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Adventice
Par Mokoshna
Final fantasy VII  -  Romance/Action/Aventure  -  fr
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    Chapitre 8     Les chapitres     2 Reviews    
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Chapitre 8

Crédits : Le jeu Final Fantasy 7 et affiliés sont la propriété de Square-Enix.
Avertissements : Spoilers du jeu et du film Advent Children, Yaoi. 

***

 

Chapitre 8


Le ciel à perte de vue, clair et distant. Pas un son, pas un mouvement superflu, juste le souffle du vent et la fraîcheur de la brise. Cloud inspira à grandes bouffées, le cœur battant. À ses pieds, des fleurs, magnifiques. Au-dessus de sa tête, des nuages blancs, autant que les pétales des fleurs, autant que les vêtements qu'il portait. Il ne savait pas pourquoi, mais cela le gênait un peu, qu'il y eût autant de blanc.
Cloud était seul depuis si longtemps. Depuis combien de temps ? Il n'en était pas vraiment sûr, puisque le temps ne passait pas de la même manière qu'ailleurs, ici. Les fleurs étaient toujours fraîchement écloses, le ciel était toujours clair, le paysage figé. Cloud était toujours égal à lui-même, ce qui ne signifiait pas grand-chose puisqu'il n'était pas sûr de connaître ce qu'il était. Pourtant, il savait d'instinct certaines choses : que le temps n'avait pas la même valeur ici (par rapport à où ?), que les sentiments existaient (mais qu'étaient-ils vraiment ?), qu'il avait déjà goûté à la souffrance (quelle saveur avait-elle, déjà ?).
Deux bras familiers l'enlacèrent, stoppant net ses pensées. Il tendit le cou vers son visiteur, rassuré et excité en même temps.
— Tu n'as à t'inquiéter de rien, lui répéta Reno, pour la centième fois peut-être. Je suis là. Nous sommes bien, tous les deux, non ?
Sauf que Reno n'était pas toujours là. Quelquefois, il disparaissait sans que Cloud le sache, brusquement, sans prévenir. Cloud l'attendait, car il n'avait rien d'autre à faire. Combien de temps ? Et qui était Reno pour lui ? Son univers. Tout ce qu'il connaissait était composé de ce paysage de fleurs et de ciel, ainsi que de Reno. Il n'avait rien d'autre auquel se raccrocher.
— Je t'aime, ne cessait de dire Reno. C'est tout ce qui compte. Je t'aime et je te protégerai, toujours. N'aie pas peur.
— Je n'ai pas peur, disait Cloud, et c'était l'exacte vérité.
De quoi pouvait-il avoir peur, quand tout ce qu'il connaissait du monde était si paisible, si rassurant ? Les fleurs le calmaient, Reno l'entourait de ses bras, doucement, sans brusquerie, comme si Cloud n'était qu'une statue en verre. Cloud sentait que cela aurait dû l'énerver mais il n'arrivait pas à s'agiter assez pour cela. Il était si bien, là où il était ! Pourquoi s'interroger inutilement ? Pourquoi s'en faire ?
— Je t'aime, disait Reno. Même si le monde s'écroule autour de nous, je te protégerai. Je ne suis peut-être pas très fort, mais j'ai assez de volonté pour deux, hein ?
Cloud ne comprenait pas le sens de ses paroles mais il se laissait bercer, car il n'avait nullement envie de bouger. Il ne voulait pas savoir, car il n'y avait rien à savoir, n'est-ce pas ? S'il fermait assez les yeux, il pourrait oublier cette sensation désagréable, ce poids sur sa poitrine...
Dans ses bras, Reno pleurait quelquefois pour lui-même, mais que pouvait-il y faire, lui Cloud ? Il ne savait pas pourquoi, il ne pouvait que le serrer fort, sans faillir. Reno essuyait vite ses larmes, cela ne durait pas. C'était toutefois assez pour que la tranquillité de Cloud soit mise à mal. Il ne comprenait pas, et Reno qui s'efforçait de sourire comme il savait si bien le faire...
— T'en fais pas, disait-il tout le temps. Je suis là. Je ne vais nulle part, hein ?
Cloud hochait la tête, sans oser parler car il ne savait que répondre. Reno lui baisait le bout des lèvres, avec un sourire coquin, et le poussait doucement vers le sol. Leurs étreintes étaient toujours teintées de tristesse et de nostalgie, mais Cloud était satisfait. Sans se presser, il tentait de retirer les vêtements de Reno qui de toute manière se désintégraient sitôt qu'il y pensait. Reno, tout pantelant, couvrait son corps de baisers fiévreux qui troublaient Cloud par leur désespoir. Ses longs cheveux argent lui bouchaient alors la vue. Reno les écartait d'un geste, dégoûté, sans quitter son amant des yeux. La vue de tout cet argent fascinait Cloud, sans qu'il pût se l'expliquer ; et plus d'une fois, Reno le surprit à caresser cette cascade d'argent avec une avidité proche de l'extase. Cela semblait le fâcher, mais il ne disait rien et se penchait un peu plus pour donner un meilleur accès à Cloud.
— Je t'aime tant, soupirait Reno. Au point de me perdre de vue, parfois.
— Que veux-tu dire ?
Reno ne répondait pas. Au lieu de cela, il se penchait sur Cloud et l'embrassait.
 
***
 
S'il y avait une chose que Rufus avait oublié de faire en naissant, c'était d'être idiot.
Des heures qu'il crachait du Mako à ne plus savoir qu'en faire. Les savants qu'il avait sous ses ordres passaient leur temps à lui en injecter de nouvelles doses par litres. Peine perdue : son organisme qui en était pourtant affamé le rejetait aussi sec. Et lui ? Épuisé, se sentant trahi de partout, il gardait quand même assez de jugeote pour comprendre que sa vie ne tenait plus qu'à un fil ténu. Vraiment très ténu.
Tseng était sur des charbons ardents, et comment lui en vouloir ? Ses hommes qui disparaissaient un à un, son patron dans un état grave, la ville qui se remettait à peine d'une attaque de monstre, une autre à son actif. Pauvre Tseng qui en voyait de toutes les couleurs depuis qu'il travaillait pour la Shinra. Tous les gils du monde ne pourraient suffire à représenter toute la reconnaissance que Rufus éprouvait envers lui.
Plus qu'un peu, juste un peu. Rufus voulait revoir Reno, juste une fois, et lui demander pardon au nom de celui qu'il était censé remplacer, ce Rufus Shinra qui, disait-on, était mort trois ans plus tôt , emporté par le souffle d'une Arme. Et lui ? Un clone créé pour le remplacer, ce chef charismatique qui était nécessaire à l'avènement d'un âge nouveau qui pourrait après tout ne jamais voir le jour. Rufus, ou quel que soit son nom et son matricule dans cette existence-ci, avait oublié d'être idiot lors de son réveil, de cette seconde naissance dont il n'avait aucun souvenir.
Qui blâmer ? Il n'en avait plus la force. Il ne voulait pas que Tseng le sache, mais il était au bout du rouleau. Pauvre Tseng, qui voulait sauver tout le monde !
Rufus ferma les yeux. Revoir une fois Reno, juste une fois, et lui demander pardon. Après, il pourrait penser à craquer, mais d'ici-là, il devait tenir le coup.
Pour Reno. Pour son frère.

***

Six personnes, sept en le comptant. Zack dévisagea les membres du groupe un par un. Il y avait Tifa, la chef, femme forte qui n'en cachait pas moins une grande faiblesse liée à Cloud, le membre manquant. Yuffie était l'autre fille, la pile électrique, la petite sœur coquine. À côté, le vétéran Cid faisait figure de vieux grincheux, mais du genre assez roublard pour vous envoyer au tapis à la moindre contrariété. Vincent, le vampire, le solitaire, faisait face à Nanaki, l'animal pensant dont la robe d'un roux vif faisait penser à un lac de flammes vives. Et enfin, Reeve qui tenait entre ses bras une peluche de chat restait bien droit dans son fauteuil, la mine préoccupée.
— Je n'ai rien pu faire, dit-il, la voix rauque. Tout a été décidé sans moi par Tseng. Il s'est retranché dans l'immeuble de la Néo-Shinra et refuse d'en sortir, ni de communiquer ce qui s'y passe. Sans Yuffie, je ne saurais même pas que Rufus est encore en vie.
— Tu veux dire son clone, le corrigea Yuffie.
— En es-tu sûre ? C'est incroyable, ce que tu dis...
— Eh, tu peux me croire, j'étais là ! Tu mets ma parole en doute, peluche ?
— Non, bien sûr que non, mais...
Reeve soupira, et Zack ne put que le comprendre. Toute cette histoire était décidément bien compliquée ! Tout ce qu'il voulait à présent, c'était retrouver Cloud et savourer leurs retrouvailles comme il se devait. Ils pourraient boire un verre ensemble dans le bar de Tifa et parler du bon vieux temps, échanger leurs souvenirs respectifs d'Aerith, qui sait ? Il y avait tellement de choses à dire, tellement de temps à rattraper ! Zack en voulait au monde de lui avoir ôté quatre ans de sa vie, mais que pouvait-il y faire, maintenant ? Ne lui restait qu'à aider cette drôle d'équipe à faire revenir la paix.
— Si seulement on savait par où commencer, soupira Nanaki.
— Mais on sait ! s'écria Yuffie, extatique. On attaque la Néo-Shinra, on les force à nous dire où est Cloud, et voilà !
— Je suis d'accord avec la gamine, fit une grosse voix à la porte.
Tout le groupe se tourna en direction du nouveau venu. Noir de peau, une silhouette massive, une grosse mitraillette prête à l'emploi solidement greffée au bras droit : Barret, le dernier membre de l'équipe qui avait lutté contre Sephiroth des années auparavant, était arrivé parmi ses amis. À son bras gauche, sa fille Marlène pendait, pensive et un peu intimidée. Denzel n'était pas loin, couvant son amie d'un regard jaloux. Zack sourit. Ces deux-là faisaient un petit couple adorable, c'était sûr.
— Barret ! fit Tifa avec une joie évidente. Tu as fait vite !
— Ouais, je voulais surtout pas manquer le feu d'artifice. Alors comme ça Cloud a encore fait des siennes ?
— Tu le connais, ricana Cid, il peut jamais être tranquille, ce sale gosse.
— Ça serait pourtant pas de refus, dit Barret. Il est...
Il ne continua pas car il venait enfin de remarquer Zack. Il ouvrit des yeux ronds.
— C'est...
— Je t'en ai parlé, tu as déjà oublié ? dit Tifa. C'est Zack qu'on a retrouvé au repère de Carson.
— Oui, mais... bon sang, ça fait un choc de voir ce type vivant !
Zack haussa les épaules.
— C'est pas comme si j'y étais pour quelque chose, dit-il calmement. Moi aussi, j'aimerais bien savoir qui je suis. Je doute être le vrai Zack, mais quand même...
— Qu'est-ce que tu racontes ? siffla Tifa, profondément choquée. Bien sûr que tu es Zack.
— Moi pas. N'oublie pas qu'on m'a trouvé dans un étui rempli de Mako, dans le laboratoire d'un savant fou qui a réussi à ressusciter et à faire revivre deux autres personnes. Et il y a aussi Rufus qui est sans doute un clone, bien que je ne sache pas exactement comment ça s'est passé. Les chances pour que je sois le Zack d'origine sont quand même bien minces.
— Tu es notre ami, insista Tifa. C'est tout ce qui compte.
— Si tu le dis...
Zack soupira.
— J'espère seulement que je ne vais pas me transformer comme cette Gina. Je détesterais être obligé de vous combattre. Ou de combattre Cloud. Je me suis donné un mal de chien pour le protéger et l'amener à Midgar, c'est pas pour le perdre maintenant dans ma seconde vie.
— Il va bien, dit Tifa. Je le sais. Je le sens.
— Les machins féminins c'est très bien, grogna Cid, mais ça fait pas avancer l'astronef. On fait quoi alors ? On fonce dans le tas et on casse tout jusqu'à ce qu'on nous donne des réponses ?
— Ça me paraît pas mal, comme stratégie, dit Yuffie.
— Quelle stratégie ? dit Nanaki. Il n'y a rien de pensé dans ce plan.
Yuffie haussa les épaules à son tour.
— On a toujours fait comme ça, et ça nous a plutôt réussi jusqu'à maintenant, non ?
— Elle a pas tort, dit Cid en riant à gorge déployée. T'en penses quoi, rouge-gorge ?
Ce disant, il fit un clin d'œil à Vincent qui baissa la tête, l'air pensif, sur la plume qu'il avait posée devant lui, sur la table. Marlène s'approcha lentement, apeuré mais déterminée. Chacun retint son souffle.
— C'est elle, dit Vincent au bout d'un très long moment.
— Oui, répondit Marlène. Elle est revenue.
Ce fut Yuffie qui posa la question qui brûlait toutes les lèvres.
— Qui ça ?
— Jénova, dit Marlène.
Le vent de panique que ce nom déclencha dans les rangs alarma Zack. Jénova. Ce nom lui était familier, mais où l'avait-il déjà entendu ? Une vague odeur de fleurs le surprit, de plus en plus jusqu'à lui emplir les narines. Quand il sortit de la transe dans laquelle il était inconsciemment tombé, ce fut pour trouver le visage fin de Marlène fixé sur lui.
— Tu es comme Cloud, dit-elle, émerveillée. Tu as les mêmes yeux.
— Ceux du SOLDAT.
— Non. Ceux d'un élu.
— L'élu de qui ?
Marlène lui fit un sourire éclatant.

***

Reno n'en revenait pas de toutes les conneries qu'il était capable de faire par amour. Non, vraiment, ce n'était pas très sérieux.
Comme garder Cloud dans cette chape de silence en permanence, afin qu'il ne commette pas de bêtise qu'il aurait pu regretter. Ou sauver Éléna pour l'abandonner aussi sec dans les rues désertes de Midgar, tout ça parce qu'il ne pouvait pas se permettre d'être découvert. Ou encore, tuer le clone de son oncle pour lui éviter de lui voler tout ce qu'il avait de plus cher. Cette dernière décision n'était pas si mauvaise, mais il lui fallait à présent en assumer les conséquences : à savoir, qu'il ne savait absolument pas ce qu'il faisait et si cela s'arrêterait là. C'était bien joli d'avoir tous ces pouvoirs et assez pratique pour aider son monde, mais en attendant, il n'avait aucune idée de ce qu'il devait faire ensuite !
La présence de Jénova se faisait de plus en plus insistante, au point qu'il n'arrivait plus à bouger quelquefois. Il devait alors développer des trésors de volonté pour redevenir lui-même. Philosophe, il se demanda si c'était ce qu'avait éprouvé ce cinglé de Sephiroth au début. Était-il réellement tombé sous l'emprise de sa « mère » de son plein gré ou avait-il lutté jusqu'à ce que la volonté de Jénova le dévore entièrement, ne laissant qu'une personnalité factice à la logique retorse ?
— Hé, Tseng, qu'est-ce que je dois faire ?
Tseng avait toujours été son patron, le pilier sur lequel il s'était appuyé quand il avait des problèmes, dans la limite des vérités qu'il osait lui révéler. C'était vers lui qu'il s'était tourné quand Carson lui avait offert ce clone tout neuf de Rufus. C'était Tseng qui avait eu l'idée de l'utiliser pour ressusciter la Shinra, afin de rétablir l'ordre dans le monde. Reno croyait dur comme fer que ses décisions étaient les bonnes, du moins avec tous les handicaps dont ils disposaient, eux les Turks. Et cela lui faisait un peu plaisir, quelque part, de récupérer Rufus. Même si ce n'était pas l'original, même s'il était aussi corrompu que l'était Reno, il avait assez de sa personnalité pour que Reno l'apprécie. Il avait toujours rêvé d'avoir son frère à ses côtés, sans se cacher, sans avoir à rejeter cette filiation maudite avec les Shinra.
Tout cela était fini, à présent. Tant que Reno protègerait Cloud, il ne pourrait plus se montrer. C'était déjà bien assez difficile de rester conscient avec l'influence des cellules de Jénova qui se faisait de plus en plus forte, mais si en plus il lâchait Cloud dans la nature ? Ce monde n'y survivrait pas, pas avec ce qu'il avait dans la tête.
— Saleté de monstre, murmura-t-il, frustré.
Une longue mèche de cheveux argent lui tomba dans les yeux. Il l'écarta d'un geste rageur. Il détestait cette couleur, si éloignée du rouge qu'il portait avec fierté pour se prouver qu'il n'avait plus peur de Carson ! Il détestait aussi le rouge, mais par bravade, par désespoir, il en portait aussi souvent que possible, car comment aurait-il pu échapper à ses démons s'il ne les affrontait pas en face ?
— La bonne blague, ricana-t-il. Parce que je ne fuis plus, là, peut-être ?
Il se matérialisa aux côtés de Cloud. Le vent soufflait doucement, les nuages ne bougeaient pas, les fleurs étaient belles et immortelles, dans ce monde qu'il avait créé rien que pour Cloud d'après les souvenirs qu'il avait pu lui donner de sa rencontre avec Aerith. Ce monde n'était qu'une copie médiocre de l'univers idéalisé de Cloud. Comme Reno. L'espace d'un instant, il se demanda s'il devait se faire des anglaises, comme ça, pour se rapprocher un peu plus de l'idéal de beauté de son amant. Il rit de sa propre bêtise.
— Quelles conneries je suis capable de faire pour toi, chuchota-t-il à Cloud, endormi dans ses bras.
Cloud ouvrit les yeux et lui sourit en le reconnaissant. Troublé, Reno lui caressa les cheveux, sans oser le regarder. Cloud se coula un peu plus contre lui.
— Ça ne va pas ?
Reno poussa un soupir.
— Si. Je suis avec l'homme que j'aime. Rien ne peut nous déranger. Bien sûr que je vais bien !
Cloud fronça les sourcils, apparemment peu convaincu. Plus le temps passait, et plus il paraissait récupérer un semblant de personnalité. Reno ne savait pas s'il devait en être heureux ou pas. D'un côté, il n'aimait pas trop cette épave sans volonté qu'il avait amenée dans ce monde, mais d'un autre, si jamais Cloud récupérait sa mémoire, s'il exigeait de rentrer, de quitter cet endroit... Il était peu probable qu'il pardonne à Reno une telle trahison. Connaissant Cloud, il préférait mille fois mieux affronter de face Jénova que de rester telle une poupée entre les griffes d'un Turk, et comment aurait-il pu lui en vouloir ? En réalité, Cloud n'aimait pas Reno. Ce qui l'attirait chez lui, c'était sa ressemblance de plus en plus marquée avec Sephiroth, les gènes qu'il avait en commun avec l'ancien général. L'influence de Jénova y était aussi pour beaucoup : en guidant son réceptacle vers celui qu'elle avait choisi pour Arme, celui qui serait son nouveau Sephiroth, elle facilitait l'aboutissement de ce plan tant de fois contrarié, elle ouvrait la voie vers la fin du monde. 
— Eh, tu m'aimes, n'est-ce pas ?
Cloud lui sourit tendrement.
— Je t'aime, Reno.
Mensonges. Reno se retint de rire pour ne pas alarmer Cloud. Tout ceci n'était qu'une vaste fumisterie : l'amour aveugle que Cloud éprouvait pour lui, son propre attachement qui était peut-être le résultat de la volonté de Jénova, ce lien maudit qui les unissait et les empêchait d'être honnêtes. Carson avait décidément bien calculé son coup. En se liant avec Jénova, en permettant à Reno de se rapprocher de Cloud, il avait permis à ce monstre de les contrôler petit à petit, sans que personne ne se doute de quoi que ce soit. La voix d'Aerith ? Qu'il lui avait été facile de l'imiter, de faire croire à Cloud que ses décisions étaient dictées par la femme qu'il avait tant aimée !
Et pourtant... même en sachant tout cela, Reno n'arrivait pas à lâcher ce bougre d'homme torturé. Il était peut-être le plus fou de tous, qui sait ? Un détraqué qui se raccrochait jusqu'au désespoir à un amour factice, un lâche qui n'arrivait pas à révéler la vérité à celui qu'il pensait aimer...
— Reno, tu pleures ? fit Cloud, inquiet.
Reno essuya ses larmes avec rage. Non, les apitoiements ne lui allaient décidément pas.
— Hé, Cloud, tu veux qu'on aille se balader ?
Cloud se leva sur un coude.
— Quoi ?
— On peut partir, si tu veux. On peut quitter cet endroit. En fait, je crois que je commence à le détester. On ne peut rien faire à part dormir et baiser.
— Qu'est-ce que tu racontes ? Pourquoi voudrais-je partir ?
Reno se mit à rire sans s'arrêter. Cloud avait l'air terrifié.
— Reno, qu'est-ce que tu as ?
— Tu n'es pas réel, dit-il en se tenant la tête entre les mains. Rien ici n'est réel.
— Reno...
— Si tu savais, tu me haïrais !
Cloud secoua la tête avec véhémence.
— Jamais !
Fou que tu es.
— C'est la vérité. Je t'aime, Reno !
Crois-tu vraiment qu'il y a une place pour nous dans ce monde ?
— Reno, regarde-moi !
Crois-tu vraiment qu'ils te pardonneront aussi facilement ?
— Reno !
Rien n'est réel, si ce n'est notre haine.
— La ferme ! hurla Reno en se levant brusquement, repoussant Cloud par la même occasion. Je ne veux plus rien entendre !
Le regard blessé que lui jeta Cloud lui brisa le cœur.
— Non ! Ce n'est pas à toi...
— Reno ? Qu'est-ce qui se passe ?
Reno se mit à arpenter le champ de fleurs de long en large. Il se souciait peu de celles qu'il écrasait sur son passage. De toute manière, rien de ce qui se trouvait là n'existait en réalité.
— Je t'aime, tu comprends ? Mais si un jour tu venais à me haïr... Toi, ou Rufus, ou Tseng...
— Jamais, fit Cloud d'un ton résolu.
Se levant à son tour, il attrapa une mèche de cheveux de Reno et la baisa avec ferveur.
— Je ne comprends pas très bien ce qui se passe, mais je ne veux pas quitter cet endroit. Pas si cela te rend malheureux.
— Il le faut. Je ne peux pas te garder ici éternellement.
— Pourquoi pas ?
Reno ricana.
— Oui, pourquoi pas ? Quel joli rêve ce serait. Toi et moi, dans ce monde parfait, pour l'éternité. Personne pour nous dire quoi faire, qui aimer et qui haïr. Un monde rien qu'à nous avec rien que nous.
— Reno...
Reno le repoussa doucement.
— C'est nul. Je n'ai pas fait tout ce chemin et vécu toutes ces galères pour en arriver là. Tu sais quoi ? Je suis Reno des Turks. Pas de concession, pas d'excuses, tu fais ton boulot et tu t'écrases. C'est comme ça qu'on est. Et toi, tu es Cloud Strife. T'as beau faire ta diva des fois, t'es pas une poupée qui se laisse marcher sur les pieds par un petit péteux qui croit être amoureux de toi.
C'était dit. Par ce nom, Reno avait lâché le flot de souvenirs qu'il s'était ingénié à couper dans la tête de Cloud. Il vit son amant pâlir, son visage se décomposer au fur et à mesure qu'il réalisait où il était et avec qui.
Reno sourit. Autour d'eux, le monde se fanait, se désagrégeait en cendres fines qui s'envolaient au vent.
Et c'était exactement ce qu'il voulait.
Quelque part, très loin, il entendit un cri de rage.

***

Éléna se réveilla peu avant leur départ en hurlant. Vincent, qui était le plus près d'elle à ce moment, l'immobilisa en plaquant sa main de fer contre son cou. Elle se tut, apeurée et échevelée, avant de jeter un coup d'œil en direction de Tifa, reconnaissant le chef en elle. Zack était impressionné.
— Nous ne te voulons pas de mal, dit le vampire de sa voix éteinte.
— Qu'est-ce qui s'est passé ? fit-elle.
— C'est à toi de nous le dire. Je t'ai trouvée dans Midgar, toute seule. Et tu tenais ceci à la main.
Il lui montra la plume blanche. Éléna ouvrit des yeux ronds.
— Reno...
— Quel rapport avec ton copain ? demanda Barret, assez mécontent d'avoir encore affaire à des Turks. C'est toujours pareil, vous autres de la Shinra vous foutez votre merde et c'est à nous de réparer les pots cassés !
À ces mots, Éléna se referma comme une huître.
— J'exige que vous me relâchiez.
Barret explosa.
— T'exige rien du tout petite conne, je...
— Barret ! intervint Tifa avant de se tourner vers Éléna. Nous ne te retenions pas prisonnière. Mais ça pourrait changer si tu ne coopères pas. Sais-tu où est Cloud ?
Éléna parut interdite.
— Cloud ? Pourquoi vous me demandez ça à moi ? Nous n'avons jamais été proches.
— Il a disparu, fit Cid. On sait pas comment, mais on a l'impression que ça a un rapport avec ton copain rouquin, là.
L'éclair de panique qui passa dans les yeux d'Éléna n'échappa pas à Zack.
— Tu as dit : « Reno, ne fais pas ça. » quand je t'ai ramenée, dit Vincent. Qu'est-ce que cela signifie ?
— Il faut que je voie Tseng.
— Il est occupé, fit Yuffie. Il doit être en train d'essayer de recoller Rufus.
— Rufus ? Il lui est arrivé quelque chose ?
— Tu le savais pas ? railla Cid. Il est en train de clamser. Ton Reno et Cloud ont disparu, et Carson est mort. Il s'en est passé des choses, pendant que tu pionçais bien tranquillement dans Midgar.
— Non...
Les traits d'Éléna exprimaient la détresse la plus vive. Zack eut pitié d'elle. Le prenant de vitesse, Reeve se pencha vers elle et lui posa une main compatissante sur l'épaule.
— Tu n'étais pas courant ? Pourtant, tu étais avec les autres Turks...
— Ce n'était pas moi ! C'était un clone de Carson ! Seigneur, j'espère que Tseng va bien...
— Pour ça, il se porte comme un charme, dit Yuffie.
Éléna se mordit la lèvre inférieure, parut réfléchir intensément. Puis, comme à regret, elle soupira et se mit à parler.
— Je ne sais pas grand-chose. Lorsque Carson nous a fait prisonniers dans son repaire, j'ai été capturée par le clone de ma sœur et enfermée avec un autre clone. Je ne sais rien de plus.
— Ta sœur ?
— Gina. Elle est morte. Je le sais maintenant. Ce n'était pas elle.
Son regard devint humide. Zack était vraiment mal à l'aise pour elle, mais il n'osait intervenir de peur de commettre un impair. La vie de Cloud dépendait peut-être des aveux de cette fille.
— Et Reno ?
— Il... il m'a secourue. Je ne sais pas comment, mais j'étais ligotée et il est apparu comme ça. Il...
Elle soupira.
— Je sais que c'est difficile à croire, mais il était... différent.
— Différent comment ?
— Il... avait les cheveux gris. Et il volait. Il avait une aile blanche...
Tous sursautèrent. Des cheveux gris, une aile blanche : il ne fallait pas être un génie pour faire le rapport avec un certain général censé être mort. Mais était-ce si surprenant ? D'après ce qu'on avait raconté à Zack, Sephiroth avait la fâcheuse manie de revenir quand on s'y attendait le moins.
— Vous croyez qu'il a parasité le rouquin ? fit Cid avec une grimace de dégoût. Il doute de rien !
— Mais comment ? fit Tifa, bouleversée.
— Carson, dit Vincent. Il a dû trouver le moyen d'expérimenter sur son neveu. Ça ne m'étonnerait pas d'un disciple de Hojo.
— Au diable les savants fous et leurs expériences ! s'écria Barret. Si j'en trouve encore un en chemin, je le bute sans poser de questions !
— Tseng devait être au courant, affirma Yuffie. Il avait pas l'air étonné pour Rufus, ça a peut-être un rapport. Vous êtes toujours partants pour aller le cuisiner un peu ?
— Je vous interdis de toucher à Tseng ! fit Éléna, bondissant de son lit improvisé.
Sacrée bonne femme. Elle était là, blessée et cernée, sans armes, et elle trouvait encore le moyen de menacer ceux qui l'avaient pourtant sauvée, tout ça pour défendre son patron. Zack était amusé. Ça lui rappelait de vieux souvenirs.
Sans surprise, Tifa tenta d'arranger les choses et de calmer tout le monde.
— On veut juste lui parler, dit-elle. Nous devons savoir ce qui s'est réellement passé. Tu ne veux pas toi aussi découvrir la vérité sur Reno ?
Éléna hocha la tête, doucement.
— Il m'a dit... il m'a dit qu'il s'en irait là où personne ne pourrait le trouver. Qu'il était heureux de nous avoir rencontrés, mais qu'il ne pouvait pas rester avec nous. Je ne comprends pas !
— S'il est en voie d'être le futur Sephiroth, c'est peut-être pas une si mauvaise idée, dit Cid. Ça nous en ferait un en moins.
— Reno est quelqu'un de bien ! protesta Éléna, ce qui lui valut un rire moqueur de Barret.
— Un type bien ? C'est à cause de lui que le secteur 7 a été réduit en cendres ! Ce type a sur les mains le sang de milliers d'innocents. Pour ma part, ça ne me ferait rien de lui tirer une balle entre les deux yeux. Il le mérite assez, ce salaud.
Zack frissonna. Plus il en apprenait sur ce Reno et moins il lui était sympathique. Il le connaissait de vue à l'époque où il était encore SOLDAT : un Turk comme un autre, un peu grande gueule mais aussi dévoué à son travail que n'importe lequel de ses collègues. Par essence, il était une machine à tuer, l'un des chiens de la Shinra. Même auprès du SOLDAT, les Turks n'avaient pas très bonne réputation.
— Reno n'a pas que des qualités, je l'admets, fit Éléna d'une voix dure, mais il a un bon fond, même si certains imbéciles bornés refusent de le voir.
— Espèce de...
Il était grand temps que Zack intervienne avant que cela ne finisse en bain de sang.
— Et si nous bougions au lieu de perdre notre temps à nous disputer inutilement ? Éléna, tout ce que nous voulons c'est récupérer Cloud sain et sauf. Tant que la Shinra ne menace pas directement la sécurité de la planète, je ne vois pas pourquoi nous nous battrions. Après tout, j'aimais bien Tseng dans une certaine mesure.
— De quoi je me mêle ? grogna Barret.
— Hé, même si cette pimbêche m'énerve aussi, fit Cid, le petit marque un point. On devrait y aller. Déjà qu'on t'a attendu, hein !
Barret se tut, mais il n'était pas difficile de voir qu'il était fâché.
— Ok, mais elle marche devant. Je veux pas lui tourner le dos. On peut jamais faire confiance à un Turk !
Ils se mirent prudemment en route.

***

Le siège de la Néo-Shinra était tel que Zack l'avait laissé, quoique plus propre. On avait heureusement enlevé le cadavre et les plumes, vision macabre s'il en est pour ceux qui travaillaient là. En voyant arriver un tel groupe, les gardes ne parurent pas surpris ; ils se poussèrent même d'un commun accord pour leur céder le passage.
— M. Tseng vous attend, dit l'un d'entre eux en leur remettant une carte d'accès qui leur permettrait de franchir toutes les portes.
Ils s'échangèrent des regards surpris. Ce fut Nanaki qui dit tout haut ce que tout le monde pensait.
— Si c'est un piège...
— Tseng ne ferait jamais ça, affirma Éléna.
— Menteuse, dit Yuffie.
Éléna rougit mais ne fit rien pour contredire Yuffie.
Étage après étage, ils arrivèrent dans une vaste salle qui empestait les produits chimiques. Yuffie sursauta : cet endroit, c'était celui dans lequel elle avait surpris Rufus en train de cracher du mako... Zack eut la nausée. Vaste salle, remplie d'instruments de mesure, de tubes de mako et autres outils inconnus qui dénotaient leur appartenance à la section scientifique de la Shinra... Tout cela lui rappelait trop de souvenirs douloureux. Il plaqua sa main devant la bouche.
— Eh, tu vas bien ? demanda Cid.
— Désolé. Oui.
— Ok, nous laisse pas tomber maintenant, hein ?
Tifa s'avança avec Barret en direction du large rideau derrière lequel on devinait un lit. Deux silhouettes se découpèrent, sortirent pour se mettre devant eux : Tseng des Turks et un savant à l'allure timorée qui s'empressa de disparaître en voyant l'air bourru des nouveaux arrivants. Grand bien lui en prit car fidèle à son serment, Barret préparait déjà sa mitraillette pour lui balancer une rafale, ce qui n'aurait pas été très idéal pour les négociations.
— Éléna, fit-il d'une voix mesurée en voyant la jeune femme qui accompagnait le groupe.
Éléna baissa les yeux, soudain intimidée.
— Je suis désolée, fit-elle d'une toute petite voix. Gina m'a capturée et après eux...
Tseng hocha la tête.
— Vous arrivez trop tard. Rufus est mort.
— Quoi ?
Tifa se jeta vers le rideau et l'ouvrit à la volée. Ce qu'elle trouva derrière n'était pas beau à voir. Gisant dans une mare grisâtre, un cadavre momifié au cheveu blond rare les narguait de son immobilité. Éléna et Reeve poussèrent des cris d'horreur.
— Il a rendu l'âme il y a une heure. Il s'est soudain desséché et a rendu le mako qu'il avait en lui par tous les pores de sa peau.
La voix de Tseng était éteinte, comme si une partie de lui était morte avec Rufus. Connaissant la dévotion des Turks pour leur patron, ce n'était certainement pas loin d'être le cas. Les chiens de la Shinra. Zack soupira. La Shinra était morte avec son dernier héritier.
— C'est fini, fit Vincent, révélant tout haut ce que pensait Zack. La Shinra n'est plus.
— C'est là que vous vous trompez, dit Tseng.
Neuf paires d'yeux se tournèrent vers lui d'un commun accord.
— Que veux-tu dire ? demanda Reeve. Rufus était le dernier Shinra.
— Pas le dernier. Il reste un héritier, un bâtard de feu Shinra père. Le demi-frère de Rufus et par défaut, le chef actuel de la Néo-Shinra.
— Tu m'en diras tant, grogna Barret. On élimine un Shinra, et un autre apparaît aussitôt. C'est comme la mauvaise herbe.
— Nous désirons savoir où se trouve Cloud, dit Reeve, ignorant la colère de Barret. Aux dernières nouvelles, il se trouvait ici.
— Je ne l'ai pas vu.
— Et si tu nous racontais ce qui passe, hein ? dit Zack, soudain très fatigué.
Toute cette histoire ne tournait pas rond. Entre les disparitions des uns et les morts des autres, il avait l'impression de se retrouver dans un cauchemar. Peut-être était-ce le cas ? Il devait encore être dans sa cuve de mako, souffrant le martyre, priant que quelqu'un le tue une bonne fois pour toutes, afin de ne plus éprouver tout cela...
Tseng hésita un instant.
— C'est Reno qui l'a emmené, dit-il, pensif. Il m'a dit qu'il l'avait trouvé dans les ruines de l'ancien siège. Je n'avais aucune raison de ne pas le croire, surtout en sachant ce que Hojo avait fait par le passé. Je ne me doutais pas qu'il s'agissait de Carson.
— Qui ça ? fit Tifa.
— Rufus. Ou plutôt son clone. Il était exactement comme l'original. J'ai pensé... que nous avions une seconde chance de tout arranger. Que nous pourrions ressusciter la Shinra et réparer nos anciennes fautes.
— Mais ça ne s'est pas passé comme prévu, dit Vincent. Carson est apparu. Et il a fait quelque chose à Reno.
— Ce n'était pas Carson, mais son clone. À l'époque, il avait réussi à se cloner ainsi que les Turks qu'il avait à son service. Ceux-ci se sont réveillés il y a peu de temps et ont contacté Reno. Il les a aidés et moi aussi, à mon grand regret. Gina m'a révélé le secret de Rufus quand nous étions dans le laboratoire de Carson. Elle m'a aussi parlé du mal dont souffrait Reno.
— Son... mal ?
Tseng se mit à raconter d'une voix morne, dépourvue de la moindre trace de sentiment.
— Il est aussi une expérience de Carson. Je vous avais parlé du bâtard de Shinra. Il s'agit de Reno. Sa mère, qui était aussi la sœur de Carson, une certaine Sierra Nevada, avait eu une liaison avec Shinra père. Reno a été conçu ainsi, même si c'est un peu plus compliqué que ça. J'ai retrouvé des notes qui appartenaient à Carson. Apparemment, la grossesse de Sierra s'est très mal passée et elle est morte en couches avec son bébé. Carson a cloné l'enfant et s'en est servi pour obtenir un meilleur poste. Il l'a ensuite utilisé pour des expériences mais ça s'est mal fini, comme vous pouvez le deviner. Reno a fini avec une addiction sévère au mako et sa vie a été raccourcie de plusieurs années. Il était destiné à mourir jeune, jusqu'à ce que le clone de Carson nous dise qu'il avait trouvé un remède. Je ne sais pas ce qu'il vaut et si cela a un rapport avec ce qui s'est passé et la mort de Carson.
Un silence de mort pesa sur l'assemblée, jusqu'à ce que Reeve le rompe.
— Et Reno... tu veux en faire le prochain Shinra, c'est ça ? Même si c'est un clone ?
— C'est la meilleure alternative, étant donné que tous les autres sont morts.
— Encore faut-il qu'il reste en vie, dit Tifa. Éléna ne t'a pas encore raconté comment elle s'était échappée des griffes de Carson.
Si Tseng fut surpris de voir qu'elle savait autant de choses, il n'en montra rien.
— C'est Reno qui l'a sauvée, d'après ce qu'elle dit. Mais il était transformé en une espèce de Sephiroth. Tu sais ce que cela veut dire ?
— Impossible, asséna Tseng. Il est plus fort que ça.
— Ouais, c'est ce qu'on dit, fit Barret. Sephiroth était un héros et ça l'a pas empêché de péter un plomb.
— Reno n'est pas comme ça.
— T'es le seul à le croire avec ta copine.
— Il faut bien que quelqu'un le fasse ! hurla Éléna, bouleversée. Je refuse d'abandonner un camarade parce qu'il a eu le malheur d'être né dans la mauvaise famille !
Tous la dévisagèrent, bouche bée. Vincent se rapprocha du lit souillé, observa un instant la momie qui s'y trouvait. Son visage était toujours aussi impassible, mais Zack crut voir une étrange lueur dans ses yeux.
— Ce n'est pas de la faute de l'enfant, dit-il. Il a encore le choix.
— Ce n'est pas Sephiroth, murmura Tifa.
— Vraiment ? Tu l'as toi-même comparé à lui. Il est né dans les mêmes circonstances, à quelques différences près. Sauf que lui ne s'est pas servi de ses pouvoirs pour détruire un village, mais pour sauver la vie d'une amie. 
— Il a tué Carson.
— Ce n'était pas une perte, au contraire.
— Si ça se trouve, c'est lui qui a enlevé Cloud ! fit-elle, hystérique. Qui sait s'il ne veut pas s'en servir comme l'a fait Sephiroth jadis ?
— Je suis de l'avis de Tifa, dit Barret. Dans le doute, je préfère pas lui faire confiance. C'est un Turk, et un Shinra. Double raison de se méfier.
Vincent se tourna vers les autres, les interrogea du regard.
— La décision est difficile, fit Nanaki. Je préfère m'abstenir de tout jugement tant que je n'ai pas vu ce qu'il va arriver.
— Je suis du côté de Tifa, dit Yuffie. La Shinra, beûrk !
— Cid ?
— Bah, je sais pas trop. Je dirais Tifa.
— Reeve ?
— Je suis comme Nanaki. Je refuse de sacrifier un innocent sans savoir.
— Reno n'est pas innocent ! rugit Barret.
Tseng eut un léger ricanement.
— Bien, je vois qu'il ne nous est pas possible de nous entendre. Je vais donc vous demander de partir. La carte d'accès sera inutilisable dès que vous aurez franchi la porte, il ne vous sera donc pas possible de revenir.
— Qu'est-ce qui te dis qu'on va partir comme ça ? fit Barret, hostile.
— La vie de vos enfants adoptifs et de cette gentille dame qui leur sert de chaperon. Si d'ici dix minutes je ne rappelle pas mes hommes postés devant leur maison, ils ont l'ordre de tout faire exploser.
— Salaud ! tonna Barret, prêt à l'étriper.
Cid et Yuffie l'arrêtèrent à temps, heureusement. Zack se tourna vers Tseng, les yeux agrandis par la colère.
— Ce ne sont pas des façons de faire, prendre des enfants en otage !
— Je vous remercie d'avoir raccompagné Éléna, dit Tseng sans se démonter. Maintenant partez. J'ai encore du travail.
Ils n'avaient plus qu'à s'incliner, bien que ce fut à regret pour Barret et les autres. Au moment où ils s'apprêtaient à passer la porte, ils remarquèrent que Vincent était resté en arrière avec Reeve.
— Vincent ? Reeve ? Qu'est-ce que vous faites ? demanda Yuffie.
Le vampire se tourna lentement vers eux. Reeve ne bougea pas.
— Je reste, dit Vincent.
— Quoi ? T'es barge ?
— Je suis de leur avis. Je ne veux pas tuer un innocent.
— Et moi, dit Reeve, j'ai bien assez trahi la Shinra. Il est temps que je tienne ma promesse et que j'en fasse quelque chose de bien.
Zack pouvait comprendre leur point de vue, parce que lui-même était partagé. Que faire ? D'un côté, il n'avait pas confiance en ce que les membres restants de la Shinra préparaient, car suivre leurs idées ne lui avait jamais apporté que des ennuis. Malgré tout, l'un de ses principes fondamentaux était de secourir tous ceux qui avaient besoin d'aide. Même s'il n'était pas aussi « méritant » (pouvait-on vraiment parler de mérite dans le cas d'une vie humaine ?) qu'un civil qui n'avait jamais tué, Reno n'était pas tout à fait en faute dans cette histoire.
Dans le doute, il préféra rester avec Tifa tout en gardant l'esprit ouvert.
— Vincent, répéta-t-elle d'une voix lasse, Reno n'est pas Sephiroth. Tu ne peux rien faire pour lui.
— Au revoir, fut la seule réponse de Vincent avant que la porte ne se referme sur eux.

***

Pas après pas, Cloud marchait dans le désert, hagard et perdu. Midgar n'était pas loin. Il devait se raccrocher à cette idée.
Là se trouvait Zack. Il était le seul à qui Cloud pouvait encore faire confiance. Ils se l'étaient promis, c'est-ce pas ? Ils seraient toujours amis. Même si Zack était censé être mort. Même si la voix d'Aerith ne pouvait plus l'atteindre. Même si Reno était loin derrière...
— Reno...
Il ne savait plus quoi penser. Ce qu'il avait vécu avec Reno, ce qu'il pensait avoir vécu, ce qu'il avait éprouvé, ce qu'il s'était imaginé avoir éprouvé. Reno lui avait menti sur toute la ligne. Il l'avait utilisé, pour le rejeter ensuite comme un outil dont il n'avait plus besoin...
— Qu'est-ce qui est vrai ? Aerith...
Aerith ne lui répondait plus. Cette voix qui l'avait accompagné si longtemps, qui l'avait guidé quand il en avait eu le plus besoin, n'était plus là. À la place, s'était ajoutée l'image de Reno, cheveux au vent, Reno qui lui parlait comme s'il était la chose la plus précieuse au monde, comme si tout ce qui les unissait avait de l'importance.
Mensonges. Cloud s'arrêta, tomba à genoux.
Adventice. Tout était adventice : sa vie, son amour pour Reno, sa relation avec Aerith.
Cloud s'écroula dans le sable.


À suivre...

 
 
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