Disclaimer : Tous les personnages de cette fiction appartiennent à J.K Rowling (et oui, je suis toujours pauvre :p) Couple : HPDM Dédicace : Toujours pour Grenadine et Artoung. Parce que je les nem, qu’elles m’ont donné respectivement l’idée de base de cette fic et l’envie de la continuer. Et à Sean aussi, sans raison, parce que c’est Sean et qu’elle part à l’autre bout du monde :p. Z’allez me manquer…
Note du champi : Bon tout d’abord, je me dois de m’excuser d’avance pour toutes les fautes que vous allez dénicher dans ce chapitre. J’ai longtemps hésité car je serais privée de net jusqu’à mi-aout et que mes béta sont déjà bien trop occupées par leurs propres textes (et vous y gagnez, croyez moi :p). Donc j’ai choisi de publier le chapitre tôt et non corrigé, et je m’en excuse encore :/ IMPORTANT : Cette fic est désormais illustrée :D J’ai eut l’immense chance de me voir offrir des illustrations des enfants Potter par deux artistes fantastiques, Soizic et Gevoel. Je vous donne ici les liens, et n’hésitez pas à les féliciter (je transmettrais tous les compliments aux personnes concernées :p) Soizic (Lily, Albus, Raymond et Nounours): http://img245.imageshack.us/img245/6834/soizfini.jpg Gevoel (James/Teddy ; Lily/Kreattur ; Albus/Scorpius) : http://nsa16.casimages.com/img/2010/07/29/100729035659564055.jpg Encore merci à elles *-*
Chapitre 2
Dans l’âtre d’une vieille cheminée de pierre, un feu émeraude s’embrasa, emportant avec lui une silhouette rendue floue par la chaleur. La lumière verte éclaira brusquement une pièce entièrement faite de bois sombre avant qu’elle ne replonge tout aussi brutalement dans la semi pénombre. Le bureau était simple et chaleureux. Un mur était recouvert de dossier de toutes les tailles et les couleurs alors qu’une étagère croulant sous les livres de lois, de potions et de défense contre les forces du mal courait sur celui d’en face. Face au bureau d’ébène l’immense cheminée s’étendait sur plusieurs mètres, couvant quelques flammes d’un vert tendre. Pas de fenêtres ni de porte, des murs épais et insonorisés de façon moldue et magique qui empêchait également le transplanage, cette pièce était inviolable. C’était une pièce clairement conçue pour ne pas laisser filtrer les secrets qui y étaient dévoilés. Installé dans un fauteuil de cuir noir, Harry Potter abandonna le sourire rassurant qu’il abordait devant ses collaborateurs. Avec un soupir las, il laissa tomber sa tête sur le bureau, son front heurtant le bois dans un bruit sec. Il poussa un grognement paresseux, avant de se masser les tempes du bout des doigts. Il jeta un regard en biais accusateur aux dossiers qui s’empilaient aux quatre coins de son bureau et retira ses lunettes en grognant à nouveau. « Je veux dormir… » Souffla t’il. Ses yeux dérivèrent sur l’énorme pochette rouge reposant devant lui et il eut un sourire involontaire à la vue du logo gris. Il se redressa lentement et caressa distraitement le carton décoloré, ses traits tirés dans un mélange de fatigue et de satisfaction. Ses hommes. Sa fierté. Il lui avait fallu de nombreuses années pour mettre en place ce projet. Il avait fait ses études d’Aurors en compagnie de Ron, et ils avaient tous les deux réussit leur examen avec une mention spéciale. C’était Hermione, alors assistante du ministre des relations interespèces, qui avait donné cette idée à Harry alors qu’il était Auror depuis des années, mais sans jamais parvenir à se sentir à sa place. Le survivant avait longuement discuté de son plan avec Shacklebolt, le ministre de la magie, et Williamson, chef des Aurors de l’époque. Et dix ans plus tôt, ils s’étaient finalement décidés. Il était devenu le chef d’un petit corps d’élite d’un genre particulier. Ils avaient commencés à seulement neuf mais désormais sa section comptait vingt et une personnes. Tous volontaires, soumis à des critères physiques, mentaux et magiques très précis. Car dans leur section, toutes les espèces étaient représentées : gobelins, elfes, vampires, humains, loup garous et même un vélane mâle et un elfe de maison libre. Certains sortaient de l’école des Aurors, d’autres étaient d’anciens langues de plomb, alors que d’autres n’avaient même fait aucunes études. Leur diversité culturelle et raciale était leur atout majeur et leur permettait un champ d’action très large. Ils servaient à la fois de soutien aux Aurors classiques, de forces d’intervention spéciale dans certaines affaires délicates ou à assurer la sécurité de certains évènements. Ils étaient aussi tout désignés pour régler les conflits entre les différentes communautés. Si au début les critiques avaient fusées-aussi bien dans la presse qu’au sein même du ministère- sur son initiative et sa relation privilégiée avec Shacklebolt, elles s’étaient rapidement éteintes. Ils jouissaient même d’une popularité grandissante au sein de la population, associés dans tous les esprits à une efficacité dont aucune autre section du ministère ne pouvait se vanter. Et s’ils avaient pour principe de préserver la vie à tout prix, ils n’en restaient pas des combattants terribles, qui avaient été les seuls capables d’endiguer le début d’une révolte de gobelins.
Quand la popularité du groupe avait commencé à devenir handicapante, Harry avait abandonné son bureau du ministère au profit d’un autre beaucoup moins spacieux mais plus sûr chez lui, à l’écart des curieux qui le harcelaient constamment. Hommes qui, bien que ne passant pas inaperçus dans les couloirs du ministère où ils déambulaient vêtus de noir et de cuir de dragon, sans cape ni robe, étaient laissés en paix par le public grâce aux légers sorts de confusion made in sorciers facétieux qui imprégnaient leurs tenues. Sur les gilets de protection, un symbole stylisé et dont le brevet magique empêchait toute reproduction sans autorisation leur servait d’identification. Une patte griffue argentée et, au dessus, juste au niveau du cœur, quatre lacérations parallèles, d’un rouge sang. On les connaissait sous le nom de « Maraudeurs ». Il avait fallu du temps pour que le groupe ne devienne fonctionnel. Au début, le vampire et le loup garou passaient leur temps à se battre pratiquement à mort alors que les elfes et le gobelin refusaient de s’adresser la parole. Les deux humains étaient envoutés par le vélane qui s’amusait à les manipuler à sa guise. Sans parler de leurs façons de combattre, tellement antagonistes qu’elles s’annulaient mutuellement. La maitrise des éléments des vampires déstabilisait la magie innée, puisant dans la nature, des elfes alors que celle d’Eargit le gobelin déréglait les pouvoirs à base d’illusions du vélane. Dans les bureaux des Aurors, il était alors considéré comme un passe temps de premier ordre d’observer le bureau de Potter et de parier sur le délai avant l’apparition des étincelles magiques. Les premières semaines, le temps se mesurait parfois en secondes. Mais après beaucoup de temps, de discussions, de cris et même un ou deux coups perdus, ils avaient finis par se supporter. Et même s’apprécier. Et les voir, toutes les semaines, se réunir dans son bureau et parler dans le calme rendait Harry heureux. Ils étaient devenus, avec le temps, une famille. Etrange, certes, mais une famille quand même.
D’ailleurs en parlant de famille… Son regard rampa le long de son bureau, avant de tomber sur des cadres disposés en quinconce. Le plus grand, en bois blanc, contenait une photo moldue de Harry et ses trois enfants. James, huit ans, grimaçait en ébouriffant les cheveux d’un Albus blasé, tenant fermement la main de son père alors qu’il avait enroulé son doudou autour de l’autre. Et, dans les bras de Harry, une fillette aux cheveux longs qui refermait ses bras autour du cou de l’adulte en l’embrassant sur la joue. Ses yeux dérivèrent encore, glissant sur l’image animée d’une Lily de cinq ans dénudant pétale par pétale une énorme pâquerette en riant aux éclats, le papier glacé étant encadré de coquillage dorés et d’un « joyeuse fête papa » tracé d’une écriture brouillonne. Lily encore, petite princesse dans sa robe de tulle bleu marine, dansant avec le maladroit Ron Weasley, virevoltants devant un immense sapin où s’amoncelait une montagne de paquets colorés. Sur une autre, Ron et Hermione, enlacés, leurs enfants assis sur leurs genoux et l’air simplement heureux. Dans le cadre du fond, Albus endormi sur le cadre d’une fenêtre. Le vent secouait ses cheveux et il plissait le nez quand le courant d’air l’agaçait un peu trop. Son menton niché au creux de son coude, sa main pendant à l’extérieur de la maison, il émanait de son visage un abandon total, cette innocence trop pure qui caractérisait depuis toujours son plus jeune fils. Albus. Harry eut un sourire fatigué mais sincère. Il se souvint de la lettre reçut quelques mois plus tôt, plusieurs heures après que le Poudlard express n’ait disparu. De ce simple mot qui était tombé comme un couperet, une sentence. Il revoyait Ginny blêmir, Hermione détourner les yeux, mal à l’aise, alors que Ron était soudain devenu mortellement muet. Mais Harry avait souri, seul au milieu de ces visages éplorés. Avec un peu d’amertume, d’autodérision peut être, mais il avait souri. Serpentard Cela sonnait comme la pire des injures, annoncé noir sur blanc avec une indifférence terrifiante, comme si l’enfant ne mesurait pas les conséquences de ses actes. De son crime. Un Potter, pire, un Weasley dans la maison des serpents, des traitres et de la magie noire. Seul Harry n’avait pas été surpris. Après tout, c’était son fils. Et si lui avait eu à l’époque de bonnes raisons de réfuter le choix du choixpeau, Albus avait au contraire de bons arguments pour l’y inciter, lui qui se moquait éperdument d’un détail aussi terre à terre qu’une maison. L’image d’un petit blond à l’air sérieux au cou orné d’un beau furet immaculé passa dans son esprit et Harry rit doucement en détournant le regard. Dans le cadre blanc à côté, de plus petite taille, son fils aîné le dévisageait de la photo prise a la fin de son premier match de quidditch. Il portait l’uniforme de Gryffondor, tenue de cuir, d’or et de rouge sang, ses cheveux longs ébouriffés dans tous les sens et maintenus en place par ses lunettes teintées alors qu’il levait bien haut son balai, les yeux pétillants. Le bas de sa mâchoire était bleuit par un hématome, du sable s’accrochait sur son visage, ses mains et ses vêtements et sa peau griffée à divers endroits indiquait clairement que le jeu avait été relativement musclé. Mais il destinait au photographe un sourire immense, victorieux et exultant. Derrière lui courait la silhouette folle de Ted Lupin, la crinière rouge qu’il arborait pour l’occasion volant dans son dos. Parfois, il arrêtait sa course et sautait sur James, le serrant dans ses bras en hurlant, le faisant éclater de rire. Harry avait été tellement fier quand James avait été intégré dans l’équipe en deuxième année. Après avoir été pendant quelques entrainements un attrapeur moyen, James avait finalement osé demander, contre toute attente, à jouer au poste de gardien. Où il s’était révélé exceptionnellement doué. Harry sourit en remarquant le vieux nimbus 4000 qu’il tenait dans la main gauche et se souvint de la lettre reçue quelques semaines plus tôt. Ce mot de la directrice Mc Gonagall leur expliquant que James s’était battu violemment avec un de ses camarades Gryffondor, l’envoyant même à l’infirmerie. Apparemment, l’autre garçon était en train d’insulter deux Serpentards quand James s’en était pris à lui. Elle l’avait aussi informé que Ted Lupin avait reçu un avertissement pour avoir porté la main sur un élève- il était visiblement la raison principale de l’évacuation vers l’infirmerie. D’après la façon froide, guindée mais subtilement approbatrice dont Minerva le leur avait annoncé, Harry n’avait aucun doute sur l’identité desdits Serpents. Il se souvenait parfaitement de l’air outré de Ginny quand elle avait débarqué chez lui après avoir reçu le hibou. Ses hurlements furieux, puis la beuglante qu’elle avait soigneusement préparée pendant ce qui lui semblaient être des heures. Il se rappelait aussi de la silhouette de Plume, le hibou familial avec son doux plumage gris, et de l’énorme enveloppe rouge dans ses serres. Ginny avait toujours eut tendance à oublier ce qu’ils avaient fait jeunes pour le reprocher à leurs enfants. La situation lui avait tellement rappelé la beuglante de Molly en troisième année qu’il avait dû lutter pour ne pas rire. Harry avait refusé de participer à cette remontrance à l’arrière goût d’humiliation publique. Après tout, il connaissait son fils mieux que personne. Et derrière son attitude indépendante, indifférente à tous voir légèrement hautaine par instant, il restait ce petit garçon bagarreur qui avait promis de défendre sa petite sœur et qui protégeait son frère d’à peu près l’intégralité du monde réel depuis que ce dernier était en âge de marcher-et de se perdre. Et il imaginait sans mal la scène qui s’était déroulée à Poudlard. L’ami de James avait dut être relativement surpris quand, après s’être moqué d’Albus, il avait vu James l’éternel rieur lui sauter littéralement à la gorge. Sans parler du beau et doux Teddy, toujours prêt à suivre James. Harry ricana doucement en remontant ses lunettes sur son nez du bout des doigts. Quand Ginny lui avait demandé de faire preuve d’un peu d’autorité, le survivant avait seulement haussé les épaules sans faire aucun commentaire. Mais le soir même, James avait pu trouver sur son lit, soigneusement emballé dans du papier kraft, le nouveau Plasma 6000 que son père avait refusé de lui offrir à la rentrée. D’un bienfaiteur anonyme bien sûr.
Son regard dérapa sur la dernière photo. Un polaroid sorcier encadré de vert représentant deux jeunes sorciers de première année. A gauche, Albus dans son uniforme de Serpentard, le regard dans le vide et les lèves plissées en une moue songeuse. A ses côtés, souriant discrètement, se tenait Scorpius Malfoy. Le petit blond jetait des regards en coin à son ami distrait, levant parfois les yeux au ciel. Puis, agacé, il finissait par lui pincer les côtes, faisant sursauter le rêveur qui reportait alors sur lui une attention floue. A ce moment là, l’héritier Malfoy lui murmurait quelque chose à l’oreille, faisant rire Albus aux éclats. Scorpius essayait de rester stoïque mais cédait à son tour rapidement au fou rire. La scène s’estompait rapidement, recommençant en boucle. Le sourire de Harry s’agrandit encore, alors qu’il cherchait inconsciemment à capter le son de ces rires silencieux. Ginny grimaçait encore dès qu’elle voyait la photo du petit blond, comme elle le faisait devant son prénom à chaque fois qu’il apparaissait dans les lettres quasi quotidiennes de leur plus jeune fils. Albus lui-même, et ce malgré sa distraction habituelle, avait compris que sa mère n’acceptait pas tout à fait son nouvel ami et essayait de ne pas trop lui en parler. Mais dans celles que Harry recevaient, les histoires semblaient cousues de ce prénom, comme si Albus ne se lassait pas de l’écrire, d’en savourer chaque syllabe du bout de sa plume. Entre les explications sur la vie des acromentules données par Hagrid, le cycle de vie des hélitroncs et l’analyse du comportement de groupe des septièmes années à l’approche de leurs examens blancs, Albus lui racontait en détails la façon dont Scorpius réussissait à se faire respecter des plus âgés, dont il réussissait des potions bien au dessus du niveau d’un première année ou encore de sa manière de tenir sa baguette. Et si au début Harry avait été stupéfait par l’amitié proche de l’obsession qu’Albus partageait avec le fils Malfoy, il avait finit par comprendre. Pour Albus qui aimait tant trouver de la logique partout, Scorpius était un mystère insondable. Lui qui avait toujours sut décoder et prévoir les réactions de son entourage échouait à percer à jour l’héritier Malfoy qui hésitait entre masque impénétrable et franchise extrême. Constamment surpris, incapable de se lasser de ce mystère trop blond, Albus n’en était que toujours plus fasciné. Décidemment, quelque soit la génération, les relations Potter Malfoy n’avaient jamais sut faire autrement que dans les extrêmes.
A cette pensée, Harry fouilla la montagne de papiers devant lui pour en extraire un parchemin où, d’une écriture racée proche de la calligraphie, se découpaient quatre phrases sèches et pour toute signature un sceau qu’il connaissait bien. Il l’observa un moment, relisant les mots qu’il connaissait pourtant déjà par cœur. Soudain décidé, il sortit un parchemin vierge des tréfonds de ses tiroirs. Il y griffonna un seul mot et signa, avant de froisser légèrement le papier. Satisfait de l’apparence négligée et indifférente du message, il le plia soigneusement. Il eut un sourire presque enjoué en se levant de son fauteuil pour se diriger vers la cheminée, seule entrée et sortie de son bureau, bien décidé à rejoindre la volière. Mais avant qu’il n’eu mis le pied dans les flammes, ces dernières se mirent à gronder, augmentant de taille pour dessiner une haute silhouette aux contours indécis. Harry soupira en reconnaissant l’éclat d’un sourire aux crocs aiguisés et il retourna s’asseoir, tournant sans hésitation le dos au vampire drapé de noir qui l’observait avec avidité. Devant l’excitation étrange qui éclairait les traits blafards du vampire, Harry sut qu’il y avait une urgence. Encore. Et la seule chose qui lui passa à l’esprit fut que, pour une fois, Draco Malfoy devrait attendre.
OOooOOooOOoo
Une immense salle à manger au plafond haut et au plancher de vieux bois patiné et ciré. La pièce était claire, la lumière entrant à flots par une immense baie vitrée, dévoilant au passage une partie d’un sublime jardin enneigé aux nombreuses décorations de givre. Le mobilier, sobre mais élégant, mettait en avant l’énorme table d’ébène qui courait au centre de la pièce. Assis de part et d’autre de la table, un couple d’une beauté guindée attendait dans un silence tendu. Le regard d’Astoria Malfoy dérivait du côté du jardin, semblant pourtant se porter bien loin des végétaux changés en sculptures de glace. Draco Malfoy, lui, essayait de s’empêcher de tapoter le bois du bout des ongles pour évacuer son impatience. Trois mois. Trois longs mois sans le voir. Jamais Draco n’avait passé autant de temps cloitré dans son bureau, se noyant volontairement dans le travail. Le manoir Malfoy le terrifiait de plus en plus. Lui, l’enfant qui n’avait jamais eut peur des monstres cachés sous les lits développait une véritable phobie des murs de pierre, de l’ambiance de vie en suspend et de l’odeur presque métallique qui imprégnait les moindres recoins du bâtiment. Comme si le manoir s’était imbibé de sang. Comme une odeur de temps gelé. Presque inconsciemment, Draco mit la main dans sa poche et ses doigts se crispèrent sur un bout de papier chiffonné. La réponse envoyée par Potter quelques jours auparavant. Il ne savait pas pourquoi il l’avait gardée. Après tout, le message était pour le moins succinct et le parchemin d’une qualité plutôt médiocre-tout comme son auteur. Mais l’écriture était toujours aussi brouillonne que celle qu’il avait connue et vu évoluer pendant sept ans. Le ‘u’ étrangement pointu, le faisant ressembler à un ‘v’, le ‘i’ tracé à la hâte, simple trait vaguement bossu, le nom griffonné dans un coin. Lui qui avait pris tellement de soin à écrire une lettre aussi courte, précise mais néanmoins aussi indifférente que possible avait été outré de recevoir pour réponse ce bout de papier chiffonné, semblable à ces mots que des enfants s’échangent discrètement en cours. Semblable aux insultes qu’ils s’envoyaient des années plus tôt par parchemins interposés durant des cours trop ennuyeux. Et, faussement vexé, incapable de retenir un sourire canaille, Draco avait soigneusement caché le message dans sa poche. Juste un clin d’œil à l’adolescent revanchard qu’il avait été. Juste une provocation discrète à ce froid qui le dévorait depuis des années. Juste un secret, un peu honteux, mais qui irradiait d’une douce chaleur dès qu’il l’effleurait. Une fois de plus, les ongles ras de Draco vinrent heurter le bois sombre, le cliquetis régulier finissant par tirer une moue agacée à Astoria qui ne détourna pas pour autant son regard perdu dans le vide. Draco eut un sourire amer mais posa finalement sa paume à plat contre la table, l’expression de sa femme fondant aussitôt dans une expression lisse et absente qui lui donna envie de hurler, dans un besoin viscéral d’entendre un son, quel qu’il soit. Alors que Scorpius allait arriver, jamais l’absence ne lui avait paru si cruelle. Il aurait dû le chercher sur le quai plutôt que d’envoyer un serviteur, il le savait. La raison pour laquelle il ne l’avait pas fait lui revint et il grimaça. Car il aurait été là aussi. Et Draco avait fuit l’affrontement, fuit les yeux verts qui auraient étés, il en était persuadé, moqueurs et méfiants. Il avait refusé de d’entendre ces questions auxquelles il n’avait aucune réponse. Car lui-même ne savait pas vraiment ce qui lui était passé par la tête. La première semaine de Scorpius à Poudlard avait gonflé son père de fierté. Accepté immédiatement à Serpentard, accueillit dans sa maison comme un petit prince par tous les sangs purs, surprenant tous ses professeurs par sa facilité de compréhension et ses pouvoirs étonnement développés pour son âge, chacune des lettres de son fils était pour Draco une éternelle source d’orgueil. Et puis, le mardi suivant la rentrée, il y avait eut ce prénom lâché presque par erreur, sonnant pourtant comme un cri du cœur, comme si l’enfant s’était évertué à le retenir le plus longtemps possible. Et c’était sûrement le cas, connaissant les sentiments de Draco envers le père du garçon. Albus Potter. Draco avait bien compris que son fils avait eu peur de lui en parler, et l’idée de voir Scorpius lui dissimuler par crainte une partie de sa vie le rebutait bien plus que celle d’entendre parler parfois de ce garçon. Il avait implicitement accepté cette fréquentation. Il ne se doutait alors pas qu’il ouvrait les vannes de quelque chose d’effrayant. Et bientôt, le fier Malfoy se retrouva à lire quotidiennement des parchemins entiers à propos de l’héritier des Potter. Avec une admiration non dissimulée et qui le faisait grincer des dents, son fils lui décrivait en détail le caractère d’un enfant pas comme les autres, sorte de petit génie flottant au dessus du monde réel, se posant des questions incongrues et déstabilisantes même au milieu de la nuit et capable de passer des heures plongé dans ses pensées. Un gosse étrange, ne connaissant pas la jalousie ou la rancœur, capable d’une indifférence glacée envers tout ce qui lui semblait inintéressant et cernant tout le monde avec une perfection effarante. Sans jamais rien en montrer, Draco assistait à l’attachement disproportionné de son fils pour celui du balafré, espérant contre toute logique à chaque nouvelle lettre qu’il lui annonce que tout n’était qu’une mauvaise blague. Quoiqu’en dise Scorpius, le morveux restait l’enfant de Potter, et la simple idée de le savoir proche du joyau de sa maison lui faisait froid dans le dos. Il détestait déjà cet enfant qu’il savait beaucoup trop semblable à celui qui, des années plus tôt, avait refusé sa main tendue. Alors, pourquoi avait il fait ça ? En réalité, il savait pourquoi, mais ne voulait pas se l’avouer. Voir le sourire de Scorpius évidemment. Prouver à Potter père qu’il était bien plus mature que lui, qu’il n’était pas le seul à pouvoir mettre de côté le mépris qu’il ressentait pour l’autre. Pour pouvoir se confirmer que le gosse n’avait rien d’exceptionnel. Quoiqu’il en soit, quand Scorpius lui avait parlé de la fin octobre-de nouvelles vacances instaurées par Mc Gonagall juste après la guerre pour permettre la restauration du vieux château et qu’elle n’avait jamais eu le cœur de retirer aux générations suivantes- avec une morosité mal cachée, Draco avait eu une idée subite. Il avait répondu immédiatement à Scorpius, regrettant déjà alors que le hibou décollait seulement. Mais, assumant jusqu’au bout, il avait écrit à Potter pour savoir ce qu’il en pensait. Alors qu’il s’attendait à une réponse pleine d’insultes, de méfiance et de railleries, il n’avait reçu qu’un seul petit mot, une approbation brute et sans condition qui le stupéfiait encore. Des voix dans le couloir le tirèrent de ses réflexions et il grimaça de nouveau au grincement de la porte. Un Potter au manoir Malfoy durant six jours. Merlin, mais pourquoi avait il fait ça?
« PERE ! » Le cri de joie fit presque sursauter Draco qui avait perdu la délicieuse habitude d’entendre une voix d’enfant briser le silence. Il se leva, juste à temps pour recevoir dans ses bras un Scorpius hystérique, tout protocole oublié. Il le serra dans ses bras, ému de la façon dont il s’agrippait à lui presque avec désespoir, comme s’il avait peur que son père ne s’évapore dès qu’il le lâcherait. « Bienvenue à la maison Scorpius » Dit simplement Draco, savourant la sonorité de la phrase. L’enfant s’écarta de lui, légèrement plus calme, et ses yeux brillants de joie arrachèrent un sourire heureux à son père, qui sentait déjà le froid se diluer dans ses veines dans une douce tiédeur qui lui tira un frisson. « Bonjour mère » Fit finalement Scorpius en contournant la table et l’embrassant sur la joue. Le regard d’Astoria se posa sur son fils et pour la première fois depuis longtemps s’adoucit légèrement alors que son sourire froid se faisait plus sincère. « Bonjour mon fils » Répondit elle d’une voix calme. Avec avidité, Draco observait son héritier. Il nota les cheveux plus longs, qui semblaient encore plus clairs qu’avant, plus argentés que blonds à présent. Il avait prit quelques centimètres, et l’on commençait déjà à deviner la silhouette maladroite et dégingandée typique des adolescents. Avec attendrissement, Draco repéra chez lui des tics de sorcier chevronné, passant par inadvertance la main sur sa poche où il rangeait sa baguette, comme mal à l’aise de s’éloigner même un instant de ce prolongement de lui. Il y avait aussi la démarche plus assurée, le regard moins hésitant et timide. Et cette fameuse étincelle au fond des yeux. Scorpius avait grandi en seulement deux mois mais pas seulement. Il était élève de Poudlard à présent et cette fierté sourde, inconsciente, semblait presque indécente pour Draco qui l’avait perdue depuis des années. Il ferma les yeux, un rictus douloureux aux lèvres. « Père, Mère, je vous présente Albus » Annonça soudain Scorpius, avec une gravité étrange et une angoisse perceptible. Les paupières de Draco se crispèrent un instant avant qu’il ne les ouvre avec réluctance pour observer celui que son regard évitait avec acharnement depuis son entrée dans la pièce. Comme il s’en souvenait, l’enfant était un clone parfait de son père. Les mêmes traits doux, les cheveux à la limite de l’insulte capillaire d’un noir de jais, les yeux immenses d’un vert émeraude pétillant d’une lueur impossible à décrypter, la même stature frêle. La seule différence se situait au niveau de l’absence de lunettes sur le nez droit et fin et du front vierge de toute cicatrice, même si orné d’un pansement blanc au niveau de la tempe. Les conséquences de son idée stupide le frappèrent de plein fouet et il eut l’envie brusque de mettre l’enfant à la porte avant de ne plus pouvoir faire demi tour. Mais déjà Scorpius tirait son ami auprès de sa mère. L’enfant, poli, s’inclina légèrement devant elle, dans un mouvement maladroit mais étrangement gracieux qui fit hausser un sourcil à Draco. En observant le regard orgueilleux de son fils, il comprit que la petite scène avait dut être assidument répétées au sein du dortoir des premières années. Mais la réaction d’Astoria avait visiblement été imaginée plus positive, car Scorpius parut réellement blessé et légèrement honteux de la moue méprisante que sa mère adressa à son ami. Le jeune Potter n’eut aucune réaction en apparence, mais Draco le vit clairement pincer du bout des doigts la hanche de Scorpius. Ce geste tira un sourire attristé au petit blond qui se tourna vers son père. Et il y avait tellement d’espoir et de crainte dans le regard bleu que Draco oublia immédiatement ses velléités envers le brun. Il n’aurait qu’à l’éviter durant six jours, il saurait survivre à une cohabitation de loin. Pour Scorpius. Le jeune Potter s’avança vers lui à grands pas décidés, et se planta devant lui. Il lui tendit la main, ancrant son regard franc à celui de l’aristocrate « Bonjour monsieur Malfoy. Je m’appelle Albus Severus Potter, et je suis très heureux de vous rencontrer. Merci beaucoup de m’héberger durant ces vacances » Le cœur de Draco eut un raté. Severus. Pourquoi le gamin portait il un tel prénom ? De qui pouvait bien venir cette idée étrange ? Le souvenir de son ténébreux parrain, distant et maladroit dans son affection, mort pour l’avoir protégé et avoir prit sur lui le poids de ses erreurs le paralysa. Severus. Durant de longues secondes, l’enfant resta ainsi, la main tendue dans le vide, son interlocuteur le fixant sans un mot, l’air passablement choqué. Pas un instant le gosse ne se dépara de son sourire poli mais légèrement blasé, comme s’il savait déjà quelle serait la réaction du sang pur. Et soudain, Draco vit avec acuité les deux enfants côtes à côtes, l’observant avec une sorte d’agacement résigné, et il se demanda avec un sérieux amusé qui étaient vraiment les deux adultes de la pièce. Alors il serra gravement la main de l’enfant, allant même jusqu'à lui dédier un sourire solennel. Mais déjà Albus ne le regardait plus, observant du coin de l’œil son ami. Ce dernier semblait rayonner de bonheur et de fierté en observant son père et son ami et le jeune Potter détourna le regard avec un sourire soulagé et hautement satisfait. « Si cela ne vous dérange pas, je vais aller poser mes valises et écrire à mon père pour lui confirmer que je suis bien arrivé » Lâcha soudain le petit brun, sans se soucier du silence gêné qui s’était installé. « Je t’accompagne » Proposa spontanément Scorpius « Non non, ne t’inquiète pas. Reste avec tes parents, tu ne les as pas vus depuis deux mois ! Je vais demander à John de me montrer le chemin » Répondit il en désignant d’un geste discret le vieux majordome grisonnant qui se tenait dans un coin de la pièce depuis qu’il avait ramené les enfants de la gare. « Pour la troisième fois, je me nomme Jonas » Rectifia l’homme d’un ton guindé, à mi voix « Oh excusez-moi » Fit l’invité, la mine contrite « Tu me rejoins tout à l’heure Scorpius ? » « Bien sûr » Il coula un regard nerveux vers Draco avant de souffler avec nervosité « Salue ton père pour moi aussi » Albus hocha la tête comme si cela allait de soi alors que Malfoy père restait d’un stoïcisme impressionnant, uniquement trahi par la crispation de ses mâchoires. Le petit brun leur sourit encore, avant de tourner les talons. « Allons-y John ! » S’exclama-t-il d’une voix joyeuse et légère. Le majordome grinça des dents mais ne fit aucun commentaire et sorti de la pièce d’un pas raide. Albus le suivit mais au niveau de la porte il se retourna avant de tirer la langue à Scorpius, les yeux pétillants de malice. Le petit blond eut un éclat de rire et les lourdes portes se refermèrent sur le fantôme d’un sourire mutin.
oooo Dans la grande salle du salon Malfoy, autour de la table d’ébène, quatre personnes dinaient. Astoria Malfoy picorait dans son assiette, dans un silence buté. Albus Potter et Scorpius Malfoy débattaient sur les impacts des crins de licorne dans certaines potions, et la complexité du dialogue entre les deux enfants aurait stupéfié quiconque y assistant pour la première fois. Scorpius parlait avec enthousiasme, son ami l’écoutant avec une attention absolue, ne remarquant même pas que le petit blond lui refilait depuis déjà dix minutes tout ses petit pois. Quand le petit brun prenait la parole, ses questions étaient non seulement déconcertantes mais aussi terriblement pertinentes et Scorpius rebondissait dessus, partant sur un autre sujet, visiblement habitué. En face d’eux, plongé dans un silence total, le propriétaire des lieux luttait pour décrocher son regard des deux enfants. Il avait beau y être habitué à présent, il ne parvenait pas à se faire aux sujets de discussion des deux petits Serpentards. Il se souvenait pourtant qu’à leur âge ils n’abordaient entre eux ce genre de sujets que lors de la rédaction des devoirs. Il oscillait entre effarement et affliction. Six jours que le fils de Potter vivait sous le toit des Malfoy. Et, depuis six jours, Draco Malfoy avait beau se fustiger mentalement, il se laissait avoir peu à peu. Il avait beau chercher, il ne retrouvait rien dans ce gamin de sa nemesis qui l’excédait depuis tant d’années et qu’il avait essayé de toutes ses forces de rayer de sa vie. Il avait beau chercher, il ne trouvait rien à détester chez cet enfant.
Il avait compris qu’ignorer un Potter s’avèrerait plus difficile que prévu l’après midi même de son arrivée. Alors qu’il travaillait, mettant à jour les nombreux dossiers qu’il avait délaissés, trop stressé par le retour de son fils, un bruit retentissant l’avait fait sursauter, les cris d’effroi des elfes de maison qui avaient suivi ne faisant que le paniquer un peu plus. Il s’était précipité en bas, baguette en main, imaginant déjà toutes sortes de scénarios catastrophes. Mais en arrivant en bas, le spectacle l’avait laissé les bras ballant. Dans l’entrée se tenaient Scorpius, pinçant les lèvres pour contenir un fou rire tout en essayant d’apaiser trois vieux elfes complètement affolés. A côté de lui, se frottant la nuque et l’air profondément perplexe se tenait le jeune Potter. Il fixait avec une contrariété de scientifique insatisfait la chose qui se tenait devant lui et qui avait un jour été un buffet datant de la période victorienne. Ce dernier semblait avoir pris vie, des branches et des feuilles ayant jaillies de partout, des racines noueuses s’agitant dans tous les sens alors que des reptiles miniatures d’argent sifflants et rampant envahissaient la ramure fournie, ayant été encore quelques heures plus tôt de simples poignées ouvragées. A cause d’une asymétrie assez sévère au niveau racinaire, l’objet tournait en rond comme un chien fou, bousculant les elfes qui essayaient de l’arrêter. « Scorpius ? » La voix songeuse et douce du petit brun s’élevait au dessus du chaos sans réelle difficulté. « Oui ? » Fit seulement le dit Scorpius, d’un ton qui sonnait très étranglé par l’amusement. « Je crois que les sorts de vitalité sont déconseillés sur les meubles » Conclut l’enfant avec sérieux. « Je crois aussi » Confirma le blond avant d’éclater de rire quand un des elfes essaya de grimper sur le meuble fou pour le maitriser et se retrouva en train d’exécuter un rodéo en règle. « Ca aurait put marcher n’empêche, hein ? » Demanda Albus, et il y avait une étrange fragilité dans le regard incertain qu’il releva sur son ami. Ce dernier sembla le comprendre car il se calma immédiatement et s’approcha de lui. « Je pense que le bois était trop vieux. C’est pour ça que la magie n’a pas eut l’effet escompté. Il faudrait tenter l’expérience sur un meuble plus récent » Assura t’il avec gravité. Albus hocha la tête, soulagé, et replongea dans ses réflexions, ignorant royalement les hurlements de l’elfe et le fou rire que le blond étouffait tant bien que mal dans sa main. Au bout de longues minutes, Draco avait fini par s’ébrouer et se sortir de la stupeur dans laquelle l’avait plongé cette scène irréelle. En quelques coups de baguettes le meuble avait retrouvé son apparence première et l’elfe traumatisé avait été ramené manu militari par les deux autres en cuisine. Le calme était revenu et le silence avait parut bourdonner durant encore des longues secondes. Scorpius avait demandé pardon à son père avec un regard de chien battu qui l’avait immédiatement amadoué, ce dernier n’étant en réalité pas vraiment en colère, seulement choqué. Et si Draco avait alors pris les excuses distraites du brun pour de l’impolitesse, il avait vite compris que c’était bien autre chose. L’enfant était différent. Absolument fascinant. Il semblait voir le monde d’une toute autre façon, sous un angle radicalement opposé. Draco avait vu, stupéfait, son si réservé Scorpius descendre en courant et jurant les escaliers, un énorme pull vert brodé d’un « A » blanc à la main, et habiller de force le jeune Potter qui de bon matin, assis sur l’herbe mouillé de fin d’automne, en tee shirt, observait une araignée tisser sa toile entre le pouce et l’index d’une statue du parc. L’enfant questionnait régulièrement les tableaux des anciens Malfoy sur des sujets divers et variés, et Draco retrouvait souvent les deux garçons assis au sol, épaule contre épaule, écoutant avec attention les légendes, les anecdotes ou les faits divers narrés par un portrait enthousiaste. Et si au début certaines de ces vénérables peintures s’étaient offusquées de cette utilisation assez peu digne, l’aristocrate les entendait parfaitement essayer d’attirer l’attention des enfants dès qu’il avait le dos tourné pour leur raconter un détail oublié, reprendre un point d’un débat commencé ou lancer un nouvel argument qu’ils avaient peaufiné à plusieurs durant la nuit pour coincer les jeunes. Soudain, la vie le guettait aux quatre coins du manoir, dans l’air affairé et impatient qu’affichaient désormais ses ancêtres. Quand Scorpius essayait de travailler dans la bibliothèque familiale, Albus lui tenait compagnie en silence, mais n’ouvrait aucun des livres que le petit blond lui avait mit entre les bras avec autorité. Il passait soit son temps à fixer la poussière danser dans les rayons de lumières ou à faire des châteaux et autres constructions fantasques et branlantes avec les vieux ouvrages précieux, mesurant l’intérêt du livre que consultait son ami au temps qu’il mettait à apercevoir son manège et à ranger les grimoires en râlant. Une fois il avait même trainé Scorpius dans les cuisines, traumatisant profondément les pauvres elfes, pour les aider à préparer un petit déjeuner. Et si Astoria l’avait picoré, Draco n’avait pas menti quand il avait affirmé que c’était le meilleur petit déjeuner qu’il ait mangé. Et qu’importe si le café était un peu trop fort et les toasts un peu trop grillés par la maitrise approximative des sorts de feu d’Albus. Parce que Scorpius semblait très fier de lui, qu’il avait de la confiture à la myrtille juste au niveau de sa fossette et que le petit Potter promettait, les yeux brillant de défi, que la prochaine fois ils s’organiseraient assez bien pour le lui apporter au lit. Potter junior n’hésitait pas non plus à se lancer dans des débats animés avec les adultes, allant de Jonas, qui n’avait pas su résister au caractère doucement décalé de l’enfant, à Draco qui malgré tous ses efforts ne pouvait s’empêcher de déraper dans certains débats des deux enfants. Jamais encore il n’avait parlé avec son fils de cette façon, découvrant avec incrédulité l’élève à l’intelligence aiguisée et vive que connaissaient ses professeurs et qu’Albus savait stimuler en quelques mots, le laissant construire ses arguments et sa réflexion sans jamais l’interrompre mais notant impitoyablement la moindre faille du raisonnement. Le brun savait aussi bien être invisible, et parvenait à s’effacer durant de longues heures pour laisser père et fils en tête à tête, prétextant une tâche ou une autre dans des mensonges si maladroits qu’ils en devenaient attendrissants.
Sans qu’il n’ait rien fait pour cela, Albus Potter finissait par conquérir purement et simplement le distant Draco Malfoy. Il y avait quelque chose de prodigieux dans cet enfant, dans son calme pensif, sa façon d’oublier le monde ou au contraire d’en illuminer chaque détail avec une candeur déstabilisante. Et déjà Draco en déambulant dans le manoir se demandait quand la chaleur qui y régnait s’estomperait. Quand cesserait il de retenir un sourire devant le buffet de l’entrée, quand ne parviendrait il plus à voir l’Afrique et une antilope géante galopant sur sa cote ouest dans les nœuds du bois de la table du salon ou quand la poussière cesserait de ressembler à de la poudre de fée. Quand les tableaux allaient replonger de nouveau dans leur veille morose et hautaine et les elfes cesser de piailler d’effroi devant les initiatives farfelues des deux enfants. Et déjà il craignait le retour du silence, terrifié à l’idée de ne plus être réveillé par des rires matinaux ou d’entendre quelqu’un frapper timidement à la porte de son bureau pour l’appeler à l’heure du repas.
Draco sortit de ses pensées, fixant avec tendresse son fils qui appuyait ses idées de grands gestes, manquant d’éborgner son ami avec sa fourchette. Son regard glissa du petit brun à sa femme et il grinça des dents. Astoria et lui s’étaient disputés le matin même à propos du garçon. Draco n’avait pu s’empêcher de lui reprocher son attitude exécrable avec leur invité, oubliant avec mauvaise foi son intention première d’éviter comme la peste l’enfant. Sa femme avait craché qu’elle refusait de voir son héritier trainer avec des déchets pareils et sans savoir comment, Draco s’était retrouvé en train de défendre avec virulence le fils de l’homme qu’il haïssait le plus au monde. L’aristocrate examina plus attentivement Albus et la marque rosée sur sa tempe lui laissa un arrière gout amer dans la bouche. Devant ses yeux vinrent danser les mots de Scorpius qui, de son écriture si soignée rendue disgracieuse par la rage, lui expliquait en détail le calvaire qu’endurait le petit brun à Poudlard. Dire que quand il avait reçu ces lettres il exultait en silence, se réjouissant de voir la troisième génération payer pour les précédentes. Albus Potter, qui cumulait pour tous ces sangs purs les défauts les plus mortels. Un caractère étrange et trop doux, même s’il cachait une dureté implacable, une affiliation directe avec l’ennemi numéro un de la grande majorité de leurs parents aristocrates et surtout, un sang issu d’un sang mélé et d’une traitresse à son sang. Et là encore, sur le parchemin, la main de Scorpius avait tremblé en décrivant les insultes, les petites blessures, les moqueries, les affaires qui disparaissaient, les rumeurs en tout genre, l’interdiction de séjourner dans leur salle commune. Il n’était en paix que dans le dortoir des premières années, qui voyaient en Scorpius un leader naturel et respectaient donc Albus comme un égal. Albus qui avait refusé de dénoncer les coupables aux professeurs, malgré les exhortations de son ami. Indifférent, il se contentait de répondre à la hargne par le mépris, passant tout son temps avec Scorpius et ignorant les autres. Draco secoua la tête, essayant de chasser ces images du petit brun maltraité, et refoulant sa propre culpabilité. Il l’observa un instant puis se pencha en avant et osa poser la question qu’il retenait depuis six jours. « Dis-moi Albus, comment ont réagi tes parents quand tu as été affecté à Serpentard ? » Comment Potter avait il réagit en réalité-il se moquait éperdument de la belette femelle. Le gamin le fixa un instant et eut un petit sourire mystérieux. Draco eut la désagréable certitude qu’il avait parfaitement compris le vrai sens de la question. « Ma mère l’a très mal pris. Surtout quand je lui ai avoué que j’avais demandé au choixpeau de me mettre à Serpentard » Albus fit une pause, réfléchissant en fronçant le nez, sans voir l’air interloqué de Draco. « Mais ma mère et moi avons toujours eut des problèmes pour nous mettre d'accord sur de nombreux sujets… » Termina t‘il d’une voix songeuse. « Et Po…ton père ? » Le relança le blond. Une petite étincelle de triomphe flasha dans les yeux verts et Draco retint un grognement en comprenant qu’une fois de plus Albus l’avait mené exactement là où il le souhaitait. « Papa ? Eh bien, quand je le lui ai raconté, il a rit. Ensuite il m’a dit qu’il était très fier de moi, et qu’il m’enverrait un pull plus chaud parce qu’il devait faire froid sous le lac en hiver. Quand je lui ai demandé comment il savait où était notre salle commune il a refusé de me répondre ! » Le brun pinça les lèvres, l’air outré par cette rétention d’information. « Potter ? Fier de te voir à Serpentard ? » Répéta le blond, se demandant si l’enfant se moquait de lui ou si c’était Potter qui avait mentit à son fils. « Potter déteste les Serpentards » Affirma t’il d’une voix atone. Scorpius lui lança un regard torve, choqué par si peu de subtilité, mais Albus ne parut pas s’en formaliser. « Non mon père ne les déteste pas. D’ailleurs, il m’a bien donné comme second prénom celui de l’ancien directeur des Serpentards, Serpentard lui-même. Il m’a même dit que, si moi j’étais entré à Serpentard pour un Malfoy, lui avait refusé la décision du chapeau pour un autre Malfoy. Et que j’étais son digne fils » Draco s’aperçut seulement qu’il aurait du faire preuve de plus de tact car la contre attaque de l’enfant se révélait dévastatrice. Il lui avait annoncé avec une nonchalance feinte des informations qui auraient pu sembler banales, mais à la façon dont il le fixait, avec cette dignité irréductible et ce défi en suspend, l’adulte sut qu’Albus était parfaitement conscient de l’impact qu’auraient ces révélations sur lui. Potter avait donné le nom de son parrain à l’un de ses enfants. Potter avait sut pardonner profondément, réellement, assez pour souhaiter voir perdurer la mémoire d’un homme qu’il avait haï, aussi longtemps que vivrait Albus. Et Potter aurait dut être à Serpentard. Draco essaya une seconde de les imaginer dans le même dortoir, mangeant à la même table, discutant au lieu de s’insulter, devenant peut être amis au lieu d’ennemis, et la tête lui tourna. Il ne comprenait pas d’où venait la certitude que sa vie aurait alors été radicalement différente. Elle était là, simplement, le défiant de la nier, de se mentir sur l’importance de Potter dans son enfance. Dans sa vie. Il ferma les yeux et se laissa tomber contre le dossier de sa chaise. Il entendit Albus repousser sa chaise et se lever, se rapprocher de lui. Il passa juste dans son dos et lui murmura « Il a aussi ajouté qu’il ne regrettait pas son choix, parce qu’en plus de ne pas avoir connu oncle Ron et tante Mione, le quidditch aurait été beaucoup moins drôle sans vous » Draco ouvrit les yeux, stupéfait, et l’enfant continua malicieusement. « Car évidemment, jamais vous n’auriez pu être attrapeur dans l’équipe s’il avait été dans votre maison » Draco le fixa un instant et eut un éclat de rire rauque, rayé comme si on l’avait tiré de force d’entre ses dents. « Le batard… » Souffla t’il doucement
Le silence retomba, étrangement paisible. Le son qui le brisa fit sursauter Draco, qui ne l’avait plus entendu depuis longtemps. Une note de piano. Du vieux piano qui servait uniquement à la décoration de la salle. Albus le fixait avec des yeux brillants, croisant rapidement ses bras dans le dos avec un air d’excuse. « Je suis désolé, mais ça faisait tellement longtemps que je n’avais pas touché de piano… » Chuchota t’il presque. « Tu sais en jouer ? » S’étonna Scorpius, les yeux brillants. « Mon grand père m’a appris, et puis j’ai continué tout seul à la maison quand papa m’en a acheté un. Mais ca doit bien faire deux mois et demi que je n’ai pas joué… " Confirma le petit brun. « Il faut que tu nous joues quelque chose ! » S’exclama le blond. Il se tourna vers Draco, hésitant « Il peut père ? » « Je suppose que oui. Les elfes entretiennent ce piano quotidiennement, il devrait être en parfait état de marche malgré son âge » Sans se faire prier, Albus s’installa sur le tabouret et laissa ses mains se poser sur le clavier. Il ferma les yeux, un petit sourire venant flotter sur ses lèvres. « Je n’ai pas joué depuis longtemps hein… » Rappela t’il d’une voix détachée, presque désincarnée, comme si elle venait de très loin. Sa main gauche enfonça une première touche et une note cristalline s’éleva dans les airs, rebondissant entre les murs. Les doigts se firent plus rapides et la mélodie commença à prendre, les notes plus dures de la main droite venant rapidement s’y intégrer. Le corps de l’enfant sembla se détendre d’un coup et il expira lourdement. Et il continua à jouer, les yeux clos, les doigts tellement rapides qu’ils en devenaient flous, complètement déconnecté. Et autour de la table, les Malfoy le fixaient. Même Astoria avait posé sur lui son regard de glace et le fixait avec surprise. Draco avait perçut du coin de l’œil l’expression d’admiration brute qui avait traversé les traits de son fils, penché sur sa chaise comme pour mieux entendre. Mais l’aristocrate était bien trop occupé à écouter de toutes ses oreilles pour se préoccuper de l’adoration presque religieuse qui émanait de Scorpius par vagues. Draco s’y connaissait en piano, pour avoir appris sans enthousiasme à en jouer enfant et avoir assisté à un certain nombre de concert de musique classique. Mais jamais il n’avait entendu quelque chose de semblable. Les notes s’envolaient, graciles et lumineuses. Les doigts enfantins volaient sur les touches avec une technique presque parfaite-troublée par de rares fausses notes attendrissantes- dans une rigueur presque mathématique, abattant la mesure en des gestes gracieux et distraits. Mais si son attitude possédait la dignité raide et rigoureuse des plus grands pianistes et la plainte qu’il arrachait au vieux piano était unique. Profondément sauvage, elle s’élevait en un hymne vibrant, d’une pureté presque dérangeante. Un éclat de génie brut. Et c’est ainsi, en observant la silhouette frêle qui domptait du bout des doigts l’instrument trapu, que Draco Malfoy accepta pour la première fois le fait d’apprécier profondément l’enfant de Potter. Et même de l’admirer. La fin de la soirée lui sembla passer comme dans un rêve. Il vit Scorpius, subjugué, féliciter son ami les yeux brillants et Albus l’observer, sincèrement surpris. Il vit le regard d’Astoria se détourner de nouveau, comme honteuse de s’être laissée capturer une seconde par cette musique si belle. Puis il consentit à voir les elfes de maison descendre les bagages de l’enfant et dut donc se souvenir qu’il partait le soir même. Il s’autorisa alors à scruter Albus plus franchement, plus honnêtement et une nouvelle révélation lui laissa un goût amer sur la langue. Durant ces quelques jours il avait repoussé de toutes ses forces l’idée que cet enfant avait été élevé par Potter, que son sang courait dans ses veines. Après tout, il était tellement différent de lui en caractère qu’il avait réussit à en oublier les ressemblances physiques. C’était le fils d’un homme quelconque, et Draco était presque parvenu à s’en convaincre pour excuser sa faiblesse. Mais maintenant qu’il s’autorisait à les voir, des détails l’agressaient. Les mêmes yeux pétillants de malice et de joie. La même dureté cachée sous une douceur extérieure et sincère. La même humilité agaçante. La même façon d’attirer tous les regards et de monopoliser les attentions sans le vouloir. Cette même gentillesse, presque écœurante parfois, et cette loyauté infaillible en amitié. Potter, partout, en toile de fond du caractère si particulier du gamin. Et Scorpius, qui parlait avec lui avec enthousiasme. Scorpius, ami avec l’enfant d’Harry Potter. Et jamais cette constatation ne lui avait parut plus concrète, plus réelle qu’à cet instant précis.
Et jamais il n’aurait songé qu’il deviendrait incapable d'imaginer quelqu’un de plus digne de l’amitié de son fils.
A suivre… Note du champi : Voila Voila, il ne se passe pas grand chose je suis navrée et le prochain chapitre devrait arriver après la mi-aout (corrigé et lisible cette fois :p). Encore merci aux demoiselles citées plus haut. N’hésitez pas à aller faire un tour sur leurs profils ou leurs deviantart. Elles sont toutes géniales <3 artemis le champi, en partance pour l’île de beauté.
|