CHAPITRE 4 Pov Drago
Intérieurement, je jubilais. Moins d'une semaine après l'épisode de la bibliothèque, je pouvais encore sentir les effets de mes charmes sur Saint Potter.
Ses regards, ses gestes, son air... Tout trahissait son trouble. J'avais au moins une chose dont je pouvais m'estimer fier, le pouvoir de cacher mes sentiments, et d'utiliser mon image à ma guise. Les gens qui montrent leurs émotions sont faibles. Ils sont pathétiques. Le sentiment qu'ils croient être de l'amour suinte sur leur visage, la tristesse se lit dans leurs yeux, c'est pitoyable.
J'aimais ce sentiment de puissance, j'exulte en sentant que personne n'arrive à lire en moi, personne ne me comprend, je fascine les gens, je les intrigue et je les rends fous. Ils cherchent à savoir de qui je suis amoureux, quel est mon homme idéal.
Hahaha. Ils sont pathétiques. S'ils savaient.... Je suis bien plus compliqué qu'ils ne le pensent, et mes désirs sont bien plus puissants que leurs immonde bassesses. Ils puent les sentiments primaires, ils dégoulinent de pitié.
Je les hais.
Je les hais parce que malgré ça, je ne les contrôle pas entièrement.
Comme pour Potter. Je sens que j'ai un effet sur lui, mais je perçois aussi un malaise, infime. Je ne maîtrise pas totalement la situation, et ça m'irritait. Potter m'exaspérait.
J'avais besoin de me calmer. Ça tombait bien, c'était le soir de ma ronde habituelle dans les couloirs de Poudlard.
J'aimais être seul avec mes pensées.
Déambuler dans les couloirs, à la recherche de je ne sais quoi. Seul, dans la nuit, la brise paisible au dehors me berçait. La Lune suffisait à m'éclairer, et je m'arrêtais parfois, observer le parc, et le noir lac qui ne bougeait pas.
J'entendais parfois un bruit qui me semblait douteux, et j'avais un frisson qui me parcourait le dos. Mais après avoir vu Voldemort de près, je crois qu'on était réellement immunisé contre la peur. Et je ne m'en réjouissais pas plus que ça...
Une odeur désagréable m'arrivait jusqu'au nez. Pas vraiment une odeur de brûlé, mais ça irritait la gorge de façon peu commode. Cela venait de la tour d'astronomie. J'avançais jusqu'à l'escalier, mais m'arrêtait, pris de vertiges. Cette tour me rappelait des souvenirs que je pensais avoir enfouis assez loin pour ne plus y penser avant des années. Jusque là, j'avais réussi à éviter cette maudite tour.
« Pense à ton devoir de préfet, tu dois monter dans cette putain de tour... ! »
Après tout, si l'école cramait, ce serait peut-être pas plus mal... Sauf qu'elle ne brûlerait jamais. C'est ça la magie..
Je montais. Il y avait clairement quelqu'un là haut. Marche après marche, j'entendais distinctement une respiration, saccadée.
La porte était entrouverte... Je la poussais doucement, et là, assis sur le rebord de la fenêtre, je vis....
-Potter!
Il sursauta, et tomba de sa fenêtre.
Je n'ai pu m'empêcher d'esquisser un sourire. Vengeance...
-Qu'est ce que tu fous là, Malefoy? Arrête de te marrer comme un con, bordel !
Je retirais mon sourire illico. Je ne voudrais pas vexer sa sainteté.
-Ce serait plutôt à moi de te demander ça Potter. Tu sais très bien que t'es pas censé être ici à cette heure ci.
-Enlève moi des points, fais toi plaisir! -Je ne te ferais pas ce plaisir la, Potter. Dis moi plutôt pourquoi tu fumes cette horreur? Elle te détruit les poumons.
-Qu'est ce que ça peut te foutre franchement... Et depuis quand tu connais les clopes toi? C'est un truc moldu je te rappelle...
-Et alors? Je suis un sang pur, certes, mais ce n'est pas pourtant que je suis un ignorant.
Il commençait à me taper sur les nerfs celui là. Pourquoi tant d'agressivité? Je ne lui avais encore rien dit, à cette petite enflure! Zen...
-Si on repartait sur de bonnes bases, Potter?
-C'est une blague j'espère?!! Tu t'es cogné la tête ou quoi? Tu te sens crédible la ?
Il s'avançait vers moi, menaçant. Il était imposant, mine de rien et je me sentais fragile à côté de lui.
-Écoute moi bien, Malefoy. Je ne sais pas ce qui t'es arrivé depuis l'an dernier, mais je ne me prend pas à ton jeu. Pour moi tu seras toujours le fils du salopard de Mangemort. Il y a des choses qui ne changent pas, Malefoy. Et ton petit jeu commence sérieusement à m'agacer.
-Ma mère est morte cet été Potter.
Ouuh putain! Qu'est ce que je venais de dire ?? Dans quel merdier je me foutais encore...
Tant pis, fallait jouer le jeu. Je baissais la tête, comme si je voulais cacher des larmes inexistantes. Potter s'était tu, c'était bon pour moi. Je tombais à genoux dans un moment de drame. Ma tête vint se caler entre mes mains, et j'arrangeais ma respiration pour la faire bruyante. Je jouais à un jeu dangereux, mais Merlin savait comme j'étais bon pour jouer la comédie.
Je devinais que Potter s'était accroupi lui aussi, et je sentais presque son souffle saccadé sur mon visage, qui s'empourpra. Il n'allait pas me prendre dans ses bras non plus?!
-Je suis désolé, Malefoy, j'ignorais pour ta mère.
Je sentis qu'il posait sa main sur mon épaule, en signe de réconfort. Je me crispais d'autant plus et relevai brusquement la tête.
La puissance de son regard me frappa. Dans ses yeux d'un limpide vert émeraude, je ne voyait plus une trace de colère, de haine. Seule la compassion résidait dans ses yeux magnifiques, et le malaise me gagna. Pourtant je ne pouvais me relever, ni bouger. Mes yeux restaient plongés dans les siens, je ne pouvais m'en détacher. Il me semblait que sa tête se rapprochait doucement de la mienne, et je pouvais observer chaque détail de son visage, son beau visage. Ses yeux brillaient d'une lueur étrange, et ses lèvres rougies semblaient m'appeler pour une caresse. Je sentais son souffle chaud comme une légère brise, et je sentis mon corps s'enflammer. Sa main glissa lentement de mon épaule pour remonter le long de mon cou et venir caresser ma joue, mes paupières, mes lèvres, du bout des doigts. Il attira lentement mon visage jusqu'au sien, dans une lenteur languissante. Nos deux bouches s'effleurèrent , s'emprisonnèrent dans une étreinte passionnée. Mes lèvres s'entrouvrirent par la surprise de ce contact, il en profita pour glisser sa langue dans ma bouche. Notre baiser devint passionné, presque sauvage et je crus que jamais je ne pourrais me passer de cette odeur, du goût enivrant de ces lèvres, de la caresse de ses mains. Mon visage était en feu, je brûlait de désir, mes sens étaient exacerbés, mon corps ne m'appartenait plus, je ne contrôlais aucun de mes mouvements.
Il m'arracha à ce baiser d'une manière si brusque que je ne réagis pas tout de suite. Il se releva, les cheveux en bataille, les joues rouges, tellement sexy.
-Je... Bonne nuit Malefoy.
Il me laisse en plan, ce con!
Foutu merdier.
Aïe
Ce n'est pas un rêve. J'ai embrassé Potter. Et j'ai aimé.
Je tournais en rond, seul dans ma chambre de préfet. Que m'était-il arrivé? Pourquoi j'avais éprouvé tant de plaisir à embrasser ce connard ?
Merde alors.
Je suis gay. C'est ça qu'il faut se dire.
Le problème, c'est que les vacances approchaient. Et j'allais Le revoir. Et le maître trouverait sûrement ce souvenir, il me punirait pour avoir apprécier d'embrasser Potter. Je serais la honte de la famille, la honte des mangemorts. Un paria, rien de plus.
J'avais envie de vomir. Cette vie me dégoutait, me répugnait au point que j'aurais préféré crever maintenant plutôt que de continuer à vivre cette merde. Je ne pouvais qu'espérer une chose, c'est que Potter Le tue. Peine perdue? Le vieux fou plaçait beaucoup d'espoir en lui. J'ose croire qu'il avait raison. Potter était mon ticket pour la liberté. Et pourtant ma mission était de l'amener à Lui, qu'il se fasse tuer. Souhaitais-je vraiment la mort de Potter?
Oui. Je le haïssais. Lui et sa vie trop parfaite. Qu'il aille au diable.
Enfin, pas avant d'avoir tuer le Maître.
_________________________________________________________________________________________ Il était près de midi.
Je décidais de sortir de ma chambre, ça faisait bien trop longtemps que je tournais en rond dedans. De l'air frais me ferait peut-être du bien, me remettrait les idées en place. Je m'habillais sobrement, en habits du dimanche, classe mais discret. J'enroulais mon écharpe aux couleurs de serpentard autour de mon cou et m'inspectait dans le miroir. Mon teint était pâle, trop par rapport à d'habitude. Il faut dire qu'avec ce qui s'était passé la veille, la nuit avait été mouvementée.
Je sortis discrètement du dortoir, et me dirigeais vers le parc, en direction du lac. J'aperçus Blaise assis au bord de l'eau, qui lisait un livre. Je m'approchais de lui, et m'assis à ses côtés.
-Qu'est ce que tu lis ?
Il haussa un sourcil, et me jeta un coup d'œil en biais, comme si je l'emmerdais. Sacré Zabini.
-Un livre.
-Merci Blaise, ça m'avance énormément. Quel genre de livre ?
-Une utopie. Un monde où moldus et sorciers se mêleraient. Je ne suis pas sûr que ça t'intéresse.
-Au contraire.
Il sembla stupéfait de ma réponse, mais ne dit rien.
-Qu'est ce que tu veux, Malefoy?
-Je ne comprends pas bien la question.
-Qu'est-ce que tu me veux? Pourquoi tu es ici.
-Je ne sais pas. Je me promenais, je t'ai vu alors...
-Tu es venu. Où sont tes amis?
-Je n'ai pas d'amis.
Ma réponse le désarçonna. Bien sûr, LE Malefoy, pas d'amis?? Le monde ne tournait plus rond. Blaise me jeta un autre de ses regards indéchiffrables, et je sentais qu'il comprenait. Blaise était un type bien. Un gras franc, loyal, qui ne se laisse pas impressionner. Un mec cultivé, intelligent, ouvert. Pas du tout le type serpentard. D'ailleurs, aucune maison ne pouvait lui correspondre. Blaise était un de ses gars à part, trop extravagant pour se fondre dans la masse. Ce type me plaisait, vraiment. Avec lui j'apprenais le rire, la joie, le bien être. Je me sentais à l'aise. Il ne me jugeait pas en fonction de mon rang social, de ma fortune, ou des exploits passés de mon père, ni de mon propre passé. Il me prenait avec mes terribles défauts. Blaise m'apprenait l'amitié. Et j'aimais ça. ... |