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Les Flammes Bleues
Par Yorick
Originales  -  Action/Aventure/Fantaisie  -  fr
4 chapitres - Rating : K (Tout public) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 1     Les chapitres     1 Review    
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Que suis-je ?
Frederik avait pensé à fermer les volets ainsi que la porte. Il ne voulait pas qu’on le surprenne. Si cela devait arriver, il n’arriverait pas à imaginer les conséquences et encore moins une explication à fournir. Quand il fut entièrement plongé dans le noir, il se permit de soupirer de soulagement. Il n’avait pas peur de l’obscurité, loin de là. Il n’arrivait même pas à comprendre que des personnes soient effrayés à l’idée de ne pas voir ce qu’ils font, où ils vont ou encore où ils sont. Au contraire, pour lui, c’était ces moments qu’il préférait : quand il pouvait imaginer sans contraintes ce qui existait autour de lui. Quand on voit les choses, on ne peut que modifier, transformer alors que lorsque l’on ne voit pas, on crée, on invente notre environnement. C’est ce qui attirait Frederik dans le noir. Une impression grisante de liberté.
Une fois dans un milieu qui lui convenait, il se sentait enfin protégé. S‘enveloppant dans le drap de son lit, il se dissimula des quelques regards imaginaires. Cette précaution n’était pas vraiment très utile puisque la lumière émanant de ses mains passait quand même à travers le tissu fin. Mais ça le rassurait, c’était le plus important. Protéger son secret par n’importe quel moyen était un moyen de calmer ses nerfs qui depuis ces derniers jours étaient particulièrement à vif. Alors, si un bout de toile marron pouvait le cacher, alors il se devait de l’utiliser. Tout était bon pour dissimuler ce mystère. Un mystère que lui-même ne comprenait pas. Les flammes bleues qui léchaient les mains de Frederik avaient commencé à apparaître il y a quelques jours. Et maintenant il ne savait plus quoi faire. Il était à la fois fasciné par ce spectacle, mais aussi apeuré, terrorisé parce qu’il était devenu. Était-il un monstre ? Pouvait-il être dangereux ? Et de nombreuses autres questions le faisaient douter sur sa vie. Qu’elle soit sa vie passée ou à venir. De l’autre côté de son esprit, bien loin de ses inquiétudes qui l’empêchaient de réfléchir correctement, le jeune homme se posait des questions d‘un tout autre ordre. Comment des flammes pouvaient-elle être bleues ? Pourquoi ces flammes ne le brûlaient pas ? Pourquoi lui ? Pourquoi avait-il l‘impression d‘avoir toujours eu ce secret dissimulé en lui ?

Le soleil lui frappait le visage. Pendant quelques secondes il gémit, mais se réveilla en sursaut quelques secondes après. Les yeux grands ouverts, subitement assis sur son lit, il vérifia que rien n’avait brûlé. Il s’était rappelé que la veille il s’était endormi en regardant sa main émettre cette lueur glaciale. L’inquiétude l’avait donc pris au saut du lit : si la flamme ne s’était pas éteinte ? Une fois calmé, il se ressaisit Il n’en revenait néanmoins toujours pas : c’était contradictoire. Une flamme aurait dû être chaude. Mais cette couleur bleue laissait imaginer qu’elle était froide. Et pourtant contre toutes attentes, elle était dépourvue de température. Dans les deux sens : ni chaude, ni glacée. Ces flammes n’auraient pas existé que ça n’aurait rien changé pour le monde qui entourait Frederik. Mais elles existaient et il allait devoir vivre avec cela. Le jeune homme allait d’abord devoir se cacher de sa famille, de ses amis et ainsi que de tout le reste.
Retombant sur son matelas, il se sentait de plus en plus seul au monde. Seul contre tous, une situation vivable et enviable pour aucun. C’était pourtant ce qui lui arrivait. Enfin sa vie d’exclue ne serait pas trop difficile quand même. Pour l’instant les flammes arrivaient que lorsqu‘il le souhaitait. Le jeune homme se dit qu‘il valait mieux pour lui que ça dure comme ça. Si elles apparaissaient à l‘improviste, Frederik aurait du mal à se dissimuler des autres. Mais pour l’heure il suffirait de faire attention quand il souhaiterait voir ces flammes danser sur sa main. Paume ouverte, il regarda encore une fois cette lumière bleutée vaciller. Il essaya de souffler dessus. La flamme s’aplatit sur le côté opposé du courant d’air, mais ne s’éteint pas. Alors, appartenait-elle vraiment à la réalité ? Était-ce seulement dans sa tête ? Rien n’était certain. Il ferma son poing et le feu disparu comme étouffé.
Sans avertissement, le corps de Frederik exprima sa fatigue par un grand bâillement. En effet ce réveil forcé et brutal l’avait déjà épuisé. Mais il fallait qu’il se lève. Une longue journée de travail l‘attendait. Si seulement ce don faisait de lui un être hors du commun. Il n’aurait plus à faire toutes ces corvées pour gagner un peu d‘argent. Le jeune homme sourit. La veille au soir, il s’était imaginé comme un monstre et voilà qu’il pense qu’il était peut-être quelqu’un d’extraordinaire. Ça n’avait pas de sens. Il était un homme. Un enfant du pays d’Iolys. Une personne comme les autres, mais un peu différente.
Torse et pieds nus, il sortit de son lit, poussa la porte et descendit l’escalier qui reliait sa chambre et la cuisine. Une femme était déjà debout devant l’évier. Ses cheveux noirs descendaient jusqu’à ses épaules. Vêtue d’une simple robe blanche à fleur, elle dégageait une impression de naturel. Elle était faite d’une de ces beautés qu’on imaginait pouvoir toucher du bout des doigts tellement elle paraissait pure, sans artifice qui pourrait fausser notre jugement. Le regard perdu dans le vide, elle avait l’air d’admirer le paysage que l’on pouvait voir à travers la fenêtre. Un soleil se levant, une longue et large plaine s’étendant jusqu’à l’horizon, parfois constellée de quelques maisons plus ou moins regroupées qui ensemble formaient le village dans lequel Frederik avait toujours vécu, un vol d’oiseaux qui devaient à la lueur du petit jour rejoindre leur nid. Un matin habituel, calme et tranquille. C’était là quelques avantages de la vie reculée de la ville.
Sans faire de bruit, les pieds glissant sur le carrelage froid, le jeune homme pas encore entièrement réveillé se rapprocha de sa mère sans qu’elle s’en aperçoive. Une fois qu’il fut assez près, il posa ses mains sur les yeux de sa mère. Cette dernière eut un léger mouvement de sursaut, puis posa la tasse qu’elle tenait pour avoir les mains libres. Elle libéra ses yeux et se retourna. Leur regard se croisèrent et échangèrent comme d'habitude une étincelle de complicité. Saisissant sa tasse, elle se dirigea vers la table de la cuisine. Frederik s’assit lui aussi. Il n‘allait pas déjeuner ce matin, la cueillette de quelques fruits qu‘il trouverait sur le chemin suffirait. Il devait se rendre à la forge qu’en milieu de matinée. Miriam finit de boire son thé et son fils demanda :

« Comment tu vas ce matin ? Tu as bien dormi ?
- Oui ça peut aller, se pressa-t-elle de répondre. Les migraines ne m’ont pas réveillée, mais elles ont l’air d’être plutôt fortes ce matin. Mais ne t’inquiète pas. Les plantes de l’herboriste que j’ai mis dans mon thé devraient faire l’affaire. A ce propos ?
- Oui ? dit-il en levant la tête qui reposait quelques temps avant sur ses mains.
- Il faudrait que tu retournes en racheter. Je n’en ai plus beaucoup. Et puis l’herboriste sera fermé demain. Si tu pouvais y aller ce soir en rentrant ça serait vraiment aimable de ta part. Je pense quand même que je pourrais tenir jusqu’à après demain, mais comme disais ma mère : « La prudence repousse le danger. Souviens-toi s’en ! ». singea sa mère.
- Pas de problème. Mais ça serait quand même bien que ça s’arrête un jour ces foutus mal de crâne. Je ne comprends pas que les docteurs ne puissent rien pour toi. Ça fait quand même depuis que je suis né que tu souffres. Tu crois que … commença Frederik.
- Que cela aurait un rapport avec ta naissance ? compléta Miriam. Je ne le pense pas. Et puis même si cela avait été le cas, si c’était le prix à payer pour avoir donné vie à un être aussi extraordinaire que toi, je les regrette pour rien au monde. Allez file te préparer tu vas être en retard. »

« Exceptionnel », aujourd’hui ce mot résonnait d’une tout autre manière. Frederik l’avait toujours pris dans le sens qu’il était une personne, voire encore un enfant pour elle, merveilleuse mais à ses yeux. Maintenant, tout avait été remis en question. Des flammes bleues sortant des mains de quelqu’un faisait de lui une personne exceptionnelle, non ?
Décidant de ne pas sombrer dans de telles pensées, il suivi le conseil de sa mère, se releva et alla se préparer. Il prit une douche rapide et s’habilla. Le jeune homme décida de prendre une chemise beige et un pantalon de couleur marron. Des couleurs que l’on pouvait retrouver dans la nature. Une fois prêt, il redescendit. Miriam était déjà partie. S’emparant de l’argent qu’elle lui avait laissé sur la table qu‘il fourra dans une poche de son pantalon, il sortit lui aussi de la maison.
Le chemin pour rejoindre le village était assez long, c’est pour cela qu’il partait si tôt. C’était aussi parce qu’il n’était pas désagréable. Comme la plupart du temps il était seul, il se permettait de prendre son temps, parfois de sortir des sentiers battus en laissant vagabonder son esprit. Les évènements récents fut évidemment le sujet auquel il pensa pendant qu’il marchait. Même en cherchant du mieux qu’il puisse, aucune raison, pas le moindre soupçons d’explication ne lui venait. Ces flammes bleues avaient l’air d’être arrivé par hasard. Frederik n’avait rien de spécial. Il n’était pas le plus intelligent. Bien que le travail d’assistant à la forge demande une certaine force, il n’était pas non plus dans cette discipline le meilleur. Rien ne le différenciait d’un individu quelconque. Il ne comprenait pas. Fallait-il qu’il vive sans jamais connaître le secret de son existence ? Devrait-il toujours être dans l’ignorance ?
Le temps passa vite et Frederik eut l’impression d’avoir parcouru le chemin plus rapidement. Mais ce n’était qu’une illusion : concentré dans ses pensées, tout paraissait comme raccourci. Il se dirigea vers la forge où Mr. Fiez l’attendait. Il allait travailler pendant plusieurs heures au milieu des flammes qui lécheraient des tonnes de métal. Mais ces flammes-là n’avaient aucun mystère à lui cacher.
 
 
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