La semaine passa vite, et plutôt bien, pour nos deux amis. En cours, ils se sentaient un peu esseulés mais puisqu’ils n’avaient pas le choix, ils se faisaient à leur situation pour mieux se retrouver dès qu’ils pouvaient. Le week-end venu, ils se préparèrent pour sortir, comme tous les samedis soirs. Cette fois, ils ne sortaient que tous les deux. Ils prirent le bus pour aller jusqu’au bar, où ils burent quelques verres avant d’aller en discothèque. Ils dansèrent un moment sur la piste puis allèrent à une after chez une de leurs multiples connaissances. Ils étaient très connus et respectés dans leur milieu : deux beaux gosses bien friqués prêts à tout pour s’éclater. Ils sniffèrent pas mal de coke, à l’excès. Tous les invités étaient dans un état second. Ils ne se rendaient plus vraiment compte de ce qu’ils faisaient. Ils étaient comme des automates répétant leurs gestes chaque week-end sous l’emprise de l’alcool et de la drogue. Certains étaient tristes d’en être arrivés là mais ils ne laissaient jamais rien paraître, encore et toujours à cause de ce culte de l’apparence. Ils se devaient de faire comme tout le monde et de ne jamais se plaindre sous peine d’être exclu de ce milieu si fermé. D’autres, comme nos deux amis, aimaient leur façon de vivre. Ils ne croyaient pas en l’amour et tenaient à profiter de leur jeunesse autant qu’ils pouvaient. Aussi superficiel qu’il puisse être, Nuno ne supportait pas l’infidélité dans un couple, avec ou sans sentiments. Lui et Tatiana s’accordaient aussi sur ce point : ils n’étaient pas amoureux mais ils se respectaient (à leur façon). Il ne leur serait jamais venu à l’idée de coucher avec quelqu’un d’autre. Ils se suffisaient bien assez à eux-mêmes. C’est aussi pour ça que leur relation tenait alors qu’elle ne reposait sur rien de concret. Il passait donc ses soirées à boire, fumer et se droguer mais jamais il ne draguait, du moins pas sérieusement. Il remballait toutes les filles un peu trop insistantes comme il savait si bien le faire. Tristao, célibataire de son état, ne se gênait pas, lui, pour se jeter sur tout ce qui bouge. Il n’avait pas à attendre bien longtemps avant qu’une des nombreuses pimbêches présentes tombe dans ses bras. En général, il tombait sur celles qui attendaient la même chose que lui : une bonne partie de jambes en l’air. Les adieux se faisaient donc en douceur, et pourquoi pas "à une prochaine fois" si c’était un bon coup. Mais parfois, elles s’accrochaient, le suppliaient de rester et il ne se gênait alors pas pour les jeter sans même un regard. Il ne voulait pas les voir chialer car ça avait le don de gâcher ses nuits ou ses journées, selon l’heure : il ne comprenait pas qu’on puisse se mettre dans un tel état pour si peu. Ce soir-là donc, il était 4 heures du matin. Nuno vaquait tranquillement à ses occupations pendant que Tristao montait à l’étage suivi par sa conquête de la soirée. Nuno la reconnut de suite : Vanessa, la fille la plus hot de la société, connue pour avoir fait visité l’intérieur de ses cuisses à la moitié de la ville. Elle était dans leur classe en seconde. Elle l’avait déjà branché plusieurs fois mais Nuno refusait toujours. Il était le seul parmi les dix mecs les plus populaires de la ville à ne pas lui être passé dessus. Son frère et elle devaient bien s’entendre, sexuellement parlant, car ce n’était pas la première fois qu’il le voyait finir la soirée avec elle. Le lendemain matin, Nuno et Tristao se levèrent vers 11 heures. Malgré une gueule de bois et un mal de tête insupportable, ils décidèrent de rentrer chez eux à pied. Prendre l’air leur ferait le plus grand bien. Au bout de quelques minutes de silence, Nuno voulut engager la conversation avec son ami qui avait l’air préoccupé : - T’as passé une bonne soirée Tris’ ? - … - Heeyy Tris’ je te parle !! - Hein..quoi..tu disais.. ? - Je te demandais si tu avais passé une bonne soirée.. - Hum..oui, ça va. - Ca a l’air ouais. Ca s’est pas bien passé avec Vaness’ ? - Si si, tu sais bien qu’avec elle ça se passe toujours bien. Je crois que si je devais aimer une fille un jour, je ferais en sorte que ça soit elle. Elle a beau couché à droite à gauche, c’est vraiment quelqu’un de bien. On parle beaucoup en fait… - J’me doute ouais. A moins que vous baisiez sept heures d’affilée. Vu ta tronche, t’as pas du beaucoup dormir. - Non, pas beaucoup… - Et vous parlez de quoi pendant tout ce temps ? - De toi. Tristao n’avait pas voulu répondre à cette question mais c’était sorti tout seul. Maintenant, il allait devoir mentir à son meilleur ami. Ca ne lui plaisait vraiment pas mais il n’avait pas le choix. Il ne pouvait pas lui dire la vérité, non, décidément, il ne pouvait pas... - De moi ?? - Oui, de toi. Tu sais bien qu'elle rêve de t'avoir dans son lit. Elle croit que je pourrais l'aider à t'approcher. - Elle peut toujours rêver. - C'est ce que je lui ai dit.
Ca avait presque l'air naturel. Il lui avait menti trop facilement et il s'en voulait. Il se dégoûtait de lui faire ça mais c'était pour leur bien à tous les deux. Il ne pouvait pas leur faire ça. Il ne pouvait pas tout gâcher, il en pouvait pas ruiner dix-sept années de leur vie.
- Ca te fait pas chier qu'elle te bassine avec moi ? - Non, ça va. Ca lui fait du bien et c'est toujours mieux que ces nanas qui me débitent leurs mots d'amour à gerber. Puis t'es un sujet intéressant !
Sur cette dernière phrase, il fit un clin d'oeil à son ami qui lui sourit et ils finirent leur traje dans la bonne humeur. Tristao avait réussi à éviter les questions dérangeantes de Nuno. Il avait du inventer un gros mensonge pour changer le sujet de la conversation mais il n'aurait jamais pu lui dire ce qui n'allait pas. Cependant, Nuno n'était pas dupe. Il avait très bien compris le manège de son ami mais il n'avait pas voulu insister, voyant qu'apparemment il n'avait pas envie d'en parler. Il n'avait bien sûr pas deviné que son ami lui avait menti délibérément mais il se promit de trouver ce qui le préoccupait pour pouvoir le soulager, comme il avait l'habitude de le faire lorsque Tristao n'allait pas bien. Arrivés à destination, ils passèrent leur journée chez Nuno à jouer à la console, sans reparler de leur conversation. Tristao rentra chez lui vers vingt heures, afin de passer une bonne nuit et de laisser son ami dormir, pour qu'ils soient en forme le lendemain au lycée. Il ne fallait pas qu'ils décrochent dès la deuxième semaine, alors ils devraient faire des efforts. Mais après avoir mangé au morceau et s'être allongé, Tristao avait la tête bien trop pleine pour arriver à dormir. Il ne cessait de repenser à la nuit qu'il venait de passer...
Flash-back Il était allongé sur Vanessa. Ils étaient tous les deux nus. Ils étaient dans cette chambre depuis plus d'une heure et refaisaient l'amour pour la troisième fois. Il adorait faire l'amour avec elle. Elle avait un corps magnifique et elle avait les mêmes désirs que lui. Ils se comprenaient, ils se respectaient et c'est tout ce qui comptait. Il connaissait sa réputation mais ce n'est pas l'opinion qu'il avait d'elle. Il était un peu comme elle alors il n'avait rien à dire. Ce soir-là, il était persuadé que ce serait parfait, comme à chaque fois qu'il passait un moment avec elle. Ils feraient l'amour jusqu'à l'épuisement, ils parleraient de tout et de rien, puis ils s'endormiraient pour quelques heures. Mais tout ne se passa pas comme prévu. Alors qu'il jouissait pour la troisième fois, ce n'est pas le nom de cette beauté qu'il gémit, mais celui de son meilleur ami... Nuno... Au début, elle ne semblait pas l'avoir entendu,mais quand ils eurent repris leur souffle, elle ramena le drap sur eux et posa sa tête sur le torse de Tristao. Elle se tourna vers lui et le fixa un moment. Il crut qu'il l'avait vexé en prononçant un autre nom que le sien, mais il se trompait lourdement.
- Il faut qu'on parle, lui dit-elle. - Ecoute Vaness', je suis désolé, je sais pas pourquoi j'ai dit ça, tu sais bien que ton corps me fait toujours autant d'effet.
Elle l'écouta en souriant, comme si elle s'attendait à cette réponse.
- Je le sais, oui. Mais maintenant, je ne suis plus la seule à t'en fair. Tu n'as pas gémi son nom par hasard. Tu voulais que ce soit lui dans tes bras. Pour tout te dire, je m'en doutais depuis quelques temps, mais je voulais que tu t'en rendes compte par toi-même. - Mais non, je... tentai-je de répliquer. - Je suis très sérieuse Tris'. Tu crois que t'aimes pas Tatiana parce que Nuno est ton meilleur ami ? C'est pour ça qu'il te manque dès que tu les vois pas pendant plus d'une heure, que tu rêves de lui la nuit, que tu tires une tête d'enterrement depuis que tu sais que vous serez pas dans la même classe cette année ? Tu crois que c'est parce que c'est ton meilleur ami ? Fin du flash-back
Deuxième chapitre. Merci à Koibi pour sa review^^ J'espère que cette suite t'aura plu, et aux autres aussi. |