Le Chemin de Traverse. Auteur : haniPyanfar. Chapitre 9 : Première confrontation. C'était son dernier jour au Paradis du Quidditch. Draco était content. Tout s'était bien passé. le travail ne manquait pas et il avait eu des clients de toutes sortes. Il était fier d'avoir vendu deux balais de compétition, un Eclair de feu et un Nimbus, à des joueurs professionnels, anciens Griffondors de surcroît ! Ils l'avaient même félicité pour sa connaissance de leurs performances respectives. C'était très bon pour sa réputation et aussi pour sa prime. Il avait ravi un collectionneur en lui dénichant dans l'atelier de réparation un vieil altimètre de Brossdur, datant d'avant l'autre guerre. Ça ne lui avait rien rapporté mais le vieux Monsieur était un ancien Serpentard qui en avait eu les larmes aux yeux et lui avait serré les mains avec effusion. Avec malice, il avait souri à un gamin horriblement riche et horriblement gâté et il avait persuadé ses parents, Pouffsouffles parfaits, de lui acheter, très cher, la figurine de Viktor Krum, datant du dernier Mondial de Quidditch. Le père voulait celle de « Harry Potter, l'attrapeur de Griffondor ». Elle n'existait pas et Draco en était bien content mais il avait prétendu que « le magasin était en rupture de stock ». Et puis, il y avait eu le premier match de l'après guerre entre les Canons de Chudley et les Tornades de Tutshill, avec les ventes d' écharpes, de fanions et de cornes de brume. Une aubaine pour la boutique et ses vendeurs ! On pouvait de nouveau fréquenter les stades en toute tranquillité. Donc, la vie normale avait bien repris son cours. Piet Chambers était passé au moment de la pause du déjeuner et il leur avait raconté les trois jours de fête du mariage. ... La mariée, sa cousine au troisième degré, une blonde imposante aux yeux bleus et à la poitrine opulente, dans sa somptueuse robe blanche ornée de mille perles. ... Le marié, très mince, bien raide dans son costume de velours couleur lie-de-vin, qui avait dansé comme un diable toute la nuit avec sa nouvelle épouse. ... Les mille invités, venus de toute l'Europe ! Sans compter la dizaine de demoiselles d'honneur, toutes plus mignonnes les unes que les autres, qui l'aguichaient, le bécotaient, lui faisaient mille propositions aimables ! Il aurait pu trouver une fiancée, comme il était d'usage à chaque mariage pour au moins un des invités, mais il aimait trop sa liberté pour ça ! La fête avait lieu dans un château illuminé de milliers de bougies flottantes ! Avec plusieurs repas succulents par jour et des spécialités françaises bizarres ! Pourquoi avait-on servi de la soupe à l'oignon gratinée – brûlante et délicieuse par ailleurs ! - à six heures du matin ? Non, il n'avait pas mangé d'escargots ou de cuisses de grenouilles ! Pauvres bêtes ! Et puis les bals, avec trois orchestres différents pour contenter les sorciers de tous âges ! Les jeux, les farandoles, les rires, la folle insouciance d'un pays qui n'avait pas connu les rigueurs de la guerre ! Et tout ça sans attirer l'attention des Moldus du village voisin ! On disait dans le pays que le château était hanté, les gens avaient l'habitude ! Il en rajoutait sans doute un peu mais il racontait bien et savait faire rire. Après son départ, la boutique avait semblé tout à coup bien calme. Les clients viendraient plus tard, en fin d'après-midi. Pour le moment, ils n'étaient que deux, un pour Flint, un pour lui. C'est alors qu'au travers de la vitrine, Draco l'avait aperçu. LUI ! « Merde ! », c'était tout ce qu'il avait eu le temps de penser et déjà la porte s'ouvrait avec un léger tintement. -- -- -- -- -- Harry était sorti le matin même de Sainte Mangouste, contre l'avis des médicomages qui trouvaient que c'était un peu trop tôt. Mais il en avait marre de sa chambre d'hôpital ! Il avait envie de marcher, de respirer l'air du dehors, d'être libre. Il revivait et c'était si bon ! Il ne faisait même pas attention au ciel gris d'automne ! Il avait envie de voir du monde ! Ça, pour voir du monde, il en avait vu ! Il se promenait sur le Chemin de Traverse et les passants semblaient ravis de le revoir. Ils lui souriaient, le saluaient au passage. Doris Crockford lui avait demandé de ses nouvelles, deux fois, en bégayant un peu. Des gamins lui avaient même réclamé un autographe ! C'étaient tous des sorciers ordinaires, des gens simples, ceux qui l'avaient soutenu en secret pendant la guerre mais qui étaient trop faibles pour se battre. Ils avaient eu foi en lui. Ils n'avaient rien à voir avec les péteux du Ministère ou les hypocrites qui le flattaient par devant et se moquaient de lui par derrière. Harry était vraiment heureux de revoir des sourires sans malice. Il se sentait plutôt en forme. Bien sûr, il était encore pâle et maigrichon mais il ne garderait pas de séquelles de sa dépression, bon, disons-le franchement, de sa tentative de suicide. D'ailleurs, les cicatrices blanches sur ses bras avaient presque disparues. Non, c'était fini, cette période noire. Il avait envie de vivre, de sourire aux gens, d'être aimable. D'autant que sa puissance magique était de retour ! Il avait récupéré sa baguette, non pas la Baguette de Saule, la Relique de la Mort, beaucoup trop dangereuse, mais l'ancienne, en bois de houx avec une plume de phénix. Elle avait été cassée quand lui et Hermione avaient été attaqués par Nagini, mais il avait pu la faire réparer par la suite. Elle lui donnait de la force. Et elle le faisait sourire. A l'hôpital, il s'amusait à reproduire de nouveau les tours de prestidigitation, appris grâce au livre de magie des Black. Il pourrait peut-être en faire sa profession ! ... Chez les Moldus, s'entend ! Chez les sorciers, il ferait rigoler les enfants en bas âge ! Il aimait prendre sa baguette en main, la faire tourner entre ses paumes. Il sentait sa chaleur, la douceur de son bois. Elle rayonnait, elle vibrait pour lui. C'était son amie, sa compagne fidèle. Maintenant qu'il l'avait retrouvée, il ne l'abandonnerait plus jamais pour s'enfoncer dans la mélancolie. Elle était sa joie et sa lumière. Que c'était bon d'être un sorcier libre et heureux ! Et à propos, Malfoy avait-il de nouveau une baguette magique ? Celle qu'il lui avait piquée au Manoir avait explosé le jour de la bataille. Il aurait dû se renseigner un peu mieux auprès d'Hermione. Elle lui avait dit que son cher ennemi n'était pas retourné à Azkaban après son procès mais elle n'avait pas insisté là-dessus, elle avait même détourné rapidement la conversation. De toute façon, Malfoy était libre puisqu'il était venu le voir à Sainte Mangouste ! Un petit séjour en prison ne lui avait certainement pas fait de mal. Harry avait encore en travers de la gorge le guet-apens de la Salle sur Demande. Evidemment, son père avait reçu le Baiser du Détraqueur, mais c'était un assassin aux ordres de Voldemort. Il devait s'y attendre ! Pourquoi Malfoy lui avait-il donné rendez-vous au Chaudron Baveur ? Qu'est-ce qu'il voulait ? Reprendre leurs joutes puériles comme au temps de Poudlard ? C'était ridicule ! Non, ce sale petit Serpent voulait juste le narguer. Il avait dû lire le récit de ses malheurs dans la Gazette du Sorcier ! Et il s'en était certainement réjoui, l'empaffé ! Ah, c'était sûrement pas lui qui aurait déprimé après la bataille ! Harry était un peu honteux de sa faiblesse passée. Evidemment, il restait « l'autre problème », mais ce n'était pas insurmontable. Il avait un peu discuté avec le psychomage de l'hôpital, sans trop insister, et le jeune guérisseur avait eu l'air de trouver ça normal. Il faudrait qu'il lui en parle de nouveau, à l'occasion. Une mauvaise passe au début d'une vie d'homme sans doute. Car il se sentait nettement plus sûr de lui, maintenant. Les erreurs passées avaient ceci de bon qu'elles vous ouvraient les yeux sur la valeur de la vie. En sortant de Sainte Mangouste, il prenait un nouveau départ. D'ailleurs, aucun doute là-dessus, Malfoy ne l'attirait pas sexuellement. Trop mince, trop blond, trop chiant aussi ! Et puis, il ne l'impressionnait plus avec ses manières de fils de riche ! Maintenant, lui aussi portait des habits élégants et même ses sous-vêtements venaient d'une maison renommée ! D'accord, il avait donné carte blanche à Hermione pour toutes ses emplettes mais demain, il ferait aussi bonne figure que le petit con qui l'avait défié ! Il avait préparé toutes ses phrases dans sa tête, bien moqueuses, bien mordantes ! Il aurait réponse à tout et il lui clouerait le bec, au classieux de service ! Sans s'énerver ! Sans rougir ! Il lui ferait ravaler ses plaisanteries de mauvais goût ! ... « Tu es amoureux de quelqu'un de l'autre bord ! » Ça, il allait le payer, le Malfoy à sa mère ! Il s'en rappellerait, du Potty en voie de disparition ! Elle allait ramper, la vipère ! Et bondir, la fouine ! Tout en jetant un coup d'œil aux vitrines prometteuses, Harry ruminait sa vengeance. Et elle serait terrible ! Mais pourquoi pensait-il toujours à Malfoy ? ... Malfoy ? Malfoy ? ... Là, dans le magasin d'accessoires de Quidditch ? ... Malfoy, discutant avec un client et lui montrant quelque chose sur un présentoir ? Malfoy, VENDEUR dans une boutique ? « Merde ! » Ce fut tout ce que Harry eut le temps de penser avant que son obsession personnelle ne lève les yeux et ne l'aperçoive à travers la vitrine. Ils se regardèrent avec stupeur ... Et parce qu'il était justement en train de mijoter sa revanche, Harry poussa la porte et entra dans le magasin. -- -- -- -- -- Le client de Draco paya et sortit sans remarquer l'ambiance tout à coup électrique. Le sorcier qui discutait avec Marcus reconnut Harry et se précipita vers lui pour lui serrer la main. Il partit sans rien acheter, l'air un peu ahuri. La boutique était vide. Flint eut un trait de génie. D'un sortilège, il boucla la porte et s'en alla dans le bureau du directeur pour le mettre au courant de la situation. Tous les anciens de Poudlard connaissaient les différends qui opposaient Serpentards et Griffondors. Potter et Malfoy avaient cinq minutes pour discuter, sans démolir le magasin si possible. Le silence s'installa. Harry faisait semblant de s'intéresser aux balais. Draco lui tournait le dos. Il ferma un instant les yeux, respira un bon coup et se décida à parler le premier. La meilleure des défenses, c'est toujours l'attaque. « Potter ! Tu ne sais pas compter jusqu'à sept ? Tu es en avance ! Nous n'avons rendez-vous que demain ! --Au Chaudron Baveur, Malfoy ! Pas au Paradis du Quidditch ! Qu'est-ce que tu fous ici ? --Je travaille, Potter ! Je gagne mon pain à la sueur de mon front ! Ce n'est pas ton cas, j'imagine. Pas trop dur, le métier de Vainqueur du Lord Noir ? --Ça me rapporte plus que ton ancien boulot de Mangemort en tous cas ! Où est passé le riche et orgueilleux Malfoy ? --Il est sous tes yeux Potter, sans le mot riche évidemment ! Mais j'ai gagné en réputation. Je suis très fréquentable. Tout le monde m'appelle Draco maintenant ... Il montra du doigt une épinglette portant son prénom, accrochée sur sa poitrine; Harry était surpris. La situation le déroutait. Il ne s'attendait pas à ça. Il en était resté à sa vision d'un Serpentard dédaigneux et arrogant et il se retrouvait face à un jeune homme, encore sarcastique bien sûr, mais fier avec dignité. Il voulut contre-attaquer et reprendre l'avantage. --Naturellement, c'est plus joli que ta Marque des Ténèbres ! Le Serpent qui siffle sur ton bras ne fait pas fuir les clients ? --Hé bien non, Potter ! Les dames m'adorent, les petits enfants me font des risettes et les messieurs sont tout fiers de pouvoir côtoyer un méchant Serpentard sans aucun danger. ! Je suis très connu sur le Chemin de Traverse ! On me réclame partout ! Et toi ? Tu es sorti de Sainte Mangouste pour vérifier ta cote de popularité ? Harry rougit brusquement et ses yeux se mirent à briller dangereusement. Il fit un mouvement vers sa baguette magique. A ce moment, Terence Davies, qui avait suivi une partie de l'échange depuis la porte de son bureau, s'avança vers eux, les mains tendues en signe de bienvenue. --Monsieur Potter ! Quelle bonne surprise ! Je suis ravi de votre visite ! Avez-vous l'intention d'acheter un nouveau balai de compétition ? J'ai entendu dire que les Frelons de Wimbourne vous avaient offert le poste d'attrapeur dans leur équipe professionnelle. Marcus peut s'occuper de vous si vous voulez. --Mais pas du tout, Monsieur ! reprit Harry d'une voix enjouée. Ce ... vendeur ... se débrouille très bien. En effet, j'ai eu diverses propositions. Voyons ... hem ... Draco ... vous connaissez mes goûts en matière de balais. Que me conseillez-vous ? Malfoy sourit. Un très beau sourire commercial. Puis il embraya d'un ton parfaitement maîtrisé, comme si ce petit crétin ne venait pas de le rabaisser en quelques mots : --Vous avez déjà eu un Nimbus et un Eclair de Feu, Monsieur Potter. Vous connaissez leurs qualités respectives. Chaque année voit la sortie d'un nouveau modèle encore plus performant que l'ancien. Evidemment, le prix augmente en proportion des améliorations mais cela ne doit pas être un problème pour vous. --En effet ! Je peux même m'offrir un balai de chaque sorte, un pour les entraînements et un pour les matchs. Mais n'avez-vous pas quelque chose de plus ... relevé à me proposer ? J'en ai assez, des engins ordinaires. --Si vous n'êtes pas trop pressé, vous pouvez attendre la sortie de l'Ultimas*, prévue pour le printemps prochain. Modèle très haut de gamme, avec anti-roulis et anti-brouillard intégrés. L'atelier de Glasgow va en commencer la production, uniquement sur réservation. Chaque balai est fabriqué à la main. Les cent opérations nécessaires sont effectuées par des elfes-ouvriers hautement qualifiés mais les finitions sont faites par des sorciers qui vérifient à la loupe le polissage du bois et l'implantation des brins un à un ... Un boniment accrocheur, débité d'un ton aisé ... Harry se laissait bercer par la voix enchanteresse et fut presque surpris quand elle s'arrêta. Il regarda Malfoy : un visage agréable sans plus, des yeux gris bleu peu expressifs, des cheveux clairs coiffés simplement, une attitude polie sans excès, le vendeur parfait. En tous cas, il ne lui faisait aucun effet particulier. --Je vais réfléchir, dit-il à son tour. Une décision comme celle-là mérite réflexion. Merci de votre amabilité. Au revoir ... hem ... Draco ... A demain quinze heures au Chaudron, ajouta-t-il à voix basse. Sauf si tu dois encore gagner ton pain à la sueur de ton front ... --Non, demain, je suis en congé. Tu peux compter sur ma présence, répondit Malfoy tout aussi doucement « Tu me le paieras avec le reste, Potter ! » pensait-il en voyant Harry sortir, sourire aux lèvres. -- -- -- -- -- Draco eut du mal à se remettre de sa confrontation inattendue avec son ennemi de toujours. Il lui resta jusqu'au soir une sorte de poids sur la poitrine. Le Balafré n'avait pas changé ! Toujours aussi désagréable ! Et dire qu'il l'avait trouvé presque attendrissant, maigre et pâle, sur son lit d'hôpital ! Putain de Griffondor ! La guerre ne lui avait donc rien appris ? Les épreuves ne lui avaient pas ouvert les yeux sur la chance qu'il avait de vivre et d'avoir un bel avenir ? Non ! Le petit imbécile s'était enfermé dans une bulle de désespoir et n'avait pas réussi à en sortir. Pire ! Il avait tenté de mettre fin à ses jours ! D'accord ! Il y avait pensé lui aussi, mais c'était quand il se voyait emprisonné pour toujours à Azkaban, avec la mort et la folie qui y régnaient ... Tiens ! C'était la première fois qu'il osait penser le mot « Azkaban » et évoquer l'horreur de ce lieu sinistre sans trembler. Preuve en était que lui était sur la voie de la guérison et pas ce sombre idiot qui venait le narguer sur son lieu de travail. Mais il fut réconforté à la fermeture de la boutique, quand son patron l'appela dans son bureau pour le payer et aussi pour lui faire des compliments. Ses bonus doublaient quasiment son salaire. Il allait avoir un peu d'argent devant lui. Il n'était plus aux abois comme le jour de son arrivée sur le Chemin de Traverse. Demain, il pourrait se moquer du Survivant et lui montrer que lui avait su réagir et se montrer à la hauteur du challenge ! Tuer un maléfique Lord Noir était un bel exploit mais prendre la vie à bras le corps chaque jour, ne pas se laisser abattre, vivre avec la tête haute, ce n'était pas mal non plus. Surtout quand on portait un nom aussi lourd que celui de Malfoy ! Il pensa tout à coup à sa mère. Que devenait-elle ? Il espérait de tout son cœur qu'elle avait dit vrai et que la prison des femmes était plus supportable que celle des hommes. Mais pour quelle raison, l'Auror l'avait-il traitée de folle ? Pourvu qu'elle reçoive sa lettre ! Il eut une surprise à la sortie du magasin. Pansy l'attendait, le sourire aux lèvres. Il comprit qu'elle avait quelque chose à lui annoncer et l'emmena prendre un verre au Chaudron. Ils s'installèrent dans le petit salon discret où il prenait ses repas et après s'être assurée par un « Confusio » qu'on ne pouvait les entendre, Pansy lui dit avec des étoiles plein les yeux : «J'ai des nouvelles de Théodore ! Elle l'aimait mais à la fin de la guerre, il avait disparu et elle se désespérait. --Il est en sécurité à l'étranger et il me demande de le rejoindre ! Tu te rends compte, Dray, il y a une filière qui s'occupe de faire sortir d'Angleterre les Serpentards qui n'ont pas de sang sur les mains. Je suis sûre que Grégory est libre lui aussi ... « Ainsi, l'Auror disait vrai, songea Draco. Il y a bien des gens qui aident les Mangemorts à s'enfuir. » -- ... J'ai reçu son message d'une façon étrange, continua-t-elle. J'ai été abordé près de chez ma tante par un homme que je ne connais pas. Il m'a donné un parchemin bizarre, de couleur verte, et il m'a dit de le lire très vite dès que je l'aurais déroulé. C'est ce que j'ai fait . Et dès que je l'ai eu terminé, il s'est évaporé comme si on avait jeté dessus un Evanesco. Et l'homme avait disparu aussi. Il avait sans doute transplané. --Pansy, tu devrais être plus méfiante. C'est peut-être un piège. Tu m'as dit que les Aurors vous soupçonnaient, toi, Millicent et Blaise, de contact avec des Mangemorts en fuite. Et si c'était une ruse pour démasquer un réseau de passeurs ? --Impossible, Dray ! C'est un Serpentard. Il connaît notre devise secrète, celle que nous seuls pouvons prononcer sans être foudroyés sur place. « Je rampe mais ne romps pas ». Il me l'a dite en me remettant le message. --Il était peut-être sous Imperium. --Je ne crois pas. D'ailleurs, la lettre ne me donne aucune indication précise. Je dois juste me tenir prête et un jour, je serai contactée pour un départ immédiat. Je ne peux emporter que très peu de chose, quelques objets dans un sac réduit par un sortilège, que je dois avoir toujours sur moi. Pas de papiers, pas de gallions, rien qui pourrait me faire reconnaître. --C'est louche, Pansy ! C'est trop beau pour être vrai. On veut peut-être t'extorquer de l'argent tout simplement. Combien te demande-t-on pour cette ... évasion ? --Rien, justement ! Je te rappelle que ma fortune est sous séquestre, je suis aussi pauvre que Weasley autrefois. A moins que ma tante ne paie pour être débarrassée de moi. J'espérais terminer mes études avec une bourse mais je préfère de loin retrouver Théo. Il me dit qu'il m'aime, tu te rends compte? Je n'y croyais plus. --Es-tu sûre au moins que le message vient de lui ? --Oui, j'en suis certaine. Tu sais que sa signature est particulière. On croit à un paraphe tout juste griffonné mais en réalité, le dessin dissimule deux lettres grecques, l'ovale barré de thêta et le triangle de delta. TD comme Théodore. Oh ! Dray ! Je suis si heureuse ! Je suis venue pour te dire adieu. Je ne sais pas quand je disparaîtrai. Tu gardes un secret absolu, n'est-ce pas ? --Tu as ma parole et j'espère que tu ne te fais pas trop d'illusions. Garde les pieds sur terre ! --Rabat-joie ! Moi, je souhaite qu'un jour, on te propose à toi aussi de partir d'ici. On se reverra peut-être. --Je n'abandonnerai jamais ma mère, tu le sais. Mais sois heureuse si tu le peux ! Que Merlin te protège ! Au revoir, Pansy ! -- -- -- -- -- Pendant que la jeune sorcière discutait de son avenir avec Draco, Harry se faisait copieusement enguirlander par une Hermione furax. « Tu es allé le provoquer au Paradis du Quidditch ? Tu as osé te moquer de lui parce qu'il doit travailler pour gagner sa vie ? Tu l'as traité comme un simple vendeur de balais ? Tu devrais avoir honte ! Tu sais ce qu'il a fait pour toi ? --A part me traiter plus bas que terre, non, je ne vois pas ! --Il t'a sorti de ton marasme, voilà ce qu'il a fait ! S'il n'était pas venu te voir à Sainte Mangouste, est-ce que tu aurais quitté ta chambre ? Est-ce que tu recommencerais à vivre normalement ? Est-ce que tu aurais récupéré ta force magique ? Non ! Alors, tu lui dois une fière chandelle ! --Je ne lui dois rien du tout ! Il est entré dans ma chambre par hasard ! --Certainement pas ! Les sortilèges de protection l'en auraient empêché ! Non, il a risqué gros pour te rendre visite. D'ailleurs, dès le lendemain, il a été arrêté par les Aurors et ils n'ont pas été tendres avec lui ! --Alors, si ce n'était pas pour se foutre de ma gueule, pourquoi est-il venu me voir ? --Il avait pour mission de te secouer les puces par n'importe quel moyen et il a réussi ! --Une mission ? Qui lui a demandé ça ? --Ron et moi ! Oui, Ron aussi ! Même s'il ne peut pas voir Malfoy en peinture, il est venu avec moi le supplier, oui, le supplier de t'aider ! Des mois que nous te regardions tous les deux t'enfoncer dans la déprime ! Des mois que je tremblais de te voir commettre une énorme bêtise ! --Et ça n'a pas raté ! ajouta Ron, profitant d'une pause de sa petite amie. --Heureusement que Kréatur m'a prévenue ce matin-là ! Il t'avais vu si désespéré ! Tu avais envoyé une lettre par ton hibou et puis tu étais monté dans ta chambre sans même avaler un morceau ! Ah ! Tu nous en as fait faire du souci ! --Hermione a raison, Harry, reprit Ron. Tu nous évitais. Tu nous parlais à peine. J'ai vraiment cru à un maléfice quand tu as été malade le jour de la cérémonie. On ne savait plus quoi faire. Ton médicomage disait qu'il te fallait une raison de vivre. --Et vous avez pensé à Malfoy ? Et il a accepté, comme ça, sans hésiter, sans se moquer du soi-disant Sauveur qui ne pouvait pas se sauver lui-même ? --Heu ... Hé bien ... C'est un peu plus compliqué que ça, reprit Hermione avec gêne. Je ne t'en ai pas parlé avant mais Malfoy est dans une drôle de situation. Il est privé de magie et assigné à résidence sur le Chemin de Traverse. Il est vraiment obligé de travailler pour vivre. C'est sa condamnation après son procès. --Il a été condamné ? Mais je le croyais libre comme son copain Zabini et ses copines Parkinson et Bulstrode ! --Tu n'es pas au courant de grand chose, Harry. Et tu te permets de juger les gens ! J'ai eu à faire avec Malfoy et il a bien changé, contrairement à toi. Oh ! Il fait toujours le fier mais je pense que la prison lui a mis du plomb dans la cervelle. Il a grandi, lui, il a évolué, et en bien ! --Pas comme moi, c'est ça ? --Le prends pas mal, Harry, reprit Ron, mais Hermione a raison. La gloire t'a un peu tourneboulé la tête. Mais quand même, je n'ai pas compris pourquoi tu as si brusquement changé, pourquoi tu t'es mis toutes ces idées noires dans la tête. Qu'est-ce qui s'est passé ? C'est à cause de Ginny ? Ou d'autre chose ? --Laisse tomber, répondit Harry en se sentant rougir tout à coup. Parlez-moi plutôt de Malfoy. J'ai rendez-vous avec lui demain. Qu'est-ce que je dois savoir et que j'ignore encore ? --Hé bien, depuis son procès, depuis le lendemain de ta tentative de suicide en fait, il loge au Chaudron Baveur. Il y travaille aussi pour payer sa pension et il a déjà eu plusieurs emplois de remplacement. Chez les Moldus, on dirait que c'est un intérimaire. Il bosse bien. Sérieux et tout. Il m'a vraiment aidé pour le chapitre de la guerre dans l'Histoire de la Magie. --Oui, reprit Ron. C'est pas pour lui jeter des fleurs mais il a montré du courage dans sa situation. Je n'aurais jamais cru ça de lui. Avec son père qui a eu droit au baiser du Détraqueur et sa mère ... --A propos de ça, Harry, pendant ton travail au Ministère, tu n'avais pas des réunions avec un groupe qui s'occupait des projets de loi sur Azkaban ? Il était bien question de supprimer définitivement cette sentence horrible ! Ça équivaut à la peine de mort chez les Moldus et tu sais que presque tous les pays civilisés l'ont abolie. --Oui, je travaillais avec trois Serdaigles et quatre Pouffsouffles plus âgés que nous. Ils avaient terminé leurs études de Droit Magique. On avait fait plusieurs propositions au Magenmagot. Je ne sais pas si elles ont été prises en compte. On était peut-être trop idéalistes. On avait en effet parlé des Détraqueurs. --Tu sais que ceux qui subissent ce châtiment survivent plusieurs semaines, parfois des mois, à leur supplice. Mais ils ne sont que des pantins sans âme. Il faut s'en occuper comme si c'étaient des petits enfants. J'ignore comment on les traitre à Azkaban mais ça ne doit pas être beau à voir. Evite d'en parler avec Malfoy. --Bon, dit Ron, assez discuté sur le sujet. Si on passait à table ? » Ils quittèrent le petit coin salon où ils prenaient l'apéritif avant de dîner. Tout en se dirigeant vers la kitchenette, Harry repensait à ce qu'Hermione lui avait dit. " Ainsi, Malfoy a changé, en bien. Il n'est plus aussi insupportable qu'au temps de Poudlard. Même Ron est d'accord là-dessus ! C'est dingue ! ... Il aidait son ami à mettre la table pendant que la jeune sorcière sortait un poulet rôti du four. " ... C'est vrai que je me laissais complètement aller avant que ce petit enfoiré ne vienne se moquer de moi à Sainte Mangouste ! Et ça a dû lui faire plaisir, mine de rien, de me voir si abattu ! Hermione s'attend peut-être à ce que je lui dise merci ? ... Il la remercierait plutôt pour le délicieux repas qu'elle avait préparé ! Il en avait l'eau à la bouche ! Oh oui ! La vie était belle ! " ... Et qu'est-ce que c'est que cette condamnation à la noix ? Ils sont cinglés à la Justice Magique ! Merde ! J'aurais pu éviter de l'agresser au magasin ! Quelle andouille je fais ! Mais je n'étais pas au courant ! Ce n'est pas ma faute ! Est-ce que je lui dois des excuses ? " Il réfléchissait tout en dégustant le dessert glacé au citron. Il s'était installé pour quelques jours chez Ron et Hermione. Le couple avait loué un appartement au-dessus de chez Madame Guipure, au deuxième étage, sous les toits. Ce n'était pas très loin de la boutique de Farces et Attrapes. pour Sorciers Facétieux où Ron travaillerait désormais. C'était petit mais tranquille. Pas de chambre d'amis mais cela n'avait pas d'importance. Harry dormirait sur le canapé convertible..Il avait l'intention de louer un studio meublé du côté moldu avant de s'installer dans une maison qui lui appartiendrait en propre, quelque chose de clair, de moderne, d'agréable. Une nouvelle demeure ... pour commencer une nouvelle vie ... " Pour me reprendre en main et devenir enfin adulte ? Comme Malfoy ? " A suivre. * Le balai Ultimas doit son nom à la grande Artoung qui le mentionne dans sa fic " Dans la peau ". Mes respectueux hommages à la Princesse Sérénissime des fanfictions. |