Le Chemin de Traverse. Auteur : hani Pyanfar. Tout est à Madame Rowling. Grâces lui soient rendues ! Chapitre 15. : Recours en grâces. Draco Malfoy était assis sur une chaise dure, dans une salle sombre où patientaient comme lui une quinzaine de personnes. Un Auror à l'air renfrogné était venu le chercher chez Florian Fortarôme, il était porteur d'une convocation immédiate pour la Cour de Justice et l'avait fait transplaner sans délai dans le Hall du Ministère, le laissant ensuite se débrouiller seul pour trouver le bureau sept au niveau dix, siège de la Justice Magique. La pièce était étroite et haute, éclairée seulement par quelques appliques aux bougies fumeuses. Au fond, on pouvait lire sur un panneau de bois : COUR D'APPEL et en dessous en petites lettres : Recours en grâces. C'était une salle d'attente assez lugubre. Celles et ceux qui étaient là auraient dû avoir l'air plus joyeux. Pourtant, ils semblaient angoissés, tendus. A croire que les fameuses grâces étaient plutôt rares. . Des couples assez âgés et plusieurs femmes dont l'une accompagnée de deux jeunes enfants, attendaient en silence que l'appariteur les appelle pour pénétrer dans la pièce voisine. La plupart en ressortaient avec les yeux pleins de larmes. Seule, la jeune mère avait eu le sourire. Elle était sortie très vite avec ses enfants, gênée peut-être d'être la seule à avoir eu une bonne nouvelle. La salle s'était vidée petit à petit. Cela faisait presque deux heures que Draco était là. Maintenant, il était seul, il passerait donc en dernier. Il se demandait vaguement pourquoi l'Auror l'avait fait transplaner si vite. Il avait à peine eu le temps de prévenir son patron. Mais il fallait surtout rester calme et ne pas indisposer les Juges en ayant l'air contrarié. Le jeune homme était habité à la fois par la tristesse et par l'espoir. Il avait appris par la Gazette la mort de son père. Sachant dans quel état celui-ci se trouvait après le baiser du Détraqueur, il en était presque soulagé mais tout de même, c'était son père, celui qui lui avait donné une éducation forte, l'ancien chef de la famille Malfoy, autrefois riche et puissante. Cet décès signifiait-il que sa mère allait être libérée de prison ? Il n'osait trop y croire mais il l'espérait de toutes ses forces. Le dernier couple sortit, la vieille dame était en larmes. Pas de grâces pour leur fils Mangemort sans aucun doute. L'appariteur appela : « Monsieur Draco Malfoy ! » en reniflant d'un air dégoûté et le jeune homme entra dans une petite pièce bien éclairée. Il se trouva face à trois personnes assises derrière une table recouverte d'un drap gris, encombrée de nombreux rouleaux de parchemin. Au centre, trônait un Juge en robe pourpre portant le M du Magenmagot . De chaque côté se tenaient deux autres sorciers sans signes particuliers, des assesseurs sans doute. Il n'y avait pas de siège pour ceux qui entraient là. Draco resta debout en s'efforçant de garder sur son visage un air aussi neutre que possible. Le seul nom de Malfoy avait fait grimacer deux des personnes présentes sur trois. Le Juge déroula un parchemin et sans aucune précaution oratoire, communiqua sèchement à Draco la nouvelle qu'il connaissait déjà. « Draco Malfoy, votre père, Lucius Malfoy, est mort à Azkaban il y a six jours. Comme il est maintenant d'usage en cas de décès d'un prisonnier Mangemort, son corps a été immergé à quelques encablures de la prison. Le certificat de décès officiel vient de nous parvenir. Veuillez lire le présent document et le signer, pour attester que nous vous avons bien communiqué la nouvelle. Sans manifester son émotion, Draco fit ce qu'on lui demandait. Quand il se redressa, il vit le coup d'œil qu'échangeaient deux de ses vis-à-vis. Il attendit, sentant déjà son cœur se serrer. Il y avait autre chose. Le Juge s'éclaircit la gorge et reprit : --Nous devons aussi vous donner des nouvelles de votre mère, Narcissa Malfoy. Voici une lettre qu'elle a eu la permission de vous écrire. Vous la lirez plus tard. Elle était jointe à un courrier que nous a envoyé Gidéon Slamander, le Directeur d'Azkaban, et qui la concerne. Par une mesure de grâce exceptionnelle ... Le juge se tourna vers l'assesseur de gauche et prit un air écœuré puis il continua : -- ... la prisonnière Malfoy devait être libérée après le décès de son mari, à la demande expresse de Harry Potter, notre Sauveur. --Il y a toujours des passe-droit, dit son voisin d'un ton méprisant. --Mais, enfin ! Vous êtes au courant des circonstances ! coupa l'assesseur assis à droite du Juge. Cette libération était tout à fait légitime ! Draco se sentait mal. Les mots l'atteignaient en plein cœur. Il se passait quelque chose de grave, il en était convaincu. Pourquoi cette discussion si sa mère était libre ? Le juge prit un parchemin sur la table, y jeta un coup d'œil et reprit : --Malheureusement, il y a un contretemps et ce n'est absolument pas la faute du personnel d'Azkaban. Après une entrevue avec le Directeur de la prison, la prisonnière regagnait sa cellule quand elle s'est trouvée face à un groupe de Détraqueurs ... Draco pâlit affreusement et vacilla. Il eut l'impression que tout son sang se figeait dans ses veines. Non ! Par Merlin ! Pas ça ! Pas le baiser ... ! -- ... elle a sans doute essayé de fuir, continuait le Juge sans paraître s'émouvoir. Personne ne sait ce qui s'est passé exactement. On l'a retrouvée blessée et sans connaissance au pied d'un escalier. Par chance ... Flash back : cinq jours plus tôt à Azkaban. Dans la tour est, les condamnés Mangemorts manifestaient en criant et en frappant leurs gamelles contre les barreaux de leurs cellules. L'immersion sans cérémonie d'un de leurs chefs, Lucius Malfoy, au large de la prison, avait servi de détonateur à leur colère et à leur frustration. Ils réclamaient depuis longtemps que les corps des prisonniers décédés soient incinérés et que les cendres soient remises à leur famille. C'était ainsi que cela se passait autrefois car les décès en prison était rares. Mais depuis la fin de la guerre, beaucoup de partisans de Voldemort avaient été condamnés à la prison perpétuelle et l'ancien Directeur avait décidé que, plutôt que l'incinération, l'immersion serait plus simple et plus économique. Gidéon Slamander n'avait pas encore pu revenir à la crémation. Le Magenmagot s'y opposait, craignant que le retour des cendres d'anciens Mangemorts ne donne lieu à des manifestations d'hostilité ou pire, de sympathie. L'immersion était une sorte de dernière vengeance envers les partisans de Vous-Savez-Qui. La manifestation prenait de l'ampleur. Le Directeur étant occupé avec Madame Malfoy pour les formalités après le décès de son mari, le Sous-Directeur avait voulu mater la révolte en faisant appel aux Détraqueurs. Il avait utilisé son sifflet spécial et les Noirs Esprits s'étaient répandus dans les couloirs de la prison en gémissant et en poussant des râles affreux. Terrorisés, les prisonniers avaient cessé de crier et de protester. Sur un second coup de sifflet, les Détraqueurs regagnaient leur cachot souterrain quand ils avaient rencontré Narcissa Malfoy dans un couloir. Elle avait couru et tenté de rejoindre son étage par les escaliers. Ceux qui la suivaient avaient abandonné la poursuite mais un autre groupe descendait justement par là et la prisonnière s'était retrouvée face à un nouveau danger. Elle avait fait demi-tour, mais en courant, elle avait trébuché et elle avait roulé de marche en marche jusqu'en bas, s'assommant et se blessant gravement dans sa chute. Une fois les Détraqueurs tous rentrés dans leur cachot, les Aurors de garde avaient fait une ronde et l'avait trouvée, bien mal en point, perdant son sang en abondance. Fin du flash back. « ... Par chance, continuait le juge d'un air impassible, devant un Draco au bord de la syncope, la prisonnière avait sur elle un talisman qui la protégeait des Détraqueurs. Aucun d'eux n'a pu lui donner le baiser de mort. --Il existe un talisman contre eux ? s'étonna l'assesseur de droite. Je l'ignorais, comme tout le monde, je pense. --Pourquoi croyez-vous qu'on interdise le courrier aux Mangemorts ? reprit le Juge d'un ton dédaigneux. Parce que les lettres sont des témoignages d'amour et que l'amour agit comme une sorte de Patronum. Les Détraqueurs ne peuvent approcher leurs proies d'assez près pour les embrasser ... --Vous n'auriez pas dû faire cette révélation devant ce jeune Mangemort, dit l'assesseur de gauche en fronçant les sourcils. Nous devrions jeter sur lui un sort d'Oubliette ! --Inutile ! Il ne parlera pas, sinon c'est Azkaban à coup sûr ! Et sans aucune protection !... Oui, Malfoy, le Directeur m'apprend dans son courrier que votre mère portait contre son cœur une lettre de vous et qu'à part ses blessures, elle n'a subi aucun dommage. La responsabilité de la Justice n'est donc pas engagée par cet accident. Cependant ... Draco reprenait peu à peu des couleurs. Mais la suite n'était guère plus réjouissante. -- ... Cependant, votre mère est intransportable. Elle reste donc à Azkaban jusqu'à ce que son état s'améliore. S'il s'améliore un jour ! Vous pouvez disposer ! Serrant sa lettre dans son poing serré, Draco quitta la salle des Recours en Grâces, suivi par deux regards malveillants et un autre compatissant. -- -- -- -- -- -- Il était onze heures du soir. Après le nettoyage et le rangement du pub, Draco s'était assis un moment sur un tabouret devant le bar. Pour la énième fois de la journée, il relisait la courte lettre que sa mère lui avait écrite avant d'être attaquée par les Détraqueurs. « Mon cher fils. Tu as sans doute appris le décès de ton père. Quoi qu'il ait pu faire, pense toujours à lui comme à quelqu'un qui t'aimait. Sois fort et courageux comme il t'a appris à l'être mais évite ses erreurs. Prends bien soin de toi. Ta mère qui t'aime. Narcissa Malfoy. » Ces quelques lignes étaient pour Draco un trésor précieux. Nul doute que ce parchemin lui aurait servi de talisman s'il avait rencontré des Détraqueurs ! Il y avait tant d'amour caché derrière ces phrases ! Il soupira et replia la lettre. Il avait fini son travail. Le pub était impeccable. Il était temps d'aller dormir. Soudain, des coups retentirent à la porte du Chaudron côté moldu. «Ouvre, Malfoy ! J'ai vu de la lumière, je sais que tu es là. La voix de Potter ! Il alla tirer les verrous. Cette ouverture donnant sur Charing Cross n'était pas fermée par un sortilège. Le Survivant entra. Il portait une cape de voyage et avait sur le visage un air déterminé. --J'arrive du Ministère, dit-il. Shacklebolt m'a appris ce qui est arrivé à ta mère. C'est un mauvais coup du sort. --Ce n'est pas ta faute, Potter, et je suis au courant de tout ce que tu as fait pour elle. Tu ne peux rien faire de plus. --Si justement. J'ai convaincu Kingsley d'appliquer pour ta mère le plan d'urgence. Quand un sorcier est gravement blessé loin de Sainte Mangouste, il est possible de le rapatrier grâce à un portoloin spécial. Il n'a jamais été utilisé pour Azkaban mais les gens du Ministère pensent que c'est possible. Quatre personnes sont volontaires pour le voyage. C'est le seul moyen. Draco sentit une bouffée de joie lui monter à la tête. Ainsi Potter était assez fou pour lancer en faveur de Narcissa Malfoy, épouse et mère de Mangemorts, une opération de sauvetage de la dernière chance ! Parce qu'il avait une dette de vie envers elle ! Satané Griffondor ! Il ne s'avouait jamais vaincu ! Toujours des bons sentiments et des grands principes ! --Est-ce que c'est dangereux ? demanda-t-il d'une voix un peu tremblante. --Peut-être un peu parce que le portoloin va survoler la Mer du Nord entre la côte et la prison. Il est programmé pour faire escale dans l'enclave sorcière de Thurso en Ecosse puis pour survoler les Iles Shetland où il pourra se poser en cas de besoin et enfin pour arriver sur l'aire d'Azkaban. C'est un employé du Département des Mystères qui l'a préparé. Un spécialiste en « Portus ». Le meilleur ! Il est du voyage avec un collègue. Pas de problème. --Et qui d'autre va se lancer dans une telle aventure ? Parcourir autant de milles par portoloin, c'est plus que courageux, c'est dingue ... Attends, ne me dis pas que c'est ... TOI ? --Oh ! dit Harry d'un air un peu gêné, j'ai déjà survolé la mer avec Dumbledore, ça ne me pose aucun problème. Non, le plus courageux, c'est Augustus Pie, un médicomage de Sainte Mangouste. Il a soigné tes blessures, paraît-il. Il est prêt à tenter l'aventure. Son rêve, c'est de voler comme les oiseaux. Il est ravi. Et puis la nuit est claire. Pas de vent, pas de tempête en vue. --Tu vas aller jusqu'à Azkaban ... pour sauver ma mère ... de nuit ? --Ben oui, mais ça doit rester secret. Il vaut mieux que les journalistes ne soient pas au courant. J'entends d'ici Rita Skeeter ! Passe-droit ! Privilèges ! ... Le Ministre ne doit surtout pas être mêlé officiellement à cette affaire alors qu'il est en pleine bagarre contre la corruption ! La mesure de grâce que j'apporte sera détruite par le Directeur de la prison. On dira que c'est un caprice du Survivant, que j'ai fait jouer mon statut de Sauveur. Pour une fois que ça servira à quelque chose ! Ces dernières paroles avaient été prononcées avec amertume. La victoire de Harry sur Lord Voldemort ne lui avait pas apporté que du bonheur. La jalousie, l'envie, le dédain de certains avaient un temps terni sa joie d'être vivant et libre. Mais c'était du passé ! Il poursuivait ses explications devant un Draco muet de stupeur. --Pour le retour, ta mère sera dans le portoloin. C'est une sorte de civière solide avec un couvercle transparent. Je ne sais pas qui a inventé ce truc mais c'est génial. On sera rentré demain dans l'après midi, je pense. Je te préviendrai le plus rapidement possible ... Ah ! Voilà une autorisation pour que tu puisses quitter le Chemin de Traverse sans ennuis. Tu auras deux heures pour aller chaque jour au chevet de ta mère. Tu devras passer du côté moldu, je n'ai pas pu convaincre les Aurors de te laisser utiliser seul la poudre de Cheminette. Je suis désolé, tu devras marcher ... Totalement abasourdi, déboussolé, Draco écoutait Harry lui donner des explications. Et ce Griffondor à la con, son ennemi de toujours, ce petit jeune homme mince et ébouriffé, enfin tout de même vainqueur du dernier des Grands Mages Noirs, se disait désolé parce que ... parce que ... --STOP POTTER ! dit-il d'une voix rauque. Tu as arrangé tout ça ... pour ma mère ... pour moi ? ... Mais pourquoi au nom de Merlin ? POURQUOI ? --Je ne sais pas, Malfoy. Ça me semblait ... évident .... puisque je peux le faire. --Non Potter, ce n'est pas évident. Personne d'autre que toi n'aurait eu une idée pareille. Ecoute ! Si tu réussis à sauver ma mère, je te le jure sur ce que j'ai de plus sacré, serment sorcier, je te serai à jamais redevable. Tu pourras me demander ce que tu voudras, je le ferai. Une dette pareille ne s'oublie pas ... Enfin, évite de me demander de crier « Vive Godric Griffondor ! » Ma voix se briserait ... Potter, tu es dingue mais merci, vraiment merci ! --Ça va, Malfoy, n'en fais pas trop. Tu ne me dois rien. Bon, j'y vais. On m'attend au Ministère. Donne le bonjour au miroir de ma part. » Il partit. Draco resta immobile de longues minutes avant de regagner sa chambre. Complètement sonné. -- -- -- -- -- -- Narcissa Malfoy mourut une semaine plus tard à Sainte Mangouste, au dernier étage, dans l'ancienne chambre de Harry Potter. Ses blessures internes étaient trop graves pour guérir et surtout, elle n'avait pas été soignée à temps. Si, le jour de son accident, elle était arrivée en urgence dans un service de réanimation, même dans un hôpital moldu, elle aurait eu une chance de s'en sortir. Mais à Azkaban, on avait simplement stopper l'hémorragie, ressoudé les os brisés et calmé ses multiples douleurs. L'infirmier était incapable de détecter une blessure non apparente et il n'y avait aucun médicomage sur place. C'était d'ailleurs une autre revendication des prisonniers. Le Directeur avait déjà fait plusieurs demandes. Elles étaient restées sans réponses. Draco passa les deux dernières journées au chevet de sa mère. Elle avait toute sa connaissance mais ils savaient tous les deux qu'elle était mourante. Florian Fortarôme avait donné congé à son employé. Etant le descendant d'une Italienne qui l'adorait comme le font toutes les « mamas », il savait que les liens filiaux pouvaient être très forts. La mère et le fils parlaient peu. Ils se regardaient, ils se souriaient, ils emmêlaient leurs doigts sur le drap blanc, ils partageaient un bonheur qu'ils savaient limité dans le temps. Ils ne demandaient pas plus. Harry avait obtenu facilement toutes les autorisations nécessaires. Il n'avait pas rendu lui-même visite à la mourante, ce n'était pas sa place, pensait-il, mais il avait tout fait pour qu'elle bénéficie des meilleurs soins et que son fils puisse venir auprès d'elle autant qu'il le voulait. La fin de vie de Narcissa fut donc paisible et heureuse. Elle s'éteignit doucement à la tombée du jour. Draco ne pleura pas. Il était préparé à cette éventualité. Il fit incinérer le corps de sa mère et Harry se chargea de porter l'urne dans le tombeau des Malfoy, situé dans le parc de leur manoir. Même si la demeure était sous séquestre, le monument funéraire restait la propriété inaliénable des anciens châtelains. On y grava côte à côte les noms de Lucius et de Narcissa. La noble famille Malfoy n'avait plus qu'un représentant, qui devrait se marier et avoir un fils pour que le nom perdure. Mais ce patronyme détesté du monde sorcier valait-il la peine qu'on le relève ? -- -- -- -- -- La vie reprit son cours. Un jour, le Grand Darius téléphona à Harry à son domicile londonien. On lui proposait une série de spectacles au printemps prochain dans un théâtre du Canada « ... avec en option un passage dans un show à la télévision ! » ajouta-t-il avec enthousiasme. Il voulait savoir si le jeune homme accepterait d'être son assistant comme il l'avait déjà fait auparavant. « Vous vous débrouillez très bien, mon jeune ami ! Vos petites interventions comiques ont bien plu au public. Vous avez l'étoffe d'un bon illusionniste. Venez ! Je vous présenterai à des collègues. Il y a même à Québec une école du cirque où vous pourriez prendre des cours pour vous perfectionner. C'est là que j'ai appris la base de mon métier ... Et puis ma femme serait tranquille, glissa-t-il à voix basse en souriant. « Pourquoi pas ? se disait Harry. J'ai bien envie de changer d'air et ce métier me plaît de plus en plus. On y fait des rencontres intéressantes et personne ne me connaît. Voyager, j'en rêvais quand je vivais chez les Dursley, dans le placard sous l'escalier. Le Canada ... c'est bilingue. Il faudrait que j'apprenne quelques mots de français ... Qu'est-ce qui me retient ici ? Le monde sorcier ? Non, j'ai fait pour lui plus que ma part. Pour les remerciements que j'en ai eus ! ... Ron et Hermione ? Ils sont heureux ensemble. Ron a pris sa vie en main. Hermione continuera certainement ses études après Poudlard. Ils m'ont beaucoup aidé et je leur en suis reconnaissant mais maintenant je ne veux plus être une charge pour eux. Je peux me débrouiller seul. Ginny ? Hum, ce serait un bon moyen de voir si nous tenons réellement l'un à l'autre ou plutôt si elle tient vraiment à moi. Je lui dirais que je pars pour quelque temps et qu'elle est libre de profiter de la vie. Une séparation est un bon test pour vérifier si des liens sont solides. Si elle m'aime toujours à mon retour, je l'épouserai pour avoir une vraie famille et des enfants. Comme le fera certainement Malfoy avec la fille Greengrass ! Malfoy, tiens ! Est-ce que je regretterai Malfoy si je pars à l'étranger ? Nous nous sommes pas mal rapprochés avec l'histoire de sa mère. Et puis il y a cette expérience que j'ai vécu avec lui quand il m'a ... touché ... embrassé ... Ce feu qu'il a allumé dans mon ventre ... J'aimerais qu'il recommence ... qu'il aille plus loin ... Je voudrais partir en étant sûr de moi, sûr de mon corps ... J'ai si peu d'expérience pour un jeune homme de mon âge ... Oui, je crois que je vais accompagner Darius dans son voyage. Ce sera un nouveau départ, une nouvelle vie. Je redécouvrirai le monde des Moldus. La magie, c'est à la fois trop facile et très difficile. C'est plus simple de l'autre côté de la barrière. Pas de sortilèges à craindre. Juste des trucs pratiques, qui marchent à l'électricité ou à l'essence pour les voitures ... Pas de complications ! Pas de prises de tête ! Vive les Moldus ! Enfin j'emporterai tout de même avec moi ma baguette magique ! On ne sait jamais ! -- -- -- -- -- -- Quelque temps après la mort de sa mère, Draco eut enfin de bonnes nouvelles. D'abord, une lettre de la Cour de Justice magique mit fin à son confinement sur le Chemin de Traverse. On lui rendait son statut de sorcier et on l'autorisait à acheter une nouvelle baguette magique, la sienne ayant été détruite comme celles de tous les Mangemorts. On lui confirmait que sa fortune et son château étaient définitivement confisqués et on lui conseillait plus ou moins de changer d'air jusqu'à ce que le monde sorcier l'ait oublié. Cette fois, ON ne s'était pas donné la peine de le convoquer dans les sous-sols du Ministère. Mais la lettre était officielle et portait le sceau du Magenmagot. C'était l'essentiel ! Cependant, les Juges devaient savoir que « le Mangemort Malfoy » ne pourrait pas jouir de sa liberté de sitôt ! Pour partir à l'étranger et surtout pour acheter une baguette magique, il fallait de l'argent et Draco n'avait que quelques gallions sur son compte. Il communiqua tout de même la nouvelle à Florian Fortarôme qui parut enchanté. « Mais vous allez pouvoir partir en Italie ! lui dit-il avec enthousiasme. Mes cousins Vicarelli sont moldus et pour apprendre le métier de pâtissier-glacier, pas besoin de baguette magique ! Mon petit-neveu doit venir me voir dans quelques semaines. Et si vous partiez avec lui quand il rentrera au pays ? Il sait ce qu'est un sorcier et il pourra vous aider à bien vous comporter dans un monde sans magie --Je n'ai aucune idée du prix de ce voyage et je suppose aussi qu'il faut de l'argent anglais et italien pour vivre. Je n'ai rien de tout cela mais si je continue à travailler pour vous .... --Hélas, mon jeune ami, je vais être obligé de mettre mon commerce en gérance. Je ne me sens pas la force de continuer plus longtemps mon métier. La prison m'a beaucoup diminué. Je n'y vois plus assez et le froid paralyse mes muscles. Les médicomages de Sainte Mangouste me conseillent de partir dans un pays plus chaud que notre bonne Angleterre. Je vais me retirer en Toscane où je possède une petite maison. --Je trouverai un autre travail. Tout le monde me connaît maintenant et personne n'a eu à se plaindre de moi. La boutique de chaudrons magiques ... --McTavish est un avare qui vous exploitera et vous payera de grands compliments et de petites noises ! Non, vous avez un don et vous devez le cultiver. Je vous avancerai l'argent du voyage. Une fois sur place, vous travaillerez pour les Vicarelli et vous apprendrez le métier en même temps. Je vous recommanderai à la famille. Ils seront contents d'avoir un nouveau sorcier à taquiner un peu. Quand j'allais en vacances chez eux ... --Monsieur, je ne puis accepter ... --Ta ta ta ! La question d'argent ne se pose pas. N'aimez-vous pas l'Italie ? --Heu ... Si sans doute ! --Parfait ! Je vous enseignerai l'italien, cela vous sera très utile ! Ah ! J'ai l'impression de retrouver ma jeunesse ! Le parfum des fleurs, le chant des oiseaux, les filles qui chantent et qui dansent ! Il faudra vous méfier ! Les garçons sont d'un naturel jaloux là-bas ! Pas question de trop papillonner avec les demoiselles ! ... Florian Fortarôme continuait son panégyrique de l'Italie et tout doucement Draco se laissait convaincre. « Côté filles, pas trop de soucis à se faire ! Je pourrai toujours prétendre qu'une fiancée m'attend au pays. A ce propos, maintenant que je suis libre, j'aurai peut-être l'occasion de reprendre contact avec les Greengrass. Astéria a dû retourner à Poudlard. En fait, il n'y avait pas vraiment de promesses entre nous. C'était une idée de nos deux familles. Mais c'était avant ... Enfin, de ce côté, rien ne presse. Ce sont plutôt les garçons qui m'intéresseront là-bas. Blaise Zabini, qui a de la famille à Florenze, disait toujours que les jeunes hommes y étaient magnifiques et plutôt portés sur le sexe. Hétéro ou homo, je ne sais pas, je devrai sans doute être très prudent ... N'y pensons pas à l'avance mais cette idée de partir à l'étranger me plaît de plus en plus. Pour ce que je laisserai ici ! ... Le nom de Malfoy peut-être ? Je me suis habitué à ce que tout le monde m'appelle par mon prénom ... Draco Black, comme l'ont suggéré les gobelins ... Finalement ça sonne bien ... Pourquoi pas ... en souvenir de ma mère ... A ce propos, avant de partir, j'aimerais aller sur la tombe de mes parents pour y faire une cérémonie de fin de deuil. Hmm ... Je ne peux pas transplaner tant que je n'ai pas de baguette magique. Je ne sais même pas comment aller dans le Wiltshire à la manière des Moldus ! ... Je pourrais peut-être demander à Potter de m'y emmener. En bon Griffondor, il ne demandera pas mieux. Hmm ... C'est vexant tout de même ! Non, ce n'est pas une bonne idée ... Potter ... J'aimerais le revoir avant mon départ. C'est fou l'effet qu'il m'avait fait ce soir-là, quand il m'a avoué qu'il était gay. Dire qu'il trouvait ça honteux ! J'espère que cette idée idiote est sortie de son petit cerveau de Véracrasse ... Non, je n'ai pas le droit de penser ça. Potter est finalement quelqu'un de bien même si je ne dirai jamais cette énormité à haute voix. Je voudrais ... quoi ? L'embrasser ? Le toucher ? Le caresser ? Mes mains ont gardé le souvenir de sa peau douce, d'abord fraîche puis brusquement si chaude ... Bon, pensons à autre chose ... Il faut que je passe à Gringotts. J'ai quatre gallions à mettre sur mon compte ... » A suivre. |