D'aussi loin que je me souvienne, à chaque fois que ma sœur ramenait un mec à la maison, moi et mon père on le prenait entre quatre yeux et on lui flanquait la trouille de sa vie. Bon peut être pas de sa vie, mais on se débrouillait bien. Qu'est-ce que je m'éclatais dans ces moments-là ! Les pauvres n'osaient plus la larguer quand elle devenait trop chiante. Parce qu'Emilie EST chiante. Surtout avec ses petits amis ! Elle leur téléphone toutes les heures, les harcèle de textos, est d'une jalousie maladive ... C'est trop marrant de les voir endurer ça jusqu'à ce qu'elle en ait marre.

Enfin bref, je disais donc que dès qu'elle arrivait et nous disait avec un grand sourire " Je vous présente Machin-truc, C'est un ami à moi ... " On savait de suite ce que ça signifiait. Alors on le coinçait dans le couloir et on le prévenait qu'il devait ne pas lui faire de mal sous peine de mourir dans d'atroces souffrances ... entre autres. Ça marchait à chaque fois ! ... Enfin presque.

Puis il y a eu Lui. Tout a commencé avec Lui.

Avant Lui j'étais maître de moi-même. Avant Lui je ne me souciais de personne. Avant Lui j'étais hétéro. Avant Lui je n’avais jamais aimé.

Je m'en souviens comme si c'était hier, Emilie a débarqué dans la cuisine, un grand brun dans son sillage. J'avais toujours su garder mon sang froid. Et puis, je n'avais jamais regardé un mec. Enfin si, mais pas, pas comme ça. Mais là ...

Il avait les yeux gris. C'est la première chose qui m'a frappé. J'ai dû rester fixé dessus pendant au moins deux minutes. Très très subtil comme première approche y a pas à dire ! Puis mon regard a glissé sur le reste de son corps et j'ai soudain eu chaud. Trop chaud. Beaucoup trop chaud, pour un hétéro en tout cas.

Emilie nous l'a présenté, c'est un ami, qu'elle a dit. La jalousie ? Connaissais pas. Je n'avais jamais été jaloux, encore moins de ma sœur, mais tout m'est tombé dessus d'un coup, Le sang qui bout, la colère qui monte ... Je jure que je n'avais jamais eu autant envie de la frapper. Du moins pas depuis ses 10 ans. Et je ne savais même pas pourquoi. En plus j'étais sur de le connaitre, il me disait vraiment quelque chose mais alors quoi ?

Mon père était absent ce jour-là, je m'étais donc décidé a l'intimider tout seul. Je n'avais absolument pas prévu sa réaction. A la fin de mon joli discours, il n'avait toujours pas bougé, puis il a haussé un sourcil et m'a toisé du regard. Je doute d'avoir un jour été aussi mal l'aise. Il m'a fixé pendant quelques minutes puis a tourné les talons pour entrer dans la chambre de ma sœur. Outré, non mais pour qui il se prenait, je l'ai rattrapé.

Flash Back

" Eh ! Tu pourrais me répondre ! "

Il se retourne lentement et me fixe à nouveau. Je gigote, pourquoi y me regarde comme ça lui ?

" Je ne sors pas avec ta soeur "

Doux Jésus Marie Joseph ! Il a une voix d'enfer ! Si si je vous jure ! A damner tous les saints !

Et là je percute ce qu'il vient de dire. Allez savoir pourquoi, je me sens beaucoup mieux d'un coup. Devant mon manque de réaction, il se tourne à nouveau. Avant d'entrer il me lance

" Elle est beaucoup trop ... Féminine pour moi. "

Fin Flash Back

J'avoue que sur le moment je n’ai pas du tout compris ce qu'il voulait dire. Et que je suis resté comme un con planté dans le couloir. C'est ma mère qui m'a fait bouger en me demandant, très poliment, qu'est ce qui m'arrivait

" Ben alors Andrew ? Qu'est-ce que tu fous la ? T'as vu la vierge ou quoi ? "

Mais bon, c'est ma mère. Et on n'a pas la même définition de mot " poliment ". Je ne sais même pas si elle sait ce que ça veut dire. Bref. Je me suis tout de même décidé à retourner dans ma chambre. Et j'ai compris d'où je le connaissais. On était dans la même classe. Ou on avait au moins quelques cours en commun. Tom... Comment ne l'avais-je pas remarqué avant ?

??

Il venait de plus en plus souvent à la maison, Il mangeait même parfois avec nous. Je me sentais mal dans ces moments-là ! Il n'arrêtait pas de me fixer. Selon Emilie, il me dévorait littéralement du regard. Appréciez l'expression à sa juste valeur s'il vous plait ! Je suis beau. Je le sais. Mais moi, le tombeur de ces dames, troublé parce qu'un mec me regardait ... Ça n'allait pas du tout ! Fallait que je me reprenne, que diraient les copains sinon ? Et c'est dans cette optique là que je continuais donc à l'ignorer lors de nos cours communs. Et puis je n’avais pas encore compris. Je ne savais pas qu'il était gay jusqu'à ce qu'Emilie me le dise, en me traitant de crétin aveugle par la même occasion. Elle était trop féminine, je venais de comprendre.

Il se peut que j’aie une chance avec lui. C'est la première chose que j'ai pensé quand je l'ai su. Avant de me mettre une claque. Je n'étais pas homo !

Je l'observais donc très discrètement, enfin je le croyais, et je devais avouer qu'il me faisait plus d'effet que ma copine du moment. Frustré, je l'avais plaqué le jour même de cette constatation. De toute façon c'était qu'une conne. Deux jours après, il était venu plus tôt que d'habitude et Emilie n'était pas encore là. Bien élevé que je suis, si si je vous assure que je le suis, je l'avais fait entrer. Dix minutes plus tard, il m'avait coincé contre un mur de la cuisine et m'embrassait sauvagement. L'enfoiré qu'il était doué ! Pourtant toujours dans mon trip d'hétérosexuel, il a réussi à me faire réagir.

??

Flash Back

Il m'embrasse profondément. Je me détache de lui et halète

" Je... ne suis pas... gay "

Il se recolle à moi et glisse sa jambe entre mes cuisses. Il remonte son genou, heurtant mon entrejambe. Je gémis. Il bouge.

" Ha non ? "

" Nn... Naaaaah... nhuuum "

Fin Flash Back

Très convaincant n'est-ce pas ? Mais il a arrêté comme même. Zut. Il m'a embrassé une dernière fois avant de rejoindre Emilie, qui était rentré entre temps, je l'avais entendu. J'ai pas bougé pendant au moins vingt minutes. Waw, qu'est-ce qu'il venait de m'arriver ? Alors j'ai commencé à accepter l'idée que peut être, mais vraiment peut être, je pourrais être attiré par lui. Un tout petit peu. Silence Radio du côté des potes, pas question que je me tape l'affiche pour quelque chose d'incertain.

Du coup je n’avais personne à qui en parler. Je l'ai avoué à Emilie. Moi, qui ne voulait parler pour rien de monde de ma vie privée avec ma petite sœur, je lui ai confié le moment le plus ... intense de ma courte existence. Et je lui ai expliqué mes doutes. Et vous savait ce qu'elle a fait ? Elle m'a engueulé.

Flash Back

" Hey Emy ... "

" Hum ? "

" Tu sais, Tom ? "

" Ouais et ben ? "

" On s'est embrassés. "

Elle se redresse brusquement

" QUOI ? QUAND ? OU ? COMMENT ? "

" Euh ben hier quand il est venu te voir, dans la cuisine et ... Euuh tu veux vraiment que je te dise comment ? "

Elle éclate de rire

" Mais non idiot ! Mais comment ça se fait ? Je te croyais hétéro moi ! "

" Ben à la base, moi aussi. Mais lui ... Je ne sais pas c'est différent. Et puis techniquement c'est lui qui m'a embrassé. "

" Mais t'as répondu ? "

" ... Ouais. "

" Waaaa trop bien ! Et qu'est ce qui s'est passé après ? "

" Ben après il est partit. Parce qu'il a vu que j'étais complétement perdu. Je n’arrête pas de me poser des questions, tu sais. Tout le temps. Il s'en est rendu compte je crois."

Elle me file un claque derrière le crane.

" Hey !"

"Quand un mec aussi mignon que lui, ne le nie pas il est carrément beau, t'embrasse, tu ne réfléchis pas bon sang ! Tu fonces, tu savoures PUIS tu réfléchis. ENSUITE. Pas pendant ! Tsss non mais tu le fais exprès ? Faut tout leur apprendre de nos jours !"

Fin Flash Back

Vous voyez le genre ? Alors j'ai essayé d'appliquer sa méthode " agir sans réfléchir ". Ça a été une catastrophe. Il a cru que je me foutais de lui et m'a envoyé bouler. J'ai failli pleurer, mais j'ai ma fierté faut pas abuser non plus ! Alors très dignement je lui ai tourné le dos et j'ai été horrifié de voir mes mains tremblantes. Non mais, ce n’était pas la première fois que je me prenais un râteau, alors pourquoi, pourquoi, cette fois ci ça faisait aussi mal ?