Amusant. L’adolescente sautait de pierre en pierre, négligemment, les muscles des longues jambes fines sculptées par le sport roulant sous la peau dorée. Il faisait chaud ici. Le regard vairon scrutait les environs, repérant la cigale qui chantait au soleil, le lézard qui se dorait la pilule sur un rocher chauffé, le vol bas d’un oiseau. L’endroit était calme, et seule l’auberge où elle résidait avec ses parents trahissait une présence humaine en ces lieux. D’un air farouchement décidé, elle recula un peu, courant pour sauter et traverser le mini gouffre, atterrissant sur ses deux pieds de l’autre côté avec une joie sauvage. Les cheveux décolorés battirent follement l’air, alors qu’elle tendait vivement la main pour rattraper sa casquette fugueuse. La replaçant correctement sur le bandana qui ceignait son crâne, elle sourit, l’air un peu béat, un peu heureux. Elle aimait l’exercice physique, quel qu’il soit. Ça lui permettait de se dépenser, de s’oublier un peu. S’affalant sur le rocher agréablement brulant, elle s’assit en tailleur, sortant un sandwich de son sac, qu’elle s’empressa de déshabiller de sa fine couche protectrice pour mordre dedans à belle dent, appréciant le pain frais et la garniture abondamment savoureuse. Avisant un écureuil roux qui la regardait fixement depuis un arbre voisin, elle lança au pied de ce dernier le maigre reste de son sandwich, faisant décamper la bestiole. Haussant les épaules et se désintéressant de l’animal, elle but une grande rasade de sa bouteille d’eau, avant de tout remettre dans son sac en vérifiant ne rien avoir oublié. Quand elle se retourna vers l’arbre, le maigre bout de nourriture avait disparu, et une tâche rouge sautait de branche en branche. Elle sourit.
Reprenant sa randonnée, elle recommença son manège, sautant de pierre en pierre, juste pour sentir avec une joie incommensurable ses muscles se contracter et se relâcher, sentant l’adrénaline couler dans ses veines, comme autant de promesses de sérénité. Les cheveux blonds devenaient dorés dans la lumière du soleil, brillant d’une couleur éclatante et aveuglante, lui donnant un air angélique. Pourtant, elle s’en moquait. Elle était seule… L’astre du jour jouait de ses rayons sur le corps de l’adolescente, donnant des reflets caramels et cuivrés à la peau désormais mate, alors qu’elle ressemblait plus à un flocon de neige qu’autre chose en arrivant ici. Sa mère lui disait toujours, en caressant ses cheveux, qu’elle avait hérités de la peau qui bronzait rapidement de son père, mais son teint habituel était plus semblable à la pâleur de sa mère. Elle sourit à l’idée de revoir rapidement ses parents. Elle les aimait énormément ses parents… S’étirant, elle leva le nez, contemplant les nuages parsemant l’horizon. Des boules de coton perdues dans le ciel bleu azur. Son sourire est à nouveau là, éclatant, rayonnant. Elle reprend sa marche infatigable dans les pierres, son énigmatique sourire aux lèvres. Elle s’éloignait de plus en plus de l’auberge, elle en était consciente. Mais ça lui allait. Il était encore tôt dans l’après-midi, et elle aurait tout le temps de revenir pour le diner. Ses parents avaient décidé de se faire une journée en amoureux, et elle s’était généreusement proposée pour aller faire une promenade, histoire de les laisser seuls…
Nouveau coup de vent. L’adolescente fronça les sourcils, la journée aurait dû être calme et sans vent… Et pourtant. Comme quoi, même dans un coin aussi paumé qu’ici, la météo réussissait à se planter. Sous la chape de plomb qui s’était abattue sur elle et la campagne environnante, elle commençait à avoir vraiment chaud. Mais son objectif arrivait en vue. Au loin se profilait la silhouette sombre et menaçante d’un ancien château du Moyen-âge, vestige d’une époque révolue, ruine qui l’attirait inexorablement. Elle se rappela avec un léger sourire sa première vision du château.
C’était l’avant-veille. Elle arrivait en voiture, assise à l’arrière en silence pendant que ses parents conversaient gaiement à l’avant, se lançant des regards énamourés qui la faisait doucement sourire. Ce voyage était un peu leur seconde lune de miel, elle en était consciente. Levant le nez de son livre, elle contempla un instant le paysage, ses écouteurs sur ses oreilles. Elle avait toujours entretenu un rapport particulier la musique, appréciant les sonorités et la musicalité des chansons sans pratiquer elle-même d’instrument, sans même savoir chanter correctement. On la comparait souvent à un aspirateur agonisant quand elle tentait de chanter, jamais avec beaucoup de conviction, c’est vrai. Son regard fut attiré par une masse sombre au loin. Son cœur s’agita anormalement, son souffle se raréfia. Elle pouvait deviner les immenses tours autrefois massives et robustes, le mur d’enceinte qui se dressait vaillamment face à tous les maux. Puis la voiture prit un virage, le château disparut de sa vue. Et elle reprit sa respiration. Plus tard, dans la soirée, elle apprit que le bâtiment qu’elle avait admiré était un château moyenâgeux qui tombait en ruine et que les habitants du coin évitaient soigneusement, au vu des légendes courant sur cette étrange ruine. Sa journée du lendemain, elle la consacra à la recherche de renseignements et d’informations sur le château et ses légendes. Elle en apprit plusieurs, qu’elle nota soigneusement sur un carnet qu’elle conservait toujours sur elle. Férue de légendes et de mythologie, elle trouvait dans ce château de quoi étancher sa soif des connaissances d’autrefois. Certaines des légendes qu’elle apprit ce jour-là lui semblèrent macabres, comme celle parlant de cette sorcière qui enlevait les moutons du voisinage pour les offrir en sacrifice à un dieu obscur, ou même de ce jeune garçon devenu fou au point de massacrer sa famille après être resté trop longtemps après le coucher du soleil dans les ruines. Le soir même, elle mettait au point son expédition vers cet endroit qui la fascinait irrémédiablement.
Revenant au présent, l’adolescente s’était approchée du château et pouvait désormais admirer avec une fascination mêlée de crainte le mur imposant qui menaçait de s’effondrer à tout moment. La question était désormais : comment rentrer ? Car regarder de l’extérieur ce lieu ne lui apportait rien, et cette étrange curiosité la poussait à chercher une entrée. Longeant les douves asséchées, elle eut tôt fait de trouver une brèche dans le mur, qu’elle s’empressa de traverser, après avoir lutté pour traverser les douves, qui bien que sans eau, constituaient un obstacle majeur pour arriver au mur. Mais cette traversée se finit rapidement, et c’est une adolescente aux yeux vairons brillants de joie qui se hissa sur les pierres restantes, levant la tête pour constater que la brèche était presque… Nette. Comme si quelque chose était tombé et avait scindé en deux le mur en cet endroit. Passant ses jambes de l’autre côté de la brèche, elle entra dans le château, avec un respect teinté de crainte, l’étrange endroit qui se dressait et posait son ombre imposante sur la campagne qui l’entourait. Là commença sa lente déambulation dans l’enceinte, regardant avec une curiosité intéressée cet endroit que même les animaux évitaient.
Elle tomba alors face à face avec une porte close, comme épargnée par le temps. Sa main se leva, tremblante, pour se poser sur le bois frais, qui se réchauffa subitement, la forçant à ôter vivement à cette brulure sa main en poussant un léger cri de surprise. Avec une peur croissante face à ce dont elle ignorait tout, elle vit la porte se teinter d’une couleur brune qui vira rapidement au noir, alors que d’étranges signes apparaissaient sur le bois intact depuis des centaines d’années. Sortant rapidement son carnet en tentant d’oublier la frayeur montante qui l’envahissait, elle tentait de reproduire ces signes étranges. Tout d’abord, des cercles concentriques, avant que les deux flux noirs ne se séparent l’un de l’autre, reproduisant le même signe, se frôlant sans réellement se toucher. C’était étrange et magnifique en même temps, de voir ces deux lignes animées par une vie propre, tracer presque amoureusement sur la porte leurs signes, comme si leur importance était capitale. Sa fascination se renforça quand les signes formés se mirent à luire doucement, mais sa peur reprit le dessus quand un crissement suivit d’un grondement profond retentis. N’écoutant que sa peur légitime, elle prit la fuite, refaisant en un temps record ce qu’elle avait fait en prenant son temps, son carnet serré dans son poing fermé. Elle ne ralentit que lorsque que l’auberge se dressa face à elle, et c’est épuisée qu’elle entra dans sa chambre, se laissant tomber sur le lit. Tout cela lui faisait peur… Et elle se promit d’être raisonnable et de ne pas retourner là-bas. Filant dans la salle de bain, elle prit une douche rapide et tenta de se construire un visage moins terrorisé. Elle ne souhaitait pas parler de ce qu’elle avait vu… Car malgré sa peur, c’était comme un secret entre ce lieu et elle.
Redescendant dans la salle à manger, elle sourit, attendrie, face à ses parents qui se bécotaient comme deux jeunes mariés. S’installant face à eux, elle entreprit de ne répondre que vaguement aux questions de ses parents, sans donner de réelles précisions. Le repas expédié, elle prétexta la fatigue de sa journée de randonnée pour remonter rapidement dans sa chambre. Se jetant sur le lit, elle ouvrit avec envie son carnet, caressant des yeux les signes dessinés à la va-vite, les jugeant assez ressemblants. Se relevant à nouveau, l’adolescente décida de fouiller dans les livres qu’elle avait empruntés, cherchant un dessin semblable… Attrapant un des livres du dessus, elle le reposa une dizaine de minutes après, l’air contrit. Elle ne s’y prenait pas de la bonne manière… Elle cherchait avec ce dessin pour seule base, sans savoir quoi chercher, ou aller… Elle avait déjà vu des signes semblables, oui, mais où ?! Quand ?! Elle ne savait plus… Et ce n’est qu’à onze heures passées, après avoir fouillé dans plusieurs livres, qu’elle trouva la solution. Les Celtes… Elle tomba par hasard sur le signe recherché, après avoir lu avec obstination quatre cinq livres, refusant d’abandonner et d’aller dormir. Tout ça l’intriguait trop pour abandonner maintenant ou remettre au lendemain… Un sourire vint se poser sur ses lèvres alors qu’elle lisait la description de la rune. Saille…
Les traits correspondaient à ceux dessinés par la main habile de l’adolescente. Mais quel rapport avec la porte ? Les runes de cette page se rapportaient à l’astrologie celte, basée sur les planètes en rotations autour du soleil et non autour de la Terre, comme pour les autres astrologies. Se replongeant dans le livre, elle tentait d’en apprendre plus sur le saule et le serpent de mer, seules pistes qu’elle avait pour l’instant. Des noms. D’autres pistes ? Sans savoir dans quoi elle se lançait, elle nota les noms dans son carnet. Tout ça l’avait intrigué plus que de raison, on ne voyait pas une porte se couvrir de signes ésotériques tous les jours après tout. Et encore une inscription, en bas, avant de passer à un autre signe. Elle notait précieusement tous les renseignements, sans réellement savoir pourquoi. Mais ça l’intriguait, et pour elle, c’était une raison plus que suffisante.
Une fois qu’elle eut fini, elle reposa le livre à ses côtés, terminant de prendre ses notes. Elle se relit, récapitulant tout ce qu’elle avait pu apprendre sur ce signe étrange, ses notes inscrites à côté et sous le signe dessiné.
« Saille est le signe des mystères de la terre, des dons psychiques et de la guérison. Depuis les temps anciens, le saule a été un arbre sacré... L’animal symbole associé à ce signe est le serpent de mer.
Depuis les temps anciens, le saule a été un arbre sacré. Les racines profondes du saule lient le royaume des fées au pays celtes. Ceux nés sous ce signe possèdent souvent un de pour voir ce que les autres ne peuvent voir. Ils ont souvent une bonne et claire mémoire. Les saules sont associés à Dana, Ceridwen et aux Druides. »
Un ancien serpent de mer nage dans les profondeurs de la mer et comme le saule, apporte la connaissance cachée à la surface. Cirelin Croin, le légendaire serpent de mer écossais est, dit-on la plus grande créature vivante.
Saille : 16 avril - 14 mai. » C ‘était comme une délicieuse énigme, qui n’attendait qu’elle pour qu’on la résolve… Mais la suite serait pour demain. Épuisée, l’adolescente se changea, enfilant un pantalon de survêtement et un tee-shirt large, avant de se coucher pour s’endormir. Elle reprendrait ses recherches le lendemain…
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23h30
Un long sifflement retentit dans la campagne déserte. Puis un grondement qui s’amplifie au fur et à mesure que les secondes s’égrènent, impossibles à retenir. La nature retient son souffle, comme si le moindre bruit, le moindre son pouvait tout faire basculer. L’adolescente blonde fut pourtant la seule humaine à entendre ce monstrueux bruit. Un long frisson de terreur pure la parcouru, l’air devenait glacé alors qu’elle s’enfouissait dans les couvertures, comme pour échapper à ce froid intense et violent. Mais rien à faire. Le grondement retentissait encore, malgré les portes et fenêtres closes, malgré les murs épais. Comme si tout se passait dans tête… Se levant difficilement, la jeune fille s’approcha de la fenêtre, la couverture sur les épaules. Collant son front à la surface translucide, elle constata que celle-ci était gelée et que son souffle brulant laissait de la buée sur le verre, l’empêchant de voir correctement à travers la vitre. Prise d’une impulsion soudaine, elle l’ouvrit, le froid se jetant alors sur elle de plein fouet, la faisant grelotter tant il était vif. Enroulée dans ses couvertures, elle tentait de discerner l’endroit d’où venait cet insupportable sifflement, et la pensée que personne n’avait l’air d’être dérangé par ce dernier l’intrigua. Mais elle y penserait plus tard.
Soudain, une boule de lumière dorée apparut dans la campagne, filant à toute vitesse vers le bâtiment qu’elle avait abandonné plus tôt, avant de s’éteindre tout aussi brusquement qu’elle était apparue. C’était QUOI ça ?! N’écoutant que sa curiosité pour une fois et oubliant sa peur, elle se chaussa et attrapa un sweet épais, descendant les escaliers à toute vitesse et courant vers le château. Le temps semblait suspendu… Peut-être l’était-il vraiment ? Elle ne savait pas, mais il lui semblait que le trajet jusqu’au château était beaucoup, beaucoup plus court que la dernière fois qu’elle l’avait fait… Son cœur s’emballait à nouveau, mais pas pour les mêmes raisons. Quelque chose se passait… Elle ignorait quoi, mais avait la ferme impression qu’elle devait y être. Qui sait si ce n’était pas de sa faute, si ce n’était pas la porte couverte de ce signe qui avait déclenché tout ça ? Son regard se posa sur sa montre.
23h39
Le temps passait-il si vite ? Pourtant, elle était déjà au château. Sans hésiter, elle repassa par la faille, ne s’étonnant pas outre mesure de l’obscurité, la Lune éclairant d’une lueur surnaturelle chacun de ses pas. Trébuchant à moitié, elle se retrouva rapidement devant la porte toujours couverte du signe celte. Reprenant son souffle devant la porte, elle l’observa attentivement, ses yeux vairons suivant presque tendrement les courbes du signe qui était apparu quand sa main s’était posée sur le bois. Levant à nouveau cette dernière, elle l’approcha de la porte, irrémédiablement attirée, comme pour retrouver cette chaleur qu’elle sentait dans cette porte… Sa main s’approchait lentement du bois, quand un bruit de pas la fit sursauter. Le contact froid et dur du métal agrippa durement son poignet, le lui tordant presque.
La lueur de la Lune donnait un air irréel à l’être qui lui faisait face. Ses cheveux avaient un éclat argenté et lunaire sous cette lumière blafarde, et ses yeux brillaient d’un éclat dur et métallique. Elle n’avait jamais vu quelqu’un avec des yeux si clairs, avec des cheveux si particuliers… Son accoutrement aussi était des plus étranges. Il portait des bottes montantes jusqu’aux genoux, endroit où les dites bottes étaient largement évasées, semblant permettre un mouvement plus ample du genou, et ne devant pas le gêner quand il s’agenouillait. Le pantalon était sombre et moulait le bas de son corps, comme son haut, qui remontait jusqu’à son cou. Ses épaules étaient couvertes d’une espèce de gilet fermé par un cordon et qui descendait jusqu’avant ses coudes. Ses mains étaient emprisonnées dans des espèces d’énormes gants de métal et de cuir, et à sa taille était ceinte une épée. La seule pensée cohérente de la jeune fille fut de se demander si on était jour de carnaval, avant qu’une voix sombre et méprisante ne lui demande ce qu’elle fichait ici.
- C’est plutôt à moi de demander ça. Tu fiches quoi ici, en pleine nuit ?
- Ça te regarde ?
- Au moins autant que mes raisons te regardent. Alors lâche-moi sale brute, tu me fais mal. D’un geste souple, elle retira son poignet de la main gantée, le massant doucement en fusillant le garçon de son regard bicolore.
- C’est quoi ce bruit ?
Le grondement ne s’était jamais tut, mais elle s’y était habituée. Presque. Le garçon eut un drôle d’air, celui de quelqu’un qui n’en croit pas ses oreilles et que ce qui vient d’être dit déstabilise fortement.
- Tu veux dire que… Tu l’entends ?
- Mais comment veux-tu que je ne l’entende pas ?! Ce truc est pire que la démolition d’un immeuble !
Il ne répondit rien, perdu dans ses pensées. Avant de relever la tête. Sans ménagement et avec un « pousse-toi » peu agréable, il la fit reculer, faisant face à la porte recouverte de traits noirs. Posant sa main à plat sur le bois, il poussa de toutes ses forces, avant de reculer et de contempler la porte, jurant dans sa barbe inexistante. La blonde le regarda un instant, un sourire moqueur aux lèvres.
- Qu’est ce qui se passe ? La brute n’arrive pas à pousser une pauvre porte ?
- Pas ma faute… Elle a été marquée.
- C’est la pire excuse que j’ai jamais entendu… Regarde comment on ouvre une porte.C’était presque une compétition. Elle ne le connaissait pas, l’inverse était également vrai, et pourtant, ils discutaient et se comportaient comme s’ils ne s’étaient pas rencontrés il y a à peine deux minutes, mais il y a des années… Elle regarde rapidement sa montre, presque obnubilée par ce temps qui passait si étrangement.
23h58
Poussant légèrement le garçon, guidée par un instinct qu’elle ne se connaissait pas jusque là, l’adolescente posa sa main au centre du signe incrusté dans le bois. Elle sentait une douce chaleur émaner de la porte, une agréable chaleur qui lui avait fait oublier, sitôt qu’elle s’était trouvée à proximité, le froid qui l’avait envahie en pleine nuit. Sous ses doigts, la moindre aspérité prenait son sens, sa raison d’être. La porte se réchauffait doucement, semblant répondre à l’appel de l’adolescente. Une jeune fille inconsciente de ce qu’elle exécutait, de ce qu’elle faisait en ce moment même… Et la porte disparue. Tout simplement. La douce transe quitta la jeune fille, elle rouvrit les yeux qu’elle ne se souvenait pas avoir fermé. Puis elle se tourna vers le garçon, qui la fixait… Fixement. Ce regard la mettait mal à l’aise, il la regardait comme on observait un animal en cage, une vulgaire attraction.
- Quoi ?
- Pourquoi tu ne m’as pas dit que tu l’avais marquée ?
- Que je l’avais quoi ? Ecoute, j’ai aucune idée de quoi tu me parles. Il ne répondit pas immédiatement, caressant pensivement la garde son arme.
- Je m’appelle Linhaël, je suis un Guerrier. Tu es une Magicienne, non ?
- Je suis Arawiel, et je n’ai aucune idée de ce dont tu me parles.00h00