Chapitre 2 – Blessures La promenade nocturne de Harry avait eu l’effet contraire à celui escompté : les paroles de Draco l’avaient laissées perplexe, l’empêchant de se rendormir. « Je crains que le Draco Malfoy dont vous parlez ne soit mort… » Harry n’y comprenait plus rien. Le blond était devenu quelqu’un de totalement différent, il ne savait pas comment se comporter face à lui. Sa façon de lui parler l’avait surpris à un point tel qu’il demandait s’il n’avait pas rêvé. Et son comportement… Il semblait tellement triste et mélancolique, tellement un autre que c’en était déconcertant. Déconcertant car il s’agissait de Draco Malfoy et que le jeune homme ne devait pas être une source d’inquiétudes telles qu’il se faisait en ce moment. Pourquoi diable son retour l’avait-il à ce point perturbé ? Excédé de ne pouvoir réussir à dormir, il se leva à nouveau de son lit, s’emmitoufla dans un plaid et se dirigea dans sa cuisine. Il se prépara une tasse de thé, alla s’installer dans son canapé près de la fenêtre et contempla par la fenêtre le paysage. Les montagnes se dressaient au loin, recouvertes de bois immenses. Les étoiles dans le ciel éclairaient le parc du collège, nimbant la pelouse d’un éclat argenté. Tout était paisible. Tout était tranquille. Il but une gorgée du breuvage chaud, avalant sa gorgée avec lenteur, les yeux fixés au loin, son esprit plus loin encore. Il faisait toujours nuit, mais la noirceur du ciel s’estompait peu à peu, s’éclairant de plus en plus. Harry resserra contre lui sa couverture et ferma les yeux. Il se sentait bien, au calme, au chaud… Tous ses tracas semblaient avoir disparu. Il n’y avait plus rien qu’un immense vide, un néant absolu. Et, bizarrement, cela lui faisait du bien de se déconnecter de la sorte. Une sorte de pause avant de replonger de nouveau dans les ténèbres de son esprit torturé… Ginny… Je suis tellement désolé… Quelques heures plus tard, il était attablé dans la Grande Salle avec les rares professeurs éveillés à cette heure matinale. Il mangeait dans un état second, l’esprit perdu ailleurs. Ses collègues le regardaient avec inquiétude et sollicitude. Mais ils n’osaient rien lui demander. C’était le meilleur moyen de le braquer. Les élèves commencèrent à affluer et les conversations de plus en plus bruyantes s’élevèrent dans la salle. A voir l’air excité des étudiants, nul doute que leur sujet de discussion concernait Malfoy. Harry sortit de ses pensées quand l’objet des débats entre élèves fit son apparition. Du reste, ce n’était pas tant son apparition qui le tira de son brouillard mais le silence immédiat qui suivit. Le jeune homme se retourna pour voir Draco debout derrière la table des professeurs, près de la porte réservée à leur usage. Il se tenait droit, mais sa tête demeurait baissée. Il était habillé d’une longue robe gris perle et ses cheveux étaient coiffés en arrière, rassemblés en un catogan. Il avait meilleure allure que lors de son arrivée, mais il restait néanmoins très blafard et mince. Et il avait toujours cet air de soumission absolue. Devant les regards hostiles des élèves, le professeur McGonagall se leva et prit la parole. « Comme vos Directeurs et Directrices de Maison vous l’on sans doute annoncé hier soir, le Magenmagot à ordonné que Draco Malfoy ici présent effectue sa peine à Poudlard. On vous a aussi expliqué les mesures qui ont été prises pour éviter toute fuite. J’exige de vous un comportement irréprochable envers notre nouveau concierge, son statut de prisonnier ne l’empêchant pas de pouvoir vous mettre en retenue si nécessaire. Personne ne répondit mais le message était clair. Peu à peu, les conversations reprirent et on cessa de regarder le blond comme un paria. Celui-ci n’avait pas bougé de l’endroit où il se tenait. Ce fut le professeur McGonagall qui le fit s’asseoir. - Je vous en prie Draco, prenez un siège et mangez, il va bientôt être l’heure des cours. » Le blond hocha doucement la tête et obéit sans relever les yeux. Il s’installa à côté de Harry dont le siège voisin était inoccupé. Le jeune homme avait l’air aux aguets, comme s’il avait peur que quelqu’un ne l’attaque. Il faisait penser à Maugrey Fol Œil. Harry le regarda fixement sans pouvoir s’en empêcher, l’observant se servir timidement du jus de fruits et se beurrer un toast. Il préparait sa nourriture avec des gestes lents, mangeait très doucement, bref, il renouait avec le petit-déjeuner, chose dont il ne devait pas avoir usage en prison. Le brun avait la gorge serrée en le voyant manger son toast en presque autant de temps qu’il en fallait à Ron pour en manger une dizaine. Il lui rappelait lui-même après ses vacances chez les Dursleys, quand il devait se forcer pour manger, tant son estomac s’était réduit face au peu de nourriture qu’il recevait. Cela lui rappela aussi les paroles de Hermione sur le traitement des prisonniers et il en vint à plaindre le jeune homme qui avait dû souffrir. Mais celui-ci ne se plaignait pas, restant silencieux et stoïque. Il finit par lever les yeux sur Harry et rougit brusquement en le surprenant à le contempler fixement. Il repiqua aussitôt du nez dans son assiette, étonnant le jeune homme brun. Il demandait quelle mouche l’avait piqué. Pourquoi rougissait-il de la sorte ? Tout le monde le fixait et il n’avait pourtant pas eu une réaction pareille. Arrachant ses yeux du blond qui grignotait son toast, Harry reporta son attention sur son porridge qu’il se mit à touiller distraitement. Le comportement plus que bizarre de Draco le laissait perplexe, l’esprit brouillé par une multitude de questions. Cependant, la cloche se mit à sonner, le tirant de son égarement et il vit du coin de l’œil son voisin disparaître par la porte, laissant derrière lui son petit-déjeuner peine entamé. Neville lui tapota sur l’épaule pour le réveiller. « Tout va bien Harry ? Tu as l’air bizarre. - Ce n’est rien Neville, c’est juste que je n’ai pas beaucoup dormi cette nuit. - Tu devrais prendre plus soin de toi mon vieux, ça fait un moment que tu n’es pas bien. Harry haussa les épaules. - J’entretiens le mythe du héros solitaire taciturne qui passe des nuits blanches à ressasser ses souvenirs. Neville s’esclaffa. - Je comprend mieux maintenant. Mais n’en fais pas trop non plus. Ce serait bête que le héros finisse à l’hôpital à cause de ses insomnies. - Oui maman. » Lorsque Harry entra dans la classe où il dispensait ses cours, il vit ses élèves de sixième année qui piaillaient à qui mieux, interagissant violemment. C’était un véritable poulailler. Il claqua brutalement la porte derrière lui, les faisant tous sursauter et se taire. « Bonjour à vous aussi, dit-il en déposant son cartable sur le bureau. Les étudiants reprirent leur comportement normal et le regardèrent avec appréhension, craignant une punition. Harry ôta sa cape, dévoilant sa robe verte qui lui allait parfaitement bien, faisant soupirer de nombreuses filles et sortit ses affaires de son porte-documents. - Bien, je vais vous rendre vos devoirs. Je suis satisfait par votre travail cette fois-ci, je vois à vos notes que la pratique vous a été profitable. J’espère pour vous que vous continuerez à fournir la même qualité de travail l‘année prochaine pour vos ASPICs. Il se mit à déambuler entre les rangées, remettant à chaque élève sa copie, puis il revint s’asseoir à son bureau, mais avant qu’il n’ait pu dire le moindre mot, une élève leva la main à la vitesse d‘un boulet de canon, rappelant furieusement Hermione. - Oui Miss Crew ? - Professeur, nous voulions vous posez une question. - Je vous écoute. - Et bien, nous voulions savoir ce que vous pensiez de la décision du Ministère concernant Draco Malfoy. Harry resta étonné un instant, un sourcil levé en l’air. Cependant, il s’était attendu à ce que ses élèves le questionnent sur Malfoy. - Et bien, étant donné que c’est une décision du Ministère, je n’ai rien à redire. - Oui mais vous, insista la jeune fille. En tant que héros de guerre, vous pensez quoi de cette décision ? Le jeune professeur réfléchit un instant. Ses élèves le regardaient avec attention, attendant sa réponse. Harry savait qu’il devait bien choisir ses mots, car son avis pouvait influer sur leur façon de voir les anciens Mangemorts. - Je pense que c’est une excellente chose, finit-il par répondre. Parce que les anciens Mangemorts qui sont libres connaissent actuellement des conditions de vie excécrables. Et les réinsérer dans la vie professionnelle est le meilleur moyen pour eux de se reconstruire. - Mais monsieur, intervint un jeune garçon blond, ce sont des Mangemorts ! On ne devrait pas les laisser reprendre une vie normale après les horreurs qu’ils ont commises ! - Il faut que vous sachiez, répliqua Harry, que les Mangemorts ne sont pas tous mauvais. Certains ont été enrôlés contre leur gré par leur famille, d’autres ont été forcés par Voldemort qui cherchait le plus d’adeptes possible, d’autres l’ont fait pour protéger leur famille d’éventuelles représailles… Vous avez choisi de les haïr et je le comprends parfaitement. Mais il ne faut pas généraliser et donner une chance à chacun. - Et vous qui les avez combattus, vous pensez qu’ils ont le droit à une seconde chance ? questionna un autre garçon. Une pause avant de répondre. - … Oui. - Pourtant, c’est Draco Malfoy qui a causé l’attaque à Poudlard durant laquelle Dumbledore est mort, renchérit une fille. Ça prouve que lui avait choisi d’être Mangemort et qu’il n’a pas à être pardonné pour ses actes. Harry sentit son coeur se serrer à l’évocation de cette fameuse nuit et répondit d’une voix ferme : - Ce même Draco Malfoy avait reçu l’ordre de tuer Dumbledore mais ne l’a pas fait malgré que sa famille ait été menacée d’être tuée par Voldemort. Et ce même Dumbledore m’avait dit un jour que c’était nos choix qui faisaient ce que l’on était. A vous maintenant de savoir comment vous souhaitez l’interpréter. » Un silence pesant suivit ses paroles puis le cours repris normalement, avec néanmoins plus de réserve de la part des élèves et moins de concentration pour le professeur. Harry ne comprenait pas pourquoi il défendait le blond. Il avait pourtant décidé de faire une croix surtout ce qui le liait au passé, mais il semblait que cela allait être plus difficile que prévu… Harry entendit sonner la fin de la dernière heure de cours avec soulagement. Il laissa ses élèves sortirent précipitamment sans même leur donner de devoirs tant il était épuisé. Il se laissa aller en arrière, s’étirant avec paresse, étouffant un bâillement. La fin de la semaine était pour lui un véritable échappatoire. Il pouvait, en plus de se reposer, rester seul sans être dérangé à tout bout de champ par ses collègues qui lui demandaient comment il allait. Harry savait que son comportement les inquiétait, mais il ne pouvait se forcer à être autrement, à faire semblant d’aller parfaitement bien. C’est pourquoi il se dirigea vers la Grande Salle avec entrain, songeant qu’il ne devait passer que quelques instants avant de retrouver son chez-lui tranquille et douillet. Il s’installa à sa place habituelle alors que la salle se remplissait rapidement et se servit des mets disposés devant lui. Il se mit manger, toujours perdu dans ses pensées, lorsqu’il vit une chevelure d’un blond presque blanc à côté de lui. Il tourna vivement la tête pour voir Draco Malfoy, l’air fatigué. Il paraissait un peu mieux, sans toutefois avoir perdu cet air soumis qui lui collait à la peau. Comme au petit-déjeuner, Harry ne put s’empêcher de le regarder manger, l’observant grignoter quelques haricots verts, avaler une bouchée de pain et un morceau de viande minuscule. Le professeur McGonagall le regardait également, avec sollicitude, l’exhortant à manger, semblant inquiète. Draco rougissait de cette attention dont il se sentait indigne et murmurait des remerciements du bout des lèvres. Ce ne fut que lorsque Neville lui ôta des mains sa fourchette restée en suspens que Harry détourna les yeux du blond. « Quoi ? grommela-t-il. - Oula, s’exclama son collègue et ami en souriant, dure journée ? - Si on veut, répondit le brun en haussant les épaules. Tu sais bien que j’attends le week-end avec impatience. - Pour t’enfermer chez toi comme un rat mort et rester cloîtré et coupé du monde deux jours entiers ? Tu parles d’une joie ! Harry, je me fais beaucoup de souci pour toi, reprit-il avec sérieux. - Et moi je t’ai déjà dit que ce n’était pas la peine. Je vais très bien, je suis juste fatigué et j’aime rester seul pour décompresser, rien d’alarmant. - Oui, par contre, tes cernes de deux kilomètres et ton teint blafard, ça c’est alarmant. - Je lance une nouvelle mode, le « Survivant Mort-Vivant », rétorqua Harry, pince-sans-rire. Son ami le considéra un instant avec compassion, semblant hésiter sur les prochaines paroles qu’il allait prononcer. - Harry, finit-il par dire très doucement, si c’est au sujet de Ginny… » Il se mordit la lèvre trop tard en le voyant aussitôt se lever et quitter la salle. Il le savait pourtant. Depuis ce jour maudit, il savait que le nom de Ginny était devenu imprononçable en face de Harry… Ce ne fut que quelques heures plus tard que Harry parvint à se calmer. Il se trouvait dans la salle de bain des préfets qu’il avait découverte en quatrième année. Bien qu’elle lui rappelait Cédric Diggory, il s’y sentait bien. Parfois, il bavardait avec Mimi Geignarde, qui pouvait se révéler très drôle et lui faisait oublier ses soucis. En ce moment, il était seul, entouré d’une eau chaude et parfumée, jouant distraitement avec de grosses bulles multicolores. Les paroles de Neville l’avaient fait réagir au quart de tour. Il savait très bien qu’il devait se contrôler et ne pas se laisser emporter par ses réactions, mais c’était plus fort que lui. L’image de la jeune fille, prostrée dans la boue, la tête presque séparée du corps, avec ses grands yeux bleus vides le poursuivait inlassablement. Il sortit de l’eau devenue froide et s’enveloppa dans un épais peignoir vert. Après avoir nettoyé la pièce, il en sortit et regarda sa montre. Il était un peu plus de onze heures. Il prit la direction de ses quartiers, pressé de se mettre au lit. Il traversa plusieurs couloirs, salua les préfets en chef qui faisaient leur ronde et descendit vers les cachots. Alors qu’il passait près des salles de classes, il entendit un bruit sourd, comme un coup, suivi par un bruit de chute. Il s’arrêta, l’oreille tendue, sourcils froncés. Un second bruit de coup survint, accompagné d’un gémissement étouffé. Et puis des éclats de rires mauvais suivis d’une voix froide : « Alors, sale Mangemort, on fait moins le fier ! Harry sentit son cœur faire un bond magistral dans sa poitrine et chercha des yeux d’où pouvait venir cette voix. Il avança rapidement dans le long couloir alors que de nouveaux coups accompagnés de rires moqueurs se faisaient entendre. - Ça, c’est pour ce que vous avez fait à ma famille espèce de pourriture ! Il bifurqua au bout du corridor et se figea devant le spectacle qui lui faisait face. Trois élèves de septième année se tenaient debout, frappant chacun à leur tour une masse recroquevillée au sol qui tentait de se protéger du mieux qu‘elle pouvait. Draco Malfoy. Hébété, Harry regarda l’un des élèves donner un violent coup de pied dans le visage du blond et entendit à sa grande horreur un bruit d’os cassé. Malfoy se redressa sur ses coudes et tenta péniblement de ramper un peu plus loin de ses agresseurs. - Reste là !! On en a pas fini avec toi ! Harry brandit sa baguette avant qu’ils aient le temps de le frapper à nouveau et hurla : « Stupefix !!! » Les trois garçons firent un vol plané sous la force du sort et atterrirent violemment plus loin, immobiles. Harry se précipita vers Malfoy, toujours recroquevillé au sol. - Malfoy ! Malfoy ! Hé ça va ? Il posa une main sur son épaule et le blond se mit à se débattre violemment, comme pour se dégager de l’étreinte. - Malfoy ! Calme-toi ! Bon sang c’est moi !! Calme-toi !! Draco s’arrêta et leva prudemment la tête. Harry retint un cri en voyant son visage tuméfié et le sang qui coulait de son nez brisé. - Ha-Harry ? murmura-t-il en reconnaissant le jeune homme brun penché au-dessus de lui. Tu… - Calme-toi, c’est fini, chuchota Harry. Ils ne se rendirent pas compte qu’ils se tutoyaient, comme si c’était la chose la plus naturelle entre eux. - Tu peux te lever ? Le blond secoua la tête négativement. - Je crois que… Aïe… j’ai une jambe cassée. - C’est pas grave je vais te porter. Il se baissa et passa avec précaution un bras sous ses jambes et un sous son dos avant de le soulever doucement. Draco s’agrippa à son cou et enfoui sa tête dans son peignoir, la respiration haletante. Harry, gêné de cette proximité qui ne lui était pas familière, se sentit rougir bêtement. - Tu vas m’achever ? demanda le blond d’une voix lasse. - Non, juste t’emmener à l’infirmerie, répondit Harry. - Non ! s’exclama Draco. Pas l’infirmerie ! - Mais enfin, il faut bien soigner tes blessures ! - Je ne veux pas que ça se sache, murmura le blessé. Je ne veux causer d’ennuis à personne… S’il te plaît… Harry le considéra un instant, puis capitula devant son appréhension. - Bon, et comment je vais faire pour te guérir ? - Laisse faire, c’est pas bien grave… - Tu es fou ! Regarde dans quel état tu es ! Tu t’es fait passer à tabac ! - Ce n’est rien, je t’assure… - Quelle tête de mule ! Il se remit en marche, le jeune homme toujours dans ses bras. Il lança néanmoins un sort sur les trois élèves stupéfiés pour qu’ils ne s’enfuient pas, fit disparaître le sang au sol et quitta le couloir. - Où tu m’emmènes ? demanda Draco d’une petite voix, le visage toujours enfoui dans le peignoir de son compagnon. - Chez moi. Puisque tu ne veux pas aller à l’infirmerie, on va aller ailleurs. - Je ne veux pas te déranger, protesta le blond en tentant de se dégager. Et je ne veux pas que tu aies des ennuis. - Reste tranquille ! Je ne vais pas te laisser dans cet état sans rien faire ! - Tu en as déjà fait assez, ne t’occupe pas de moi, ça n’en vaut pas la peine. - Encore une bêtise de ce genre et je te colle la langue, OK ? » Draco eut un petit rire et se tut jusqu’à ce qu’ils arrivent chez lui. Harry poussa la porte et entra. Il était content intérieurement que ses appartements soient rangés, il aurait eu honte de recevoir le blond dans un taudis. « Harry !!! fit une voix avec un mélange de colère et de soulagement. Le susnommé fit un bond sous la surprise. Hermione et Ron étaient assis sur le canapé du salon, semblant l’avoir attendu depuis des heures. Il les avait complètement oubliés avec tout ce qui c’était passé cette soirée. C’était pourtant lui qui leur avait dit de venir. C’était la jeune fille qui avait crié, elle se tenait à présent les mains sur la bouche, les yeux grands ouverts sous la surprise. Mais le plus drôle était Ron, qui le regardait comme s’il allait tourner de l’œil d’un moment à l’autre. Harry piqua un fard en se rendant compte qu’il devait avoir air passablement ridicule, avec Draco dans les bras, comme s’ils faisaient le remake de Blanche-Neige. - Harry… reprit la jeune fille. Mais enfin… Qu’est-ce qui se passe ? - Euuuuuh… fit très spirituellement le brun, cherchant comment leur expliquer ce qui passait. Je vous expliquerais dans un moment, je reviens OK ? fit-il en regardant le blond Ce même blond observait l’endroit avec attention, il savait bien qu’il devait être une des rares personnes que Harry Potter faisait entrer chez lui. De plus, il s’était toujours demandé à quoi pouvait ressembler l’endroit où vivait le Survivant. Il ne fut pas déçu. L’appartement était spacieux sans être trop grand et la décoration des plus simples. Tout respirait la sobriété et le calme, du papier peint écru jusqu aux meubles en bois noirs. Draco se surprit à apprécier l’endroit, cela lui faisait penser à un sanctuaire où on pouvait méditer et se reposer en toute tranquillité. Il était terriblement impersonnel mais possédait quand même cette discrète touche de Harry Potter. Ledit Harry Potter le conduisit jusqu’à ce qu’il identifia comme sa chambre et le déposa précautionneusement sur le lit. Draco était terriblement gêné de ces attentions. Il estimait en être indigne, surtout lorsqu’elles venaient de Harry Potter, et il s’en voulait de le déranger avec ses problèmes. - Pourquoi tu fais ça ? demanda-t-il d’une petite voix timide. Je ne mérite pas que tu m’aides. - Désolé de te décevoir, mais je ne suis pas du genre à laisser quelqu’un se faire tabasser sans intervenir. - Je suis vraiment désolé, je ne voulais vraiment pas perturber ta soirée avec mes problèmes… - Ce n’est rien je te dis. Je ne vais sûrement pas te laisser dans cet état. Je reviens. Il disparut dans une pièce adjacente et le blond l’entendit ouvrir des tiroirs. Il revint avec des fioles et des bandages dans les mains. - Bon, je ne suis pas aussi qualifié que Madame Pomfrey pour soigner les blessures, mais je vais faire de mon mieux d’accord ? - OK… Harry s’occupa d’abord de sa jambe. Il lança un sort pour en vérifier l’état, nota qu’elle était bien cassée, ainsi que son nez. Il lui donna une première potion pour ressouder les os brisés, que le blond avala avec une grimace. Puis il nettoya le sang qui maculait son visage avec un coton et lui passa une pommade pour refermer les plaies. - Pourquoi tu ne voulais pas aller à l’infirmerie ? demanda-t-il. - Parce que je ne veux pas causer de problèmes à qui que ce soit. Le professeur MacGonagall a déjà eut la grande bonté de me recevoir, je ne veux pas soulever le moindre désagrément. - Mais enfin, tu t’es fait agresser ! Par des élèves ! Le fait d’en parler ne causera des problèmes qu’aux coupables, ils devront assumer les conséquences de leurs actes. Tu n’as pas à te taire par peur. - Tu ne comprends pas… murmura Draco en secouant la tête. Tu ne peux pas comprendre… » Sa voix se fit de plus en plus faible. Il se laissait aller au bien-être qui l’envahissait alors que les mains de Harry étalaient la pommade parfumée sur sa peau en de petits massages. C’était la première fois que l’on s’occupait de lui ainsi, et il trouvait cela tout bonnement extatique. Il ne réagit même pas quand les mains douces commencèrent à déboutonner sa chemise, s’arrêtèrent, caressèrent très doucement la peau de son torse, puis étalèrent une nouvelle couche de crème dessus. Il ne réagit pas non plus lorsque ces mêmes mains déboutonnèrent son pantalon et le firent glisser le long de ses jambes. Il ne réagissait pas parce que, tout au bonheur de se faire cocooner de la sorte, il s’était endormi. Il ne pû par conséquent voir le visage cramoisi de gêne de Harry. Ses tremblements incontrôlés alors qu‘il lui ôtait ses vêtements. Ses yeux remplis de tristesse et de colère quand il découvrait une nouvelle cicatrice sur la peau diaphane. Draco était couvert de marques de mauvais traitement. Et encore, il n’avait vu que les blessures superficielles. Les lésions internes ne devaient pas être moins nombreuses. Il soupira de soulagement en le voyant s’endormir, se leva et le recouvrit d’une couette après l’avoir habillé d’une robe longue. Il s’assit à son côté le regardant dormir d’un sommeil calme, ses cheveux blonds rependus sur l’oreiller comme un voile doré. Le visage pâle comme la mort, les cernes violets sous les yeux, les veines bleutées qui ressortaient sous sa peau… Pourquoi l’avoir emmené chez lui, il n’aurait sût le dire. Tout ce qu’il savait, c’est qu’il ne pouvait pas le laisser dans cet état. Si sa magie ne lui avait pas été confisquée, il ne se serait pas fait attaquer. Il savait que c’était stupide, mais il se sentait un peu responsable de ce qui lui était arrivé. Harry se leva d’un bond, prit un morceau de parchemin et une plume et écrivit rapidement un mot à la Directrice, l‘informant de ce qui s‘était passé. Il prononça une formule qui le fit disparaître et sortit sans un bruit de sa chambre. Ses deux amis l’attendaient dans le salon, la jeune fille faisant les cent pas devant la cheminée. Quand ils le virent sortir, ils s’immobilisèrent, le visage rongé par l’inquiétude. « Je vais vous expliquer, commença Harry avant qu’ils ne disent quoi que se soit. Asseyez-vous. Ils obéirent et se rassirent sur le canapé alors quelque brun prenait une chaise et se postait face à eux. Il leur raconta ce qui s’était passé cette nuit et pourquoi il avait ramené Draco chez lui. - Mais enfin, c’est incroyable ! s’exclama Hermione quand Harry eut terminé. Et qu’est-ce que vous allez faire concernant ces élèves ? - J’ai envoyé un mot à McGonagall, j’attends sa réponse. - Je n’arrive pas à y croire, dit alors le rouquin. Des élèves qui agressent un sorcier qui ne pouvait pas se défendre ! J’espère vraiment que tu vas tout faire pour les renvoyer Harry ! Un comportement comme ça c’est intolérable ! - Depuis quand tu défends Malfoy ? s’étonna sa fiancée. - Attends, tu as vu dans quel état il était ? Même si je ne l’ai jamais porté dans mon coeur, tu ne peux pas défendre ceux qui lui ont fait ça. Surtout qu’il a été privé de sa magie ! Merde ! Il pissait le sang et si ça se trouve… - Calme-toi Ron, intervint Harry. Je l’ai soigné et il va se rétablir. Quoi qu’il en soit, je suis d’accord avec toi, ces élèves méritent d’être renvoyés. - J’aurais jamais pensé te voir aussi remonté Ron, fit remarquer la jeune fille. En tous cas, ça me fait plaisir que tu aies abandonné tes préjugés et que tu vois Malfoy comme un être humain. - Il faut croire que tu déteins sur moi, amour, répondit-il en l’embrassant tendrement. Harry regarda l’horloge qui affichait presque une heure du matin et se leva. - Bon, dit-il, ce n’est pas tout ça mais je suis fatigué. Donc je propose qu’on aille se coucher, on verra ce qui se passera pour Malfoy demain, d’accord ? - Tu as raison, on verra demain ce qu’il en sera, acquiesça la jeune fille en se levant son tour avec son fiancé. Bon, et bien, bonne nuit Harry. - Ouais à demain. - Hé mais comment tu vas faire pour dormir ? demanda Ron. Il y a Malfoy dans ta chambre. - Je vais me mettre sur le canapé, ça ira très bien. Bonne nuit. » Ils le laissèrent pour aller dans la chambre d’amis que Harry avait mis leur disposition. Le jeune homme se dirigea dans la salle de bain et se brossa machinalement les dents. Il se passa de l’eau sur le visage et contempla son reflet dans le miroir. C’est vrai qu’il n’avait pas très bonne mine. Mon pauvre Harry, songea-t-il, tu ferais peur à Voldemort avec une tête pareille… Il rangea ses affaires, sortit de la salle de bain et s’affala sur son canapé. Il fit venir une couverture à lui, s’en recouvrit et s’allongea confortablement. Il sombra quelques instants plus tard dans le sommeil, les yeux fixés sur la porte derrière laquelle Draco Malfoy dormait. Il ne savait pas que le blond s’était réveillé. Qu’il se trouvait dans un état d’agitation extrême. Que les larmes roulaient sur ses joues alors qu’il se balançait d’avant en arrière, paralysé par la peur. Harry… Je t’en supplie… Aide-moi… |