Ce n’est qu’après quelques minutes que j’aperçois le mot laissé sur mon sac. Il écrit de cette même écriture fine qui m’avait supplié de venir le voir car il se sentait seul. Ces mots là avaient une toute autre signification. Plus je lisais, plus j’essayais de comprendre.
Puis je respira un bon coup et relu, en ne sautant pas un seul mot.

Les mots se cognaient entre eux dans ma tête.
Je ne comprenais pas. Non. Je ne voulais pas comprendre.
Et puis cette phrase me revint en tête :

‘‘ Si rien ne le retient de cet endroit, il partira.’’

Et je compris. Il le fallait. J’allais le perdre.
Et malgré ce que je laisse paraître, je ne veux pas le perdre.

Je courus vers la porte menant à dehors, je marchai vers le terrain, dans la neige. Le froid me gelait le torse mais je ne sentais rien. C’était à l’intérieur de moi que je sentais la douleur.
Je levai la tête vers les gradins. Il était là. Au bord. Il avait les yeux fermés et était prêt à sauter.

Est-ce que je devais crier ? Non, sinon il ne sauterai pas et .. Ma baguette !
Je fouillai mes poches, en vain. J’ai du l’oublier dans les vestiaires. Je n’avais malheureusement pas le temps de revenir la chercher.
Le corps du blond était penché en avant et je compris que je n’avais plus le temps de réfléchir à quoi que ce soit. Je ne pouvais rien faire.

Alors, avalant de travers, je tendis les bras pour recueillir l’âme en peine qui voulait en finir. Je ne savais pas si ça pouvait le sauver. Je ne savais pas si j’arriverai à l’intercepter. J’ai beau rattraper le vif d’or mieux que personne, jamais je ne saurai rattraper le temps. Et peut être pas lui.

Tout se passe en quelques secondes. Je cherchai à me trouver bien en dessous de lui et je préparai mes bras à devoir porter un énorme poids. Avec la vitesse il devait être très lourd.
Et c’est là que je le recueilli.

Je sentis son corps tomber sous mes bras, sous mon poids.

Je m’effondras à terre, criant son prénom, le suppliant de revenir, qu’il n’avait pas le droit de me laisser là. Il n’avait pas le droit de souhaiter de moi autre chose qu’être son sauveur. C’est pourtant ce qu’il voulait que je sois au départ, le sauveur de sa peine, de sa solitude. Son ami.

Il m’avait plaqué au sol et j’eus du mal à me relever et le prendre dans mes bras, toujours assis par terre, la neige douce et froide sous nous. Il avait les yeux fermés et de la neige plein les cheveux, et des larmes le long des joues. Un parfum vanillé m’emplit de l’intérieur et je cru pleurer et voyant le liquide rouge quitter lentement son corps. Il avait quelques plaies, c’était évident après cette chute.

Mais le sang coulait de sa tête, ce qui me fit pâlir.
C’était chaud, mais pourtant ça ne me réchauffer pas le cœur.

 

Je savais que c’était fini. Je n’avais rien pu faire, rien pour lui. Maintenant il était loin déjà.
Et je pleurais sa perte, en silence. Seul.