Lorsque le jour apparu, Drago était réveillé depuis bien longtemps. A vrai dire, il n’avait pas tellement dormi. Il était resté blotti dans les bras protecteurs du brun qui lui dormait du sommeil du juste.

Toute la nuit ses pensées s’étaient bousculées, les images des jours précédents devant les yeux.

Le baiser, dur, violent. Leurs lèvres, le sang mélangé à la salive.

Ses coups, ses cris, ses larmes.

Les caresses, la jouissance.

Il avait aimé tout ça.

Il avait hait Harry pour ça.

Chaque nuit passée dans cette salle avait renforcé sa haine.

Alors il se dégagea doucement de l’étreinte accueillante, même s’il aurait voulu s’en dessaisir brutalement, et s’assit au bord du lit, les yeux sur le lit en face. Le lit d’Harry.

Il fallait que se soit le sien qui les accueille. Mais ce soir, dans les cachots, qu’est-ce qui le réchauffera ? Les souvenirs ?

J’en doute.

- Drago ? Tout va bien ?

Saint sauveur des âmes perdues. Toujours là quand il ne faut pas toi hein ?

- Rendors toi Harry. Tout va bien.

- Viens contre moi s’il te plait, je dors bien mieux comme ça.

- Non. Répondit sèchement le blond. Il va falloir te réhabituer à dormir seul maintenant. Tout ce truc là- dit-il en désignant la pièce- c’est fini.

Soudain tout à fait réveillé, le brun se redressa dans le lit et posa ses mains dans le dos de Drago. Mais celui-ci se dégagea rapidement du contact.

- Arrête Potter ! Demanda durement le Serpentard.

- Drago… ?

- Harry…s’il te plait. Arrête c’est trop dur. Gémi le blond.

Mais le Gryffondor ne l’écouta pas et le prit dans ses bras. Il posa sa tête sur l’épaule blanche, les cheveux bruns se mélangeant dans les cheveux blonds.

Parce que chez lui aussi un maelström de sentiments faisait rage.

- Tout mon être me cri de rester ici avec toi Drago. Mais nous savons tous les deux que c’est impossible. Lui murmura doucement le brun.

Sentant les frissons s’emparer du jeune homme, il resserra son étreinte.

- Je sais. Chuchota à son tour le blond. Toute la nuit, j’ai voulu que rien ne se soit jamais passé. Que cette semaine n’ait jamais existé.

Harry déposa alors un baiser derrière l’oreille du blond, puis un autre à la base du cou, enfin un dernier dans la nuque qui arracha un frisson de plaisir au blond.

- Dis moi ce que tu désir Drago. Tout ce que tu désir aujourd’hui.

Le blond tourna alors le visage vers l’autre, plantant son regard dans la mer d’émeraude.

- C’est toi que je veux Harry. Laisse moi te montrer ma haine…mon amour. Laisse moi te faire voir.

Et Harry su dans l’instant qu’il allait accepter. Il le lui devait. Il avait chamboulé sa vie, il avait trahi leur pacte de haine. Par amour.

Alors Harry se recoucha silencieusement, attirant a lui le blond.

Il ferma les yeux sous les baisers aériens que déposait l’autre sur ses lèvres.

- Merci Harry…merci de me laisser te montrer ma haine…si tu savais à quel point…

- Chut Drago…montre-moi…

Et Drago lui montra.

Pas un mot ne fut prononcé…leurs corps parlèrent pour eux.

Il lui fit voir le ciel avec ses doigts qui dessinaient des arabesques sur la peau brune.

Les mains cédaient à la tentation.

Il aperçu la lune quand Drago passa ses lèvres où la décence voudrait que l’on rougisse.

Les bouches accédaient avec convoitise aux territoires interdits.

Il vit les étoiles quand Drago entra en lui.

Les frissons hurlaient de désir.

Il toucha le paradis quand ils atteignirent la jouissance.

L’apaisement qui suivi les plongea dans une douce léthargie ou plus rien ne comptait si n’est l’autre.

Harry sorti en premier de sa torpeur, voyant le soleil se coucher sur le parc de Poudlard.

Doucement, il caressa les cheveux blonds.

- Nous y voilà beau blond. C’est ce soir que tout fini.

Alors que le blond allait parler, Harry posa doucement un doigt sur ses lèvres.

- Ecoutes moi bien Drago. Je sais ce que tu penses. Tu ne veux pas sortir d’ici, moi aussi je voudrais pouvoir rester avec toi. Mais dehors. Or, nous savons tous les deux que c’est impossible.  Il est trop tard pour nous. Mais nous avons vécu quelque chose de merveilleux. Je ne te dirais pas que je t’aime Drago, je te dis juste merci de m’avoir donné cette semaine à tes côtés. Merci de m’avoir laisser te montrer l’amour. Ne m’en veux pas Drago, je ne te retiendrais pas et tu le sais. Tu me l’as demandé et je respecterais ce choix même si aujourd’hui tu ne le veux plus.

Les yeux gris demandèrent pourquoi aux yeux verts dans un éclair de reproche.

- Je t’avais dis de ne pas m’en vouloir Drago. Mais après tout, je sais aujourd’hui ce que cache ta haine. Alors déteste moi avec tes yeux gris, hais moi avec ton corps si tu veux. Je n’en serais que plus heureux.

Aussi doucement qu’il avait posé son doigt sur les lèvres roses, il recouvrit la bouche muette de la sienne.

- J’aimerais pouvoir être aussi fort que toi. Murmura le serpentard.

- Tu l’es sans doute plus que moi Drago. Tu as tenu jusqu’ici alors que moi…me passer de toi tout ce temps…depuis cet été…je devenais fou…

- Et  maintenant ?

- Maintenant on va sortir Drago. Du lit d’abord. On va s’habiller, s’embrasser encore une fois parce qu’au fond, savoir que je ne vais plus jamais t’embrasser est une véritable torture. Puis la porte réapparaîtra. Nous sortirons et de nouveau nous nous haïrons.

Sur le parc, la nuit était apparue, le terme des sept jours approchait inexorablement.

L’un comme l’autre tentait de retarder la sortie mais la salle sur demande ne les laissa pas faire.

En premier disparu la porte qui menait au terrain de Quidditch. Puis celle de la cuisine.

Blotti  l’un contre l’autre dans le canapé, ils regardèrent les fenêtres s’effacer doucement, les lourds rideaux disparaître.

- Harry, il faut que je te dise…avant qu’il ne soit trop tard…je…

- Je sais Drago. Moi aussi.

Alors ils s’embrassèrent une dernière fois comme l’avait prédis Harry.

Et tandis que leurs lèvres se cherchaient, que leurs langues entamaient un ballet des plus sensuels, la salle de bain disparue.

Autours d’eux, la magie récupérait un morceau de leur vie. Elle mettait fin au huis clos.

Lorsqu’il ne resta plus que le canapé où ils se trouvaient, ils se séparèrent enfin.

Front contre front, leurs souffles mélangés, ils profitèrent des dernières secondes qui s’offraient à eux.

Dans le silence de leur peine, un souffle annonça la réapparition de la porte.

Un dernier baiser, une dernière caresse, un début de larme vite étouffé…ils franchirent  la porte pour se retrouver dans un couloir vide et froid.

Un frisson parcouru l’échine du blond tandis qu’ils regardaient la porte de leur huis clos disparaître. Dans quelques secondes tout serait terminé. Comme si rien ne s’était passé…

La porte disparue, ils se retournent l’un vers l’autre.

- On se voit en cours Malefoy. Murmura le brun.

- Comme tu dis Potter. Chuchota le blond.

Une dernière fois, Harry leva sa main pour caresser doucement le visage du Serpentard.

Une dernière fois Drago ferma les yeux pour savourer la caresse.

Mais seul le silence répondit à son attente.

Il est parti. Il avait promis Drago. Il est  parti.

Il rouvrit les yeux et vit le brun au bout du couloir.

- Hey Potter ?! Hurla le blond. Tu me détestes ?

- A la folie ! Répondit l’autre sans se retourner.

Le sourire aux lèvres, le blond se décida enfin à repartir de son côté vers les cachots