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sappho
Par bebelutine
Originales  -  Poésie  -  fr
4 chapitres - Rating : K (Tout public) Télécharger en PDF Exporter la fiction
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Ma Mort

C’était la nuit, dans mon rêve, nous dormions ensemble.

C’était le rêve familier où nos deux corps s’assemblent.

Las la belle ! Bercée par tes soupirs.

J’oubliais d’inspirer l’air. Belle je me savais mourir.

Mais je craignais, en gonflant mon buste,

De déranger ta tête posée contre mon cœur.

Et te voir veiller pour que je vive encore.

Me semblais au-delà de l’injuste.

 

Et je fermais les yeux.

Et je luttais toujours

Arrachant à la mort une minute d’amour.

Dans mes poumons le vide allumait un feu.

D’ont les braises montais jusqu’à ma tête.

Mon cœur se mêlait à la fête.

Et battait si vite et si fort 

Que je craignais qu’il ne t’éveille et ruine mes efforts.

 

Apparut dans notre chambre une femme.

Que la mort sois un homme m’aurais paru moins cruel.

Tant je souhaitais Ô ma triste Belle, Ô ma triste dame.

En mourant pour toi t’être à jamais fidele.

Las cette femme tendant son doigt vers moi

Me contraint à la suivre.

Mais mon esprit était en joie,

Je te savais me survivre.

 

Je n’avais de regrets que de ne plus revoir

Ce que cachent tes longs cils tant aimé.

Et l’affreux désespoir

D’accueillir ton éveil par mon corps immobile et glacé.

 

Et je rêvais toujours.

Et je rêvais encore.

Et la mort mon amour

M’éloignais de ton corps.

 

Dans des plaines désolées.

La mort au long manteau,

Longtemps me fit marcher,

Au rythme de sa faux.

Passant par les enfers

Le long des feux sacrés

La mort foulait à terre.

Les plaintes des suppliciés.

 

Dans le vaste foret que je quittais trop tôt.

Tout ce que je touchais répétait ton visage.


Je voyais ton reflet dans chaque flaque d’eau.

J’apercevais nos corps si loin, pourtant, de ce rivage.

Me penchant sur l’eau, le bref instant ou la mort le permit.

J’aperçus sur le visage de mon cadavre abandonné.

Le sillon humide d’une larme. Mais il y avait aussi,

En esquisse sur mes lèvres serrées, la trace d’un sourire apaisé. 

 

Dans une grotte sombre

Ou la mort me conduisit,

Je vis travailler les ombres

Des criminels punis.

 

Il siégeait aussi, derrière un petit bureau de fer

Hadès, qu’on dit cruel roi des enfers.

Piégé par son bureau, ce timide fonctionnaire

Tremblais devant la mort et de prestance il n’avait guère.

 

Il remplissait un parchemin fort long.

D’une longue plume couleur de soir

Couvrait la feuille rouge de triangles et de ronds

Eclatant de rire la mort m’entraina dans le noir.

 

C’est alors que je la vis. Dans le poudroiement d’or que jetait son trône

C’était Perséphone, des noirs enfers, la reine immaculée.

Du bout de la voix elle demandait sa rituelle aumône.

N’ayant rien emporté, je déposait à ses pieds ma chevelure sacrifiée.

 

Du corps de celle qui serais ma reine éternelle

Je n’osais regarder plus, que ses chevilles cerclées d’or.

Ses doigts me touchèrent alors.

Et son visage m’offrir un spectacle cruel.

C’était ton visage ma trop belle.

Que cette démone arborait.

Et je passais l’éternité avec elle.

Quand c’est à toi que je pensais.

 

Les tortures subies

N’était rien face au mépris.

Qu’avais cette bouche qui te ressemble.

En torturant mon pauvre cœur de cendre.

 

Et c’est ici ma Belle, ma Dame

Que je m’éveillais tremblante, au fond de mon lit vide.

Dans mon lit point de femme.

Ni toi, ni cette Mort stupide.

Dois-je  rire ou pleurer ?

Las ma belle, je ne sais.

Si ce qui fut n’est pas la vérité,

Mon rêve familier où nous dormions ensemble

Ce rêve, ou nos deux corps s’assemblent.

N’était que chimère et n’a pas existé

 
 
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