Voila la chapitre suivant. C'est un peu un chapitre de transition, un peu court, pas sur qu'il soit très passionnant ^^'
Vous me direz
Ensuite se sera le dernier chapitre, et puis il restera plus que l'épilogue.


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Chapitre 14

POV Tomo


Je nous revois, tous à l’aéroport, devant ce tableau d’affichage, moi si pâle soudain et toi qui souriait.
- Alors on prend lequel ? a demandé Shannon.
Tu n’avais rien dit, et pourtant j’avais déjà deviné. Je voyais ce nom au loin, Visalia, une ville pas très grande, un aéroport encore plus petit. Un vol intérieur d’à peine 350km au dessus de Los Angeles. Ils s’imaginaient tous partir à l’autre bout du monde, ils parlaient de Moscou, de Paris, de New york. J’avais la tête qui tournait et ce nom qui me brulait la rétine.
- Pensez loin en arrière, très loin, as-tu lancé comme tu aurais lancé un indice lors d’une chasse au trésor.
Seulement tu n’avais pas idée de ce que tu venais de déterrer…
Je n’ai pas eu la patience d’attendre que l’un d’eux le trouve. Je crois que je ne voulais même pas l’entendre dans leur bouche. Alors je l’ai dit, et le ton de ma voix a fait stopper ton sourire.
- Visalia.
- La première ville que vous ayez faite en dehors de Los Angeles avec Shannon ? s’est exclamé Tim.
- Un point pour notre bassiste, as-tu murmuré en me suivant du regard.

J’avançais déjà vers la zone d’embarquement, je sentais tes yeux sur mon dos, ceux de Shannon. Je retenais mes poings de trembler, je ne voulais pas faire demi-tour. Question d’orgueil stupide ou volonté farouche de faire face ? Je ne le savais pas moi-même. Je savais seulement qu’il ne fallait pas que je dise un mot avant que nous ne soyons tous installé dans cet avion, qu’il ne fallait pas que je t’explique, que tu aurais sans doute tout fait pour revenir en arrière. Et que je ne le voulais pas, nous avions tellement avancé tout le deux, j’avais tellement lutté pour arriver là où nous en étions aujourd’hui. Je ne pouvais pas fuir plus longtemps, je savais quelque part que tout l’avenir de notre relation se faisait là. Si j’avais choisi de rester, je crois que nous n’aurions jamais vraiment pu être en paix tous les deux.

Shannon tenait la main de Tim sur le bord de son siège, et moi j’avais fui tes doigts qui voulaient encercler les miens. Je ne pouvais pas, pas tant que je n’aurais pas réussi à te dire ce qu’il y avait sur mon cœur. Tu fixais obstinément le hublot, la mâchoire crispée, essayant de ne pas montrer à quel point je te blessais. J’ai respiré profondément, et tout de suite ton visage c’est tourné vers le mien, avec un espoir qui m’a fait mal au ventre. J’ai essayé de sourire, vraiment, mais la grimace qui a tordu mes lèvres ne t’a pas trompée une seconde.
Le silence c’est fait lourd. Autour de nous seul le bruit des moteurs persisté. Pourtant je n’ai pas dit un mot, ils y en avaient tellement qui se bousculaient dans ma gorge…ils me paraissaient tous dérisoire.

Je ne sais pas ce qui m’a trahi. Peut être l’air à la fois avide et horrifié qui devait partager mon visage alors que j’observais les rues de la ville à travers la fenêtre du taxi. Peut être mes réponses trop franches aux questions de Shannon sur l’architecture des bâtiments. Peut être la façon dont mon corps tremblait, hésitant sur le seuil de l’hôtel, regardant autour de lui. Reconnaissant le garage mécanique où j’avais été des centaines de fois bricoler une moto, l’épicerie de Madame Throumain ouverte 24h sur 24h et qui m’avait servi plus souvent qu’à son tour de pharmacie de garde. Même l’odeur du bitume me montait à la tête, me faisant fermer les yeux sous la force des souvenirs.

Oh, si tu avais vu ton visage, à cette seconde où tu as compris. Cet air horrifié et cette crainte dans tes yeux. Je sais parfaitement quelle pensée t’a traversé alors, tu as eu peur de m’avoir fait revenir en arrière, de m’avoir de nouveau enfermé dans cette bulle que tu avais mis tant de temps à percer.
Je n’ai pas nié être terrifié, cela n’aurait servi à rien, tu pouvais le lire dans chacun de mes gestes. Seulement l’espoir était plus fort, la volonté farouche d’arriver à poser le pied sur ce sol, la tête haute, et de ne plus regarder en arrière.
J’ai mis mon pouce sur ta lèvre, ma main tremblait un peu, mais ma volonté était ferme.
Je n’ai pas réussi à te le dire. Il m’aurait suffi d’un mot pour apaiser tes craintes. Il y avait ce doute insidieux dans ma tête. Parce qu’il fallait que je sache, parce qu’il fallait que je voie. Que je le voie…
En lui faisant face je saurais enfin, et tout se terminerai, d’une façon où d’une autre.

Et maintenant je suis là…


à suivre ...