Je filais vers les douches, le reste de l'équipe n'avait même pas pris la peine de se doucher, ils ne s'attardaient pas ici, trop triste.
Nous avons perdu, et c'est de ma faute, si je n'avais pas regardé ailleurs pendant ces trois secondes, j'aurai pu le voir, me précipiter vers le vif d'or et .. et merde, pourquoi avoir perdu ce match et pas un autre ?!
J'ai gagné le droit aux moqueries des Serpentards, surtout de Malfoy. Il va bien se foutre de ma gueule.
Si c'était Malfoy qui avait joué cette fois comme attrapeur, je l'aurai eu, j'en suis sur.
Il va tout de même falloir y aller, ça doit bien faire trois quarts d'heures que je suis sous cette eau brûlante. De toute façon, ils doivent bien s'en moquer d'où je suis. C’est à cause de moi qu’on a perdu.
J'enfilais autour de ma taille une serviette de bain puis une autre pour sécher mes cheveux. Je marchais jusqu'à mon casier et dépliais mes vêtements de rechange. J'enfilais mon caleçon quand j'entendis des pleurs. Quelqu'un pleurait dans la pièce d'à côté.
Intrigué, j'enfilais en vitesse mon jean, laissais sécher la serviette de bain trempée et allais vers la source du bruit.
Je m'attendais à tout mais pas à cela. C'était le spectacle le plus drôle, le plus pitoyable et à la fois le plus triste que j'eus jamais vu.
Drago Malfoy, agenouillé par terre dans un coin du placard où était rangé le matériel de Quidditch. Il avait un morceau de parchemin à la main légèrement chiffonné, et était en train de pleurer.
Je crois que le plus triste, c'était qu'il pleurait de gros sanglots - sa chemise blanche en était trempée - et il reniflait avec difficulté, gémissant presque, bruyamment.
Oui, je dois l'admettre, j'avais de la compassion pour lui, à ce moment précis. C'était une scène si pathétique avec Malfoy recroquevillé sur le carrelage. C'était la première fois que je le voyais dans une situation aussi humiliante, si délicate, et pas une seule seconde j'eu envie de me moquer. Il fallait pourtant l'avouer, c'était assez ironique de voir un Malfoy seul et pleurer.
Mais je ne pouvais pas rester là sans rien faire, le voir gémir de cette façon me rendait fou. Il fallait que je lui dise quelque chose. C'est dans ma nature. Il ne m'avait pas entendu je crois, ses sanglots masquaient mes bruits de pas. Alors je continuai de m'avancer vers lui.
« Drago.. » J'attendais une réponse, je ne voulais pas - surtout moi - le gêner.
Mais il ne répondait pas, il continuait de sangloter encore et encore. Alors je m'agenouillai près de lui. Je ne savais pas vraiment quoi faire. A chaque fois que je suis proche de Malfoy ce n'est pas pour le réconforter et encore moins pour le regarder pleurer.
Il fallait pourtant qu'il arrête de sangloter, ça me rendait malade, et d'une certaine manière j'avais envie de partager sa peine, qu'il se sente moins seul. Sans savoir ce qu'elle était.
Je retentais alors, espérant cette fois une réponse, un geste, n'importe quoi. Et que s'il ne voulait pas de moi, alors qu'il me bouscule, comme il en a l'habitude, ou qu'il me le dise.
« Drago.. C'est moi, Harry.. Tu.. Tu veux un mouchoir ? Ou.. autre chose ? » Je demandais maladroitement.
Pour toute réponse, il leva la tête et me regarda de ses yeux gris, noyés dans un océan de larmes. Il y avait une lueur à l'intérieur, mais pas celle que j'avais l'habitude de côtoyer à l'habitude. Une toute autre lueur, celle qui disait que ça n'allait pas et qu'on avait besoin de nous. Celle désespoir. De solitude.
Alors il se pencha sur moi et se mit à pleurer sur mon torse encore humide de ma douche. Il tenait toujours serré ce parchemin dans sa main.
Et moi je prenais ce petit corps affligé dans mes bras, une main lui caressant les cheveux, l'autre posée au niveau de son ventre.
C'était soudain mais il avait besoin d'une épaule pour pleurer. Je ne pouvais pas, parce que je ne suis pas comme ça surtout, le laisser dans cet état sans faire quelque chose.
Une bouffée de chaleur m'enivra. Heureusement, Malfoy ne pouvait pas me voir rougir.
Je voyais ses fins cheveux blonds qui brillaient alors qu'il faisait sombre dans la pièce. Et je sentais une étrange odeur, un parfum qui caressait mes sens. Je n'arrivais pas à savoir ce que c'était.
« Ne t'inquiètes pas, je suis là.. Pleures autant que tu veux, je resterai là.. Je te le promets.. Ne t'inquiètes pas Drago.. »
Je lui murmurais ces choses que je pensais au fond de moi. Ces choses que je n'aurai jamais pensé dire à cet homme effondré là dans mes bras.
N'importe qui l'aurait vu dans cet état aurait fait la même chose. Je crois…
Malfoy allait mal, même si nous étions ennemis, je n'aurais pu le laisser comme ça, surtout pas après qu’il ait su que je l'avais vu, surtout pas après l'avoir réconforté.
Je sentais ses bras qui me serraient encore plus, et ses sanglots étaient de moins en moins importants mais toujours présents, ses larmes chaudes glissaient le long de mon torse et il tremblait. Comme lorsque l'on pleure, il était secoué de frissons, il remuait à chaque larme tombée.
Mais je continuai de lui caresser les cheveux, comme une mère réconforte son enfant.
Je ne m'occupais pas de ce qu'il y avait d'écrit sur la lettre, je m'en fichais presque. Drago me faisait de la peine et il avait besoin de moi, du moins de quelqu’un sur qui pleurer. C'était tout ce qui m'importait.
Je voulais être son réconfort. Car j’étais bien là, allongé contre lui. J’étais vraiment bien.
C'est pourtant incroyable, mais Drago Malfoy sanglotait dans mes bras.