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Concours de Science-Fiction
Par Corriel
Originales  -  Action/Aventure/S-F  -  fr
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Rouge

Ma troisième participation au concours de science-fiction du salon IRC #nebuleuse. Ce texte a été terminé le 28 janvier 2007, c'est pour moi le plus réussis. Merci à Myschka pour sa correction. Pour ce concours on doit créer quelque chose à partir d'une actualité du monde de l'astronomie à choisir parmi un panel proposé. La nouvelle que j'avais choisi était "jeu de miroirs pour terraformer la planète Mars" : http://www.futura-sciences.com/news-jeu-miroirs-terraformer-planete-mars_10005.php

 

Rouge

Issu de la tribu des Ecailleux, Znorg le Brave est un guerrier qui ne connaît pas la peur. Depuis que le ciel était tombé il faisait de plus en plus froid. Aussi Zulta, le vieux chef aux articulations nouées par l'arthrite, envoya-t-il Znorg à la recherche des causes de ce phénomène qui restait incompréhensible. Pourquoi le ciel était-il tombé ? Les Dieux avaient-ils été mis en colère ? Pourtant on n'omettait pas d'atténuer leur colère par des sacrifices de Peaux-Lisses à chaque nouveau cycle.

Simplement vêtu d'un pagne en laine de scalps, armé de sa massue hérissée de pointes métalliques acérées, Znorg quitta un matin l'oasis de huttes sommaires qu'occupait sa tribu depuis des temps immémoriaux. Il dut traverser le Désert de Rouille qui s'étendait autour de son village, car d'après les vieux sages de son peuple, c’était là que l’on pouvait trouver les réponses à toutes les questions. Le gibier était difficile à trouver ces derniers temps, et Znorg constata que toutes les traces de vie dans le désert étaient plus rares qu'à l'accoutumée. De ce fait Znorg relâcha son attention constante pour avancer plus rapidement parmi les roches et les plantes grasses qui parsemaient le désert.

Quand vint la mi-journée il avait déjà parcouru une longue distance. Il était dorénavant peut-être aussi loin qu'il n'était jamais allé. Aussi s'arrêta-t-il comme à son habitude, bien que depuis la chute du ciel les rayons du soleil fussent moins agressifs. Il s'assit à l'ombre d'un gros rocher qui devait faire deux fois sa taille en hauteur, et presque autant en largeur. Comme il n'avait pas trouvé de gibier depuis qu'il avait quitté l'oasis, la faim tenaillait Znorg. Il se rappela alors une fois de plus ce qui était arrivé : un jour on avait vu au loin le ciel tomber de lui-même à terre. Au début on ne s'en inquiéta guère à l'oasis, mais peu après la température ambiante avait baissé et les chasseurs revenaient de plus en plus bredouilles. Contre toute attente, il finit par somnoler, adossé au rocher.

Un souffle de vent le réveilla quelques instant plus tard. Ecarquillant ses yeux sans paupières, il crut d'abord à une hallucination. Mais non, cela semblait bel et bien réel. Devant lui se tenaient de hautes figures argentées. Gardant son calme, Znorg se leva avec la grâce reptilienne caractérisant son peuple, brandissant sa massue vers les étrangers tout en grimaçant.

"Pas un geste barbare !", lança l'une des quatre figures devant lui.
"Qui êtes-vous ?" grogna Znorg en retour.
"Nous sommes les Vêtus de Ciel", répondit la silhouette se tenant le plus près de lui. "Que fais-tu ici, mangeur d'hommes ?"

Sans répondre, Znorg se lança sur son interlocuteur comme s'il était monté sur des ressorts, utilisant ses puissantes jambes. Il cramponna la silhouette et la fit tomber au sol. Alors qu'il s'apprêtait à lui asséner un coup de massue ravageur, il sentit une brûlure vive l'atteignant à son côté. Criant de douleur, Znorg s'immobilisa et lâcha son arme. Le Vêtu de Ciel qu'il avait attaqué le poussa afin de se relever. Plein de rage car incapable d'exécuter le moindre geste, Znorg ne pouvait qu'assister impuissant à sa propre arrestation. Les êtres d'argent, recouverts entièrement d'un matériau brillant et souple à l'apparence métallique, le ligotèrent. Avant que sa tête soit recouverte d'une sorte de sac, Znorg eut le temps de déduire que c'était peut-être l'un des bâtons que tenaient les Vêtus de Ciel qui l'avait immobilisé.

Znorg sentit qu'on le portait et pouvait entendre ses assaillants marcher sur le sol rocailleux du désert. Il se résigna et attendit, économisant ses forces pour être prêt à agir dès qu'il aurait retrouvé la faculté de se mouvoir. Après ce qui lui sembla être un long moment il entendit que les pas des êtres argentés avaient cessé. Quelques secondes plus tard il fut lâché et tomba au sol. Ne pouvant toujours ni voir ni bouger, Znorg sentit que le sol sur lequel il reposait était étrangement lisse. Brusquement, on vint lui retirer le sac qui l'empêchait de voir. Lors, une foi que ses yeux se furent habitués à la lumière, Znorg put distinguer un siège massif, tout en pièces de métal, d'où le toisait une autre figure argentée. Bien qu'il essayant de lutter de toutes ses forces, Znorg était toujours incapable de bouger. A la vue du prisonnier qui se débattait ainsi, le Vêtu de Ciel du trône prit la parole :

"Ha ha, barbare, qu'est-ce que ça fait d'être la proie aujourd'hui ? Ca doit te changer ! Nous t'avons emmené ici car tu t'es approché bien trop prêt de nos terres, et nous voulons savoir pourquoi. Débloquez-moi cette larve vous-autres !" ajouta-t il en direction des sentinelles d'argent qui avaient capturé Znorg.

Alors l'un des Vêtu de Ciel s'approcha du prisonnier muni d'un bâtonnet et avec cet appareil il lui infligea une décharge. Znorg grogna. Il pouvait maintenant bouger mais étant toujours lié, il avait beau se débattre, rien n'y faisait. Toujours au sol, il remua en regardant alentours. Il comprit alors qu'il devait être dans une sorte de grande hutte construite avec des matériaux qu'il ne reconnaissait pas. Des braseros éclairaient l'endroit.

L'occupant du trône se leva et tout en s'approchant de Znorg, lui demanda :

"Dis-moi, maintenant que tu es apte à parler, que faisais-tu sur nos terres ?"

Znorg rechignait à répondre, il n'avait qu'une envie, se jeter sur cet étranger et le mordre au cou. Il se demandait ce que les sentinelles avaient bien pu faire de sa fidèle massue.

"Tu ferais-mieux de parler, maudit homme-lézard !"

Znorg répliqua alors :

Parler ne servirait à rien, vous allez sans doute me tuer !"

Tu te trompes, barbare, nous ne sommes pas aussi sauvages que ton peuple ! Allez, parle, nous voulons simplement connaître les raisons de ta présence dans notre contrée. Si tu es coopératif, nous te relâcherons."

Znorg ne craignait pas la mort, mais à quoi cela lui servirait-il de mourir ainsi ? Les êtres d'argents voulaient une réponse, aussi, agacé, il finit par la leur donner :

"Depuis que le ciel est tombé, les choses ne sont plus comme avant. On m'a envoyé par delà le désert pour découvrir la raison de tout cela."

La silhouette venue du trône s'exclama alors :

"Ah ! C'est donc ça ! C'est vrai que vous autres barbares, vous n'avez pas notre connaissance du monde ! Ecoute, homme-lézard, je suis prêt à t'expliquer le pourquoi de cette catastrophe, mais j'attends de toi que tu laisses mon peuple tranquille. Nous n'apprécions guère vos mœurs de mangeurs d'hommes, mais tant que vous nous laissez en paix, nous n'avons guère de raison de perdre notre temps avec vous."

Znorg n'était pas sûr de tout comprendre, mais il sentait que le discours du Vêtu de Ciel avait de l'importance. Aussi il se calma et écouta les propos suivants :

"Tu ne dois pas savoir, barbare, que par le passé les hommes qui sont venus vivre ici ont installé très haut dans le ciel des dispositifs permettant de réchauffer ce monde. Cela date d'il y a des générations et des générations, tant que ces dispositifs finirent par se détériorer. Aussi parfois, des morceaux tombent du ciel."

Quoi ! Pensa Znorg, ce n'est pas le ciel qui tombe, mais des morceaux de choses mises là haut il y a des cycles et des cycles ?

 

Eberlué, il continua d'écouter le récit du Vêtu de Ciel :

"Nous aussi nous pensions que c'était le ciel qui tombait. C'est avec ces "morceaux de ciel" que nous avons pris l'habitude de nous vêtir. Or, lors d'une expédition lointaine, des membres de notre peuple ont trouvé une maison des premiers hommes. Là il y avait de nombreux dispositifs. Ils parvinrent à en faire fonctionner certains et eurent ainsi accès à des informations laissées là par ces hommes. C'est ainsi que nous avons compris la véritable origine des "morceaux de ciel" que nous trouvions parfois jonchant le sol du désert".

Znorg n'en croyait pas ses orifices auriculaires ! Il y avait donc eu par le passé des Peaux-Lisses qui avaient mis dans le ciel de quoi réchauffer le monde ! C'était pour lui bien difficile à croire, tant les hommes qu'il connaissait étaient de sauvages créatures, le gibier favori de son peuple. Le Vêtu de Ciel du trône s'accroupit au niveau de Znorg et tout en défaisant les liens solides qui le retenaient, il dit :

"Maintenant que tu sais, retourne auprès des tiens et raconte leur ce que je viens de te dire, car c'est bien pour ça que tu étais venu par ici après tout. Et surtout, n'oublie pas, que ton peuple nous laisse en paix, nous laisserons le tien tranquille. Maintenant vous autres, raccompagnez le où vous l'avez trouvé".

Bouche bée, Znorg ne savait que dire. Il laissa les sentinelles disposer à nouveau le sac sur sa tête, et fut conduit hors de la grande et étrange hutte des mystérieux Vêtus de Ciel.

"Le sac c'est juste pour garantir notre sécurité, nul n'est autorisé à connaître l'endroit exact de notre foyer. Laisse nous te conduire sans faire d'histoires et nous te laisserons retourner d'où tu viens", lui dit la voix d'une des silhouettes qui le tenaient par les épaules afin de le mener au gros rocher où il s'était assoupi.

Une fois arrivées là, les sentinelles retirèrent le sac du crâne bosselé de Znorg et lui rendirent sa massue. Il parvint enfin à mettre de la clarté dans ce qu'il venait d'apprendre, et leur dit calmement :

"Vous m'avez appris ce que mon peuple voulait savoir. Aussi nous vous laisserons tranquille comme votre chef me l'a demandé. Maintenant je vais retourner vers les miens. Nous avons beaucoup à faire".

Aussi Znorg reprit le chemin de son oasis. "Nous avons beaucoup à faire". Cette phrase résonnait dans son esprit. De fait, que le ciel soit un ancien dispositif des premiers hommes ou non, cela ne ramènerait pas le gibier dans le Désert de Rouille. Il fallait que son peuple chasse pour survivre et ait des Peaux-Lisses à sacrifier aux Dieux pour le prochain cycle.

 
 
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