Entraînée par le mystérieux Linhaël, Arawiel réfléchissait. Pourquoi l’avait-elle suivie ? Elle aurait mieux fait de retourner dans sa chambre, dans son accueillante couverture… Pourquoi s’était-elle sentie si bien, quand elle avait touché la porte ? Et pourquoi le garçon avait-il dit qu’elle avait « marqué » la porte ? Elle avait juste posé sa main dessus… Pourtant, elle le suivait. Et le froid se faisait toujours plus intense, toujours plus mordant. Elle le ressentait, et pourtant… Dès qu’elle songeait à s’en plaindre, une agréable chaleur l’envahissait et la réconfortait. Elle suivait le dos aux épaules larges qui se profilait devant elle, promenant son regard sur les murs. L’odeur du couloir portait les fragrances agressives du renfermé et de la moisissure. Cette dernière pullulait sur les murs, une moisissure verte qui luisait faiblement, assez pour éclairer leur chemin. Arawiel n’avait jamais vu une mousse possédant ces propriétés… Quoi qu’elle et la botanique, ce n’était pas vraiment ça. Elle n’avait pas du tout la main verte, et chaque plante passée sous sa responsabilité mourrait invariablement, provoquant un désintéressement total de la jeune fille pour la botanique et le jardinage en général.
Mais malgré la lueur faible des petits champignons, malgré cette douce chaleur qui l’envahissait chaque fois que le besoin se faisait ressentir, elle accéléra le pas, se rapprochant du garçon devant elle, jetant des regards peu assurés autour d’elle. Et c’est pourquoi, quand Linhaël se stoppa, la jeune blonde lui rentra dedans, lui faisant froncer un peu plus les sourcils alors que ses traits se durcissaient encore un peu. Il lui fit signe de se taire, et elle écouta. Un bruit feutré, comme celui d’un être léger qui foule le sol de ses pieds. Le bruit de métal qui s’entrechoque, celui d’un animal qui mastique. Et cette odeur… De la pourriture et quelque chose qu’elle ne put désigner que par « l’odeur de la mort », faute de trouver mieux. Et le froid qui se faisait toujours plus intense… Le garçon aux cheveux de lune reprit sa marche dans les couloirs, suivit de la jeune fille. Elle se demandait toujours ce qu’elle faisait ici, mais elle sentait qu’elle devait le suivre… Ils arrivèrent dans une grande pièce, où les odeurs se faisaient plus écœurantes. Le bruit du métal qui racle contre la pierre leur fit tourner la tête vers l’origine du bruit. Une femme était présente. Grande et belle, son visage semblait taillé à la perfection. Ses longs cheveux roux cascadaient dans son dos, prenant des teintes verdâtres avec la phosphorescence de la moisissure et ses grands yeux sombres les fixaient. Elle était vêtue de pauvres morceaux de tissus qui ne cachaient rien de sa personne, pourtant, toute l’attention des deux adolescents était tournée vers le visage si parfait. Des mèches de feu tombaient devant ses yeux, et autour de son cou brillait l’éclat mat du métal. Abasourdie, Arawiel suivit des yeux une chaîne épaisse qui reliait le cou de la jeune femme au mur, d’où partait quatre autres chaines, deux pour ses chevilles, et deux pour ses poignets. Une sourde colère commença à gronder en la jeune fille, qui se demandait comment on pouvait traiter ainsi une personne. Elle fit un pas, puis deux, avant d’être brutalement arrêtée par Linhaël.
- Elle n’est pas ce que tu crois. - Et elle serait quoi ? Je ne crois que ce que je vois. Et la seule chose que je vois ici, c’est quelqu’un d’enchaîné à un mur… C’est inhumain !
Se dégageant violemment de la poigne du garçon aux cheveux de lune, le regard de la jeune fille se dirigea vers la femme. Zut, elle se méfiait maintenant… Pourquoi devait-elle réfléchir à chaque fois ? Elle voyait quelqu’un d’enchaîné, c’était normal d’y aller… Perdue dans ses pensées, elle ne réalisa pas qu’elle avait fait un pas, puis un autre vers la femme. Et quand elle réalisa qu’elle avançait sans le vouloir, quand elle réalisa qu’elle ne pouvait pas s’arrêter, que ses jambes refusaient de lui obéir, il était trop tard. Face à elle, la si belle jeune femme changea. Son visage, si fin et si parfait, se transforma en une hideuse face, au crâne allongé et aux dents si nombreuses qu’elles ne semblaient pas savoir comment se placer dans cette bouche. Ses épaules se voûtèrent alors que la peau perdait son teint de nacre, prenant une nuance de bleu fané et de gris. Les cheveux se résorbèrent dans le crâne gris bleu ; le ventre se creusa, le corps tout entier devint maigre et repoussant. Les yeux restaient noirs et brillaient de convoitise devant cette offrande innocente… Cela faisait si longtemps qu’elle n’avait pas eu de chair fraiche à se mettre sous la dent… Avec un sentiment d’impuissance, Linhaël contemplait la jeune fille aux yeux vairons qui tourna la tête vers lui, l’air désespéré. Sa main se crispa un peu plus sur la garde de son arme. C’était une Magicienne après tout, elle devrait pouvoir s’en sortir seule… Et elle avait marqué la porte. Du moins, il le pensait… Peut-être n’avait-elle fait que réveiller la Magie endormie dans le bois… Mais des centaines de gens avaient dû faire ça, alors pourquoi aujourd’hui, pourquoi maintenant ? La Goule venait de s’éveiller et elle avait faim. Déjà, les chaînes s’estompaient lentement, redevenant petit à petit un brouillard opaque qui s’échapperait. Et le monstre serait libre… Non. Il ne pouvait pas laisser cela se produire, c’était trop dangereux. Il ne pouvait permettre à un tel être de se promener librement à travers ce monde, car c’est ce qui en avait détruit beaucoup d’autres.
Dégainant l’arme, il s’avança, fermant son esprit pour ne pas laisser l’être le diriger. Il pouvait sentir les attaques de la Goule dans son esprit, qui tentait de percer ses défenses mentales pour prendre contrôle de son corps comme elle l’avait fait avec Arawiel. Allons, il était un Guerrier après tout ! Et ce n’était qu’une Goule. Bien qu’elle soit emprisonnée depuis des siècles dans cette pièce sombre, qu’elle soit animée par la haine et la colère, elle ne restait qu’une Goule. Une bestiole très laide et sans aucune hygiène. Affermissant sa prise sur la lame, le garçon avança rapidement, plissant les yeux pour percevoir le lien entre Arawiel et la Goule. Là. Il le sentait. Un fin lien doré qui attachait la jeune fille au monstre, indiscernable on ignorait qu’il existait. Le lien luisait faiblement, lui aussi, comme un maléfice, ce qu’il était plus ou moins. Levant haut son arme, il l’abattit sur le fil reliant les deux êtres, le coupant net. La lame brilla un court instant d’un éclat argenté et brillant, se nourrissant de la magie libérée par la rupture du lien, accroissant encore son pouvoir que le garçon ne maîtrisait qu’aléatoirement. Les mains crispées sur la garde, il suivait d’un œil les mouvements de la Goule et de la fille qui reculait brusquement, libérée de l’emprise de la bête alors que l’autre restait attentif au flux de magie qui remontait le long de la lame, serpentant en un mince filet d’argent liquide sur le métal, puis sur la poignée, caressant langoureusement de son corps mince et fluide les arabesques dessinées sur cette dernière, pour finalement atteindre les pierres grisées de la garde, pénétrant en leur sein et leur redonnant la teinte translucide et blanc du diamant.
La Goule hurla sa douleur d’être séparée de son repas, puis se jeta sur le garçon, faiblement freinée par les chaînes qui s’estompaient toujours, lentement mais sûrement. Le garçon roula sur le côté après s’être laissé tomber au sol, se remettant immédiatement sur ses pieds. Il se mit en garde, défiant la bête de l’attaquer, de s’en prendre à lui. Il était incapable d’employer la Magie, ses seules armes étaient sa force et sa vitesse, son maniement des armes et son intelligence, autant de choses dont la bête face à lui était dépourvue, surtout après un séjour aussi prolongé dans un endroit si dépourvu de Magie. Car la Terre était bel et bien l’endroit le plus pauvre en Magie qu’il n’avait jamais vu, et les seuls Dons qui existaient ici étaient totalement aléatoires ainsi que rarement puissants. Pointant incertainement la lame en avant, il fit quelques pas, se déplaçant sur les côtés, cherchant à prévoir l’attaque de la Goule. Le froid était toujours aussi intense, aussi mordant, mais il l’oubliait, cherchant un moyen de s’en sortir rapidement, et vainqueur de préférence. Il ne comptait pas finir sa vie entre les mâchoires d’une Goule, surtout que celles-ci n’étaient pas réputées pour leur parfaite hygiène dentaire en particulier et corporelle en général. Son esprit toujours fermé aux attaques psychiques répétées de la Goule, il attaqua, le métal argenté sifflant dans l’air lourd et renfermé, la lame effleurant un bras décharné, tirant un cri guttural de douleur à la bête. Un peu du sang particulier du monstre coula, répandant son odeur putride dans la pièce, liquide épais et vert qui dispersait une vapeur toxique au contact de l’air. Mais Linhaël ne renonça pas, et continua ses attaques éclairs sur la Goule, touchant à chaque fois une partie différente de son corps, vidant lentement le monstre de son moyen de subsistance. Les pieds du garçon aux cheveux de lune touchaient à peine le sol, tant il semblait glisser sur le sol, se déplaçant à une vitesse inimaginable pour frapper d’un côté et de l’autre, comme si ce combat n’était qu’une chorégraphie magnifiquement orchestrée.
Il sentait un regard fixé sur lui, et se retenait de se retenir pour dire à la fille de cesser de l’observer ainsi. Il comprenait un peu mieux ce que ça faisait d’être regardé comme un phénomène de foire… Elle avait le même genre de regard qu’il lui avait envoyé quand elle avait ouvert la porte… Mais il n’avait pas pu s’en empêcher, après tout, elle avait ouvert la porte, elle, une simple terrienne… Sûrement dénuée de Magie, comme ses semblables. La porte ne s’était ouverte que parce qu’elle avait réveillé la Magie endormie, parce que c’était le lieu et l’heure… Rien d’autre. Déconcentré par ce regard bicolore qui refusait de lâcher ses mouvements, le Guerrier n’anticipa pas la riposte de la Goule, croyant stupidement qu’elle allait se laisser faire alors qu’il la tuait petit à petit. Une des mains griffues du monstre déchira son avant-bras et il tomba au sol avec un bruit sourd. Les chaînes avaient disparu, totalement. La Magie qui retenait la bête prisonnière depuis des centaines d’années s’était effacée, libérant la Goule prisonnière. Elle était là, face à lui, se redressant autant qu’elle pouvait son dos et ses épaules courbées, battant l’air de ses mains griffues et menaçantes. Il était fini.
Et pourtant. Ce n’était pas son jour. Une main se posa sur la sienne, et il eut le temps de voir des yeux bicolores croiser son regard, avant qu’ils ne se détournent vers la bête. Sans savoir réellement comment, elle savait ce qu’elle devait faire. Sa main glissa le long du bras intact du garçon, celui qui tenait encore l’arme, avant de s’enrouler autour de la poignée. Elle ne pourrait soulever seule l’arme, trop lourde pour son gabarit… Elle avait besoin de son aide, et il le comprit implicitement, posant sa main autour de la sienne. À eux deux, ils soulevèrent l’épée et attendirent. L’être qui leur faisait face s’avança vers eux, posant un pied après l’autre, lentement, semblant se délecter du festin qui l’attendait… Aveugle à la Magie qui crépitait et dansait autour ainsi qu’à l’intérieur des pierres de diamant incrustées dans la garde, elle ne pensait qu’à se rassasier, elle ne rêvait qu’à retrouver son monde. On l’avait condamnée à être la Gardienne de ce lieu, à le protéger au péril de sa vie. Et maintenant que ses chaînes s’étaient effacées, plus rien ne l’empêchait de retrouver sa terre, l’endroit qui l’avait façonnée. Plus rien ne s’y opposait, mis à part ces deux enfants qui ne faisaient pas le poids face à elle. Avançant toujours, elle ne prit pas garde au jet de lumière qui traversa l’épée, coulant dans les arabesques gravées et leur donnant une couleur argentée qui brillait puissamment dans le lieu où la vraie lumière était inconnue. L’argent liquide serpentait sinueusement, reproduisant le tracé des dessins délicatement entrelacés et compliqués, se répandant ensuite sur le métal froid de la lame. Juste en dessous de la garde, un dessin se forma, avant que le liquide mouvant ne remonte rapidement l’acier, jaillissant de son bout tranchant pour transpercer la Goule. Cette dernière se figea et devint couleur cendre, puis disparue, tout simplement, comme les chaînes s’étaient évaporées.
Les deux adolescents restèrent ainsi, sans bouger ni parler, contemplant simplement l’endroit où la Goule aurait logiquement dû tomber. Aucun des deux n’avait réalisé, n’avait compris ce qu’il venait de se passer. Lui, il était plus habitué aux monstres qui tombent en morceaux après des coups d’épée. Elle, elle était étrangère à tout ça… La fine main de la blonde glissa du pommeau, allant sagement se poser contre ses jambes repliées. Sous le choc. C’était ce qui relativisait le mieux la situation… Le froid avait totalement disparu, seule la sensation de chaleur qui s’était réveillée en elle était présente. Finalement, les yeux bicolores, le bleu et le vert, se tournèrent vers le garçon aux yeux gris, posant une question muette, quémandant une réponse qui la rassurerait. Lui, il était aussi perdu qu’elle. La Magie qui s’était déployée ici aurait dû être impossible à employer, non seulement parce que l’Art était perdu et oublié sur la Terre, mais aussi parce que lui-même n’était pas Magicien. Son affinité avec l’Art se limitait à guérir ses propres blessures, et encore, les entailles superficielles. Donc… La fille maîtrisait la Magie, même si elle n’en était pas consciente. Les yeux vairons glissèrent sur le garçon, se posant sur le bras. Le regard gris suivit la même trajectoire, et en silence, ils regardèrent les blessures causées par les griffes de la Goule se refermer. Ce fut d’abord l’arrêt du sang, puis une légère coagulation qui entraîna l’apparition d’une croûte, qui elle-même devint une fine cicatrice blanche avant de disparaître. Elle ne dit rien. Après tout ce qu’elle avait vu, elle était légèrement blasée par tout ce qui se déroulait. Mais elle aurait besoin d’explications. C’en devenait vital… Elle ne comprenait pas ce qui était à l’œuvre ici, ce qu’il se passait. Fermant les yeux, elle inspira longuement. Inspirer… Expirer. Inspirer… Expirer. Rouvrant les yeux, elle se leva d’un bond et tira le garçon pour qu’il fasse de même. Il y avait encore dans l’air l’étrange odeur du sang de la Goule, une odeur entêtante et écœurante qui leur faisait tourner la tête.
Un éclat au sol attira son attention, et Arawiel fit quelques pas, se penchant pour attraper ce qui traînait à terre. Au creux de sa main reposait désormais un orbe d’une rondeur parfaite aux reflets irisés qui se déclinaient en diverses nuances de bleu et de gris. De cette étrange pierre ronde se dégageait une sensation de fraicheur agréable sur sa peau. Refermant son poing sur la bille bleutée, elle se retourna vers le garçon qui la regardait étrangement. La salle lui parut soudain trop sombre, trop enfouie sous terre. Prise d’une impulsion soudaine, elle se mit à courir, se sachant suivie par Linhaël. Arrivée à l’extérieur, au terme de cet horrible couloir aux moisissures, elle se stoppa. L’air doux de la nuit la frappa de plein fouet, et la première constatation qu’elle fit est qu’elle entendait à nouveau la nature. Des pépiements, le bruit du vent dans les feuilles, le jappement d’un chien au loin… Se laissant tomber au sol, contre le mur, elle leva la tête pour observer les étoiles, minuscules points brillants dans le ciel noir. Son regard tomba sur sa montre, regardant l’heure. 00h18
Dix-huit minutes. Dix-huit malheureuses minutes dans une pièce s’approchant plus du tombeau qu’autre chose… La lumière de la Lune tombait directement sur le trou laissé par la disparition de la porte, dessinant un arc de cercle brisé par endroit sur le sol et les murs du couloir, d’où surgit Linhaël. Rouvrant la main, Arawiel contemplait la bille irisée, aux reflets chatoyants sous la lumière de la Lune, prenant tour à tour des teintes plus bleues ou plus grises selon son exposition. À l’intérieur, c’était comme si des volutes de fumée stagnaient, donnant à l’orbe ses couleurs si fascinantes. Puis une silhouette lui cacha la lumière de la Lune, la forçant à relever la tête vers Linhaël.
- Qu’est-ce que c’est ? - Aucune idée… Il s’agenouilla devant elle, tendant la main vers l’orbe avant de froncer les sourcils. C’est étrange, je n’arrive pas à la toucher… C’est la première fois que je vois quelque chose de ce genre… Pourquoi t’arrives à la prendre et pas moi ? - J’n’en sais rien.
Elle haussa les épaules, se perdant à nouveau dans la contemplation de l’orbe. Avant de relever la tête à toute vitesse, semblant se souvenir de ce qui s’était passé.
- C’était quoi ce truc dans la pièce ? - Une Goule, répondit sobrement le garçon, le regard fixé sur la pierre ronde. - Oui, c’est évident. Et… C’est quoi une Goule au fait ? - Un monstre. - J’n’avais pas remarqué…
Un silence s’installa entre les deux jeunes gens. Finalement, Arawiel rangea la petite bille dans la poche de son survêtement. D’autres questions lui brûlaient le bout de la langue, et finalement, sa légendaire curiosité prit le dessus.
- Pourquoi tu as dit que j’avais… Marqué, la porte ? - Parce que je ne pouvais pas l’ouvrir.
Il s’empressa d’ajouter des précisions, sous le regard noir de la jeune fille
- Disons que… Quand tu marques une Porte, des symboles apparaissent et elle ne répond plus qu’à toi. Seules les personnes possédant la maîtrise de la Magie peuvent marquer une porte… Normalement, ces Portes peuvent être franchies par n’importe qui, du moment que l’on sait où se trouve cette porte… Et si elle décide d’apparaître. Toutefois, une Porte marquée ne répond plus qu’à la personne à qui elle est attachée. Voilà pourquoi je ne pouvais pas ouvrir la Porte, parce que tu l’avais marquée. Ce qui est normalement impossible, car tu es une terrienne. Les Portes sont presque des entités vivantes, elles décident où, quand et à qui elles apparaissent… Et elles sont souvent accompagnées d’un Gardien, comme la Goule de tout à l’heure. - A quoi servent les Gardiens ? C’est quoi cette pierre que j’ai trouvée ? Après un instant de réflexion, la blonde trouva la question qui résumait le plus le brouillard dans lequel elle se trouvait. Et c’est quoi toute cette histoire au juste ?
Linhaël la regarda un long moment sans rien dire. Elle ignorait tout de ce qui se passait, elle n’était même pas au courant de sa nature… Il soupira, puis se releva, lui tendant sa main gantée pour l’aider à se relever. Une fois Arawiel debout, il garda sa main dans la sienne, lui adressant un petit sourire rassurant.
- Viens.
Il commença à avancer parmi les ruines du château, avant de sortir hors de l’enceinte, aidant galamment la jeune fille quand elle en avait besoin. Lui-même était plus que troublé, après tout, il n’avait jamais vu quelqu’un avec des yeux pareils… Avoir des yeux munis d’une telle particularité était rare, ici et ailleurs, et parfois déterminait l’élément auquel l’enfant serait le plus sensible… Bleu pour l’eau et la glace, marron pour la terre, vert pour l’air et parfois la nature en général, rouge pour le feu, bien que ce dernier soit des plus rare, gris pour la maitrise du métal et des armes, et ainsi de suite… Mais cet état de fait concernait seulement les magiciens. Et encore, pas toujours… Après tout, comme pour beaucoup de choses, cela tenait plus des légendes qu’autre chose… Mais ça expliquait pourquoi il était si rare de voir une personne aux yeux rouge orangé, et beaucoup plus courant de croiser des yeux gris ou marrons. Alors qu’elle, avec ses yeux de deux couleurs, avait sûrement une affinité avec deux éléments… D’après ces légendes. Même s’il restait à déterminer si elle était magicienne ou non. Il l’entraîna jusqu’à un coin d’herbe paumé, pas trop loin du château. Elle s’assit sur un rocher, ramenant ses genoux contre sa poitrine et les entourant de ses bras, fixant le garçon. Un regard franc, clair. Sincère. Elle ne souriait pas, à peine un mince étirement de ses lèvres au coin, dans un semblant de rictus. Elle le regarda fouiller dans des affaires qu’il avait apparemment abandonnées là avant de venir devant la porte. Avec curiosité, elle le regarda sortir ce qui ressemblait à une montre de sa besace, et l’enfiler à son poignet.
- C’est quoi ? - Tu loges où ?
Il répondait par une autre question. Haussant les épaules, elle se leva, se dirigeant vers l’auberge, se pressant tout de même. Passer la nuit dehors ne l’enchantait pas plus que ça et s’il y avait une possibilité de retourner se mettre au chaud sous sa couette, c’était avec plaisir qu’elle opterait pour ce choix. Entrant finalement dans l’auberge, elle grimpa silencieusement jusqu’à sa chambre, retrouvant avec plaisir son lit. Linhaël l’avait suivi, elle le regarda, intriguée.
- Tu ne repars pas ?
Il ne lui répondit pas. Peut-être qu’elle aurait dû se méfier, qu’elle n’aurait pas dû le suivre aveuglément. C’était presque sûr. Mais comment résister… Il l’intriguait, il détenait des réponses qu’elle cherchait. Il s’assit sur le lit, ouvrant sans gêne son cahier, tombant sur les notes qu’elle avait pris. Il fronça les sourcils, puis donna enfin une réponse à sa question. - Si. Mais tu viens avec moi.
Il avait son carnet dans la main, et alors qu’elle s’approchait de lui pour réclamer des explications, une lumière dorée les entoura, et Arawiel ferma les yeux tant cette clarté était aveuglante. Quand elle les rouvrit, sa chambre avait disparue.
---- Fin chapitre 3. Il a trainé un moment dans mon word... Le suivant est en cours. C.U. ~ |