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au 31 Mai 21 :
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Là où le soleil saigne
Par TheMagician
Harry Potter  -  Romance/Drame  -  fr
4 chapitres - Rating : T (13ans et plus) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 3     Les chapitres     5 Reviews    
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3.

 

Disclaimer: Je ne possède rien. Mais je ne suis pas contre, hein!

 

Fond musical: « Viva la gloria », Green Day

 

Annonce : J'ai trouvé une bêta, et je la remercie. Merci Noémie, pour tes tes conseils avisés!

 

3.



Harry Adder n'aimait pas son nom. C'était un nom qui ne le représentait pas, tout simplement. Dur et rauque, avec une note légèrement serpentine, il glissait sur son palais avec une lenteur exaspérante qui plongeait le jeune homme dans un état presque éthylique, entre le ravissement malsain et le dégoût agacé. Harry Adder. Tellement loin de son identité de gamin naïf et curieux, au faciès fin et intelligent, tellement loin de Harry Potter, le Survivant, sur les épaules duquel pesait le fardeau de la sauvegarde du monde sorcier, tellement loin de ses nouveaux amis qu'il ne reverrait peut-être jamais, Ron Weasley le rouquin simple et rieur et Hermione Granger, la mademoiselle-je-sais-tout maternaliste et tendre. Le monde d'avant, avant le Miroir, lui serait peut-être à jamais inaccessible. Curieusement, cette idée ne lui causait qu'une peine légère, un souffle mélancolique formaté. Pourquoi aurait-il regretté les jardins impeccables de Privet Drive, ou Dudley l'homme-cochon, ou la tante Petunia et l'oncle Vernon? Et les épreuves, et Voldemort, et les trolls, et les chiens à trois têtes, pourquoi les aurait-il regrettés? Rien ne le rattachait au monde d'avant, si ce n'est quelques fils légers qu'il lui était facile de briser : un lieu, une personne, un souvenir. Mais ce dont il avait besoin, il l'avait : les yeux verts de sa mère et le briquet de son père. La cape. La maison brûlée. Voilà le plus important.

Harry resserra autour de ses frêles épaules son pull d'uniforme bleu marine. Il marchait dans les couloirs vides depuis près de deux heures, et la fatigue commençait à ralentir son pas. Il n'y avait rien à faire dans un château désert aux couleurs de Noël pour un enfant de 11 ans. Harry trouvait désespérément triste les guirlandes pendantes et la grande salle où résonnaient les cantiques. Il chercha des yeux un camarade de jeu potentiel. Mais rien ne troublait le silence pesant qui suintait des murs de pierre glaciale. Il se dirigea vers la bibliothèque et s'assit à une table, enfouissant son front dans ses bras pliés. Il était là depuis bientôt une demi-heure, à chercher comment sortir de cet état de paralysie comateuse, quand un bruit sourd lui fit lever la tête. Il se retourna; un garçon blond, dont le nez pointu était surplombé par de petites lunettes carrées, venait de poser violemment un livre sur un bureau non loin de là : sur sa poitrine, un insigne rouge et or qui le désignait comme étant Asturius Potter. Ravi, Harry trottina vers lui. Comme se serait amusant de parler avec un de ses lointains ancêtres! Il s'approcha. Asturius ne le remarqua pas tout de suite, absorbé par sa lecture. Harry se racla la gorge.

-Bonjour.

L'autre ne sembla pas l'entendre. Harry reprit, un peu plus fort.

-Bonjour. Je m'appelle...

Asturius le regarda, surpris, puis, le temps de jeter un bref coup d'œil à son écusson, l'interrompit.

-Je me fiche de savoir comment tu t'appelles.

Harry s'étonna de cet accueil pour le moins impoli et froid, et en fut blessé. Pourquoi, dans quelque époque que ce soit, les gens s'acharnaient-ils toujours à lui pourrir la vie?

-Ah oui?

Il inspira un grand coup, comme pour se donner du courage.

-Pourquoi donc?

Asturius le dévisagea longuement, semblant le considérer comme un demeuré profond.

-A ton avis, idiot?

Harry recula d'un pas.

-Je ne sais pas.

Et, expliquant :

-C'est pour cela que je te le demande.

Asturius ne parut pas satisfait par cette réponse, il faut le dire, assez logique. Rouge de colère, il se dressa sur ses pieds et contourna la table. Il saisit Harry par le col. Bien qu'il peinât à le soulever de plus de quelques centimètres, son poing appuyé sur la jugulaire de l'adolescent coupait le souffle à celui-ci, et l'empêchait de parler.

-A ton avis, idiot?

Harry geint.

-Arrêtez, vous me faites mal!

Asturius lui cracha une insulte au visage :

-Sale serpent!

Harry se rappela soudain de l'ineffable rivalité entre les deux maisons, et se sentit étrange d'être à la place d'un de ceux qu'il avait passé plusieurs mois à haïr langoureusement. Asturius finit par le reposer à terre. Harry entoura sa gorge de ses mains et se mit à se masser, doucement, sans chercher à riposter. Il n'était pas de taille, de toute façon. Il réessaya tout de même une approche :

-Je ne suis pas...

Encore une fois, l'autre le coupa avant qu'il n'ait pu finir sa phrase.

-Peu importe ce que tu n'es pas!

Il se rapprocha d'Harry, jusqu'à ce que leurs fronts se touchent presque. De loin, on aurait pu croire un jeune couple profitant des pièces vides pour s'embrasser sans témoin.

-Je sais ce que tu es.

Sa voix se fit grave, basse, menaçante.

-Tu es comme tous les Serpentards : lâche, fourbe, vil, menteur.

Il dérapa sur la dernière syllabe et sa phrase monta dans une gamme aigue, presque hystérique. Essoufflé, il éclata de rire. Mais son ton était resté le même; son rire était grincant comme un volet rouillé ou une porte hors de ses gonds, quelque chose qui avait perdu sa santé première et dérivait vers un stade de moisissure mesquine, gluante. Harry sentit l'hilarité empoisonnée du jeune homme s'infiltrer en lui et bondit en arrière, avant de s'insurger contre la discrimination dont il était, après en avoir été l'instigateur, la victime.

-NON! C'est faux! Je...

Il chercha les mots pour défendre sa nouvelle maison, mais rien ne vint. Il avait passé tant de temps à parler pour les accabler!

-Je...

Asturius ricana.

-Tu quoi?

Les poings serrés et le teint enflammé, Harry semblait perdu, déchiré dans un dilemme intérieur.

-Je ne suis pas comme ça!

Asturius répliqua aussitôt.

-Et pourquoi tu ne serais pas comme ça? Tu n'es pas un serpentard, peut-être?

Harry aurait aimé lui expliquer que non, il n'en était pas un, mais l'écusson sur son pull disait le contraire. Comment se défendre contre un bout de tissu?

-Je ne suis pas un menteur!

Asturius fit mine de se replonger dans son livre.

-Premier mensonge.

Harry aurait voulu pleurer de frustration.

-Je...

Agacé, l'autre le toisa avec dégoût.

-Ecoute, tu commences sérieusement à me les briser, là.

Il prit une minuscule inspiration, par le nez.

-Alors, tu dégages, ou je m'occupe de toi, OK?

Malgré la stature frêle de son aïeul, Harry ne faisait pas le poids, c'était évident. Pourtant -et plus tard, il se demanda quelle absurde impulsion l'avait poussé à faire cela-, exaspéré d'avoir été ainsi humilié, il leva son petit poing d'enfant et l'abattit de toutes ses forces dans la figure de son ancêtre. Ses jointures craquèrent en rencontrant la mâchoire d'Asturius. La tête de celui-ci partit en arrière, et un mince filet de sang se mit à couler de sa lèvre supérieure, qu'Harry semblait avoir fendue -à sa grande surprise, d'ailleurs-. Ce qu'il voulait, lui, le petit Serpentard autrefois Gryffondor, c'était seulement se débarrasser de ses questions, les chasser, et la violence électrisante qui s'était déversée dans ses veines quand il avait frappé Asturius était parfaite pour cela. Il aurait pu y prendre goût si la vague de culpabilité qui l'avait immédiatement submergé n'avait pas été si amère. De fait, il recula loin de la table, comme si s'éloigner pouvait minimiser son geste. Malheureusement, son ancêtre ne l'entendait pas de cette oreille. Tout en se massant le visage, il s'approcha de Harry, et, frémissant, cracha :

-Je crois que tu as choisi.

Harry n'eut pas le temps de frissonner. Un poing l'atteignit au creux du thorax, puis tout alla très vite. Il tomba à terre -s'était-il brisé le nez?- et, en essayant de respirer, s'emplit la bouche de poussière. Asturius s'agenouilla près de lui :

-Tu as encore envie de me frapper, minus?

Il se releva en posant ses mains sur ses genoux et commença à bourrer Harry de coups de pieds. Inerte, le jeune garçon essayait de faire abstraction de la douleur. Il avait déjà eu mal tant de fois... Il se concentra sur un point doré qu'il apercevait au fond de la salle. De la lumière, peut-être, où un objet en or... Pourquoi pas une bougie? Harry avait toujours eu une étrange fascination pour les bougies... Une talonnade plus vicieuse que les autres lui coupa le souffle. Quelle souffrance, par Merlin... Elle partait d'un endroit, et puis, comme une vipère, elle sifflait et venait se caler entre ses côtes, confortable, se lover au creux de son thorax infantile en lui retirant ses dernières forces... Harry savait qu'Asturius ne le tuerait pas. Mais quand est-ce que tout cela allait-il s’arrêter, enfin ? Il aurait pu se mettre à genoux et supplier, mais son agresseur ne lui en laissait pas le temps. Il continuait sans relâche, tout en murmurant une litanie d'insultes incompréhensibles. Le souffle lui manquait parfois, et il s'aidait de ses mains pour frapper l'autre en grognant. Harry s'imaginait ce qu'il éprouvait. Une vengeance. Une vengeance contre tous ceux qui l'avaient offensé, humilié, bourré de coups. Ainsi allait le monde. Asturius prétendait défendre un honneur imaginaire pour satisfaire ses propres frustrations d'adolescent capricieux et torturé. Qu'importait la maison, au fond! Ce n'était qu'une couverture. Et, dans le joyeux désordre de leurs joutes estudiantines, les élèves cachaient leurs propres revanches sous des flots d'ego mal placé. Les réflexions d'Harry furent stoppées net par un pied qui atteignit sa tempe. Projeté en avant, son visage heurta violement le parquet de la bibliothèque. Pourquoi personne n'intervenait-il? Avaient-ils peur, ou n'y avait-il personne? Une pensée effleura Harry, et il essaya au travers de ses yeux fermés d'imaginer une rangée de gryffondors goguenards en train de l'observer agonir. Et s'ils riaient? Peut-être. Une saveur âcre remonta dans sa gorge. Il se fit distraitement la réflexion qu'il devait être ouvert quelque part. Il essaya de le sentir. Il avait mal partout. Un tremblement agita sa main valide. Ah oui, la pommette. Il avait la pommette brisée. Cela mettrait sûrement des jours à guérir. Et il aurait une cicatrice, peut-être. Oh non. Comme si cette horrible forme d'éclair sur son front ne suffisait pas... La bile remonta d'entre ses lèvres closes. Peut-être qu'il allait s'étouffer. La lassitude en lui fut remplacée par un autre sentiment, à l'arrière-goût d'orange sanguine. La haine... On lui en avait souvent parlé, mais il n'avait pas imaginé que ce puisse être quelque chose de si libérateur et malsain en même temps. Il chercha au plus profond de son âme la force de se relever sur ses coudes. C'était presque un aphrodisiaque... Oui, quand il se relèverait, quand le chacal aurait fini sa basse besogne et nettoyé ses mains sanglantes, alors lui marcherait ainsi, la joue en sang, et il se vengerait. Ce serait bon. Il se figura que cela aurait un goût mielleux sur son palais, trop sucré, un peu écœurant. Mais ce serait bon. Et Asturius -qu'importe qu'il soit son ancêtre!- regretterait de lui avoir infligé cela. Harry Adder se recroquevilla sur lui-même. Attendit. Que cela soit fini. Une douleur lancinante déchira son épaule, puis plus rien.

 

-

 

Il ne reprit conscience que lorsqu’une mèche de cheveux blancs effleura sa blessure à la joue. La douleur fut aiguë, salée. Il cria. Une voix froide lui répondit :

-Tais-toi, idiot. Ce n'est pas en hurlant comme un veau qu'on égorge que tu retrouveras la santé.

La voix était féminine, dure, remplie d'arabesques acérées qui faisaient trembler le jeune homme à terre. Un bout de chaussure pointue le retourna sur le dos. Quelque chose craqua dans son dos. Il gémit. La voix reprit :

-On ne peut pas dire que cet imbécile de Potter t'ait fait de cadeau...

De qui parlait-t-elle? Potter? Mais c'était lui, Potter! Il voulut parler, mais seul un gargouillis de salive et de sang mêlés sortit de ses lèvres tuméfiées. Un rire bref et sarcastique échappa à l’inconnue.

-C'est ça.

Sans ménagement, elle le releva et lui agrippa le bras pour le soutenir. Harry siffla de douleur.

-Pauvre mignon, tu as mal, hein?

Elle raffermit sa prise sur lui et il trembla. Elle ricana.

-Ca t'apprendra.

Elle souffla sous le poids de son corps d'adolescent et continua en haletant légèrement :

-Fais honneur à ta maison, la prochaine fois.

Comment s'était-elle débarrassée de ce type? La question l'effleura mais il la repoussa dans les profondeurs de son esprit, en se promettant de la lui poser plus tard. Sa maison? Mais il avait juste voulu... lui parler... Il eut l'impression que sa pommette se déchirait. Une larme coula le long de sa joue et traça un sillon enflammé sur sa chair ensanglantée. Il vit le regard de la jeune fille se tourner vers lui et se poser sur la goutte. Elle renifla dédaigneusement, puis se détourna de lui et serra son poignet infantile jusqu'à lui arracher un geignement de bête blessée.

-C'est ça, pleure....

Et à voix basse, dans un murmure presque inaudible où perçait, en plus du mépris profond qu'elle éprouvait envers le jeune garçon, une indéniable et sale amertume, elle ajouta :

-Pendant qu'il en est encore temps.

Dans le fond de la salle, derrière un rideau de velours fané, un corps adolescent reposait, inerte, le front ouvert en une blessure indélébile où l'on pouvait deviner, tracé comme une promesse où une signature, un grand S aux bords de chair rosée.

 

-

 

Harry, dans un sursaut de lucidité étonnant, se rappela de ce merveilleux et acide sentiment qui l'avait assailli pendant sa presqu'exécution et sourit faiblement, les dents écarlates. La voix de sa sauveuse se fit lointaine, tout se brouilla encore une fois, et dans son esprit aux portes de l'inconscience il ne resta plus le temps d'une seconde que la haine brûlante, passionnée, celle-là même qui, plus tard, serait remplacée par un détachement cruel.

Harry Adder.

Ce nom n'était pas si mal, à bien y réfléchir.

 

To Be Continued ...

 

 
 
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