Disclaimer : Tous les personnages/ lieux/ périodes sont issus de ma propre imagination. Je n'ai aucune excuse pour ce désastre.
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Chapitre 28 : Ca non plus, c’était pas prévu
Lékilam poussa un profond soupir et pencha la tête en arrière, scrutant le plafond d’un air songeur.
Le temps paraissait étrangement long, quand on s’ennuyait. C’était une situation nouvelle pour lui. A la Volière, il ne se passait pas un instant sans qu’il ait quelque chose à faire. Un problème politique, une question économique ou tout simplement un livre à lire, il arrivait toujours à occuper la moindre de ses secondes. Il arrivait même que Pavel l’aide, bien involontairement, à trouver une activité…
Mais dans le bureau dépouillé de Derek, il n’y avait guère plus à faire que de compter les motifs sur la moquette austère. La tâche en était d’autant plus difficile qu’à l’endroit où il se trouvait, on n’y voyait presque rien.
Le chef des démons de la Morte-Lune avait pris la fâcheuse habitude de travailler à la seule lumière d’une bougie. Plus jeune, lorsqu’il arrivait à Derek de séjourner quelques temps au palais phénix, Lékilam aimait beaucoup passer outre la surveillance de ces chaperons pour venir le voir travailler. A la lumière chaude de la chandelle, la vue de son large dos, vouté sur son étude, avait quelque d’extrêmement rassurant. Il passait souvent plusieurs heures à feuilleter un vieux carnet du démon et à regarder celui-ci travailler, du coin de l’œil. Immanquablement, Pavel finissait par se résoudre à déranger Derek et venir récupérer de force son protégé, sous l’œil amusé du démon.
Il fut remplit d’une douce torpeur, au souvenir de ces agréables moments.
Aujourd’hui encore, même s’il était dans une toute autre situation, il trouvait un certain réconfort dans l’attitude de Derek. Un costume strict remplaçait les simples vêtements de toiles qu’il aimait porter dans l’intimité, et en guise de bougie, il n’y avait qu’une petite lampe de bureau et l’écran brillant d’un ordinateur portable.
Mais quelque part, cette scène ne lui était pas inconnue, et réchauffait doucement ses entrailles nouées par l’attente.
Le jeune prince ne savait pas ce qui l’avait le plus effrayé, ce soir là. Quitter la tour des phénix pour se rendre dans le bureau de Derek, sans savoir exactement où il se trouverait dans les prochaines heures ? Etre séquestré par les vampires, entouré par leurs sinistres présences, sans aucun visage connu aux alentours ? Attendre en vain l’arrivée de Pavel, tout en sachant qu’un personnage plus menaçant encore risquait d’arriver avant ou pire, croiser la route de son garde du corps ?
A bien y réfléchir, c’était cette dernière solution qui était la plus juste.
Cette attente paraissait plus insupportable encore à Lékilam que tout le reste, que son enlèvement, que les accusations violentes que le jeune Maerys lui avait jeté en toute légitimité à la figure. Comme il aurait aimé voir Pavel, et se blottir dans la tiédeur protectrice de ses bras…
Il lui semblait que cela faisait des jours qu’il avait quitté son lit et avec lui, le corps si chaud de son amant. Cela ne devait pourtant pas faire plus de quelques heures. C’était comme si toute sa vie passée n’avait été qu’un songe, un rêve qu’il commençait déjà à oublier, et dont il venait brutalement de se réveiller pour être ramené à la cruelle réalité. Cette situation de danger était nouvelle, pour lui. Jamais, de toute son existence, il ne s’était retrouvé si exposé aux menaces extérieures. Il fallait dire qu’entre les murs du palais royal, puis de la Volière, le jeune prince n’avait pas souvent été en grand danger…
C’était d’autant plus perturbant que la menace n’était pas un simple traitre ou un assassin, comme il en avait déjà rencontré beaucoup. Non, cette fois-ci, c’était l’Onikam en personne qui était après lui. Forcément, il y avait de quoi être effrayé.
Il aurait voulu que tout soit terminé, qu’il puisse rejoindre la Volière et terminer la nuit dans les bras de son amant. Faire comme si de rien n’était, reprendre sa vie normale, tout simplement. Quant à sa dispute avec Pavel, qui lui avait servie de prétexte pour partir… Il n’en reparlerait plus et le blond n’oserait pas ramener le sujet sur le tapis avant un certain temps, de peur de le froisser à nouveau.
Son garde du corps avait beau dire, il l’aimait trop pour avoir le cran de lui faire du mal. Il tentait de le raisonner, soit disant pour le protéger, mais s’il avait vraiment voulu que son protégé se détache de lui et retourne au palais assumer son titre d’hériter, cela aurait fait belle lurette que le blond aurait disparu sans laisser de traces (auquel cas le prince aurait aussitôt envoyé les démons de la Morte-lune pour le retrouver et le ramener par la peau du cou, mais c’était une autre affaire).
Seulement, Pavel n’aurait jamais le courage de faire une chose pareille. Alors il attendait que quelqu’un lui arrache de force son jeune amant, voire que celui-ci fasse lui-même le choix de le quitter, plutôt que d’avoir à prendre une décision aussi douloureuse. Le garde du corps avait beau être l’un des plus puissants soldats phénix, par bien des côtés, sa force n’était que physique…
Depuis qu’il était en âge de comprendre ces choses là, Lékilam avait très vite senti à quel point Pavel était fragile, psychologiquement.
Oh, bien sûr, cela dépendait des situations. Il serait resté calme en plein apocalypse, était aussi stoïque qu’un bloc de glace pendant un combat, et du temps où il était général des armées phénix, nombreux étaient ceux qui louaient son courage et sa force mentale dans les situations les plus désespérées.
Mais il suffisait que l’on touche à ce que Pavel avait de plus précieux, pour qu’il s’effondre complètement.
Lékilam ne le savait que trop bien. Et cela l’inquiétait d’autant plus qu’il avait peur que le blond ne soit tenté de commettre une bêtise, en le sachant en danger.
Oui, à vrai dire, c’était peut-être ça le pire, dans cette situation. Au fond, être la princesse en détresse que l’on devait sauver lui était un peu égal, tant qu’il savait son héros en bonne santé.
Et c’était à cause de ça qu’il trouvait le temps si long.
oo
Shézac et Libellule se plantèrent en plein milieu de la rue, hagard, tenant de leurs deux mains le morceau de parchemin guideur.
Arrivant en retrait, Lyde, qui soutenait Pavel, s’autorisa un soupir las. Au beau milieu de l’immense route, bordée d’immeubles rutilants et des lampadaires flamboyants, il n’y avait plus qu’eux, en cette heure tardive.
Ils étaient très clairement revenus dans l’avenue de la Volière.
- C’est pas possible, souffla Libellule. Il doit y avoir un problème. Peut-être que Scysios est déjà rentré…
Elle arracha le papier des doigts de Shézac, et l’observa sous toutes les coutures. Sur le morceau de papier blanc, leur itinéraire s’affichait en encre rouge, s’effaçant à mesure qu’ils progressaient sur les pas de leur camarade. Elle eut beau le tourner et le retourner dans tout les sens, le trait rouge bifurquait obstinément en direction de la Volière.
- Je ne pense pas, la contredit Shézac en secouant la tête. Ca ne collerait pas.
Soutenu par Lyde, Pavel baissait les yeux, faisant mine d’être encore à demi-inconscient. Les autres le laissaient tranquille, le pensant trop sonné pour réaliser, mais en réalité, il était parfaitement conscient de tout ce qu’il se passait.
Et un atroce sentiment lui nouait le ventre.
Il avait voulu mettre Scysios hors service parce qu’il n’avait pas confiance en lui et qu’il ne voulait pas être gêné. Mais c’était Scysios qui l’avait mis hors service pour ne pas être gêné, après l’avoir mené en bateau parce qu’il ne lui faisait pas confiance.
Une pression douloureuse lui vrillait les tempes, de la honte et de l’impuissance mélangées. L’absence de Lékilam lui avait fait perdre tout son sang froid et il avait cédé à la panique, pour la première fois depuis des années. Accoutumé à la vie tranquille de la Volière, il n’était plus habitué aux situations d’urgences et avait fini par se convaincre inconsciemment qu’au fond, il ne pourrait jamais rien arriver à son prince tant qu’il resterait entre ces murs…
Pavel serra les dents, dévoré par l’angoisse. Jamais il n’aurait imaginé qu’une telle chose se produirait un jour.
A cause de lui.
Si après leur dispute, il avait suivi Lékilam, au lieu de le laisser partir seul…
La sensation de culpabilité qui l’habitait était si violente qu’il en avait la nausée, et il n’avait pas besoin de feindre pour avoir l’air pâle et maladif. Avec sa fatigue autant physique que morale, ses pensées se mêlaient confusément, le plongeant dans un mutisme total. Il n’arrivait même plus à mettre de l’ordre dans ses sentiments, et ne savait pas vraiment comment appeler ce tourment incessant qui le hantait.
- C’est pas possible, répéta Libellule en balayant la rue de son regard sévère. Il doit forcément…
Elle avança d’un pas décidé dans l’avenue silencieuse, à la lumière des lampadaires. Le quartier d’affaire et les abords de la Volière, si fréquentés la journée, devenaient déserts une fois la nuit tombée. Il n’y avait guère que le hall de la tour phénix qui connaissait un petit regain d’activité nocturne, mais ce n’était pas l’heure de l’affluence au Yellow bird et l’endroit était vide de fêtards.
Les trois jeunes hommes suivirent d’un air curieux l’allure décidée de la nymphe, qui scrutait le papier ensorcelé comme si elle voulait le menacer rien qu’avec les yeux d’afficher une nouvelle direction.
Mais elle se planta juste devant la Volière, immobile comme une statue.
- En gros, on a fait tout ça pour rien ? Soupira Lyde en avançant, soutenant Pavel avec un peu de difficulté.
Shézac, lui, resta figé dans le froid nocturne. Ses grands yeux bleus fixaient les environs, tandis que son esprit tournait à toute vitesse.
Avec sa jambe blessée, comment Scysios aurait pu ramener le prince sur une aussi longue distance ? Et les égouts étaient déserts, il n’y avait pas même eu la moindre trace de cadavre qui aurait indiqué que le démon avait déjà fait le ménage avant qu’ils n’arrivent. Il y avait quelque chose qu’il ne savait pas, et qui ne lui disait rien qui vaille.
Est-ce qu’on aurait voulu les éloigner de la Volière ? Non, se dit-il en observant les fenêtres ouvragées de la partie supérieure qui, vue de l’extérieur, paraissait abandonnée. Les sortilèges protégeaient la tour des regards des passants, et dans la ville, tout le monde pensait que le sommet était depuis des années en attente d’être restauré, faute de budget.
Sans le prince, la tour n’avait aucun intérêt…
Shézac remarqua alors la direction dans laquelle s’était tourné le visage de Libellule, immobile depuis qu’elle s’était arrêtée devant la Volière. Ce n’était pas cette dernière que regardait la nymphe, mais l’immeuble d’en face.
Le démon haussa un sourcil surpris.
- Oh le salaud, souffla Libellule avec une vulgarité qu’on ne lui voyait que dans ses pires accès de colère.
Le blond comprit tout de suite qu’elle parlait de Derek. Quand elle s’exprimait comme ça, elle parlait forcément de Derek (ou de Zénon, mais il refusait depuis longtemps de penser à ce nom et à tout ce qui s’y rapportait). A son tour, il tordit le cou pour examiner l’imposant bâtiment. Tout semblait pratiquement éteint, comme presque tous les soirs, excepté quelques fenêtres vers les derniers étages.
Tout un tas de choses se bousculèrent dans la cervelle un peu perturbée de Shézac. Il n’était pas sûr de tout comprendre, se sentait de plus en plus perdu. Un seul fait était clair dans son esprit, clignotant comme une enseigne de casino. Le prince était dans cet immeuble ténébreux, et Scysios sur ses traces, quelque part dans un étage. Inconsciemment, il se mit à guetter des mouvements derrière les reflets des lampadaires sur la haute tour de verre.
Libellule inspira un grand coup, comme pour calmer la colère qui brûlait en elle. Puis elle retroussa ses jupes et sortit son revolver.
- Lyde, ramène Pavel à la Volière et n’en sort plus. Dit à tous ceux que tu croises de passer le message. Personne ne sort.
- Pourquoi ? S’enquit aussitôt le barman, inquiété par la requête. On craint quelque chose ?
Elle partit d’un pas décidé vers le hall de l’immeuble de la KGV, sans un regard pour ses compagnons.
- Le quartier est infesté de vampire, ronchonna la nymphe en serrant les doigts autour de son arme. Shézac, suis…
Mais elle s’immobilisa soudain, fixant l’obscurité aux abords de la tour.
- Helga ? Appela-t-elle avec surprise.
oo
Derek leva brutalement les yeux de l’écran de son ordinateur, et fixa la porte d’entrée avec méfiance.
Lékilam, à l’affut de la moindre source de distraction, ne manqua pas de le remarquer.
-Quelque chose ne va pas ? demanda-t-il avec une pointe d’anxiété face au soudain regain d’attention du démon.
Ce dernier referma son ordinateur et se redressa vivement, les sourcils froncés. Il sembla ouvrir un tiroir sous son bureau massif et un objet très lourd racla le bois vernis.
- Reculez-vous, majesté, conseilla-t-il en lui faisant signe de venir se mettre à l’abri derrière lui.
Les jambes flageolantes, le prince ne se fit pas prier. Il comprit que quelque chose n’allait pas, mais n’osa pas le demander. Pendant les quelques secondes de flottement qui suivirent, il crut que Derek avait entendu Pavel et Scysios arriver, mais que le comité d’accueil que leur avaient réservé les vampires posait plus de problème que prévu.
Il réalisa après coup combien il aurait aimé que ce soit effectivement le cas, quitte à ce que son amant écope d’une blessure ou deux en tentant de traverser l’espace empli de danger entre l’escalier et le bureau du directeur.
Toutes les situations auraient été préférables à celle qui se produisit.
Alors qu’il venait juste de se placer derrière Derek, de l’autre côté du bureau, la porte d’entrée vola en éclat. La violence de l’explosion arracha un cri à Lékilam, qui se cacha derrière le dos de son protecteur comme un animal effrayé.
Maintenant qu’il avait croisé Scysios dans les couloirs de la tour, Taenekos avait deviné que les démons de la Morte-lune s’étaient mêlés à ses plans et avait adopté en conséquence une attitude plus… expéditive.
- Bonjour Derek ! lança-t-il d’un ton jovial en marchant dans les débris de bois.
Son visage trop parfait était figé dans une expression goguenarde. Autrefois, songea Derek alors que ses doigts se resserraient sur son épée, une telle expression l’aurait amusée, parce qu’elle présageait toujours que Zénon le séducteur n’allait pas tarder à user de son irrésistible charme.
A présent, il ne ressentait plus qu’une colère sourde, contre laquelle il luttait de toutes ses forces.
Quelques visages éberlués de vampires passèrent derrière le cadre de la porte, surpris par la réaction brutale de celui qu’ils s’apprêtaient à accueillir. Taenekos ne faisait déjà plus attention à eux, maintenant que son but était atteint.
Les yeux noirs de l’Onikam se posèrent sur les frêles épaules du prince phénix, et ne s’en détachèrent plus.
- C’est gentil de me l’avoir surveillé, sourit le démon, mais maintenant, il va falloir me le rendre…
L’air dans le bureau se chargea d’électricité et Lékilam recula, seul signe extérieur de sa terreur. Derek le gardait derrière lui, faisant rempart de son corps, contenant difficilement sa rage.
Comme il aurait aimé faire ravaler à Taenekos son sourire narquois…
Mais il devait gagner du temps avant d’engager le combat. Il était inquiet pour Scysios et Ader, car voir l’Onikam ici laissait présager que les deux hommes avaient très certainement dû le rencontrer. Derek n’avait aucun moyen de savoir s’ils s’étaient cachés en le sentant venir, s’ils avaient réussis à s’enfuir ou si le pire c’était produit. Cela l’énervait d’autant plus, lui qui avait horreur que les choses échappent à son contrôle.
Dorénavant, sa seule échappatoire serait l’arrivée de Libellule, qu’il espérait imminente.
- Désolé mais mon contrat m’en empêche, répondit-il simplement, à l’affut du moindre geste de Taenekos.
Ce dernier sourit de plus belle. Il ne paraissait pas inquiet le moins du monde, comme si quelque part, il s’était toujours attendu à ce que l’enlèvement du prince ne se passe pas comme prévu.
Ou alors, comme si cela lui était complètement égal ?
Derek n’eut pas le temps de creuser plus le sujet. De toute manière, la confrontation qui s’annonçait avait toujours eu pour but de découvrir ce que tramait l’Onikam, et le moment approchait à grand pas.
Un peu trop grand, d’ailleurs.
- Ca fait longtemps qu’on ne s’était pas vu, tous les deux… Remarqua Taenekos sans se défaire de son ton insouciant. Ca me fait plaisir, tu sais. Je suis sûr que Zénon aussi serait content te voir…
Derek serra les dents, tâchant de ne pas céder à la colère.
Mais Taenekos recula soudain, d’un pas nonchalant. Il jeta un œil distrait dans le couloir et, alors que Derek et Lékilam retenaient leurs souffles, héla quelqu’un qui venait de sortir de l’escalier.
-Par ici, vous deux !
Les vampires s’écartèrent, ouvrant le passage à Gallwen et Eryad, qui ouvrirent de grand yeux surpris en apercevant le visage fermé de Derek Isdegarde.
Ils ne se trouvaient pas avec Fallnir, le soir de cette mission funeste qui avait couté la vie à tant des leurs et provoqué le bannissement de l’auburn, et n’avaient de fait pas rencontré le légendaire démon. A vrai dire, ils ne l’avaient même jamais vu, ne serait-ce que de loin, avant cet instant. Mais ils surent aussitôt qui il était, ce qui réveilla en eux autant de crainte que de ressentiment et balaya toute envie de rébellion envers Taenekos.
Le démon non plus ne parvint pas à cacher son étonnement. Il pensait les dragons à la poursuite de Fallnir, et n’aurait jamais imaginé qu’ils se mêleraient aux affaires de Taenekos…
L’évidence le frappa de plein fouet, à peu près aussi violemment que le poing de l’Onikam dans son estomac.
Le souffle coupé, Derek tenta de riposter aussitôt mais Taenekos bondit en arrière pour esquiver le coup d’épée. Il avait profité de la surprise du directeur pour l’attaquer et celui-ci, déconcentré, ne l’avait même pas vu venir.
- Prenez le phénix ! ordonna Taenekos d’une voix qui avait perdu toute gaieté.
Derek s’interposa entre le prince et eux, en position de défense. Mais il se remettait à peine du violent coup de Taenekos et ce dernier ne lui laissa pas le loisir de se préparer plus longtemps.
Derek n’avait jamais aimé les armes à feu, de même que toutes les armes à projectile en général. C’était traitre, trop limité, incontrôlable. Il avait toujours préféré les armes blanches, que l’on pouvait tenir solidement dans sa main, comme une extension de son corps.
Son épée était le bout tranchant de son bras. Elle n’obéissait qu’à lui, n’avait pour faiblesses que les siennes propres. Beaucoup sur leur monde partageaient son avis, et alors que certaines civilisations humaines sombraient dans la folie d’armements toujours plus perfectionnés, les immortels, eux, ne juraient toujours que par l’acier effilé
Zénon avait toujours été extrêmement souple et agile. Dès le jour où il avait décidé d’apprendre le maniement des armes à projectile magique, il s’était perfectionné dans le combat au corps à corps pour compenser l’handicap que lui octroyait son revolver. Son corps en avait gardé le souvenir, même si ce n’était plus vraiment lui qui décidait de ses gestes.
Bien que sans arme, Taenekos était redoutable.
Il tenta d’attaquer Derek, qui contra aussitôt. L’Onikam utilisa cette riposte pour immobiliser un bras du directeur et lui asséner un nouveau coup de poing. Son adversaire le vit cette fois-ci venir, et réussit à reculer pour l’éviter. Mais l’espace exigu de la pièce dans laquelle ils se battaient tourna à son désavantage et son bureau l’empêcha de s’éloigner autant qu’il aurait dû.
Taenekos en profita et d’un coup de pied effroyable, envoya Derek s’écraser lourdement contre une armoire, qui s’effondra dans une pluie de dossiers.
Lékilam, hébété, n’avait presque rien suivit de l’échange qui n’avait duré que quelques secondes.
La main de Taenekos s’abattit sur son épaule comme la serre d’un oiseau de proie. Il poussa un cri et tenta de se débattre, mais le démon le souleva avec une aisance déconcertante et l’entraina loin du bureau, suivi par les deux dragons.
Derek resta sonné plusieurs secondes et peina à se redresser, déstabilisé par la violence du choc. Quand il ramassa son épée, la porte de l’escalier s’était déjà refermée depuis longtemps. Il poussa un grognement de rage et partit à la poursuite de Taenekos, bousculant les vampires du quartier nord resté devant la porte, qui comprenaient de moins en moins ce qu’il se passait.
oo
- Ssian, t’es là ?
Elika frappa une nouvelle fois à la porte du couloir désert, sans succès.
Elle gonfla les joues, vexée.
La Volière venait à peine de se vider de la moitié de ses habitants que déjà, son frère disparaissait dans la nature. Elle revenait du Yellow bird, où il ne se trouvait pas, et personne ne l’avait vu depuis le départ des évacués, quelques heures plus tôt.
Elle y était habituée, depuis le temps. Ehissian était le seul chevalier de la tour, et le prince l’envoyait toujours par monts et par vaux à la dernière minute. Mais il l’avait toujours prévenu, avant de partir. Depuis quand est-ce qu’il se permettait d’oublier de le faire, plusieurs fois d’affilée qui plus est ?
Il n’y avait pas de lumière sous la porte de Scysios, quelques mètres plus loin, sinon quoi elle serait sans remord allée geindre auprès du démon. Il était toujours très gentil avec elle, et ne manquait jamais de reporter à Ehissian les reproches que la jeune fille n’osait lui faire en face.
Une manière détournée de faire culpabiliser son frère chéri…
Agacée, Elika n’y tint plus et tira de sa poche son trousseau de clef.
- Ssian ? Appela-t-elle doucement en ouvrant la porte, avec le secret espoir que, peut-être, le jeune phénix dormait et ne l’avait pas entendue frapper.
Mais tout était immobile et silencieux, dans l’appartement de son frère. Elle alluma la lumière et pénétra dans la pièce en grommelant.
Un monceau de vaisselle attendait dans l’évier un nettoyage de plus en plus urgent. Le lave-linge disparaissait sous les vêtements sales et le lit donnait l’impression d’avoir été transformé en champ de bataille. La discipline militaire semblait être passée bien au dessus des oreilles d’Ehissian, lors de son apprentissage de chevalier.
L’espace de quelques instants, Elika faillit laisser ses pulsions féminines les plus refoulées prendre le dessus et faire un grand nettoyage dans l’appartement de son frère. Mais les gènes familiaux gardèrent l’avantage, et elle décida que ce grand crétin n’aurait qu’à vivre dans son propre désordre quelques jours de plus.
Elle aurait voulu passer un peu de temps avec lui, peut-être sortir, aller au restaurant, comme ils avaient autrefois l’habitude de le faire. Depuis qu’ils n’habitaient plus ensemble et qu’elle tenait sa propre boutique, ils se voyaient de moins en moins. Cela avait même empiré, depuis deux ou trois semaines.
Poussant un soupir lourd comme les pierres, elle entreprit malgré tout de remettre un peu d’ordre dans les vêtements propres que vomissait un placard.
Pour la peine, elle allait accepter l’invitation que Meliam lui avait faite quelques jours plus tôt. Elle savait que son frère n’aimait pas le blond, et ne se gênait pas de désapprouver la relation de sa petite sœur avec ce jeune phénix. Cela lui ferait les pieds, et le remettrait un peu à sa place de grand frère.
Et puis, une invitation à un concert faite par son meilleur ami, ça ne se refusait pas…
Son talon butta contre un petit sac, abandonné au pied du lit. Elle ne l’avait jamais vu avant, mais pensa qu’Ehissian devait l’avoir ramené d’une mission et avait tout simplement oublié –pour ne pas dire qu’il avait eu la flemme- de le vider et de le ranger avec les autres.
Elle n’osa pas y toucher, se méfiant des objets que son chevalier de frère pouvait bien cacher sous ses vêtements lorsqu’il partait. Il n’aurait plus manqué qu’elle se coupe un doigt avec un poignard oublié. Toutefois, un livre dépassait, menaçant de se casser la figure. Pour ne pas ajouter une chose de plus au désordre ambiant, elle le ramassa.
Elika ne pouvait pas savoir qu’il s’agissait du sac que Fallnir prenait lorsqu’il comptait dormir chez Ehissian. Mais si elle avait jeté un œil à l’intérieur, elle aurait vu qu’il ne s’agissait pas des affaires du phénix.
Elle fut néanmoins un peu surprise par le livre, et s’assit sur le lit défait pour l’examiner. Son frère n’ayant jamais été un grand lecteur, cela l’intriguait.
Il s’agissait d’un bête roman d’aventure, déjà bien entamé. Une plume bleue était cachée entre les pages pour marquer l’endroit où l’on avait stoppé la lecture. Elle sourit en reconnaissant une plume de son frère, et décida en guise de petite vengeance de retirer le marque-page improvisé pour le glisser juste entre la couverture et la page de garde, en prenant bien soin de la faire dépasser pour mieux signer son forfait.
Elle ne pouvait pas non plus savoir qu’il s’agissait du livre qu’essayait désespérément de terminer Fallnir depuis presque un mois, celui là même qu’il lisait quand il avait rencontré Ehissian, et qu’il reprenait chaque fois qu’il attendait chez le phénix l’arrivée imminente de ce dernier (il ne pouvait d’ailleurs pas se résoudre à retirer la plume marque-page, qu’il conservait précieusement, même s’il savait que c’était très risqué et particulièrement stupide de sa part).
Satisfaite, elle posa le livre sur la table de chevet d’Ehissian, pour qu’il ne puisse rater l’ouvrage ni la plume, et termina d’empiler proprement les vêtements de son frère. Après quoi, elle partit le cœur léger vers l’appartement de Meliam, certaine que ce dernier aurait un film à regarder pour faire passer la soirée.
oo
Lékilam se débattit autant qu’il put lorsque Taenekos le posa enfin. Ils se trouvaient au sommet de la tour de la KGV, une vaste esplanade balayée par le vent qui dominait l’ensemble de la ville.
Mais on ne lui laissa pas le loisir d’apprécier la vue, les reflets de la ville sur un fleuve qui serpentait au loin ou les lumières nocturnes qui ressemblaient à un champ d’étoiles multicolore.
Taenekos s’empressa de lui lier les mains dans le dos avec un solide morceau de ruban adhésif, puis le fourra dans les bras d’un Gallwen un peu perdu.
- Qui est-ce ? Demanda le dragon en levant les yeux vers Taenekos.
Celui-ci avait perdu sa nonchalance. L’attitude sensuelle et prédatrice qui le caractérisait d’ordinaire avait laissé place à une excitation fébrile, presque malsaine. Comme s’il s’était jusqu’à lors profondément ennuyé, et qu’il venait à peine de trouver un formidable cadeau rien que pour lui, pour le féliciter de sa patience. Il n’avait jamais paru aussi ouvert et joyeux, durant tout leur voyage pour arriver jusqu’ici.
L’Onikam retira de son fourreau l’épée que Gallwen gardait à la taille, s’attirant les protestations de ce dernier, et la soupesa dans sa main pour en vérifier la qualité.
- Le prince des phénix, fanfaronna-t-il avec un sourire presque enfantin. Votre Garnësir m’a demandé de lui trouver un bon atout au cas où la guerre tournerait mal. Faites bien attention à lui, elles sont plutôt fragiles, ces petites bêtes là…
Gallwen crut que sa mâchoire allait se décrocher. Il dévisagea Lékilam, qui lui lança le regard le plus assassin dont il était capable, malgré la terreur qui lui nouait les entrailles.
- Mais… balbutia l’ainé des deux dragons. Sur cette planète ? Et Fallnir…
- Oubliez-le, votre Fallnir, soupira le démon comme s’il avait affaire à un demeuré. Il ne voudra jamais vous suivre.
Les dragons lui avaient sommairement raconté, en gravissant les marches de l’immeuble, ce qu’ils avaient fait au cours de ces derniers jours et la raison de leur venue tardive dans la ville. Taenekos n’attendait que leur arrivée pour aller récupérer le prince aux mains des vampires –autant dire que ces derniers auraient pu tenir le siège pendant des jours, si le timing n’avait pas été aussi miraculeusement parfait.
Les deux dragons furent déstabilisés par les propos du démon, qui visaient parfaitement juste.
- Tenez, soupira Taenekos alors qu’ils restaient muets de stupeur. Attendez-moi là bas.
Tout en parlant, il avait tiré de la poche de son jean un papier froissé, qu’il leur jeta négligemment. Eryad le saisit au vol et fut un peu surpris d’y trouver le dessin d’un cercle de transport.
- Allez ! Ordonna de nouveau le démon en levant les yeux au ciel.
Les deux amants échangèrent un regard, puis poussèrent sans un mot le prince jusqu’au bord du toit. Ils commençaient à peine à comprendre que finalement, Fallnir n’avait été qu’un prétexte pour le Garnësir. Si on les avait fait venir ici, si Taenekos avait soit disant demandé l’aide des dragons pour une mystérieuse mission, ce n’était que dans l’unique but de s’emparer du prince. Ils étaient tous les deux trop dociles et fidèles pour opposer une quelconque forme de résistance, et obéirent sans rechigner, gardant leur ressentiment pour eux.
Ils avaient tant espéré de cette mission, et en repartaient avec tellement d’amertume… Sans parler du fait qu’enlever quelqu’un de si haut rang sans aucune motivation allait à l’encontre des principes fondamentaux de leur clan.
En contrebas, au milieu de la forêt de tour qui entourait l’immeuble, le cercle de pierre lisse sur le toit de la Volière agrippait les maigres rayons de lune qui perçaient le ciel de la ville.
- Il doit y avoir des tonnes de barrière magique, remarqua Eryad avec un soupçon d’appréhension.
- Si le prince est avec nous, nous n’aurons aucun problème à les passer, le rassura son ainé.
Lékilam était blême, mais gardait les lèvres pincées. Se débattre n’aurait fait qu’aggraver sa situation ; les dragons auraient essayé de l’assommer, ou pire. Il préférait rester conscient pour bondir sur la moindre opportunité.
Gallwen se pencha pour estimer la hauteur qui les séparait de la Volière. Celle-ci, construite en pierre plusieurs siècles plus tôt, était beaucoup plus petite que la plupart des grands buildings du quartier d’affaire. Sauter d’une telle hauteur aurait été inconscient, même pour eux. Il décida alors de se transformer.
Lékilam n’avait plus assisté à un tel spectacle depuis plusieurs décennies, et ne cacha pas sa surprise lorsque la large silhouette du dragon commença à se tasser, dans la lumière nocturne. Toujours silencieux, Eryad attrapa le jeune prince par les épaules pour le tenir à l’écart, et garda les yeux rivés sur son amant.
Dans un craquement d’os et un grincement de cuir, le corps de Gallwen se comprima, se déforma et s’étira de manière anarchique. Ses vêtements se mirent à tourbillonner autour de son corps en pleine transformation, avec un bruissement surréaliste qui évoquait les battements frénétiques des ailes d’un oiseau. Ils s’enroulèrent les uns sur les autres jusqu’à ne plus former qu’une lanière de cuir autour du cou de Gallwen, devenu un petit dragon noir aux prunelles brillantes. Eryad s’accrocha fermement à cette poignée improvisée, prenant garde de ne pas non plus étrangler son ainé, et plaqua le prince qu’il tenait par la taille contre les écailles lisses. Cela gênait un peu le jeune blond, de faire reposer autant de poids sur une seule personne ; si la lanière de cuir qu’était devenue les vêtements de Gallwen était brisée, ceux-ci redeviendraient de simple fripes déchirées.
Mais le jeune dragon, à cause de sa blessure, ne pouvait prendre le risque de reprendre lui aussi sa véritable forme. Les chairs abimées de son épaule supporteraient difficilement d’être étirées dans tous les sens pour s’adapter à la morphologie d’un dragon –il en était de même pour les femmes enceintes, qui ne pouvaient changer de forme tant qu’elles portaient leur progéniture dans leur ventre.
Gallwen déploya ses ailes, ne montrant aucun signe de difficulté à soutenir les deux jeunes hommes. Le peu de magie contraignait sa taille et même en y mettant toutes ses forces, il ne mesurait guère plus haut qu’un petit humain, soit la moitié de sa taille véritable. C’était néanmoins suffisant pour planer jusqu’à la Volière.
Il bandait ses muscles pour se préparer à sauter, lorsque Derek jaillit sur le toit comme un diable en boite.
Le démon avait suivi leur trace sans hésitation, déterminé comme jamais à les empêcher de fuir. Quelques jours plus tôt, on avait muré l’accès au toi à l’insu de tous, en prévision de l’enlèvement du prince, et ce afin d’empêcher quiconque de s’aventurer dans l’immeuble par cet accès. Pourtant, Taenekos avait démoli cette barrière avec une déconcertante facilité, et Derek avait probablement agrandi encore le trou. L’odeur de la poussière et des gravats, portée par les courants d’air, avait attiré le chef des démons de la Morte-Lune comme un bel arbre en fleur attirait les abeilles.
C’était clair, à présent ; le seul intérêt que retirait Taenekos de ce voyage était de rencontrer Derek. La désinvolture avec laquelle il avait traité l’enlèvement du prince n’en était qu’une preuve de plus.
En voyant les dragons prêt à s’envoler avec Lékilam, Derek fonça sur eux pour les en empêcher. Mais Taenekos, bien décidé à ne pas laisser son jouet favori oublier quelle devait être sa cible, s’interposa aussitôt.
Le fracas de leurs épées sembla créer des étincelles. Les deux démons se toisèrent du regard, l’un arborant un sourire goguenard, l’autre fronçant les sourcils avec rage.
Gallwen décida qu’ils avaient suffisamment perdu de temps comme cela, et s’élança du toit sans plus tarder.
Lékilam serra la mâchoire à s’en briser les dents pour retenir un cri de surprise et de terreur. Coincé entre le corps chaud d’Eryad et les écailles glacées de Gallwen, il ne pouvait voir le sol, mais entendit l’air siffler tout contre eux et sentit un désagréable vite dans son estomac qui signifiait sans aucun doute qu’ils étaient en train de chuter. Le dragon noir étendit ses ailes et tourna en cercle autour du toit pour ralentir leur chute, mais s’écrasa malgré tout lourdement sur la pierre. Le phénix sentit le choc de l’atterrissage se répercuter dans tout son corps, et fut pris d’une violente nausée dès lorsque ses pieds touchèrent la terre ferme.
Eryad le saisit de nouveau par les épaules pour le trainer à distance. Lékilam se laissa faire sans rien dire, tanguant sur ses jambes, ne faisant même plus attention à l’autre dragon qui se retransformait. Ses mains ligotées n’arrangeaient rien, et quand il voulut ouvrir les yeux, tout se mit à tourner autour de lui, si bien qu’il distingua à peine les balustrades de la Volière pourtant bien connues, et vit les tours environnantes se succéder à une vitesse effarante. Ses jambes le lâchèrent brusquement et il s’écorcha les genoux en tombant.
Le phénix n’arrivait plus à penser, la poitrine oppressée. Dès l’instant où le visage de Derek avait quitté son champ de vision, toute l’angoisse contre laquelle il luttait l’avait violemment submergée. Plus que jamais, il aurait voulu se blottir dans les bras de Pavel. Et dire que leur lit se trouvait là, quelques mères en dessous de ses pieds, si inaccessible… Il ne restait personne à la Volière susceptible d’affronter les deux dragons, il le savait parfaitement. Pavel et Scysios étaient en route pour le sauver, Libellule avait très certainement dû les suivre, et emmener Shézac avec elle. Quant à Ehissian et Fallnir, il les avait lui-même envoyé à l’écart, pour que ces mêmes dragons qui s’apprêtaient à l’emmener loin de la tour ne viennent pas s’ajouter à la liste de leurs problèmes.
Crier et se débattre pour attirer quelqu’un aurait été inutile, personne n’aurait rien pu faire pour le secourir.
Il ne restait qu’un tout petit espoir, infime, auquel il se raccrocha de toutes ses forces. Les deux dragons ne parviendraient jamais à passer la frontière sans l’aide de Taenekos. C’était pour cette raison que ce dernier leur avait ordonné de l’attendre à l’endroit indiqué. Mais si Derek et les siens parvenaient à suivre l’Onikam, et à les rejoindre avant qu’ils ne passent la frontière entre les mondes…
Comme pour tenter d’anéantir cet espoir, le dragon blond vint le soulever pour l’amener sur le disque de pierre. L’autre était penché sur le sol, un pinceau à la main, semblant sorti de nulle part. Il recopiait scrupuleusement le dessin que leur avait donné Taenekos, travaillant avec une vitesse et une méticulosité déconcertante. Il paraissait avoir déjà bientôt terminé.
Lékilam fit de son mieux pour se maitriser, bien que très pâle et nauséeux, et ignora le regard presque apitoyé qu’Eryad posa sur lui en remarquant ses efforts pour rester digne.
Cela n’empêcha pas toutefois le blond de le pousser en avant lorsque Gallwen se redressa, prêt à mettre le point final au cercle de transport.
Avant de bondir soudain en arrière, et de bousculer les deux plus jeunes pour les repousser aussi loin que possible, jusqu’à la balustrade qui entourait le toit.
Des éclairs crépitèrent tout autour du cercle, et la peinture noire se mit à briller de plus en plus vivement. L’air frais de la nuit se chargea d’électricité, alors qu’un globe crépitant se formait tout autour du disque de pierre.
- Qu’est ce qui ce passe ? s’écria Eryad pour couvrir le bruit des éclairs. Tu avais terminé le cercle ?
- Non ! se défendit Gallwen en levant le bras pour se protéger les yeux. Quelqu’un se sert de la pierre, dans l’autre sens !
Comme pour illustrer ses dires, deux silhouettes apparurent brusquement sous la coupole électrique, et puis tout retomba, aussi rapidement que cela avait commencé.
Le cercle de pierre était de nouveau vierge de toute inscription. En son centre, Ehissian et Fallnir mirent quelques petites secondes à remarquer que quelque chose n’allait pas.
Pour la seconde fois de la journée, les deux couples se toisèrent d’un air hébété.
A suivre…
oooooooooo
Après cinq chapitres d’absence, voici enfin le retour tant attendu du couple principal. :p Je trouve ce chapitre un peu décousu, j’espère que ce n’est pas l’impression qui ressort à la lecture…
La fin est maintenant toute proche, il n’y a plus que quatre chapitres de prévu, en comptant l’épilogue.
N’hésitez pas à me faire part de votre ressenti, me laisser une review, m’envoyer un mail ou même passer sur le chat de manyfic. :p La fin se rapprochant, j’aimerais beaucoup savoir ce que vous avez pensé de ce chapitre..
Sur ce, je vous remercie d’avoir lu jusqu’ici !
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