Les paroles de Vanessa lui trottaient dans la tête. Il oubliait toujours qu’elle le connaissait aussi bien. Ils s’étaient rencontrés en seconde, il y a deux ans. Elle avait déjà une réputation sulfureuse, mais pas autant qu’aujourd’hui. Nuno n’avait pas tenté de savoir ce qu’elle cachait sous ses airs de chatte en chaleur. A l’époque, il ne supportait pas les filles comme ça, il n’avait pas le même style de vie qu’aujourd’hui. Il avait quelques copines, avec qui il restait toujours plus d’une soirée. Mais Tristao collectionnait déjà les conquêtes d’une nuit, et cette fille l’avait intrigué car au fond, elle n’était pas si différente de lui. La seule différence était qu’il n’exposait pas sa vie sexuelle au grand jour, contrairement à Vanessa. Il ne faisait pas encore partie de ces mecs les plus branchés que toutes les filles convoitaient. Ils avaient du faire un exposé ensemble un jour. Les groupes étaient imposés. Ils s'étaient vus trois ou quatre fois, chez elle ou chez lui, pour travailler, et ils s'étaient découvert des tas de points communs. Ils s'étaient échangés leur email et leur numéro de portable mais ils ne s'étaient plus jamais parlés au lycée une fois l'exposé passé. C'était toujours le cas aujourd'hui. Ils s'appelaient souvent et discutaient sur MSN tous les jours, mais ils ne se parlaient jamais au lycée. Elle avait ses amies et lui les siens. Ils ne se mélangeaient pas. La situation n'était pas idéale mais ils s'y étaient fait et petit à petit, c'était devenu normal. Personne ne savait qu'il n'aimait pas la petite amie de Nuno, que ce dernier lui manquait dès qu'il passait plus d'une heure loin de lui, ou qu'il rêvait souvent de lui. Personne sauf Vanessa. Il lui avait tout raconté, mais il n'avait rien interprété comme elle. Pour lui, ses rêves n'avaient rien d'alarmant : il s'imaginait simplement au cinéma, à l'étranger avec Nuno, sa vie future merveilleuse grâce à la présence de son meilleur ami. L'antipathie qu'il éprouvait envers Tatiana était une simple coïncidence et elle n'avait pas d'importance, tant que Nuno était heureux avec elle. Quant au manque, il lui paraissait normal si l'on considérait qu'ils ne s'étaient jamais quittés depuis plus de dix ans. Par contre, il n'avait pas remarqué qu'il avait une tête d'enterrement depuis la rentrée et ça l'embêtait. Il ne pouvait pas se le permettre, il voulait être irréprochable. Il alla se regarder dans la glace pour constater que Vanessa avait raison. Il était plus pâle que d'habitude et son sourire était moins naturel. Quand Nuno se réveilla le lendemain matin, il avait des cernes tellement énormes qu’il ne put supporter son reflet dans la glace plus de 30 secondes. Il avait très mal dormi. Il n’avait fait que penser à Tristao qui semblait avoir un problème mais ne pas vouloir lui en parler. Il lui en voulait de ne pas lui faire confiance et il s’en voulait de ne pas comprendre son ami. C’était la première fois qu’il y avait quelque chose passée sous silence entre eux, et ça l’avait perturbé plus qu’il ne l’aurait cru. D’habitude, ils n’hésitaient pas à se confier l’un à l’autre, pour tout et n’importe quoi, sans paraître ridicule. Ce devait être quelque chose de très grave pour qu’il n’ose pas le lui dire. L'inquiétude vint remplacer le ressentiment qu'il avait envers son ami, quand il entendit quelques coups frappés sur la porte d'entrée. Il alla ouvrir et fut surpris de voir Tristao. Ils avaient l'habitude de s'attendre dehors, pas de venir se chercher. Tristao dut remarquer que son ami ne comprenait pas ce qu'il faisait ici, car il lui montra l'horloge du doigt. Nuno la regarda et comprit, quand il vit qu'il était déjà 8h45. Il avait été tellement pris dans sa réflexion qu'il ne s'était pas rendu compte qu'autant de temps s'était écoulé. Ils avaient cours dans un quart d'heure et ils avaient dix minutes de marche. Il monta rapidement récupérer son sac et son manteau, puis il attrapa un croissant qu'il mangerait en chemin. Enfin, il rejoignit Tristao qui l'attendait sur le pas de la porte. Il dut fermer la porte à clé car ses parents étaient partis plus tôt que lui, ce qui ajouta quelques secondes à leur retard. Le trajet fut plutôt silencieux. Tristao semblait perdu dans ses pensées. Il se demandait quelle était l’attitude à adopter envers son meilleur ami. Il voyait bien que celui-ci se faisait du souci pour lui mais il ne pouvait pas lui dire ce qui le tourmentait. Il le regardait à la dérobée de temps en temps. Il le trouvait beau, certes, mais ni son cœur ni son corps ne réagissaient face à lui, ce qui le soulagea quelque peu. Vanessa avait tort, il en était persuadé. Il le fallait. Il n’avait aucune intention de perdre à la fois sa fierté et son ami. Nuno, de son côté, observait Tristao dont le visage semblait changer d'expression au rythme de ses pas. Il y en avait qui le rassuraient, d'autres qui ne présageaient rien de bon. Il avait l'air perturbé, indécis. Il était apparemment face à un dilemme auquel il ne trouvait aucune issue. Cela peinait Nuno. Il voyait que son ami souffrait, mais il ne pouvait rien faire pour l'aider, ne sachant rien du mal qui le rongeait. C’est essoufflés que Tristao et Nuno arrivèrent au lycée. N’étant pas ensemble en cours, ils devaient rapidement se séparer et rejoindre leurs classes respectives. Mais inquiet pour son ami, Nuno le regarda une dernière fois. Il fut surpris de constater que le visage de Tristao avait retrouvé son expression habituelle. Il ne souriait pas mais il semblait apaisé. Nuno s’approcha et enlaça son ami. Cette étreinte qu’ils s’offraient quotidiennement avant de partir au lycée lui avait manqué ce matin. Il le lâcha doucement quand il sentit son t-shirt s’humidifier. Tristao ne souriait pas, il était plus neutre que jamais, mais ses yeux débordaient. Il pleurait, il pleurait toutes les larmes de son corps. Il s’enfuit en courant quand il se rendit compte de la situation dans laquelle il était, sans laisser à Nuno le temps de lui poser la moindre question. Après avoir quitté son ami précipitamment, Tristao alla se réfugier dans les toilettes. Les larmes inondaient toujours son visage alors qu’il s’affairait à déboutonner son pantalon, les mains tremblantes. Ceci étant fait, il s’adossa à la cloison et fit descendre son pantalon ainsi que son boxer jusqu’à ses genoux. Libéré de ces choses trop étroites, il ferma les yeux et fit lentement glisser sa main gauche sur son torse. Il effleura son bas-ventre avant de remonter vers ses tétons. Il les pinça, les caressa, mais cela ne lui suffisait plus. Alors, de sa main libre, il empoigna sa verge dressée. Dans un état second et le visage ravagé par les larmes, il commença à faire de longs va et vients. Il approcha son autre main et la posa directement sur ses bourses. Il les caressa doucement, tout en se branlant énergiquement. Il n’en pouvait plus, il avait le souffle court. Il s’efforçait de ne pas faire de bruit car quelqu’un pouvait arriver d’un instant à l’autre. Ses lèvres saignaient sous la morsure, ses yeux pleuraient sous la torture, mais la jouissance approchait. Il lâcha ses bourses et alla titiller son gland, sans pour autant stopper sa masturbation. Il le caressa de son index et ne s’arrêta pas, électrisé par ce contact. Il se déversa dans sa main quelques secondes plus tard, en gémissant le nom de la personne qui hantait ses pensées à cet instant : - Nuno… Il lui fallut quelques minutes pour se calmer. Quand son rythme cardiaque fut à nouveau régulier, il baissa les yeux et regarda ses mains. Ses pleurs, qui ne s’étaient pas arrêtés pendant l’acte, redoublèrent d’intensité quand il se rendit compte de ce qu’il venait de faire. Il se rhabilla rapidement et sortit de sa cabine pour se laver les mains. Il avait à peine mis ses mains sous l’eau que quelqu’un entra. C’était Morgan, l’un de ses amis, et aussi un camarade de classe qui n’était pas allé en cours non plus apparemment. Ce dernier se figea lorsqu’il vit le visage défait de Tristao. Morgan ne savait pas quoi dire. Immobile, il fixait Tristao. Ce dernier décida d’engager la conversation, feignant ne pas comprendre l’air effaré de son ami. - Tu sèches encore, Morgan ? Lui demanda-t-il, en souriant tant bien que mal. - Non. - T’es sûr ? Parce que si t’es là alors qu’on a cours, ça veut dire que tu sèches tu sais. - Ca te va bien de dira ça alors que t’es planqué ici. T’as de la chance, la prof était pas là aujourd’hui. T’auras pas à justifier ton absence. Par contre, tu me prends peut-être pour un con, mais le con, il remarque des choses, et tôt ou tard, il faudra tout lui raconter, parce que vu la gueule que tu tires, t’as sûrement besoin d’en parler. C’est fait pour ça, un AMI ! Pour t’écouter ! Morgan avait tout déballé d’une traite. Il n’aimait pas voir son ami dans cet état, et même s’il n’avait pas l’habitude de parler ainsi, il allait devoir faire un effort. Pour lui-même, pour Tristao. Il le fallait. Alors que Tristao l’observait, surpris par cette longue tirade, Morgan ajouta. - On est ami, Tris’. Je tiens à toi. Si t’as un souci, on peut en parler. Je dirai rien. Tristao savait tout ça. Il avait confiance en son ami. Mais il n’avait pas l’habitude de raconter sa vie à n’importe qui, seulement à Nuno. Et cette fois, il ne pouvait pas se raccrocher à lui, car il était la source directe de son problème. Alors pourquoi pas Morgan ? S’il ne lui expliquait pas maintenant, il ne le lâcherait plus. Autant en finir avec cette histoire. C’est sur cette pensée que Tristao alla s’asseoir sur le rebord de la fenêtre, le regard vide, lointain, vers l’extérieur. Morgan attendait, il ne devait pas le brusquer, pas maintenant. - Je crois que je suis amoureux. A cette phrase, Morgan se raidit mais son visage trahissait plutôt sa surprise. Il n’aurait jamais pensé que Tristao puisse tomber amoureux, même dans ses rêves les plus fous. - Tu crois ? - Oui. - Mais t’en es pas sûr ? - Non. - Comment elle est ? Voilà un nouveau chapitre, j'espère qu'il vous a plu. A bientôt^^ |