Le chemin de Traverse. Auteur : haniPyanfar. Je crois que Madame Rowling a un petit faible pour la maison des Weasley. Moi aussi. Chapitre 7 : Extérieur 2 – Le Terrier. Quatrième étage de Sainte Mangouste, chambre de Harry Potter. Il était minuit et il ne dormait pas. Il rêvait, à demi éveillé. Des souvenirs lui revenaient en vrac et ils étaient rarement bons. Le visite de Malfoy, l'après-midi. Une cérémonie en hommage aux morts et aux blessés de la guerre. Son « bureau » au Ministère. Sa maison, square Grimmaurd avec Kréatur pour seule compagnie. ... Ce jour-là, au Terrier où il avait découvert son « ignominie ». Et dans des temps plus anciens, la vision de Dudley et de sa bande se moquant de ce jeune garçon et allant jusqu'à le brutaliser sans que lui ose prendre sa défense. Étonnamment, ce n'était plus la guerre elle-même qui le préoccupait. Malfoy l'avait bien dit, cette époque était révolue. Elle s'était refermée avec la mort du Lord Noir. Pendant les six années qu'il avait passées à Poudlard, son esprit avait toujours été dirigé, plus ou moins consciemment; vers cet affrontement avec les forces obscures. Il était sûr d'y laisser sa peau La bataille avait eu lieu, il en était sorti vivant mais terriblement seul. Ron et Hermione étaient des amis fidèles mais ils s'aimaient d'amour et ce sentiment partagé l'excluait, lui, de leur monde. Bien sûr, c'était involontaire de leur part, mais en leur compagnie, il se sentait de trop. Les autres s'étaient dispersés. Neville vivait chez sa grand-mère, Augusta Londubat, qui était très fière de lui. Seamus était en Irlande et Dean voyageait en France. Luna restait auprès de son père, qui se remettait petit à petit de ses ennuis avec les Mangemorts. Il était question de relancer le Chicaneur. Les Weasley l'accueillaient volontiers au Terrier mais ils étaient en deuil. Georges pleurait encore Fred. Bill et Fleur avaient regagné leur chaumière aux coquillages. Charlie était en Roumanie. Et Ginny ... il avait essayé de se rapprocher de la jeune fille rousse, mais ça n'avait pas marché. Et c'était de sa « faute ». -- -- -- -- -- Après la victoire, quand il était sorti de Sainte Mangouste, il avait été un peu grisé par la gloire. Pour le remercier d'avoir sauvé leur Monde, les gens du Ministère lui avait offert une place de fonctionnaire. On l'avait pompeusement nommé « Chargé de la Reconstruction et de la Réconciliation ». C'était un poste honorifique. Il avait un bureau et un salaire élevé mais pas grand chose à faire. Assister à des réunions ennuyeuses et signer quelques paperasses, participer à des cérémonies diverses, serrer des mains, sourire aux gens qui se rassemblaient sur son passage, répondre à des interviews ... il l'avait fait avec de moins en moins d'enthousiasme. Car derrière les amabilités de circonstances, il avait rapidement décelé des pensées moins avouables. « Quoi ? C'était ça, le Vainqueur de Lord Voldemort ? Un petit jeune homme peu à l'aise en société ? Qui ne savait pas répondre spirituellement aux compliments et se contentait de rougir et de baisser les yeux ? Qui s'habillait trop simplement et ne fréquentait même pas un bon coiffeur ? Qui venait tout juste de faire soigner sa myopie par un sortilège de Bonne-Vue et semblait regretter constamment ses horribles lunettes rondes ? Ce Potter, de bonne famille du côté de son père, certes, mais dont la mère était Sang-de-Bourbe ? Qui avait été élevé par des Moldus et ne connaissait pas les bonnes manières des vieilles familles sorcières ? C'était ça le Héros du Monde Sorcier ? » Harry avait remarqué les sourires ironiques, les réflexions chuchotées derrière son dos, l'air supérieur que prenaient ses interlocuteurs au Ministère, le mépris, le dédain dissimulés sous des paroles aimables. Il en avait déduit logiquement que, maintenant qu'il avait fait ce qu'on attendait de lui, à savoir éliminer Voldemort, il n'était plus utile à grand chose. Certains devaient même regretter qu'il ne soit pas mort en même temps que son adversaire. Il en avait été très affecté et la dépression le guettait.. Il ne sortait de chez lui que pour aller à son « travail ». Pendant la guerre, les Mangemorts avaient pénétré dans la maison que Sirius lui avait léguée et ils y avaient laissé des traces de leur passage. Mais malgré les recommandations d'Hermione, Harry ne voulait pas déménager pour s'installer dans un appartement clair et moderne. « Tu pourrais même louer une maison chez les Moldus, lui serinait-elle. Personne ne te reconnaîtrait et tu serais tranquille ! » Mais la solitude serait la même, de chaque côté de la ligne séparant les deux mondes. Kréatur faisait ce qu'il pouvait pour lui rendre la vie agréable. Il nettoyait méticuleusement le petit salon et la chambre de son Maître. Il veillait sur les cheminées. Il cuisinait aussi, et heureusement, car Harry se serait facilement contenté de sandwichs et de bièraubeurres. Mais c'était tout ce que le vieil elfe pouvait faire. Les distractions étaient rares. Harry n'allait pas aux festivités sorcières et encore moins dans les lieux de plaisir moldus. Il aurait pu acheter une télévision ou une chaîne hi-fi mais tout ça ne l'intéressait pas vraiment. Il se sentait étrangement vide. Tout l'ennuyait. Ron venait parfois lui rendre visite mais il aidait son frère Georges et n'avait pas beaucoup de temps. Hermione passait le voir assez régulièrement mais contrairement à lui, elle prenait très à cœur son travail au Ministère. Elle s'occupait des dédommagements proposés aux familles qui avaient été victimes de la guerre, particulièrement des attaques de Mangemorts. Elle y mettait toute son énergie. La vie avait repris son cours pour presque tout le monde. Pas pour lui. Il lui restait la bibliothèque des Black mais elle était surtout fournie en livres de magie noire. Harry y avait découvert .par hasard un ouvrage consacré à la prestidigitation. Beaucoup de grands magiciens étaient en fait des sorciers qui avaient trouvé ce moyen pour bien gagner leur vie dans le monde moldu, ce qu'ils ne pouvaient faire dans leur milieu naturel. Fort heureusement, Harry ne supportait pas les alcools forts et il avait résisté à leurs sirènes . Plutôt que de sombrer dans l'ivresse, il passait beaucoup de temps à expérimenter les différents tours expliqués dans le livre. Il en inventait d'autres aussi et Kréatur était son unique spectateur. Beaucoup de dextérité, un peu de magie et l'illusion était parfaite. Mais tout cela ne remplissait pas une vie. -- -- -- -- -- -- La chambre d'hôpital était tranquille. Une veilleuse l'éclairait faiblement. Harry somnolait. Il se réveilla en sursaut. Le rêve ... le cauchemar plutôt ... était de retour. Il le hantait presque toutes les nuits. C'était à cause de « ça » qu'il avait décidé, un jour, d'en finir avec la vie. Il ne pouvait supporter la honte qui l'envahissait à chaque fois. . Pour un peu, cette nuit, il aurait abandonné ses bonnes résolutions et se serait de nouveau laissé glisser dans le désespoir. Mais il y avait Malfoy ! Malfoy et son arrogance ! Malfoy et son défi ! Malfoy qu'il comptait bien affronter dès qu'il serait plus solide sur ses jambes ! Il était en sueur et pourtant, il avait froid. C'était un triste et douloureux souvenir. Deux mois après la bataille, il y avait eu au Terrier la cérémonie de fin de deuil. Toute la famille était réunie pour un repas où chacun évoquerait en souriant le souvenir de Fred et où, tous ensemble, ils partageraient une dernière fois le chagrin de sa perte. Il était invité bien sûr. Il faisait presque partie de la famille. Hermione aussi était là, c'était la fiancée de Ron. Lui était assis à côté de Ginny. Il n'y avait encore rien d'officiel entre eux. Ils échangeaient des baisers et des caresses quand ils étaient seuls. Ils n'étaient jamais allés plus loin que des mélanges de salive et du pelotage de seins et de fesses. Ginny aurait voulu plus mais lui s'y refusait. Il était gêné quand leurs effusions se faisaient trop précises. Il ne savait pas pourquoi mais quelque chose n'allait pas. S'il s'était douté ! A Poudlard, ses hormones avaient bouillonné comme celles de tous les garçons de son âge. Il avait vu des couples se former et se défaire. A partir de la quatrième année, et même avant pour certains, tout le monde flirtait. Les filles se faisaient désirer et les garçons draguaient comme ils pouvaient. Il avait même eu connaissance de quelques « amitiés particulières ». Mais lui n'était pas un adolescent comme les autres. Il était destiné à un terrible combat et il n'avait pas beaucoup de temps à consacrer au badinage. En plus, il était timide et mal à l'aise avec les filles.. L'épisode Cho Chang avait été désastreux. Il en rougissait encore. Avec Ginny, c'était différent, il avait vraiment eu un coup de cœur pour elle. Elle lui apportait sa force et sa gaieté et lui donnait confiance en lui. Mais ses sentiments s'étaient affaiblis pendant cette année noire qu'il avait dû consacrer entièrement à la lutte contre Voldemort. Il avait essayé, vraiment essayé de renouer les liens avec elle mais il le sentait bien, quelque chose s'était brisé. Son cœur, son ... corps attendaient autre chose. -- -- -- -- -- Ce matin-là, ils étaient tous allés au cimetière de Loutry Ste Chaspoule où se trouvait le monument funéraire des Weasley et où reposait le corps de Fred. Harry avait remarqué dans les travées les pierres tombales des autres familles sorcières qui vivaient là : les Faucett, les Lovegood, les Diggory. Le nom de Cédric, tué par Queudver à la fin du Tournoi des Trois Sorciers, ressortait en clair sur ce dernier tombeau. Le cœur du jeune sorcier s'était serré. Tant de morts, tant de souffrances par la faute d'un seul homme qui voulait devenir le Maître du Monde ! Il s'était longtemps reproché d'avoir été la « cause » de ces drames. Puis la culpabilité l'avait quitté. Lui aussi était une victime, pas un bourreau ! Chacun avait déposé une fleur sur la dalle grise. Georges avait fait ce geste en dernier et il avait caressé légèrement la pierre en murmurant: « Adieu, frérot ». Il n'avait pas versé une larme. Au contraire, il avait souri. Il acceptait enfin de faire son deuil. Il ne reverrait jamais le visage facétieux de son jumeau mais les souvenirs chanteraient dans sa tête. Il restait une dernière cérémonie à accomplir. Après le repas, où les multiples farces des deux terribles de la famille avaient été racontées avec force détails, Arthur Weasley avait dit : « Il est temps. » Toute l'assemblée s'était levé et, dans un silence ému, le patriarche de la famille, grimpé sur un escabeau, avait ouvert la vitre qui protégeait le cadran de l'horloge. Toutes les aiguilles représentant les Weasley étaient regroupées sur « A la maison », sauf celle de Fred qui indiquait « Mort ». Arthur l'avait détachée, il était revenu dans le cercle de famille et il avait lancé l'aiguille en l'air en murmurant « Vadere ». Elle avait éclaté en minuscules poussières dorées qui avaient scintillé un court instant puis avaient disparu. Une seconde de silence, puis des applaudissements, d'abord timides puis vibrants. Dernier hommage. -- -- -- -- -- . C'était ce soir-là qu'avait eu lieu la « première fois » Tout le monde s'était réparti dans les différentes chambres du Terrier. Comme d'habitude, Harry partageait celle de Ron et Hermione celle de Ginny. Georges était seul dans celle qu'il occupait avant avec son jumeau car il y avait tellement de caisses diverses entassées partout que la place libre était réduite à peu de chose. Ron avait d'ailleurs annoncé au repas du soir qu'en accord avec son frère, il travaillerait dorénavant au magasin « Farces pour sorciers facétieux » et qu'il ne retournerait pas à Poudlard. Hermione faisait la tête mais elle ne protestait pas. C'était son choix, il était assez mature pour décider de son avenir. Bill et Fleur étaient restés au Terrier pour une nuit. Charlie s'était invité sans façon dans la précieuse chambre de Percy. C'était ça ou dormir dans la cabane à balais derrière la maison. Ce qui ne faisait pas l'affaire de Ginny qui avait donné rendez-vous à son petit ami dans cet endroit tranquille pour flirter, et plus s'il était enfin d'accord ! Harry avait prétexté un besoin pressant et s'apprêtait à la rejoindre. Ron ne dirait rien, il était au courant. Mais la foudre lui était tombée sur la tête quand il était passé devant la chambre de Percy. La porte était entrouverte. Les deux frères se chamaillaient, comme d'habitude. L'aîné était déjà en pyjama et Charlie était de dos, nu. Harry resta cloué sur place. La lumière était tamisée, elle faisait ressortir la peau blanche du jeune homme roux. Il était plus petit que ses frères mais son corps était ... parfait, juste parfait sous le regard fasciné de Harry. Les épaules larges balayées par la chevelure cuivrée, le petit dragon rouge et or tatoué sur l'omoplate gauche, la taille fine et les hanches étroites, les fesses fermes, les jambes nerveuses, les bras marqués de traces de brûlures ... Harry vit tout en un clin d'œil et un véritable incendie ravagea son corps avant de se concentrer brutalement dans son sexe. Bouche ouverte, respiration coupée, il était immobile, tendu comme un arc pointé vers une cible. Charlie ... Charlie était la proie ... la proie magique dont rêve tout chasseur. Il voulait le toucher, le caresser, coller son propre corps nu contre le sien ...Il voulait goûter sa peau, aspirer son souffle ... Il voulait sentir ses mains rugueuses sur lui ... Il voulait voir ses yeux rieurs se refléter dans les siens ... Il voulait baiser sa bouche gourmande ... Il voulait le Paradis et il entrait en Enfer ... Une marche craqua dans l'escalier et Harry retomba brusquement sur terre. Il se rua dehors et tomba à genoux, courbé presque jusqu'au sol. Il se mit à vomir, secoué de tremblements irrépressibles, attendant vainement un mieux qui ne venait pas. C'est dans cette position que le trouva Ginny, partie à sa recherche après une vaine attente. La rouquine poussa un cri, puis elle réagit rapidement. Elle passa un bras autour de lui et le portant à moitié, elle l'entraîna dans la cabane où elle le fit asseoir sur un banc. Elle courut à la cuisine et revint avec une potion contre les indigestions. Le soulagement fut immédiat. Harry ne souhaitait qu'un chose, regagner la chambre de Ron, se cacher sous les draps et étouffer de honte mais Ginny se cramponna à lui. « Reste, ce n'est rien, c'est déjà passé. Le repas de ce soir était trop copieux, je l'avais dit à ma mère ! Après toutes les émotions de la journée ... Là ... Ne bouge pas, chéri ... Je vais te chouchouter ... Viens contre mon cœur ... Il ne bat que pour toi ... » Elle avait ouvert sa robe et Harry sentait contre son visage les globes fermes de ses seins. La nausée lui revint. Il la repoussa avec force et se sauva à toutes jambes vers le petit bois où ils avaient joué au Quidditch, autrefois ... Il se jeta par terre et se mit à sangloter, enfin il ne savait plus si c'étaient des spasmes ou des sanglots. Cela dura longtemps. Il ne sentait pas la fraîcheur de la nuit l'envahir. Ce furent les appels de Ron et de Ginny qui le ramenèrent à la raison. Il se redressa en chancelant un peu et se dirigea vers eux. L'indigestion fut une excuse facile, acceptée par tous. Mais lui savait qu'il n'en avait pas fini avec son violent malaise. -- -- -- -- -- Il y eut « les autres fois », beaucoup moins violentes heureusement. Car l'épisode au Terrier semblait avoir fait sauter en lui un ... verrou. Désormais, les jeunes filles ne lui inspiraient plus que de l'indifférence et les dames plus mûres qui bavaient sur « le Héros de notre Monde » l'exaspéraient. Il regardait les hommes, enfin certains hommes, avec convoitise, il espérait juste que personne ne s'en apercevait. Ensuite, seul dans sa maison lugubre, il mourait de honte et de dégoût. Car si son corps acceptait, recherchait même, les sensations apportées par son orientation nouvelle, son esprit rejetait avec force toute idée d'homosexualité. C'était ... sale ... ignoble ... abject ... contre nature. C'était dégueulasse ! La « fois de trop » fut ce désir qui le prit subitement pendant une cérémonie en l'honneur des morts et des blessés de la guerre, dans l'Atrium du Ministère. Il y avait là un beau jeune homme, un Serdaigle si sa mémoire était bonne, de trois ans plus âgé que lui. Toute son apparence montrait qu'il était gay et Harry tomba immédiatement sous son charme. Il lui sourit, ils commencèrent une conversation amicale, faite surtout de souvenirs de Poudlard. Le jeune homme se rapprochait, souriait doucement. Puis il avança la main et frôla le bras de son interlocuteur d'une caresse légère. Il avait compris le message de son corps et donnait discrètement son accord. Mais Harry, l'esprit de Harry, se révulsa. Il recula, prit brusquement congé et quitta la cérémonie sur le champ. Seul dans le salon de sa triste maison, il sombra. Il se traita de tous les noms, les plus crus, les plus réalistes qu'il connaissait. Pédé ... Tapette ... Pédale ... Salaud ... étaient les plus aimables. Il attrapa une bouteille de Whisky Pur Feu et la but au goulot. Il tournait en rond et parlait tout seul. Kréatur tremblait derrière la porte et ne savait quoi faire. Enfin il s'écroula, ivre de douleur autant que d'alcool. Il se réveilla le lendemain, débraillé, allongé sur le tapis, tenant encore la bouteille à la main. Avec une terrible gueule de bois et des idées très noires. A partir de ce jour, il changea du tout au tout. Il avait déjà rompu avec Ginny après une dispute plus violente que les autres. Il donna sa démission de son poste au Ministère et se cloîtra chez lui. D'autant qu'une scène odieuse lui revenait quelquefois en mémoire. C'était pendant les grandes vacances. Il venait d'avoir quinze ans et il échappait comme il pouvait aux brimades de son cousin et de sa bande de connards. Ce jour-là, caché derrière les buissons du parc, il avait vu Dudley, Piers Polkiss, Dennis Malcom et Gordon Scott s'en prendre à Mark Evans. Le jeune garçon était timide et il n'aurait jamais osé se moquer de Dudley comme celui-ci le prétendait. Mais le gros blond avait sans doute envie de se défouler. Comme d'habitude, Polkiss et Malcom tenaient la victime et Dudley boxait. Mais ce jour-là, en plus, ils braillaient tous des insultes. Le jeune Mark était différent des autres garçons et malheureusement pour lui, ça se voyait. « Pédé ! Lopette ! Grosse nouille ! Pauvre type ! hurlaient-ils en le tenant par les bras tandis que les coups pleuvaient.. --Va te faire foutre, enculé ! avait ajouté Scott en faisant avec son majeur un geste obscène derrière les fesses du malheureux. Harry avait tout vu et n'avait rien fait. Il était resté immobile, le cœur au bord des lèvres. Bien sûr, il était inutile qu'il se montre et interpelle les agresseurs. Mais en plus, la ... différence ... du jeune garçon le gênait, comme si pour une fois, les coups étaient ... justifiés ... comme si c'était normal qu'on s'en prenne à lui ... comme si son apparence excusait les excès dont il était victime. Harry avait eu furieusement honte de ces pensées et il ne pouvait s'en défaire. Les choses se seraient mieux passées s'il avait pu, s'il avait osé se confier à quelqu'un. Mais il n'avait personne, absolument personne. Il était hors de question de parler de « ça » à Ron ou pire, à Hermione. Ses amis seraient écœurés par son comportement déviant. Dumbledore, Sirius et Remus étaient morts. L'Elu du Monde sorcier, le Survivant, le Vainqueur, le Grand Harry Potter était seul, complètement seul. L'idée du suicide fit doucement son chemin dans son esprit mais sa conscience le retenait. Il avait un dernier devoir à accomplir. Il se l'était promis quand il était sorti de Sainte Mangouste, deux semaines après la bataille. Il attendit. Le jour où il put enfin remplir sa promesse envers lui-même, il décida d'en finir. Il s'allongea sur son lit et se trancha les poignets avec un rasoir moldu trouvé dans l'ancienne chambre de Sirius. Il ne dut la vie sauve qu'à une visite inopinée d'Hermione et à sa rapidité de réaction. Ce jour-là, Lucius et Narcissa Malfoy retournaient à Azkaban après leur jugement et Draco était condamné à travailler sur le Chemin de Traverse pour gagner sa vie. Depuis, lui se morfondait à Sainte Mangouste, dans cette chambre pourtant agréable, à l'étage où on soignait les sorciers atteints de maléfices. L'homosexualité en était peut-être un ? Mais il n'avait pas dit son dernier mot ! Malfoy n'avait qu'à bien se tenir ! Quel insupportable petit péteux ! Et d'abord, pourquoi était-il libre et fier alors que lui ne tenait plus debout ! Sale petite fouine ! Ça ne se passerait pas comme ça ! Il allait ... Il lui dirait ... Il s'endormit enfin. -- -- -- -- -- C'était le matin. Draco jetait un dernier coup d'œil au bar du Chaudron. Tout était prêt pour l'ouverture, tables propres, chaises bien rangées, zinc impeccable. La bièraubeurre était prête, le jus de citrouille au frais. Il avait bien aligné les bouteilles de boissons pour dames : jus d'œillet, vin de sureau et soda cerise. C'était parfait, comme tous les jours. Draco aimait le pub quand il était vide et silencieux. Ce travail de préparation fait six matins sur sept lui plaisait. C'était tranquille. Pendant que ses mains s'activaient, il pouvait réfléchir. Aujourd'hui, il s'était demandé ce qu'il pourrait bien faire pendant ses dix jours libres, avant de commencer son nouveau job chez l'apothicaire. Peut-être devrait-il se présenter de lui-même dans les boutiques et demander s'il y avait du travail pour lui ? Tout le monde était au courant de sa situation maintenant. Et personne n'avait eu à se plaindre de son travail. Au contraire, tous ceux qui l'avaient employé lui avaient fait des compliments. Il y avait le magasin d'accessoires de Quidditch. Ce serait agréable d'y faire un petit stage. Ou la librairie Fleury et Boot.. Ou Florian Fortarôme, le glacier qui faisait aussi salon de thé. Oui, c'était une bonne idée. Il irait dans la matinée proposer ses services. Il n'y avait aucune honte à gagner sa vie en travaillant. Ah ! Ce n'était pas ce petit crétin de Potter qui devait se casser la tête et autre chose pour vivre décemment ! Enfin, il avait rempli son contrat pour Granger. En échange, elle trouverait bien un moyen pour qu'il puisse correspondre avec sa mère ! Elle était maligne, la Griffondor ! Il l'avait sous-estimée autrefois ! Et soudain ... était-ce parce qu'il venait de penser à Potter ? ... il fut entouré de quatre Aurors qui avaient transplané directement dans le bar du Chaudron. Ils pointaient sur lui leurs baguettes magiques, comme s'il avait eu la moindre possibilité de leur échapper. Il y avait les deux abrutis de Sainte Mangouste, un autre jeune et un plus âgé qui devait être leur chef. «Draco Malfoy ? demanda ce dernier d'une voix rude. --C'est moi, répondit-il en pâlissant. « Merlin ! Ma visite à Potter ! Ils sont au courant ! » --Au nom de la Justice Magique, je vous arrête. --Pour quelle raison, s'il vous plaît ? demanda-t-il le plus calmement possible. Ne pas oublier d'être très poli avec ces gens-là, ça je l'ai appris à ... là-bas. --Pour complot contre le Ministère de la Magie et association de malfaiteurs. --Mais je n'ai rien fait ! --Pas de rébellion, Malfoy. En route ! --Laissez-moi au moins prévenir mon patron ! Tom ! Tom ! cria-t-il. --Que se passe-t-il, Draco ? fit celui-ci en entrant dans le bar. --Ils m'emmènent ! Prévenez Hermione Granger, je vous prie. --Pas tant de manières, serpent, lança un des Aurors qui voulaient l'arrêter à l'hôpital. Nous avons des preuves. Ce soir, tu dormiras à Azkaban avec tes amis Mangemorts. Je le savais, moi, que ta soi-disant blessure était un prétexte ! On a bien fait de te surveiller ! --Taisez-vous, Evrard ! Nous l'interrogerons au Ministère. Allons-y, Malfoy ! Si vous êtes innocent, vous n'aurez aucun mal à le prouver.» Rien n'était moins sûr. Ils l'attrapèrent par les bras et ils tranplanèrent. A suivre. |