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au 31 Mai 21 :
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A travers eux
Par artemis
Harry Potter  -  Romance/Général  -  fr
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    Chapitre 8     Les chapitres     105 Reviews     Illustration    
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Chapitre 8

Disclaimer : Pas à moi. Soyons honnêtes, si Harry Potter m'appartenait, Ginny Weasley serait depuis longtemps morte d'un tragique accident de potion (ou sur un bûcher) et Harry se serait consolé dans les bras d'un beau blond.

Couple : HPDM, encore et toujours.

Dédicace : A Artoung et Grenadine, dont c'est le cadox (les pauvres). A Sean, ma beta en or na moi.

Note du champi : Tout d'abord, je voudrais m'excuser pour mon retard, mais ce chapitre faisait de la résistance. Impossible de l'écrire comme je le voudrais, et ça a fini par m'agacer. Certains d'entre vous ont visiblement cru que j'avais peut-être abandonné cette fic, et j'en suis désolée :p Donc je vous rassure tout de suite, cette fic sera finie. Il ne reste de toute façon que deux (ou trois, à voir) chapitres, écris aux trois quart, et un épilogue.

Je voudrais aussi remercier les personnes qui m'ont reviewées, qui m'ont permis de retrouver la motivation d'écrire qui me faisait cruellement défaut ces derniers temps. Et je remercierais encore une fois Artoung, parce que la belle, sans toi j'aurais tout envoyé balader depuis longtemps. Tu roxxes tellement.

Sur ce, bonne lecture, et nous nous retrouvons en bas :D

 

Chapitre huit

 

Dans le salon du manoir Potter, la cheminée du salon s'embrasa soudain, des flammes vertes venant lécher la pierre noircie par la suie. L'instant d'après, Draco Malfoy posait un pied précautionneux sur le tapis, veillant à ne pas répandre trop de cendres au sol.

« Monsieur Malfoy » l'accueillit aussitôt une voix chevrotante. Le sorcier se tourna vers l'elfe de maison incliné en une petite révérence et il hocha la tête en retenant un sourire narquois. Il l'avait visiblement interrompu en plein rangement, et l'elfe portait dans ses bras un nombre incroyable de jouets divers et variés.

« Souhaitez-vous que je vous débarrasse ? » Continua poliment Kreattur en fixant la bouteille de whisky pur feu que tenait l'homme à la main. La cave de la famille Malfoy en contenait une quantité illimitée et il avait pris l'habitude d'en ramener régulièrement lors de ses soirées avec Potter. Après tout, c'était un petit rituel comme un autre, et Draco aimait voir la lueur de doux amusement que posait Potter sur les bouteilles poussiéreuses qu'il lui apportait.

« Cela ira. Je suis en avance sur l'heure prévue. Potter est sorti ? » S'étonna Draco en essayant de dissimuler l'amusement dans sa voix. Décidément, l'elfe des Potter était vraiment étrange, avec son air constamment affairé et son sérieux imperturbable.

« Maître Harry est dans la chambre de mademoiselle Lily » l'informa Kreattur en rajustant sa charge. C'est à peine si on le distinguait encore derrière la masse de jouets colorés.

« Je vais aller les saluer. » Répondit-il finalement après avoir hésité quelques secondes. « Je connais le chemin » Ajouta-t-il en voyant l'elfe se diriger stoïquement vers les escaliers, presque en aveugle. Kreattur le jaugea du regard puis sembla finalement décider qu'il ne risquait pas de faire trop de dégâts s'il le laissait seul. Il haussa les épaules et transplanna après un dernier hochement de tête.

Draco sourit, amusé. Il posa la bouteille sur la table basse et se redressa lentement, profitant de la sensation de doux bien-être qui l'envahissait. La pièce était plongée dans une torpeur agréable, bercée par un silence brisé par les habituels crépitements du feu et les roulements lourds du tonnerre grondant à l'extérieur. Derrière la baie vitrée, la jungle miniature qui servait de jardin aux Potter apparaissait par intermittence quand un éclair déchirait le ciel, se balançant follement dans la tempête. Les arbres pliaient dans des angles inquiétants et semblaient prêts à se déraciner à n'importe quel instant.

Draco se retourna vers la cheminée dont il venait de sortir. Une fois de plus, il embrassa du regard les portraits de Weasley et Granger jeunes et celui de leurs enfants, tout en sourires édentés. Sur une autre, les parents de Potter dansaient au milieu de feuilles mortes alors que, dans leur propre cadre, Sirius black et Remus Lupin les dévisageaient avec des sourires attendris. Un portrait de la famille Weasley au complet trônait au centre, quelques chevelures blondes et brunes parsemant une marée de rouquins. Potter, sur la gauche, affichait le sourire maladroit qu'il dédiait toujours aux photographes. D'une autre photo vieillie, en noir et blanc, un Severus Snape assez jeune observait d'un œil torve le manège de ses ennemis de toujours. Enfin, en équilibre précaire à l'extrémité de la cheminée, Albus Dumbledore couvait tout ce beau monde du regard, ses yeux bleus pétillant de leur éternelle lueur d'intelligence et de malice.

Draco avait déjà interrogé Potter sur sa façon étrange de choisir les photos qui ornaient les quatre coins de son manoir, surpris par la façon qu'il avait de mélanger vivants et morts avec une insouciance presque irrespectueuse. Potter avait seulement haussé les épaules et répondu qu'il ne faisait aucune différence entre les gens qu'il aimait. Severus Snape avait grommelé un juron et rappelé qu'il le détestait, Sirius Black avait commencé à l'injurier de son cadre en tentant de l'apercevoir et, au centre, la famille Weasley avait haussé les yeux au ciel dans un bel ensemble. Potter avait éclaté de rire. Dumbledore avait pouffé. Et Draco avait souri.

Parce que c'était l'effet Potter. Tout devenait tellement simple.

Le sang pur salua poliment les photos, se sentant un peu stupide mais incapable de s'en empêcher. Il avait depuis longtemps réussi à combattre la culpabilité qui l'envahissait quand il apercevait certains des portraits qu'il n'avait jamais osé accrocher dans son manoir de peur de leur jugement.

Severus lui retourna un hochement de tête bourru, et Dumbledore un sourire presque mutin. De son côté, Sirius Black le fixait encore d'un regard dubitatif alors que Lupin lui dédiait un petit signe de la main. Une fois de plus, la ressemblance avec son fils frappa Draco de plein fouet, même s'il lui manquait cette réserve farouche qui semblait définir Ted Lupin. Dans leur cadre, James et Lily Potter avaient interrompu leur danse éternelle pour le dévisager avec complicité, enlacés et bienveillants.

Draco se détourna de la cheminée, un petit sourire accroché au coin des lèvres et une boule chaleureuse au creux du cœur. Décidément, il aimait cet endroit.

Il parcourut rapidement le long couloir avant de franchir lestement les escaliers, salué par une nouvelle vague de portraits -des enfants Potter cette fois-ci-. Il s'arrêta un instant devant la dernière en date, représentant toute la tribu Weasley en train de s'amuser dans le lac noir de Poudlard. Dans l'angle en bas à droite courait Scorpius, tentant d'éviter James qui voulait clairement le jeter à l'eau. Il possédait la même dans un tiroir, envoyée par son fils quelques mois plus tôt. Elle avait été prise par un septième année, lors d'une séance de baignade impromptue en plein mois de Mars.

Draco secoua la tête et continua sa recherche du propriétaire des lieux. Il frappa finalement à la seconde porte, celle qui portait en lettres majuscules le nom de « Lily » et le dessin enfantin d'un lys blanc. Comme aucune réponse ne vint, il entra discrètement, craignant de la réveiller.

La chambre était la même que dans son souvenir, des murs blancs ornés d'une frise d'un rose pâle, sobre et assortie aux rideaux. Des posters étaient étalés sur les murs, dont la plupart représentaient des licornes, des hippogriffes, des pégases et même des sombrals. Draco se rappela aussitôt la petite fille lui expliquant qu'elle allait devenir la plus grande des dresseuses une fois adulte.

Un petit bureau de bois clair couvert de papiers en tous genres était surmonté d'un article soigneusement découpé sur Ginny Weasley datant des quelques années qu'elle avait passé dans l'équipe des Harpies de Holyhead. A côté, un dessin représentant visiblement la famille Potter. Amusé, Draco remarqua que le hibou de Potter faisait approximativement la même taille qu'Albus et avait été travaillé avec soin.

Entassées partout dans la pièce, des peluches sorcières et moldues de toutes les couleurs le fixaient de leurs yeux de billes noires. Et, sur le lit à baldaquin gisait ce qui ressemblait à un gigantesque tas de couvertures. La voix de l'ancien Gryffondor semblait s'en élever, même si le Serpentard ne parvenait pas à comprendre ce qu'elle pouvait bien dire.

« Potter ? » Souffla Draco, intrigué.

Aussitôt les couvertures s'ébranlèrent et la tête totalement ébouriffée du brun en émergea, le visage froissé par une surprise enfantine.

« Malfoy ? » Releva Harry en fronçant les sourcils pour mieux le distinguer dans la pénombre de la chambre. A l'autre bout du lit, une seconde tête apparut, petit visage en cœur au creux d'une crinière de cheveux roux.

« Monsieur Malfoy ! » S'exclama Lily avec enthousiasme, un immense sourire aux lèvres.

Un éclair zébra soudain le ciel derrière les rideaux et la petite disparut dans un petit cri effrayé. L'expression de Harry se contracta, visiblement déchiré entre deux choix. Puis il haussa finalement les épaules avec un certain fatalisme.

« Tu ne devais pas arriver un peu plus tard ? » Demanda-t-il avec curiosité en jetant un œil sous les couvertures.

« Si. Mais j'ai travaillé plus vite que prévu et j'avais une bonne bouteille de whisky que je ne pouvais pas ouvrir avant d'arriver ici. Alors je me suis dit que je pouvais toujours essayer de venir plus tôt pour voir comment je serais reçu.» Répondit-il évasivement. Il refusait d'avouer qu'il avait tourné en rond pendant deux heures, histoire de ne pas avoir l'air trop désespéré en arrivant carrément en fin d'après-midi. Harry eut un sourire doux et Draco grimaça, comprenant qu'une fois de plus l'Auror avait su lire entre les lignes.

« Tu as bien fait » Souffla Harry. Il observa brièvement le blond de haut en bas, notant la tenue décontractée en simple pantalon noir et chemise, qu'il ne portait que rarement. Quand Draco lui tendit une expression interrogatrice, Harry sourit de nouveau avant de détourner le regard, gêné.

La chevelure de feu de Lily émergea subitement de la couverture et elle fixa Draco, lançant de temps en temps des regards de bête traquée à la fenêtre derrière laquelle l'orage se déchainait.

« Vous deviez passer la soirée avec mon papa? » Intervint-elle avec suspicion.

Draco hocha la tête avec une certaine solennité. La petite fille s'illumina de l'intérieur avant de plisser son nez moucheté de taches de rousseur en une moue pensive. Au bout de longues secondes de réflexion, elle se décida.

« Papa, on pourrait inviter monsieur Malfoy dans notre cachette ? » Proposa-t-elle avec candeur.

Harry pinça les lèvres pour retenir un rire avant de hocher la tête sans détourner un seul instant son attention de Malfoy. Guettant avec amusement la réponse du distingué sang pur.

« Mais avec plaisir » Accepta Draco, se délectant de la surprise du Gryffondor. Potter oubliait parfois qu'il n'avait jamais su résister à un défi.

Draco se débarrassa de ses chaussures et s'approcha du lit. Harry souleva un coin de la couverture en guise d'invitation et la seconde d'après, ils se retrouvaient tous les trois sous cette tente improvisée.

S'ils étaient un peu à l'étroit, il régnait une douce chaleur. La couverture de laine pâle frottait contre le crâne de Draco, le décoiffant et rendant ses cheveux pâles électriques.

En guise de lumière, un ours en peluche phosphorescent était échoué entre eux, sa silhouette les éclairant par-dessous et leur conférant des expressions effrayantes. Potter était assis tout près de lui, mais il se décala un peu, mal à l'aise, quand leurs cuisses se touchèrent. Lily s'était blottie en face, la tête sur le genou de son père et son éternelle licorne sous le bras. Un silence gêné plana entre les deux adultes. Finalement, c'est la petite fille qui prit la parole avec assurance.

« Vous aussi vous avez peur de l'orage ? » Demanda-t-elle, les yeux brillant de compassion, frottant son nez dans la crinière bleutée de la peluche.

« Pas vraiment non » La contredit délicatement Draco en se raclant la gorge. Il jeta un regard noir à Potter qui ricanait en silence.

Le ciel gronda une nouvelle fois et la petite Lily se recroquevilla avec un couinement terrifié. Harry lui caressa les cheveux en longs mouvements apaisants, lui chuchotant des mots tendres pour la calmer. Elle serra farouchement sa licorne contre elle et tendit un sourire crispé à Draco. Alors que le sang pur se demandait de quelle façon il devrait exactement réagir, le grincement d'une porte s'ouvrant fit sursauter les trois occupants du lit.

« On a entendu le tonnerre, alors on est venu prendre des nouvelles de la princesse » S'exclama une voix rieuse. L'instant d'après, la couverture s'envola et un 'oh' sonore se fit entendre.

« Monsieur Malfoy » Constata James, surpris, le coin de la couverture toujours tenu haut au dessus de sa tête.

« Bonjour Monsieur » Anonna Albus avec indifférence, à moitié endormi et s'agrippant à la main de Teddy. Ce dernier écarquilla les yeux avant de hocher poliment la tête.

« Bonsoir » Répondit seulement Draco avec un sourire en coin. Il s'apprêtait à se lever quand une main légère vint se poser sur son bras. Interloqué, il se tourna vers Potter qui haussa les épaules en plissant les yeux.

« Allez, venez ici, au point ou on en est » Rit Harry.

Les deux ainés échangèrent un regard amusé et James éclata finalement de rire.

« Je sens que la soirée va être sympa » Se contenta-t-il de commenter avant d'escalader le matelas pour s'installer à côté de sa sœur. Cette dernière attrapa autoritairement sa main et la serra contre son cœur en souriant. James lui fit un petit clin d'œil rassurant.

A son tour, Albus se glissa sous les couvertures pour aller se rouler en boule au centre, lové contre Lily et la tête reposant sur les chevilles de son père, écrasant à moitié l'ours phosphorescent. Il retomba dans un demi-sommeil immédiatement. Enfin Teddy s'installa délicatement à côté de James avant de rabattre les couvertures sur eux. Plus grand que tous les autres, il formait le centre du chapiteau qui venait s'affaisser sur le crâne de Draco. Ils avaient tous les cheveux rendus fous par l'électricité statique de la laine et l'air passablement maladroit. Pour laisser de la place aux enfants, Draco avait du se rapprocher de Potter, le pressant légèrement contre le mur. Il pouvait sentir sa chaleur irradier à travers leurs vêtements et pour une raison qu'il ne pouvait pas s'expliquer, c'était une sensation très perturbante. Visiblement, il n'était pas le seul à le penser, car le Gryffondor gardait la tête farouchement détournée et semblait un peu crispé.

« On a vraiment l'air stupide » Résuma très justement James, un grand sourire aux lèvres.

« Si peu » Ironisa Ted.

Harry éclata de rire, se détendant, et Draco s'autorisa un rictus de dérision.

« Je ne m'attendais pas à passer la soirée de cette façon, mais je dois reconnaitre que c'est original » Acquiesça l'aristocrate.

« Original. Oui, on peut dire que cela correspond assez bien à la famille Potter » Confirma Ted avec un hochement de tête convaincu. James lui planta son coude dans les côtes, l'air faussement vexé. Le loup haussa les sourcils et le poussa de l'épaule, l'envoyant mollement s'écraser contre le mur. James tenta bien de répliquer, mais il ne fallut que quelques secondes à son aîné pour le maitriser et bloquer sa tête sous son bras sans effort particulier.

De nouveau, le silence s'installa, Harry observant, hilare, la position acrobatique de son aîné alors que Draco remarquait avec satisfaction que c'était la première fois que le jeune Lupin lui parlait spontanément.

« Dites moi monsieur Malfoy, Scorpius est là aussi ? » Se renseigna finalement James, louchant un peu pour apercevoir Draco dans la semi pénombre et malgré ses lunettes de guingois.

Albus lui donna un coup de pied dans le genou, lui tirant un petit cri outré.

« Chez sa mère, en France » Grommela Albus sans ouvrir les yeux, parvenant l'exploit de prendre un ton moralisateur sans même faire une phrase réellement déchiffrable.

« Oh » Souffla James, contrit.

« Il revient dans trois jours » Lui expliqua Draco tranquillement, pour rassurer le garçon à l'air mortifié.

James lui adressa un sourire un peu hésitant et Draco eut l'impression fulgurante de revoir Potter au même âge. Albus était pourtant celui qui lui ressemblait le plus physiquement mais l'aîné utilisait inconsciemment des mimiques semblables à celles de son père et l'effet était bien plus impressionnant.

Levant les yeux au ciel devant autant de bêtise, Teddy relâcha sa victime qui se redressa aussitôt en se frottant la nuque et en lui adressant un regard noir.

« Mais ils viendront tous les deux quelques jours au manoir je pense, enfin si Malfoy accepte bien sûr. Et je suis sûr qu'Albus aimerait avoir son ami un peu à la maison » Annonça Harry d'une voix qui se voulait assurée mais qui échouait lamentablement alors que le regard perçant de Draco s'était soudain braqué sur lui, à seulement quelques centimètres de distance.

Le blond évalua durant une fraction de seconde le sérieux de la proposition. L'Auror lui rendit un regard chaleureux et un peu nerveux et Draco laissa échapper un sourire.

« Ce sera avec plaisir Potter » Acquiesça-t-il, stupidement satisfait. Il se jugeait lui-même complètement pathétique parfois.

« Oh, mini Malfoy au manoir ! Ça c'est une bonne idée papa. On a plein de trucs interdits à Poudlard à lui montrer ! » S'enthousiasma James. Puis il croisa le regard dubitatif de Draco. « Je n'ai rien dit. Enfin je veux dire, je pourrai l'aider à réviser pour bien entamer sa seconde année, tout ça… » Tenta de se rattraper maladroitement le petit brun devant l'expression amusée du sang pur.

« C'est une très bonne idée oui, cela fait longtemps qu'on ne l'a pas vu » Confirma charitablement Teddy, détournant l'attention du Serpentard de James. Ce dernier lui coula un regard éperdu de gratitude et Ted leva une fois de plus les yeux au ciel.

« Ah sinon, nous ne sommes pas venus les mains vides ! » Se rengorgea finalement James en désignant du menton la main gauche de Ted. Les adultes distinguèrent alors une bouteille qu'ils n'avaient pas aperçue dans la semi pénombre.

« James, tu sais ce que je pense de la nourriture et des boissons dans les lits… » Soupira Harry.

« Que ça risque de salir et que cela donne du travail à Kreattur qui est déjà vieux et fatigué » Répéta docilement James. « Mais promis, si on salit je nettoierai. J'ai appris le sort ! » Se rengorgea-t-il.

Harry céda, attendri, et se promit de lui expliquer dès le lendemain qu'aucun sort ne pourrait empêcher l'elfe de laver les draps s'il savait-et il saurait- qu'ils avaient été salis. Il portait une attention maniaque à la propreté des chambres. L'Auror dégagea sa baguette d'un pli de sa robe et, d'un léger mouvement du poignet, invoqua quatre verres. Lily et Albus avaient visiblement oublié l'orage et dormaient à poings fermés.

« Et il faut vraiment que j'apprenne ce sort là » Grogna James en observant les verres apparus de nulle part et flottant mollement dans les airs entre eux.

« Tu l'apprendras en temps voulu » Temporisa Harry « Teddy, tu nous sers ? »

Le jeune loup acquiesça et remplit chaque verre précautionneusement. Draco laissa échapper un sourire amusé devant son air concentré et l'expression d'attente douloureuse de James, guettant la moindre goutte tombant sur le lit. Mais il n'y eut aucun raté et James tapota l'épaule de Teddy avec fierté.

Ils s'emparèrent tous d'un verre et trinquèrent. Draco plongea ses lèvres dans le liquide d'un brun clair, curieux. Il reconnu rapidement le goût de pomme et de sucre pétillant qui se répandait dans sa bouche, un soda que Scorpius adorait. Presque inconsciemment, il échangea un regard complice avec Potter, songeant à la bouteille de vieux whisky pur feu qui attendait sagement en bas.

« Tu sais papa, si tu comptes faire ce genre de petites réunions sous la couette régulièrement, il faudra sérieusement penser à acheter un lit plus grand à Lily. Je pense que mes jambes sont tellement engourdies que je ne vais jamais pouvoir me relever » Fit remarquer James, faisant tourner distraitement le liquide dans son verre, provoquant un crépitement continu.

« J'y réfléchirai oui » Promit Harry, dans un éclat de rire.

« Et trouver un éclairage moins effrayant » Ajouta Teddy, désignant du menton l'ours en peluche à moitié écrasé par Albus, profondément endormi.

« Aussi » Acquiesça Harry avec gravité, dans une grimace. « Je ne comprendrai jamais pourquoi Lily est autant attaché à cette chose. Chaque fois que je rentre dans sa chambre, j'ai l'impression qu'il m'observe. »

« Et on parle du légendaire courage Gryffondor… » Se moqua Draco.

Potter se tourna franchement vers lui, ses yeux verts pétillant d'amusement et d'une lueur dubitative, comme s'il ne savait même pas quoi répondre à ça, tellement la réplique était facile.

« Les enfants, je vais vous raconter une petite anecdote qui date de l'époque où nous étions à Poudlard… » Commença-t-il, semblant se délecter de chaque mot et son regard toujours ancré à celui de Draco.

« Tu ne vas pas comparer ma réaction légitime d'enfant de onze ans, seul au milieu d'une forêt remplie de monstres, à ta peur d'adulte d'un ours en peluche ? » Tenta Draco, poliment interloqué. Potter lui renvoya un sourire carnassier qui parvint à déstabiliser légèrement le Serpentard.

« Voyons, je n'aurais pas osé. Même s'il est vrai que le cri que tu avais poussé cette fois là aurait mérité d'être relevé. Non, je pensais plutôt à la fois où leur tante Hermione t'avait frappé en plein visage et où tu t'étais ensuite enfui en courant » Asséna-t-il finalement, la tête penchée légèrement sur le côté dans une mimique innocente.

Draco resta silencieux quelques secondes, outré, avant qu'un sourire sadique ne vienne paresseusement étirer ses lèvres.

« Vous savez, quand elle était plus jeune, Ginny Weasley aimait beaucoup la poésie. Vraiment beaucoup » Susurra-t-il.

Teddy et James trinquèrent discrètement et s'installèrent confortablement l'un contre l'autre pour mieux savourer le duel des deux adultes.

La nuit s'annonçait passionnante.

 

ooOOoo

 

Assis à sa place habituelle sur le canapé, Draco terminait rapidement son thé, se brûlant la langue au passage et n'y accordant aucune espèce d'importance. L'ambiance du salon du manoir s'appesantissait graduellement alors que son propriétaire, dans son fauteuil, fixait le feu sans un mot. Sirotant le liquide bouillant, le blond en venait même à se demander si le Gryffondor se souvenait de sa présence.

Draco jeta un œil autour de lui et frissonna. Le petit salon si chaleureux qu'il commençait à bien connaitre lui paraissait soudain lugubre. Potter n'avait même pas pris la peine d'allumer les lumières et seules les flammes brûlant dans l'âtre et la nuit claire s'engouffrant par les immenses vitres permettaient d'éclairer un peu la pièce. Sous cette luminosité pâle et vacillante, le salon semblait englué dans une morosité écrasante et même les objets les plus banals donnaient naissance à des ombres sinistres.

Oppressé, Draco laissa tomber son regard sur le mug qu'il serrait de toutes ses forces entre ses doigts. Celui qui était devenue son mug durant les cinq jours qu'il avait passé dans le manoir Potter avec Scorpius. Il savait que Potter avait volontairement choisi le matin cette horreur orange où s'étalaient en grosses lettres capitales la devise des canons de Chudley. Ce chef d'œuvre du mauvais goût était visiblement un des nombreux cadeaux de Weasley -ce qui ne l'étonnait pas vraiment-. Mais étrangement, il avait fini par s'attacher à l'objet. Ça n'était pas grand-chose, c'était laid et définitivement trop orange, mais c'était sa tasse, et il aimait la savoir dans les placards de Potter.

Presque inconsciemment, Draco se tourna de nouveau vers son hôte muet. Il ne pouvait que vaguement distinguer le profil de Potter et était donc incapable de deviner ce à quoi il pensait à cet instant. C'était assez frustrant. Il se doutait bien que Potter devait être triste, peut-être même un peu déprimé. Mais il aurait surtout aimé savoir s'il lui en voulait de s'être imposé ce soir.

Quand il avait appris que la belette et sa femme avaient un voyage prévu cette semaine là -pour fêter leurs vingt ans de mariage- Draco avait discrètement envoyé Scorpius à la pêche aux informations. Son fils lui avait ainsi appris, en levant les yeux au ciel devant son comportement infantile, que la petite Lily serait à une fête avec ses amis organisée par Ginny Weasley, dont c'était la semaine de garde. Draco en avait donc déduit que, pour la première fois en presque trente ans, Potter allait se retrouver seul le soir d'halloween.

Et, sur un coup de tête, le blond avait atterri dans la cheminée du manoir Potter avec une bonne bouteille de whisky et un grand sourire innocent. C'était la première fois qu'il s'y présentait sans invitation explicite de Potter mais il n'avait pas pu résister, taraudé toute la journée par l'idée que, même à presque quarante ans, aucun orphelin ne devrait avoir à se morfondre seul pour l'anniversaire de la mort de ses parents. Et il était le mieux placé pour connaitre les dégâts que pouvaient faire le silence et la solitude certains soirs. Il s'était dit qu'une soirée au coin du feu avec un peu d'alcool et quelques potins croustillants sur des grands pontes du ministère auraient pu remonter le moral de Potter.

Mais quand Potter l'avait accueilli, il n'avait pas l'air triste, juste surpris et confus de le trouver là. Il lui avait tendu un sourire étrange, crispé, et s'était depuis enfermé dans un mutisme pensif. Le sang pur commençait à regretter lourdement son initiative. Il n'y avait plus aucune trace de cette atmosphère paisible qui flottait entre eux ces derniers temps et qui ressemblait à s'y méprendre à de la confiance. Et il avait beau réfléchir, Draco voyait mal comment une visite surprise pouvait avoir un effet aussi terrible.

Et pourtant, Potter avait eu l'air presque effrayé quand il avait ouvert la porte, et quelque chose s'était installé dans ses yeux verts. Une lueur sombre mais dévorante, que Draco avait déjà cru apercevoir à plusieurs reprises auparavant, mais si brièvement qu'il s'était convaincu de l'avoir imaginé.

Il ne savait pas ce qu'il se passait avec Potter, mais il ne souhaitait plus qu'une chose, tourner les talons et fuir cette ambiance étrange. Alors il restait immobile, guettant le moindre signe de rejet de l'ancien Gryffondor. Mais ce dernier se contentait de fixer le mur face à lui, l'air songeur.

Avec un soupir, Draco posa finalement sa tasse sur la table basse et se leva. Ses pas furent étouffés par le tapis moelleux mais, même quand il se retrouva près de Potter, ce dernier n'eut aucune réaction. Draco décida de considérer cela comme une autorisation et il s'installa délicatement sur l'accoudoir de cuir. Avec une grimace indécise, il posa sa main sur l'épaule du brun dans l'espoir de le réconforter un peu et peut-être aussi pour lui rappeler un peu sa présence.

Mais le Gryffondor s'arracha vivement à son contact, comme brûlé, et bondit sur ses pieds. Vexé, Draco reposa lentement sa main sur sa cuisse et observa les lèvres pincées, le brun lui tourner le dos, les épaules contractées.

« Potter… » Grogna finalement Draco avec impatience.

Mais Harry ne se retourna pas, se contentant d'avancer d'un pas pour s'arrêter devant la belle armoire en bois sombre qui dévorait le mur à gauche de la cheminée. Il parut hésiter un instant, laissant sa main courir avec légèreté le long des rayonnages de livres. Elle buta finalement sur un appareil moldu aux lignes épurées et il appuya sur un petit voyant rouge sans grande conviction. Quelques notes s'élevèrent, douces et apaisantes, douchant pour un instant l'air outré de Malfoy. Harry se retourna avec un petit sourire avant d'accrocher la silhouette silencieuse de Draco.

Le brun passa finalement sa main dans ses cheveux en soupirant, fermant un instant les paupières avec une expression torturée. Après de longues secondes, il laissa retomber sa main et rouvrit doucement les yeux, une lueur de gravité résignée au fond du regard.

Et il sembla soudain immense à Draco avec son air trop sérieux, ses cheveux ébouriffés et sa façon trop aigue de l'observer. Avec ses fêlures et sa franchise déboussolée plein les yeux.

Draco se recula imperceptiblement pour se protéger de cette chose qu'il ne parvenait pas à cerner mais qui lui serrait le ventre. Il sentait confusément que jamais Potter n'avait été aussi dangereux pour lui qu'à cet instant, inexpressif et anormalement beau.

Quand Potter lui tendit finalement une main assurée, Draco fit un bond dans le passé, se rappelant d'une autre poignée de main avortée qui avait tout débuté. Et à présent le Gryffondor lui imposait ce choix de nouveau, sans un mot, sans une explication de ce soudain retour en grâce, sans aucun remord à balayer tant d'années de haine. C'était de la folie.

Draco vint aussitôt emprisonner la main tendue dans la sienne sans plus d'hésitation. Parce que c'était ainsi entre eux, qu'ils avaient toujours agi avant de réfléchir. Parce que c'était une occasion à ne pas manquer. Parce qu'au final, c'était Potter, et que c'était bien suffisant.

Harry n'eut aucune réaction. Son regard se posa juste sur leurs mains, songeur et désabusé avant qu'il n'affermisse sa prise une seconde plus tard. Il recula ensuite d'un pas, forçant Draco à suivre le mouvement et à se lever.

Ils restèrent ainsi, face à face, laissant la musique s'égrener pour compenser le silence étrange entre eux et la neutralité des yeux verts. Mais c'était une impassibilité étrange, semblant contenir une myriade de questions et un certain désarroi. Une voix d'homme s'éleva subitement, douce, caressante, chantant des mots que le blond ne parvenait pas à comprendre car Potter se rapprochait encore. Il était d'un calme effarant alors qu'à présent leurs torses se touchaient et que Draco pouvait même goûter l'odeur de sa peau. L'ancien Gryffondor sentait le savon et le cuir et s'en était presque douloureux. Contre son oreille, il sentit les lèvres de Potter bouger et la sensation vint crépiter le long de sa colonne vertébrale.

« With or without you, I can't live… »

C'était à peine un souffle et Draco eut besoin de plusieurs secondes pour comprendre que Potter ne faisait que chanter. Sa voix était si rauque, si ébréchée qu'elle lui semblait étrangère. Une voix broyée en un murmure par le doute et une forme de douleur sourde.

Alors Draco vint glisser sa main à la base des cheveux noirs et rebelles dans un réflexe presque paternel, tentant de l'apaiser. L'Auror laissa sa tête tomber lourdement conte l'épaule du blond, se détendant docilement.

Quelque chose semblait ronger le Gryffondor, et même si Draco avait fini par comprendre qu'il ne semblait s'agir ni de ses parents, ni de sa propre visite à l'improviste, il était bien incapable de faire quelque chose de plus pour l'aider que de le garder près de lui comme pour le rassurer. Il avait ses lèvres au niveau de sa tempe, et il remarqua pour la première fois qu'il était plus grand que Potter. Comme s'il avait réussi à comprendre le fil de ses pensées, le brun sourit, étonnement paisible. Et Draco eut un rire bas parce qu'à cet instant, il se sentait bien.

Aucun mot ne fut échangé. Car après tout, Potter le héros ne devrait pas pouvoir s'écrouler et un Malfoy ne devrait pas être là pour le réconforter.

Donc Malfoy et Potter se taisaient.

Mais, devant un feu de cheminée et sur une musique moldue, Harry et Draco dansaient.

A suivre


Note du champi : Voilà voilà, j'espère que vous n'avez pas été trop déçues (enfin, les quelques personnes qui auront survécues à l'attente :p). Je sais que l'ambiance entre les deux passages est très différente, et j'ai même failli supprimer le second. Bref, à partir du prochain chapitre, on revient au point de vue de Harry, ce qui clarifiera peut être un peu les choses.

Merci, et bravo, à toutes les personnes ayant survécues jusqu'à la fin :p

artemis

 

 
 
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