunir. On est en 1977.

Enfin, il y a une BO à cette fic. Vous ne manquerez pas de remarquer que je cite des chansons, paroles, chanteurs, chanteuses, groupes de l'époque dans ce chapitre (et il en sera de même pour les suivants) vous pouvez les retrouver sur mon blog si ça vous chante de lire en musique (sans mauvais jeu de mot)...

Amusez-vous bien!

 

 

 

 

______________________________

Chapitre Un

Summer’s Almost Gone

______________________________

 

Allongé sur le bord de la piscine, écrasé sur la pierre par la chaleur et l’inactivité, James s’ennuyait.

C’était la fin des vacances. Après plusieurs semaines à l’étranger avec ses parents, James avait retrouvé son environnement quotidien avec un plaisir certain mais pourtant éphémère, et comme faux. Une fois réappropriée chaque pièce de la maison, le vide le frappa.

Quand il était en vacances avec ses parents, il s’était surpris à apprécier le temps passé avec eux, alors même qu’il les avait suivis en traînant les pieds. Il ne voulait pas partir loin de ses amis, des fêtes, des virées, craignant de passer une seconde sur deux de chaque minute à soupirer lourdement… Mais il s’était amusé, et l’ennui c’était maintenant qu’il le ressentait.

Ses copains, qui habitaient à quelques pâtés de maison, n’attendaient qu’un signe de sa part pour aller faire un tour en ville, squatter un bar, faire les cons dans la piscine… Un coup de fil et le bruit à nouveau.

Pourtant James restait au bord de la piscine, un bras plongé dans l’eau. Sans faire un mouvement en direction du téléphone, sans la moindre envie de voir ses « amis ».

Aucun d’entre eux ne lui avait manqué. Il se fichait de les voir eux en particulier ou quelqu’un d’autre. Et eux se fichaient probablement de ne pas l’avoir vu depuis trois semaines. Mais ça aussi lui était égal.

En fait il ne pouvait pas vraiment les appeler « amis », c’était plutôt des fréquentations, rapprochés par la force des choses et le hasard des classes au collège. Une fois de retour là-bas, d’ici trois semaines, tout redeviendrait comme avant et il oublierait sans doute son bref moment de lucidité. Mais pour l’instant…

James se leva, plongea dans l’eau d’un bond athlétique, nagea paresseusement quelques minutes le temps de se rafraîchir, puis il sortit, se sécha, se changea et enfin franchit la clôture de sa maison les mains dans les poches de son short en toile, encore trop chaud à son goût, jouant avec les pièces qui y traînaient pour les entendre tinter doucement.

D’ordinaire quand il sortait, James prenait sa voiture, une décapotable rouge offerte par ses parents pour son dix-septième anniversaire, dans laquelle ses copains s’empressaient toujours de sauter pour aller parader en ville.

Ce jour-là, le jeune homme alla à pied. Il habitait dans un quartier riche, uniquement peuplé de demeures cossues dotées d’immenses jardins. James passa devant ces maisons, celles de ses amis, sans les regarder.

Au bout de quelques minutes de marche les façades se banalisèrent, gagnèrent en humilité. Elles finirent par se coller les unes au autres et l’on vit s’y insérer petit à petit des échoppes en tous genres.

Arrivé en plein centre ville, James s’arrêta, en sueur, devant la vitrine d’une librairie. Ses parents étaient à la tête d’une maison d’édition et James avait hérité d’eux la passion des livres. Sa maison était bien sûr remplie de bouquins mais de temps en temps le jeune homme avait envie de lire autre chose que les livres recommandés par papa-maman et ces derniers ne l’avaient d’ailleurs jamais découragé d’aller voir ce que faisait la concurrence… C’est pourquoi il fréquentait assez régulièrement cette librairie. En plus il y avait en ventilateur à l’intérieur.

La boutique était silencieuse en dehors du ronronnement de l’appareil électrique et, de temps en temps, le froissement de pages qu’on tourne. Après un sourire pour la jeune femme à la caisse, qu’il connaissait un peu, le jeune homme flâna entre les rayons surchargés d’ouvrages en tous genres, faisant courir ses doigts sur la tranche des livres.

Lorsqu’il finit par être accroché par un titre, James prit le livre et le tourna entre ses mains, caressant le cuir de la couverture. Après un rapide coup d’œil pour vérifier les alentours, il l’ouvrit et, approchant son nez du papier, inspira profondément. Cette odeur était sa préférée avec celle des ballons de basket, elle le faisait se sentir à la maison.

Il continua d’avancer dans les rayonnages, gardant le livre en main après avoir vérifié qu’il n’était pas sorti aux éditions Potter et qu’il ne l’avait donc pas chez lui, oublié sur une étagère, ou parmi les livres entassés dans les fauteuils du salon, sur le sol à côté des fauteuils du salon, et partout ailleurs où, dans une maison traditionnelle, on aura mis de l’air.

Ne repérant pas d’ouvrage plus intéressant, il termina son tour au rayon Bande Dessinée. Il n’en raffolait pas vraiment mais c’était là que se trouvait le ventilateur et il voulait en profiter pour faire sécher sa sueur avant de devoir retourner dans la fournaise qui régnait à l’extérieur.

Ayant pensé être le seul à vouloir squatter les rayons d’une librairie par ce temps, James fut surpris de trouver près du ventilateur un garçon assis à même le sol en train de lire un comic tout droit venu d’Outre Atlantique. James regarda vers le comptoir et constata que la vendeuse s’était éloignée, peut-être dans la réserve ou aux toilettes. Il surprit en se retournant le regard de l’autre garçon sur lui. Celui-ci s’empressa de retourner à sa lecture.

James l’observa à son tour et crut reconnaître un gars de son lycée. Il ne lui avait jamais parlé, d’autant qu’il se souvienne. Il ne paraissait pas très grand, un peu trop en chair, il avait des cheveux châtains ternes et un nez pointu. Il semblait timide. Pas le genre de personnes que James fréquentait d’ordinaire.

Mais puisqu’il devait attendre le retour de la vendeuse pour payer son livre, il décida de s’installer aux côtés du garçon, à portée de ventilateur, et de commencer son livre. Il ne put s’empêcher cependant d’examiner de plus près la lecture de son voisin, qui semblait à présent très concentré. James n’avait jamais lu de comic, pas vraiment encouragé par ses parents.

« Est-ce que c’est bien ? » demanda-t-il finalement, curieux.

Le garçon releva la tête et regarda du côté du comptoir où la vendeuse n’avait pas encore fait sa réapparition, puis il se tourna vers James, hésitant, il semblait se demander si c’était bien à lui que la question était adressée.

James lui fit un sourire en désignant la revue qu’il avait dans les mains.

Après une nouvelle seconde d’indécision, le garçon répondit d’une voix mal assurée :

« Pas… pas mal. »

Il fit une pause, inspira puis continua.

« Le graphisme pourrait être meilleur mais l’histoire est originale. »

James s’approcha pour regarder les dessins et les trouva pour sa part plutôt bien faits, mais il n’y connaissait pas grand-chose, pour ne pas dire rien du tout.

« Je n’ai jamais lu de comic » dit-il. « Je suis plutôt bouquins classiques ! » ajouta-t-il en agitant le livre qu’il comptait acheter.

« Moi je préfère quand il y a des images » répondit l’autre avec un sourire timide.

« Je te comprends ! » s’exclama James en riant. « J’ai lu pas mal de pavés barbants qui auraient gagné à avoir quelques illustrations ! »

S’en suivit un silence rompu uniquement par le ronronnement du ventilateur, pendant lequel le garçon parut hésiter entre continuer la conversation et reprendre sa lecture tandis qu’un James intrigué examinait ladite lecture par-dessus son épaule.

Ce fut ce moment que choisit la vendeuse pour revenir à son poste. James se releva donc et passa à la caisse, échangeant des banalités avec la jeune femme. Puis après avoir adressé un signe de tête amical au garçon au comic book, il sortit de la boutique et rentra chez lui avec l’intention de lire son nouveau livre au bord de la piscine. Et ses amis… bah, il les verrait à la rentrée.

_____________

 

La chaleur avait poussé Peter à fuir sa maison étouffante pour l’oasis de fraîcheur que fournissait le ventilateur de la librairie. Il était là depuis environ deux heures à lire les dernières BD sorties tout en jetant de temps en temps un coup d’œil discret à la jeune vendeuse quand James Potter entra dans la boutique.

James Potter était la star de son lycée. Le meilleur joueur de l’équipe de basket et un élève brillant, un peu rebelle sur les bords ; il avait tout de la coqueluche, le genre qui n’envisagerait même pas de le regarder, lui le ringard du lycée. James passa devant lui sans le voir et s’engagea dans les rayons. Bien sûr. Peter se replongea dans son comic, habitué à ce genre de comportement envers lui, c’était son quotidien.

Plongé comme il l’était dans sa BD, il fut pris au dépourvu quand quelques minutes plus tard James le vit, et plus encore quand il s’assit à côté de lui et lui adressa la parole. Certes il attendait seulement le retour de la jolie caissière mais il avait tout de même l’air sincèrement intéressé par sa lecture. Il était même sympa. Quand Peter dit qu’il préférait les images, il se traita immédiatement d’idiot d’avoir dit une chose pareille, Potter allait sûrement le prendre pour un crétin illettré, alors que ce qu’il voulait exprimer c’était sa passion pour le dessin ; mais l’autre rit amicalement, sans mépris. Ensuite la vendeuse revint ; James Potter partit en le saluant.

Peter se dit qu’il aurait aimé avoir un ami comme lui… Mais qui voudrait de Peter Pettigrow comme ami ?

Après son départ, Peter reporta une attention rêveuse sur la vendeuse. James avait parlé un peu avec elle. Elle s’appelait Lisa, il l’avait entendu, et elle était vraiment jolie. C’est elle qui avait permis à Peter de lire ici gratuitement comme il était un client régulier. Il soupira puis ferma sa BD, n’ayant plus la tête à ça, il la reposa sur le présentoir et avec un « au revoir » timide à Lisa, il sortit de la librairie.

C’était la fin d’après-midi à présent mais l’atmosphère n’avait pas encore refroidi pour autant, c’était quasiment insupportable.

Peter remontait la rue peu fréquentée d’un pas traînant pour rentrer chez lui, aux abords de la ville, quand apparurent au coin de la rue des personnes qu’il connaissait un peu trop à son goût et dont il avait espéré qu’elles resteraient chez elles aujourd’hui. Avançaient à présent dans sa direction Rodulphus et Rabastan Lestrange, Bellatrix Black, Evan Rosier et Regulus Black. Il manquait quelques membres pour que la bande soit complète, malheureusement les éléments les plus virulents à son encontre étaient bels et bien là.

Ils étaient tous issus de la vieille aristocratie anglaise qui prônait le retour des privilèges, ou plutôt qui niait leur disparition et continuait de se comporter en seigneurs et maîtres. Leurs idées auraient pu paraître ridicules s’ils n’avaient pas tous étaient si riches, ne serait-ce que par leurs propriétés disséminées dans les alentours de Godrictown.

Au prestigieux collège privé (et très coûteux) Poudlard, les futurs Lords and Ladies s’étaient autoproclamés élite dominante et prétendaient asseoir ce statut en martyrisant et en rabaissant régulièrement les plus faibles et les plus isolés. Ils étaient presque tous dans la même année que Peter et celui-ci était une de leurs cibles favorites.

Peter se ratatina inconsciemment quand ses « camarades » le remarquèrent, affichant des sourires que l’on pourrait qualifier de sadiques. Ils continuèrent d’avancer vers Peter qui ; lui se figea.

« Oh mais que vois-je ? » s’extasia Bellatrix Black, parvenue à sa hauteur, en se penchant vers Peter un air trop réjoui pour être honnête sur le visage.

Elle avait vraiment l’air folle quand elle faisait ça. Elle le faisait souvent.

« Regarde ça, Rodulphus, notre lombric préféré ! »

Le susmentionné Rodulphus, Lestrange de son nom, était un jeune homme jugé séduisant par les filles de Poudlard –Peter pour sa part ne voyait que l’éclat mauvais de ses yeux chaque fois qu’ils se posaient sur lui. Il était de notoriété publique que lui et Bellatrix Black devraient se marier à leur majorité, selon la volonté de leurs familles respectives.

« Allez, verre de terre, rampe pour nous ! » s’exclama-t-il alors que lui et le reste de la bande encerclait Peter peu à peu.

Peter, qui savait ce qui allait arriver pour l’avoir déjà vécu des dizaines de fois, chercha frénétiquement une brèche par laquelle s’enfuir. La journée avait pourtant assez bien commencé…

Une voix retentit soudain derrière lui et Peter ferma les yeux en la reconnaissant, il n’avait pas besoin de ça…

« Oh, une scène familière. Tu prépares déjà la rentrée, Bella ? »

Si quelqu’un ne pouvait pas améliorer sa situation c’était bien lui.

« Sirius Black. Tu as donc finalement daigné t’extraire de ta tour d’ivoire pour nous tenir compagnie ? »

« Au contraire, j’espérais ne pas tomber sur vous, il semblerait que je manque de chance aujourd’hui… »

Décidément Peter était verni, tout le gratin de Poudlard semblait s’être entendu pour tomber sur lui aujourd’hui. Après James Potter, la flèche des terrains de basket, Sirius Black, le leader des héritiers…

Si Peter avait été une fille, il aurait immédiatement filé vers la cabine publique la plus proche pour raconter à ses copines l’après-midi in-croy-yable qu’il venait de passer en ne manquant pas de mentionner les noms de Potter et Black au moins une dizaine de fois chacun dans la conversation, peut-être même à la suite –« Potter et Black ! Tu te rends compte ? Potter et Black, Potter et Black, non mais Potter et Black ! »- toutefois Peter était un garçon, il n’avait pas de copines et il n’avait pas le temps de tergiverser sur les grands hasards de la vie, il devait trouver un moyen de se tailler !

Et maintenant, pendant que Black et Black échangeaient des propos pas si amicaux que ça, semblait être le moment parfait.

Peter vit le regard de Black Sirius glisser sur lui avec indifférence, et contrairement à l’adolescente qu’il aurait pu être dans une autre vie, Peter reçut cette indifférence avec gratitude : celui-là au moins n’essayerait pas de l’empêcher de s’enfuir.

Alors pendant que Black Sirius, qui se révélait en fin de compte son sauveur, continuait de se moquer de Black Bellatrix, sa cousine, sous les yeux blasés de leurs comparses, Peter effectua de simples mais efficaces pas chassés en direction du coin de rue le plus proche, et une fois passé en frontière du champs de vision de la plupart de ses ennemis, il piqua un sprint sans se retourner.

Une fois arrivé chez lui et la sueur de sa course folle épongée, Peter put finalement dire que ç’avait été une journée très positive : il avait feuilleté quelques comics intéressants, enfin appris le prénom de la vendeuse de la librairie, touché du doigt la popularité, fait un peu d’exercice… Non, vraiment d’habitude la vie était beaucoup moins drôle que ça à Godrictown.

______________

 

« Sirius Black. Tu as donc finalement daigné t’extraire de ta tour d’ivoire pour nous tenir compagnie ? »

Crétine. « Bien entendu Bella, j’éprouvais tant de regrets de vous avoir envoyé paître tout à l’heure, il me paraît évident à présent que rien ne me serait plus agréable que de vous avoir sur le dos pour le reste de la journée… » Crétine, vraiment.

« Au contraire, j’espérais ne pas tomber sur vous, il semblerait que je manque de chance aujourd’hui… »

Inutile d’essayer l’ironie avec elle, elle pourrait le prendre pour un vrai compliment.

Sirius balaya du regard la scène effectivement familière de ses… -de ses quoi ? Amis ? Proches ? Sûrement pas ! Disons son entourage- en train de harceler un gars de Poudlard, un pauvre type qui selon eux ne méritait pas d’y mettre les pieds, n’étant pas de leur niveau. Bien sûr pour Sirius tout cela était risible puisque selon lui, personne ou presque n’était de son niveau, et surtout pas les abrutis qui restaient plantés à le regarder d’un air stupide en ce moment même. Si on lui avait donné le choix, c’est eux qu’il aurait virés de Poudlard en premier… et après eux les trois quarts de l’école, profs compris. Pas que ça l’aurait débarrassé définitivement de la présence des futurs lords cependant puisque sa propre mère les invitait régulièrement à prendre le thé chez lui : ils étaient son monde, les bonnes fréquentations…

Il ne pouvait vraiment pas les saquer !

« Oh si vraiment tu ne veux plus de notre compagnie, Sirius, alors soit mais tes parents seront sûrement très déçus… »

La bonne vieille menace d’aller tout raconter aux parents… Ça pouvait paraître ridicule mais bien qu’ils soient à présent âgés de dix-sept, dix-huit ans pour la plupart elle était encore d’actualité, mieux que ça, elle était au centre de toutes leurs relations, planait au-dessus d’eux en permanence. « Je vais le dire à ma mère », ou mieux « je vais le dire à ta mère », avait plus de sens et de pouvoir chez ces jeunes gens que chez les gamins de la bouche desquels on l’entendait d’ordinaire, tout simplement parce que la vie des héritiers était entièrement régentée par leurs géniteurs, elle leur appartenait presque…

Le bon côté de cette menace pour Sirius était qu’elle était également à sa portée, ils étaient pour ainsi dire dans le même bateau –même si cela n’avait pas réussi à créer un quelconque sentiment de solidarité entre eux tous, il est des antipathies que même un destin commun ne parvient pas à abattre…

« Tout comme le seraient les tiens de te voir ainsi vagabonder dans les rues comme une prolétaire. En compagnie uniquement masculine qui plus est ! Rodolphe, vraiment, ça en dit long sur votre futur mariage ! Ne devrais-tu pas être à la maison comme tes sœurs, Bella, à apprendre, je ne sais pas, la couture ou l’art de servir le thé ? Là où est la place d’une lady… »

Les yeux de la brune s’étrécirent furieusement : elle détestait se voir rappeler son statut de « simple femme » et d’épouse et c’est pour ça que Sirius s’attelait à le mentionner le plus souvent possible ! D’autant qu’elle ne pouvait pas le contredire sans passer pour une de ces bourgeoises féministes vulgaires.

A ses côtés, Rodulphus était encore en train d’évaluer le degré d’insulte envers sa personne dans les paroles de son presque cousin par alliance, en dehors de la vulgarisation de son prénom qui l’irritait toujours au plus haut point –une autre habitude de Sirius. Les autres derrière faisaient de la figuration. Sirius ne jeta pas même un coup d’œil à son frère.

« Il semble que le garçon avec qui vous discutiez à l’instant ait décidé de s’éclipser sans vous saluer, c’est tellement grossier ! Vraiment de nos jours les roturiers ont oublié ce qu’est le respect ! »

Le sourire moqueur de Sirius s’accentua alors que ses interlocuteurs se tournaient pour apercevoir le dos de Pettigrow disparaître au coin de la rue.

« Bien, sur ce je m’en vais, j’ai de choses à faire. Et n’essayez même pas de me suivre, il me semble que les badauds ont été suffisamment divertis pour aujourd’hui ! »

Sirius passa entre Bellatrix et Rabastan la tête haute sans les effleurer et s’éloigna sans se retourner. Deux rues plus loin il fit une pause et attendit juste une minute pour s’assurer que ses « amis » avaient suivi sa directive… puis continua sa route, satisfait.

Cinq minutes plus tard le jeune homme arrivait à destination. Il entra dans un magasin qui se faisait discret entre une librairie et une ébénisterie, avec son enseigne sobre juchée trop haut pour être lue de ce côté de la rue et écrite presque trop petit pour être déchiffrée de l’autre : « Ollivander, Musiques Modernes ».

Le tintement qui annonça l’entrée de Sirius fut quelque peu noyé par la musique entraînante qu’émettait un vieux transistor posé sur le comptoir en face de la porte. L’absence de vitrine rendait le magasin plutôt sombre mais aussi agréablement frais. Seuls une fenêtre située au-dessus de l’entrée et des sortes de lampions suspendus au plafond éclairaient la pièce. Celle-ci était étroite et profonde, ce qui associé à un plafond inhabituellement bas et à la luminosité réduite donnait l’impression d’être dans une grotte. Sur le mur de droite des étagères débordaient de tourne-disques, de transistors et de casques, neufs ou d’occasion ; sur le mur de gauche cohabitaient les posters les plus divers : des jazzmen en plein solo et des chanteuses de cabaret en noir et blanc se mêlaient aux dessins colorés et psychédéliques des affiches de concerts de divers groupes de rock ; des instruments étaient suspendus derrière le comptoir ; enfin disséminés au milieu de la pièce et contre les murs se trouvaient des bacs contenant la vraie marchandise : les vinyles enveloppés dans leurs pochettes plastifiées.

Le propriétaire de la boutique surgit d’une porte située au-delà du comptoir. Mr Ollivander était un homme d’un certain âge, que seule la couleur argentée de ses cheveux trahissait, cependant, comme il se mouvait avec aisance et précision entre les bacs pour y ranger quelques disques. Après une minute ou deux il s’adressa à Sirius, qui lui-même flânait d’un bac à un autre en faisant jouer ses doigts sur la tranche des pochettes rangées verticalement pour en voir les titres.

« J’ai reçu votre commande, Mr Black, vos disques vous attendent sagement dans l’arrière-salle. Si vous avez le temps et l’envie d’écouter quelques chansons, le siège est vide. Vous semblez être le seul aujourd’hui à avoir bravé la canicule pour l’amour de la musique ! »

Sirius ne répondit rien mais adressa un mince sourire et signe de tête à l’homme en passant à côté de lui tandis qu’il se dirigeait vers la porte derrière le comptoir.

L’arrière-salle était un peu plus petite que la boutique et remplie de cartons, mais on y trouvait aussi des affiches en tous genres aux murs et surtout quelques grands fauteuils de cuir brun un peu défoncés et un tourne-disque. Sirius alla piocher au hasard parmi la sélection de disques plus ou moins récents laissée près de l’appareil et l’installa sur la platine puis s’installa confortablement dans le fauteuil le plus proche, les bras repliés derrière la tête, et ferma les yeux tandis que les premières notes de « Play With Fire » des Rolling Stones s’élevaient dans la pièce.

Presque deux heures plus tard, Sirius s’extirpa du confortable fauteuil en réalisant qu’il était près de vingt heures et qu’au manoir on devait déjà être en train de se plaindre de son retard au dîner. Il empêcha le tourne-disque de passer à la chanson suivante et retourna dans la salle principale avec les disques qu’il avait réglés au moment de la commande. Il dit au revoir à Mr Ollivander qui, il le savait, ne fermerait pas sa boutique avant encore quelques heures et sortit.

La température était enfin devenue supportable à l’extérieur, agréable même. Sirius décida de passer par le quartier des bars et restaurants de Godrictown, qui à cette heure-ci commençait à s’animer.

Il marchait d’un bon pas, s’amusant à reconnaître les bribes de musique qui s’échappaient de certains établissements sans faire attention aux gens qu’il croisait. En passant devant un pub plutôt miteux, il entendit Aretha Franklin l’interpeller d’un « What you want, Baby I got ! »* juste avant de se faire rentrer dedans.

Celui-là même qui l’avait embouti retint Sirius in extremis avant qu’il ne tombe. C’était un mec de son âge environ et ce fut tout ce qu’il eut le temps d’observer. Son agresseur s’excusa rapidement puis continua sa route. Sirius fit de même dans la direction opposée. Derrière lui, la voix d’Aretha augmenta de volume puis s’assourdit à nouveau.

Sirius arriva chez lui quelques vingt minutes plus tard, le majordome l’informa que sa famille avait fini de manger et Sirius sut qu’il aurait droit à un sermon mais il ne put s’empêcher de sourire.

_____________

 

Remus était en retard. Comme un idiot il avait oublié les courses que sa mère l’avait chargé de faire en sortant de chez le garçon à qui il donnait des cours particuliers pendant l’été et ne s’en étant rappelé qu’une demi-heure avant de devoir partir pour son second emploi. Il avait eu juste le temps de prendre ce qu’il lui fallait à l’épicerie avant qu’elle ne ferme mais il se retrouvait maintenant à courir à travers Godrictown à vingt heures pile alors qu’il commençait à… vingt heures pile.

Le jeune homme avait pourtant l’habitude de jongler avec un emploi du temps surchargé, même pendant les vacances scolaires, mais il fallait croire qu’aujourd’hui la chaleur l’avait un peu abruti.

A cette époque de l’année, il faisait encore clair à cette heure-ci et en ce samedi soir les rues étaient plutôt peuplées, les gens incités à sortir de chez eux par la température à présent clémente. Il allait y avoir du client ce soir.

Au bout de cinq minutes de course, presque arrivé à destination et emporté par son élan, Remus percuta un jeune homme qui ne regardait pas devant lui. Il réussit à lui éviter la chute en l’attrapant par le bras et une fois assuré de son équilibre il repartit en lui lançant « Excusez-moi ! » sans perdre plus de temps. Il était en retard !

Il poussa la porte de « La Chope Mousseuse » et fut accueilli par « …a little respect when you come home… »* et l’air soulagé de son cousin Claudio qui essayait de prendre deux commandes en même temps. Le pub était déjà bien rempli.

Remus se faufila entre les clients jusqu’au bout du bar et passa derrière, tendant aussitôt l’oreille vers un homme qui avait visiblement soif.

N’ayant que dix-sept ans, Remus n’aurait jamais du être autorisé à servir de l’alcool, cependant le bar appartenait à son oncle qui avait accepté de l’embaucher au noir –ce qui les arrangeait tous les deux. De toute façon la clientèle du pub n’était pas vraiment regardante et Remus faisait plus que son âge avec son air sérieux et aussi constamment fatigué…

Les parents de Remus travaillaient tous les deux à l’usine et c’était tout juste suffisant pour les nourrir, vêtir et loger tous les trois, alors si Remus voulait pouvoir suivre ses études à Poudlard c’était à lui de se débrouiller. Il profitait de son temps libre pendant les vacances pour travailler un maximum et économiser l’argent qui servirait à payer les fournitures et tous les frais que sa bourse scolaire ne couvrait pas pour l’année à venir. Mais il ne se plaignait pas, il aimait assez enseigner et il pensait qu’il y avait pire job que serveur. Surtout qu’il avait les mêmes horaires que son cousin, le seul membre de la famille Lupin de son âge –Claudio avait la vingtaine- avec qui il s’entendait bien.

Le jeune homme se mit immédiatement au travail. Ce soir c’était seulement Claudio, un autre gars nommé Gary et lui pour faire tourner le bar jusqu’à deux heures du matin.

Le temps passait plutôt vite : un client en remplaçait un autre, servir, débarrasser les tables, les nettoyer, empiler les verres sales, en remplir d’autres… Le décor n’était pas particulièrement gai entre le bois sombre du plancher, des tables, des chaises et les fenêtres à petits carreaux encrassées mais on s’y habituait et ça ne perturbait pas Remus plus que ça. Il conversait de temps en temps avec les clients qui étaient d’humeur, sinon il plaisantait avec son cousin.

La routine continua ainsi jusque vers vingt-deux heures, quand Claudio fila un coup de coude à Remus en marmonnant « Alerte ! Alerte ! » du coin de la bouche. Remus suivit son regard et tomba sur la silhouette courte et bedonnante de Mr Slughorn, un des professeurs de Poudlard, un de ses professeurs ! Il ne fallait surtout pas que ça se sache à Poudlard qu’il travaillait dans un pub ou s’en était fini de sa bourse…

Remus se retourna donc prestement et, selon le protocole établi au préalable en cas de client « problématique », il saisit la bassine remplie de verres sales et alla dans la cuisine du bar où il ferait la plonge jusqu'à ce que Slughorn s’en aille –ce qui pouvait prendre un certain temps si l’on se fiait à la réputation du professeur de physique ou même simplement à l’arrondi de sa panse…

Et en effet une heure et demi plus tard, il était encore là à porter un toast aux vacances scolaires avec un type qui lui n’avait probablement jamais mis les pieds dans une école. Ah, les joies de la mixité sociale…

Remus, ses mains gantées de rose barbotant dans la bassine presque vide sans enthousiasme, soupira d’ennui. Au moins du côté bar il se passait quelque chose la plupart du temps…

A ce moment Claudio passa la tête dans l’embrasure de la porte. « God Save The Queen » passait sur la radio pirate qui était diffusée dans la pièce à côté.

« Ca se calme un peu de notre côté. Tu peux prendre ta pause si tu veux. »

Remus ne se le fit pas dire deux fois et jeta ses gants avec une toute autre énergie. Il prit la porte qui donnait sur une petite cour et s’assit sur les marches qui y menaient en soupirant cette fois de soulagement.

Comme chaque fois qu’il prenait le temps de se poser, Remus se rendit compte à quel point il était fatigué. Il prit dans la poche arrière de son jean un paquet de cigarettes et s’en alluma une. Il détestait cette habitude qu’il avait prise, cependant à force de respirer l’atmosphère enfumée du pub six soirs par semaine il s’était dit qu’il pouvait tout aussi bien prendre de vraies bouffées de tabac et profiter de ses effets relaxant pendant ses pauses. Il ne fumait pas tant que ça pendant le reste de la journée, mais le soir le besoin s’en faisait vraiment ressentir…

Quand il estima sa pause terminée, Remus rentra et retrouva ses verres sales. Une demi-heure plus tard, Slughorn partit et il put enfin retourner en salle. A nouveau le temps s’écoula assez rapidement.

Voyant le pub quasiment vide, Claudio, qui était responsable du pub quand son père était absent, proposa à Remus de partir un quart d’heure en avance. Le jeune homme accepta avec gratitude.

Remus habitait de l’autre côté de la ville ; celle-ci n’était pas gigantesque cependant et il fut chez lui après dix petites minutes de marche dans les rues silencieuses et sous un ciel étoilé.

En poussant le portique qui menait à son jardin, Remus aperçut de la lumière à la fenêtre de sa voisine. Il se demanda vaguement ce qu’elle pouvait fabriquer debout à deux heures du matin.

Il entra dans la maison en faisant le moins de bruit possible, ses parents étaient couchés et devraient se lever dans seulement quelques heures. Comme il passait devant la cuisine sur la pointe des pieds, Remus sentit son estomac gargouiller, il avait mangé sur le pouce après les cours particuliers et ça faisait maintenant un petit moment, mais il n’avait vraiment pas le courage de satisfaire sa faim. Pour l’instant il ne pensait qu’à son lit !

Et une fois allongé sur ledit lit, serrant son oreiller à deux bras, Remus n’eut même pas le temps de compter quatre moutons qu’il était déjà endormi.

 

_______________________________

 

*"Respect" bien sûr, d’Aretha Franklin. "God Save The Queen" des Sex Pistols (censuré à la radio à l'époque avec cette chanson).

Voilà, j'espère que ce chapitre vous a plu (ainsi que sa musique). En ce qui me concerne je ne sais plus quoi en penser parce que ça fait des siècles que je l'ai écrit (en particulier la partie de James) mais dites-moi ce que ça vous inspire.

Le prochain chapitre arrive très bientôt avec la rentrée à Poudlard.

En attendant que les Doors vous garde!

 
 
Chapitre précédent
 
 
Chapitre suivant
 
 
 
     
     
 
Pseudo :
Mot de Passe :
Se souvenir de moi?
Se connecter >>
S'enregistrer >>