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Un bouquet de flammèches
Par TheMagician
Harry Potter  -  Romance  -  fr
2 chapitres - Complète - Rating : K+ (10ans et plus) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 1     Les chapitres     3 Reviews    
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Un bouquet de flammèches

Disclaimer : Il est de notoriété publique qu'Harry et ses petits copains appartiennent à la blonde millionnaire connue sous le nom de J.K. Rowling. Qui suis-je pour démentir ?

Pairing : Lily Evans / Narcissa Black

Rating : K +, c'est-à-dire que tout ce qui serait éventuellement de l'ordre de la douceur saveur citron est tellement sous-entendu que c'en est presque indécent.

N/A : Une nouvelle histoire, donc. J'avoue avoir mis beaucoup de temps et d'énergie dans son écriture, mais finalement je suis plutôt satisfaite, même si le style est assez inégal. Je suis une grande fanatique de yuri, ce genre trop méconnu, auquel j'ai donc décidé de participer. J'espère que ma contribution sera à la hauteur de vos attentes. J'ai prévu de faire une suite, je ne sais pas si cela se fera, mais en tous cas il y a une possibilité. Voilà. C'est tout. Bonne lecture, et j'espère que ce OS vous plaira assez pour que vous vous sentiez l'envie de m'en faire part.

U n b o u q u e t d e f l a m m è c h e s

Un chapelet cristallisé s'échappe des menottes blanches de Narcissa Black.

Elle plonge les mains dans l'eau, sans pouvoir retenir un petit cri glacé. Que c'est bon … Rien ne surpasse cette sensation d'engourdissement, la fine pellicule d'écume sur ses poignets, le froid, les flocons de coton … Narcissa aime l'hiver. Narcissa aime l'eau.

Narcissa aime la solitude, aussi.

Narcissa est belle. Elle agite ses mains comme deux pieuvres rosées, indistinctes à travers le miroir déformant de l'eau. Sans réfléchir, parce que la spontanéité lui va bien, et forme des petites fumées roses sur ses joues d'ivoire.

Narcissa est la Reine des Neiges.

Elle en a la beauté, et, même si elle ne le sait pas encore, la cruauté – la cruauté piquetée de diamants, d'éclats dans les cœurs d'enfants - .

Cet endroit près du lac, c'est le sien. C'est une niche vaseuse, où les œufs de crapaud, rondes et gluantes orbes, la regardent grandir. C'est même la surface de cet étang que les dagues de ses premières larmes ont brisé.

Narcissa a un goût de thé sur les lèvres.

Narcissa Black. C'est le thé du début de l'hiver, le thé aux larmes. Narcissa a le goût du thé dans les craquelures gercées de sa lèvre qu'elle mordille, évoluant gracieusement au creux des siens dans les couloirs de Poudlard. Narcissa a le goût salin sur sa langue quand elle descend les escaliers de pierre de son pas aérien. Narcissa a le goût amer et refroidi sur ses dents quand, les yeux à demi fermés, elle marche au bras de ses camarades Serpentard. Narcissa Black.

Narcissa Black est une enfant qui ne s'en est pas rendu compte.

Narcissa n'a pas voulu grandir trop vite. C'est une de ces enfants immortelles, qui restent à jamais légères, éthérées, inéluctablement distantes des préoccupations telluriques. Les Serpentard la protègent; c'est une de celles qui pourraient se briser en se heurtant contre le dos rugueux d'un escalier.

Narcissa n'a pas vraiment d'états d'âme. Elle ne sait pas dire si la tristesse est là, nichée entre ses seins de fleur au même titre que son inaltérable absence, ou si elle lui vient seulement parfois, ses ailes mortes flappant dans le grand vent du nord, pour l'habiter. Elle ne sait pas dire si cet état à demi-somnolent ressort de la mélancolie ou de l'ennui.

On ne peut pas dire qu'elle s'ennuie vraiment. Tout la fascine, Narcissa, c'est une esthète constante, qui trouve en tout le remède à son état de chose cassée à moitié. Elle s'extasie sur la mort des papillons et sur la douceur des pierres. Elle chante avec son coin de lac et ses yeux océaniques charment même les sirènes.

Narcissa est brisée.

Elle n'y peut rien : c'est de naissance. Ça ne l'empêche pas d'aimer, parfois, pendant de brèves fulgurances, ni de ressentir. Non. Narcissa est belle avec cette brisure qui ouvre en deux sa poitrine de glace.

Elle relâche le chapelet en murmurant une prière ondine et se lève pour rejoindre le château, sans prendre la peine d'essuyer ses mains, gouttantes et enflammées sur les bords de sa robe.

- U n b o u q u e t d e f l a m m è c h e s -

Narcissa a seize ans. Elle est toujours aussi silencieuse, évanescente. Elle a des lèvres un peu plus charnues, une existence un peu plus sûre. Elle est plus ancrée dans le monde.

Mais elle a toujours son coin de lac.

Personne ne vient la chercher là-bas. Narcissa est une incherchable. Elle est là quand on a besoin d'elle, mais le reste du temps, le temps n'appartient qu'à elle, elle le manie avec une grâce magicienne et secrète. Elle a pris l'habitude de baigner son corps lunaire de vierge dans l'eau glaciale, parfois.

Elle se libère.

Elle se libère d'elle-même, de la vue de son corps qu'elle ne comprend pas, tout cela avec une indifférence souveraine, les yeux mi-clos comme toujours, ses mains invisibles passant à peine sur sa peau pour en écarter la souillure.

Narcissa ne connaît pas l'amour.

Elle doute de jamais le connaître. Ce n'est pas une des choses qui l'inspire, l'amour, pas comme les ailes de papillon ou les parchemins craquelants, ou les visages d'enfants et de vieillards, ou les flammes mourantes. L'amour ne lui donne au corps qu'une vaguelette de dégoût et d'incompréhension.

Elle n'est pas là.

Elle voit ce qu'il se passe, bien sûr, mais le temps s'écoule sans heurts, sous l'éventail langoureux de ses lourds cils blonds, ployants sous la chaleur. Allongée sur la pelouse du parc, son corps d'enfant à peine caché sous une robe fleurie, elle est bien loin des convoitises humaines. Plus qu'une enfant, Narcissa est un fantôme.

Mais cela n'a pas d'importance.

Elle aime ça, être autre part. Elle aime ses paroles nuageuses. Elle ne veut pas du feu tapageur des autres adolescentes. Elle est bien comme elle est, et d'ailleurs, personne ne vient la déranger dans sa solitude contemplative. Narcissa est jolie à regarder de loin, mais elle fait un peu peur à tout le monde, parce qu'elle a des yeux qui lui mangent le visage, si clairs qu'on peut presque voir à travers, et sa démarche est si légère qu'on a toujours peur qu'elle s'efface au fil de ses pas. Et elle a ce coin secret près du lac, où personne ne va jamais la chercher.

Elle s'échappe quand elle entend des pas.

Elle ne veut pas être dérangée. Peut-être que c'est égoïste, peut-être qu'elle fuit, mais elle ne s'en soucie pas, elle se laisse porter sur le flot brumeux des jours qu'elle ne distingue pas.

Elle noue sa lourde chevelure et elle se lave ; comme un rituel.

Et personne ne la dérange jamais. Pas les sirènes, pas les monstres que cache le lac, pas les élèves libidineux, pas les insectes, pas les grenouilles, pas même ses propres pensées. C'est un moment ou ses grandes mirettes bleues deviennent si limpides qu'elles ressemblent à deux immenses miroirs.

Narcissa Black est blanche comme neige.

- U n b o u q u e t d e f l a m m è c h e s -

Un feu-follet se faufile entre les roseaux et les herbes curieuses du bord de lac. On trouve tout ici en excès : une végétation trop dense, de longs doigts verts, dextres et drus, un sol gorgé qui passe son temps à déglutir l'eau couleur camouflage. Une touffeur étreint tout dans son embrassade de lave.

Un feu-follet se faufile dans la faune.

C'est un feu-follet qui ne se soucie de rien : on dresserait devant sa silhouette en ombres chinoises un dragon crépitant qu'il ne le verrait même pas. Tout dans son attitude est découverte. Curiosité. Avidité. Le calme d'auparavant n'est plus. Dans ce feu-là, une excitation grésillante brûle à petit feu.

Un feu-follet feule : « La vie. » comme une supplique.

Il ne semble pas avoir de destination. Pas de but. Pas de passion. Seule paraît régner sur lui l'envie insatiable d'aller toujours plus loin. Peu importe si c'est le bon chemin. Ou pas. La faune sauvage semble sous ses pas être un jardin plein d'anges.

Un feu-follet s'arrête sur une rive claire.

Ses yeux frangés de flammèches grands ouverts : des fenêtres bordées de lianes. Le feu-follet, qui jusque-là n'a été que recherches bleu-vert, s'arrête devant une flamme paisible, sur laquelle dégouline pensivement l'eau du lac, presque comme une amie dévouée et sincère. Il la regarde. Silence fasciné.

Un feu-follet s'apaise.

Le feu-follet fait ami-ami avec les roseaux qui l'acceptent comme l'un des leurs, maintenant que sa frénésie mouvante a été stoppée. Des algues s'entortillent autour de ses chevilles, lèchent les pointes de son brasier. Le feu-follet ne dit rien. Silence encore, qui dure cent éternités. Elle passent comme une poignée de secondes.

Un feu-follet regarde un feu de joie.

Non, ce n'est pas vraiment cela, se dit le feu-follet. C'est un feu de joie triste, un feu Saint Sylvestrien, à la flamme sereine, mélancolique. Le feu-follet sent les larmes lui venir aux yeux. Tout le contraire de ce qu'il est. L'antagonisme parfait.

La flamme calme est d'une nudité entière, et paraît presque frissonner, les pieds enracinés dans le sol fluctuant du lac. Sa peau a une blancheur de miroir. Ses mains-araignées se faufilent dans tous les creux de son corps indéfini.

Un feu-follet s'avance.

S'avance avec l'audace qui caractérise les feu-follets, que suit toujours un écho de sanglot, un souvenir de genoux écorchés, aseptisés, pansemantés avec soin par les mains maternelles. Souvenirs empilés, sans cesse renouvelés.

-Tu te laves ?

La flamme vacille, sursaute, un bond léger sur ses deux pieds de braise glaciale.

-Oui.

Le feu-follet veut savoir. Connaître. L'eau est froide ; elle emprisonne ses petons ardents dans un carcan de glace. Comment peut-elle se baigner dans cette eau frigorifiée ?

-Tu n'as pas froid ?

La flamme hausse les épaules, sans dédain. Et alors, si elle a froid ? Elle a toujours eu froid ; elle est une petite Laponie à elle tout seule, son Pôle Nord personnel. C'est beau, le froid. Si elle parlait, elle dirait que sa vie, elle l'a appris la langue collée à la surface d'une stalactite, les yeux plongés dans ces propres yeux.

Elle dirait que le froid est là jusque dans ses iris.

-C'est quoi ton nom ?

La flamme claire ne répond pas. Le feu-follet insiste. Ton nom en rançon pour un bout de mon âme.

Allez, semble dire la flamme floue dans l'air changeant du soir, devine.

Alors le feu-follet scrute. Peu à peu, les contours de l'autre se précisent. Une grande brindille blanche aux cheveux soleil décoloré, essoré. Deux piscines d'eau chlorée en guise de pupilles. Une fille-femme, une fille liquide. Elle est comme l'eau … comme la rivière, elle semble filer si vite que la voir relève du miracle.

Cette peau de plexiglas, et ces membres flexibles, ces lèvres translucides … ces grands bras en bâtons maladroits … ces veines vignobles qui tranchent de minuscules ramifications sur ses poignets … ces lèvres presque invisibles … oui, le feu-follet les a déjà vus quelque part.

Dans la maison des Serpentards.

Ensuite – un peu plus tard seulement – elle se souvient. Oui. Cette fille indéfinie, c'est elle : celle qui ne marche jamais sans son rempart de corps bicolores, de nez aquilins et de regards absents. Celle qu'on ne voit jamais et qu'on connaît à peine. De nom.

-Narcissa Black.

La fille liquéfiée laisse échapper un gloussement, comme si son nom recelait un calembour indescriptible mais si réjouissant qu'elle ne pouvait pas empêcher ses lèvres de libérer ce rire aérien.

-Oui … c'est ça, c'est moi : Narcissa Black.

Le Narcisse. Narcissa du Lac. L'Enchanteresse. La Comtesse des Fantômes.

Narcissa tend sa longue main blanche avec un sourire de mastodonte.

Je vais te manger.

Mais le feu-follet n'a pas peur – jamais, aime-t-il à dire, même si c'est faux. Il prend la main tendue et – oui – il la serre, yeux dans les yeux. Une vague de douceur le frappe dans la poitrine quand il plonge dans le regard brumeux de Narcissa.

Que c'est étrange, ces yeux qui savent être si précis mais pourtant si flous. Le feu-follet se sent aimer follement une nymphe aquatique. C'est ce genre d'amour à la saveur automnale qui laisse un tranquille parfum d'amertume dans le cœur – pas plus.

Narcissa devine le nom offert sans peine.

-Lily Evans, alors ?

Le feu-follet hoche la tête.

-Enchantée, Narcissa. C'est un plaisir de te connaître.

L'enchanteresse la regarde avec un sourire léger qui semble dire que la connaissance n'existe que pour Dieu et pour les ignorants.

-Lily, répète sa voix cristalline, Lil-I, lili, LILY, Lilly, lily, Lyli, llili … lili … lily …

Les facettes multiples de Lily Evans se répercutent sur les remparts de forteresses végétales.

Le silence s'éteint sans bruit.

- U n b o u q u e t d e f l a m m è c h e s -

Après la rencontre, le temps passe comme passe le temps, trop vite, pas assez, avec une lenteur gastéropode.

-Lily, où est le devoir de Métamorphose que je t'ai prêté hier ?

-Mais cherche ! Je te l'ai dit qu'il était dans mes papiers !

-Lily … est-ce que je pourrais récupérer ce devoir sans avoir à faire de fouilles archéologiques, s'il-te-plaît ?

Les jours suivent le schéma préétabli et le duo frémissant, qui tremble à la moindre averse et se cache au son des zéphirs, résiste.

-Tu savais que les flammes ont une âme ?

La silhouette semble respirer, nichée au creux des couvertures. L'âtre diffuse autour du couple somnolent une chaleur réconfortante.

-Narcissa …

-Tu le savais ?

Soupir. Soupir d'éclats d'étoiles.

-Bien sûr, Narcisse. Je le savais.

Le monde s'étonne de les voir se sourire à des blagues privées et éclater de rire devant une touffe d'herbes en friche d'où elles sortent un peu de pigment de papillon. Parfois, en passant devant les escaliers – mouvants, comme toujours - , on les voit s'agripper aux rambardes et rire aux éclats pour le vide, éloignées puis rapprochées puis éloignées encore. C'est étrange, on dirait qu'elles ne se rejoignent jamais. Parfois, pourtant, elles arrivent à s'effleurer les doigts, mais rien – quelques secondes à peine.

-James Potter ! Encore lui ! Mais il va finir par me lâcher, à la fin ? Quel imbécile !

Une main pianiste sur son bras.

-Calme-toi, Lily.

Rire.

-Je te protège.

Elles ne vont pas vraiment bien ensemble, c'est un couple assez dépareillé, quand on y pense. Ces amies qui ne se quittent jamais, qui passent leurs journées yeux dans les yeux … Jusqu'ici elles n'ont été que deux petites filles qu'on regarde de loin, la chasse gardée des méchants garçons de Serpentard et de Gryffondor, qui paradent mais qui, curieusement, tiennent à garder dans leurs filets l'innocence teintée de sensualité de ces deux nymphettes. Elles ont toujours virevolté dans la gracieuse insouciance de leurs corolles blanches et roses, pastel, seules. Personne n'osait les importuner.

Les voir rire aux éclats dérange les jeunes hommes de la Grande École de Poudlard.

Ils les sentent ailleurs.

Ils ont raison.

- U n b o u q u e t d e f l a m m è c h e s -

Le château se réveille au moment où l'aube transperce le ciel qui surplombe la montagne, derrière Poudlard. C'est comme si tout s'éveillait d'un seul coup : une vague lumineuse se répand dans le corps estudiantin qui frémit ; ses veines chauffent, un frisson le parcourt. Le matin. Dehors, la rosée gélatinise sur les fleurs qui prennent des allures d'éoliennes gastronomiques.

Narcissa a voulu aller se laver dans la froideur de sa rivière.

Et Lily a voulu l'accompagner.

Elles y sont allées. Ensemble.

Il règne une fraîcheur de début d'Avril. Elles ne comptent pas les mois qui passent, mais celui-ci, Avril, sans qu'elles sachent pourquoi, les touche de son doigt ganté de rosée. Le chemin vers le lac a été étrangement silencieux. Ni les bavardages habituellement incessants de Lily ni les comptines murmurées de Narcissa n'ont troublé le silence.

-Nous y sommes.

La Reine des Stalactites laisse son regard dériver sur son naufrage personnel. Lily est une de ces jeunes filles que toutes rêvent d'être, flamboyante, charnue, ardente comme la braise qu'elle n'a jamais nié être. Des bras moelleux dans lesquels, pense la Narcisse en la regardant attacher ses cheveux en un chignon sanglant, on pourrait sans doute se perdre.

Elles sont nues comme en miroir.

Elles se déshabillent sans un soupir, mélodieusement, face à face, obéissant à cette règle tacite qui leur interdit de se cacher quoique ce soit. Une lueur farouche brille dans les yeux de la fillette qui n'a jamais touché à cette eau glaciale que du bout des doigts. L'autre la contemple de son air perdu et semble avoir la tête perdue dans l'opium moutonneux d'un nuage.

Narcissa Black et Lily Evans entrent dans l'eau en se tenant la main. Leurs lettres se mêlent.

Elles sont une divisée.

Lily veut vivre une vie d'aventures. Elle se voit en pirate, sabre brandi le long de son bras, perdue au bras glorieux d'un capitaine. Elle se voit en potionniste vedette, langoureusement égarée derrière son écran de fumée et de soupirs. Elle se voit en Auror, en combattante, en guerrière, œuvrant pour la paix mais jamais repue de cadavres. Elle voit ses cheveux rouges tourbillonner jusqu'à sa mort. Lily se voit comme un vent d'automne, debout ; fière.

Narcissa a d'autres ambitions. Elle ne sait pas pour la vie qu'elle va vivre, elle est réaliste : au fond, est-il possible qu'elle échappe au spectre du mariage arrangé ? Elle l'envisage avec une certaine sérénité. Elle exigera une véranda dans son grand manoir, et y installera une table en fer forgé. Un phonographe. Un chevalet. Des pigments. Une toile qu'elle ne peindra pas. Des fleurs qui faneront. Elle s'arrangera un joli petit boudoir pour mourir de cette mort martyre dont seuls meurent les saints et les fous. Ses draps ne connaîtront ni le sang ni l'extase.

Narcissa vit déjà la mort que la vie rêvée de Lily prédit. Et on ose dire que la vie est mal faite ?

Elles entrent dans le lac et perdent un souffle.

Les grands garçons de l'Ecole de Poudlard ne sont pas cachés derrière les roseaux.

- U n b o u q u e t d e f l a m m è c h e s -

C'est un nouveau monde qui s'ouvre à elles sous le couvert de sa glaciale dignité. Une faune explose dans leurs pieds qui se figent ; les gouttelettes qui s'échappent de leurs cheveux jouent un concerto presque inaudible. Elles se découvrent à la nudité. Toute une adolescence semble soudain prendre sens.

Elles se trouvent belles dans leur différence.

Tout est neuf.

-Tu veux du savon ?

Narcissa l'Enchanteresse qui a parlé. Lily la soupçonne de cacher dans ses potions une mixture mousseuse, bullante, qui déborde de ses fioles oniriques. Elle a toujours eu une imagination, cette enfant : sans limites.

-Oui ?

Oui ? C'est toujours comme ça avec Narcissa et ses paupières à l'opium : on ne sait pas ce qui va suivre, et on ne peut pas s'empêcher d'avoir un peu peur. Mais Lily est une aventurière. Elle aime surtout les fleurs un peu hallucinogènes, qui semblent baignées dans la lueur aveuglante des nuits lunaires.

Narcissa cueille une plante que Lily n'avait pas vu, d'un geste vif. Narcissa n'est pas souvent vive comme cela. Quand elle l'est, la plante ne prend pas le temps de se tordre, et se brise en une seule respiration. Ses petites fleurs blanches font comme de minuscules lunes d'argent, dirait Salomé.

-Tiens. C'est de la saponaire.

Même son nom a une vague saveur mystique.

Narcissa frotte la plante contre son corps ; ses seins de fleur de farine ; l'angle aigu de sa hanche. Lily fait de même, un peu hésitante.

Narcissa se transforme ainsi. Elle qui semble toujours si indécise, elle frotte la plante avec la conviction d'une sorcière moyenâgeuse : et pourtant, des deux, Lily serait celle qu'on brûlerait, avec sa tignasse en fleuve de lave.

La peau de l'Echanteresse en est presque rouge à force de frictions. Lily reste bouche bée. Quelque part, elle n'a sûrement jamais rien vu de plus érotique que la rage de cette adolescente-là, la tête penchée sur son ouvrage, ses petites mains dures à la tâche et la masse de ses cheveux trop blonds renversée au creux de son épaule.

Et puis Narcissa finit par relever ses prunelles délavées.

-Tu ne te laves pas ?

Cela semble si important, pour elle, presque sacré, presque rituel. Et pourtant. Lily suppose qu'elle a peu de péchés à laver de son corps de vierge.

-Si.

Si. Je me lave comme toi, dans le même bain. C'est un peu te connaître, au fond, Narcisse. C'est un peu te connaître que de faire les mêmes gestes dans cette même merveilleuse nudité.

Le silence les étreint comme ses enfants – si silence il y a dans l'agitation incessante de cette faune.

Tout se tait pour les laisser être.

- U n b o u q u e t d e f l a m m è c h e s -

Tend la main. Vas-y. Viens. N'aie pas peur. Tend la main. Elle n'est pas si loin … si ? Elle est si loin, cette fille qui lave ses cheveux interminables ?

-Narcissa …

Narcissa ne répond pas aux questions, ni aux interrogations cachées, ni aux réponses. Elle ne parle que pour dire les choses qu'elle estime essentielles mais qui le sont rarement. Vit au rythme d'un battement de cils. Gamine, va.

C'est un petit fauve, Lily. Tiens, regarde. Je te dis qu'elle va essayer d'embrasser l'autre qui meurt avant l'heure, parce qu'à cet âge les choses ne sont pas encore interdites. Et puis … quoi de plus tentant que cette fille-là, finalement ? Cette bouche fantomatique ? Ce serait presque comme embrasser une morte et la ramener à la vie.

Comme le bain, sacro-saint.

Le soleil luit d'une lueur malade. Faible.

-Narcisse, tu me prends dans tes bras ?

Pas le courage encore. Trop jeune pour le désir ?

Narcissa n'entend pas quand on lui parle. Surtout cette fille-là. Surtout elle, parce qu'elle est bien vivante, bien ancrée, vivide. Parce que ses contours ne s'effacent pas dans la brume joueuse. Elle, au moins. Au pire.

Alors si elle avance, si elle entoure de ses bras sans fin le corps plein mais frêle d'une jeune humaine, si elle fait ce qu'on lui a demandé de faire, même tout bas, même avec un secret au creux des lèvres, c'est elle qui a décidé. Parce que Narcissa Black n'entend pas les suppliques.

C'est elle qui a décidé de faire un linceul de ses bras évanescents, une couverture de soie qui ne tiendrait pas chaud les jours d'hivers.

C'est elle qui a décidé d'aimer ; et de le dire comme cela.

C'est elle qui a décidé de caresser les mèches criardes de Lily de ses mains savonneuses.

Mêlées dans une étreinte, ses cheveux dégoulinants étalés sur le dos de sa compagne, Lily murmure qu'elle l'aime. L'autre ne dit rien.

- U n b o u q u e t d e f l a m m è c h e s -

-Viens.

C'est étrange comment parfois une parole peut changer quelqu'un. Pas vrai ? Comment, au détour d'un seul mot, d'une seule occasion, la plus floue des flammèches se transforme en brasero, comment sa chevelure ordonnée et lisse devient soudain un grand bordel immaculé, comment ses mains calmes bourdonnent comme des millions de flèches … que c'est étrange.

Décidément.

Ce n'est peut-être pas ce à quoi on doit penser en faisant l'amour avec la fille de ses rêves, mais Lily se dit qu'elle n'est pas au bout de ses surprises.

Baiser incendiaire.

C'était au début de l'après-midi, l'envie, pressante, de s'aimer pour de vrai, comme les grandes qu'elles ne sont pas. Ne plus faire semblant, ne pas même passer par le seul baiser chaste, et puis le même porté plus loin dans la sensualité. Non.

Aimer d'un seul bloc.

C'est ce qu'elles ont décidé. Difficile de dire si cela est louable, s'il n'aurait pas fallu y mettre plus de formes, un duplicata en cinq exemplaires de Demande d'Amour sur papier vélin. C'est leur manière à elle, leur petite manie de tout réinventer de fond en comble, de la façon de se brosser les dents à comment faire l'amour de A à Z.

Elles commencent par Z.

Un seul bloc de chair. On ne peut pas dire non plus que ça ne fait pas mal, qu'il n'y a pas la peur sournoise d'être découvertes, qu'il n'y a pas la sensation diffuse de l'interdit et la douleur, légère mais , malgré tout.

On ne ment pas dans ces moments-là.

C'est ce qu'on pense quand on a seize ans et des cheveux qui se mêlent, et un grain de beauté à l'aine, et les doigts d'une fille enfoncés très forts entre les lèvres.

Une main sur les seins – ces seins en boutons de jasmin.

Un gémissement écumant aux lèvres, un petit océan qui déboule au creux des yeux.

-On fait comment ?

-Comme on veut.

C'est comme ça, dans leur monde. Il suffit de claquer des doigts et tout est changé, plus clair, plus cruel, plus beau, moins tendre. Chez Lily, la chair des cerises est plus blanche, et les cerises, elles, sont plus grosses, au point qu'il faut s'écarteler la bouche pour en enfourner une.

-Tu aimes ?

-Mmm.

A vrai dire, je ne sais pas, semble dire ce Mmm bullé. La chair, ça n'a jamais vraiment été moi. A vrai dire, à vrai dire, je ne sais même pas si c'était mes mots où les tiens, ceux-là. Puisqu'on partage les fluides, le reste … appartient au silence. Sans doute, oui.

-Hn.

Douleur ou plaisir ? Bah. Quelle importance, petites filles du soleil. Puisque l'aurore aux pieds de rose n'a pas encore foulé vos jolis corps, encore des heures à s'aimer, à se caresser gentiment, tendrement, à essayer de se transpercer d'une poussée colérique, à allumer la flamme et puis à lui défaire un écheveau d'ombres …

Des heures dans un labyrinthe d'inconnu. Allez, quel programme …

Encore des heures à essayer d'être bien, à s'énerver, à pleurer, à écarter les jambes, à ne pas comprendre, à s'exaspérer, à murmurer, à hurler.

A s'aimer ?

Ou à se désaimer ?

C'est comme ça qu'on se déchire ?

Elles se le demandent aussi, cette douleur mêlée de plaisir, non, ça ne peut définitivement pas être quelque chose de bon. Non. Si c'était quelque chose d'harmonieux, de symphonique, elles le sauraient, sans doute. Il y aurait une petite lumière qui dirait Attention ! Bonheur en vue ! , histoire qu'on puisse se préparer, au moins un peu.

Enfin. Ça reste bien. Ça reste la respiration coupée quand même, dans un froissement de draps. Ça reste les yeux qui s'égarent dans la stratosphère au moment où enfin – pas trop tôt – , après toutes ces vagabondages pleins de questions, on trouve le bon endroit.

La faille.

Le sang.

La petite chose fragile et palpitante.

Ça, quoi.

- U n b o u q u e t d e f l a m m è c h e s -

L'obscurité, c'est de la purée de pois. On y retrouverait pas un chaton, ou alors par hasard et tout couvert de suie, le nez et les coussinets plus noirs que la nuit.

-Lily … tu aimes la pluie ?

Narcisse ne pose jamais de questions. Lily hausse les épaules dans le noir, avant de se rendre compte que la Narcisse n'a sûrement rien saisi de son geste.

-Oui … je ne sais pas. C'est mouillé.

Un petit rire cristallin s'échappe de la gorge ciselée de Narcissa.

-C'est vrai. Moi, j'aime la pluie. Regarde …

Elle montre la vitre où dégringolent comme des équilibristes des gouttelettes gélifiées.

- … c'est joli. Et puis c'est serein, tu ne trouves pas ?

Lily dort avec les anges.

Narcissa soupire juste – un tout petit soupir parfumé – et s'enfonce dans le lit. Que c'est étrange … elle regarde Lily et ses cheveux froissés, ses cils accordéonistes …

Ah, Lily. C'est tout un mystère.

Après, Lily se réveille et trouve étalée sur son épaule la joue douce de sa compagne d'aventures.

-Tu n'as pas dormi ?

-Non.

-Pourquoi ?

-Je n'ai pas sommeil.

-Si.

Ses yeux se ferment déjà. Elle jette un regard flou à Lily, et ce regard semble hésiter entre la colère et la résignation. L'adieu. Elle sombre.

La fois d'après est la bonne. Elles sont réveillées en même temps, et se regardent – regardent à travers leurs corps respectifs – de leurs petits yeux perçants, en essayant de deviner comment une femme peut être si différente pour peu qu'elle ait les traits chiffonnés et un bâillement au creux des lèvres.

Elles ouvrent toutes les deux la bouche pour dire un mot de miel qui colore leurs lèvres enfantines d'une saveur âcre et profonde. Lily devance. Elle a toujours été la plus rapide, des deux.

-Je t'aime.

On ne peut décidément pas répondre à une déclaration comme celle-là, se dit Narcissa. Que c'est égoïste, finalement, de dire Je t'aime comme cela, sans se soucier des conséquences, de le crier au vent, de le marteler pour obtenir … quoi ? Une réponse ?

Narcissa Black ne dit pas Je t'aime.

Mais Narcissa peut changer, elle aussi. Alors elle saisit la nuque de Lilly et l'attire à elle, dans l'urgence, pour la presser contre sa poitrine, pour écraser ses lèvres sur les siennes. La bouche qu'elle dévore a un goût de dentifrice : quand a-t-elle eu le temps de se laver les dents ? Un baiser au dentifrice. Mmm … un baiser mentholé, d'une fraîcheur brûlante.

L'incendie dans leurs bassins de porcelaine les submerge.

-C'est normal, ça ? Les reins en feu ?

Leurs mains se parcourent en hésitant, parfois, quand une rondeur les surprend ou leur fait peur. Savent-elle ? Savent-elles savoir le normal de l'anormal, le vrai du faux, le bien du mal ? A cet âge, et comme cela, toutes enroulées dans les mêmes draps, consumées l'une par l'autre ?

-Je ne sais pas … peut-être.

La seule chose qui reste, après, c'est : peut-être pas.

- U n b o u q u e t d e f l a m m è c h e s -

Ce matin, quand l'aube a percé la paupière pailletée du ciel, elles sont allées au Lac. Elles lui ont fait leurs adieux. Narcissa a murmuré ses prières en égrenant sur ses doigts translucides son chapelet qu'elle arrive toujours à retrouver dans l'eau. Elle arrive toujours à reconstituer les mêmes gouttes pour qu'elles tombent de la manière, avec une grâce ballerinesque.

Narcissa la Calme récite la prière du Lac.

Sa disciple, derrière, joue à une marelle invisible sur le sol trompeur qu'elle a appris à déjouer. Plus de bateaux-chaussures échouées dans la boue carnivore.

Narcissa laisse sur ces berges inhospitalières sa mue craquante. Y laisse des années de tendresse, un certain moelleux d'enfant qu'elle nie maintenant. Tout un bagage d'adolescence. Et le sang. Et le froid des petits flocons de neige.

Lily laisse Narcissa.

Narcissa la Calme a toujours été un peu théâtrale, c'est vrai, il lui faut le crescendo de violons. Mais pas cette fois. On fera sans. Elle sort de la poche de sa robe-galaxie une paire de ciseaux à ongles en argent.

C'était un cadeau, sans doute.

Plus maintenant. Elle ne fait pas de cadeaux, Narcissa, elle ne coupe pas ses mèches d'héroïne une à une, pour le plaisir de les voir tomber dans l'eau un peu sale, vaguement bleu-verte, qui pourrait rappeler les yeux de la petite fille, derrière elle. Au contraire.

Elle coupe d'une traite, d'une seule goulée d'air, Narcissa.

Avec une seule, unique, infime, intime, ultime respiration. Elle laisse au lac sa lourde chevelure, et l'endroit précis au creux de son épaule où elle pesait, comme un fardeau.

-Tu coupes tes cheveux ?

Parfois, les questions inutiles de Lily l'exaspèrent. C'est vrai. Maintenant, par exemple. Pourquoi faut-il qu'elle ait toujours l'air de tomber des nues, tout en restant si profondément terrestre ? Parfois, Narcissa voudrait se débarrasser de Lily qui reste sagement, les bras dans le dos, derrière elle, sans comprendre. Mais elle ne le fait pas.

Je vais te manger.

Narcissa ne répond pas.

Les cheveux flottent doucement et partent se perdre dans la vase, une flottille de navires faits de brindilles.

Jusqu'à ce qu'on ne les voie plus, le regard délavé de Narcissa les accompagne.

- U n b o u q u e t d e f l a m m è c h e s -

Le Poudlard-Express, avec son panache de fumée et ses ronronnements de bête domptée, a toujours fasciné Lily.

C'était, pour elle, ce symbole : partir.

Et revenir.

Et repartir.

Et finalement, elle s'est habitué à lui, jusqu'à ce que le regarder apparaître sur le quai de la voie 9 ¾ deviennent une agréable habitude.

Elle a cherché la liberté autre part.

Et bien des fois, elle ne l'a pas trouvée. Bien des fois, elle s'est heurtée à tout un capharnaüm d'imbécillités, de cadenas et de portes en bois de noisetier.

Elle a eu mal. Elle a pleuré. Elle a tempêté, elle a fait le typhon, elle a fait la petite fille gâtée, on a eu peur de ses yeux orageux et des ses cheveux, surtout, dressés autour de sa tête en murailles pourpres.

Elle caresse le flanc de l'ancêtre de fer.

Lui, il grésille, il gronde, il crachote des nuages rouillés. C'est le dragon le plus attachant du monde, ce train.

Qu'est-ce qu'il y a, après lui ? Maintenant, elle ose se le demander ? Il y a vraiment quelque chose, derrière le rideau des montagnes, où c'est juste un mirage qu'on fait miroiter aux enfants ? Il y a une vie après l'enfance ? C'est vrai ? Mais comment ?

C'est possible ?

Narcissa y répondrait d'un haussement d'épaules, si elle répondait aux questions : elle chasserait tous ces possibles d'une danse d'os et de chair, sans même se rendre compte que ce mécanisme-là est déjà merveilleux.

Et pourtant. Elle est surprenante, parfois.

Quand il fait nuit, elle se lève et elle crie des choses au soleil comme s'il allait lui obéir.

Elle a cette étrange fascination pour la couleur du jus de citrouille. Elle dit que cela ressemble à un lac miniature.

Elle porte des robes sous ses robes.

Elle aime pleurer.

Elle est violente aussi, parfois, elle s'agite partout et ses mains deviennent des couteaux, sa bouche a des goûts de papier de verre, il faut s'éloigner si on ne veut pas avoir la peau en mur de crépi.

C'est dur de l'aimer.

- U n b o u q u e t d e f l a m m è c h e s -

Le velours vert des sièges, usé jusqu'à la corde.

Les restes de friandises collés dans tous les recoins, et les cris qui vont avec quand quelqu'un se prend la main dedans.

Les bagages mal fixés qui tombent sur leurs propriétaires – ça arrive à chaque fois.

Les au-revoir qu'on a envie d'abréger, parce que, quand même …

Et tout le reste.

Voilà. C'est bon. Toute vapeur. Lily et Narcissa sur le dos de la baleine souffleuse de fumée, extatiques, les yeux trop grands avec le vent qui y tracent des petites veines explosées.

L'aventure.

Les mains serrées – trop -, des prisons ces mains, ça n'a pas l'air mais ces doigts qu'on dit innocents sont des vrais geôles, quand ils veulent. Cela vous fait des cages dont personne n'ose s'échapper.

L'avenir ? Bah. Tant qu'on a les cheveux en moins et un peu de poussière d'étoile en poche, il ne peut rien vous arriver, quand on a seize ans.

Comme disait l'autre.

Le train disparaît sur les montagnes russes.

Réapparaît sur le quai.

Quand elles descendent, c'est main dans la main, un sourire entendu aux lèvres.

Blondes mèches folles. Narcissa la Calme.

Tempête rougeâtre. Lily l'Ardente.

Un dernier baiser du bout des lèvres.

Un vague geste de main qui se perd dans les volutes de fumée.

Les parents sur le bord, hors contexte. Qui ne savent pas quoi dire, quoi faire, un peu indifférents.

On se reverra ? Pas sûr. C'était bien. Oui ? Je t'aime.

-Moi aussi.

Sourire fleuri. Un clin de cils. Dernière petite volupté dégustée du bout de la langue.

C'est tout.

-Au revoir.

-Au revoir.

Rideau.

 
 
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