Chapitre cinq : confidences
- Mais, si vous voulez, vous pouvez m’appeler Lili…
Alice n’eut pas le temps d’esquiver la main de Rogue qui lui saisit violemment le poignet. Il la souleva presque ce qui l’obligea à descendre du bureau.
- Qu’essayez-vous de faire ? Me rendre fou ? lui hurla Rogue. Pourquoi ce nom ? Pourquoi ?
- Arrêtez ! Vous me faîtes mal !
Elle réussit à faire lâcher Rogue en tirant d’un coup sec sur son bras. Elle le regardait avec de grands yeux pleins de reproche. Mais que lui arrivait-il ? Il avait perdu la raison ou quoi ?!
Rogue se calma instantanément devant son expression effrayée. Il ouvrit la bouche pour dire quelque chose mais Alice s’était déjà enfuie.
Alice s’arrêta de courir en s’apercevant qu’elle était devant la grosse dame. Elle ne comprenait pas la réaction de Severus. Pourquoi cette violence ? Elle tenta de se calmer en inspirant et expirant un bon coup. Elle ne voulait pas que quelqu’un la voit dans cet état !
Harry, Hermione et Ron étaient tranquillement assis dans la salle commune quand ils virent Alice arriver.
- Hey ! Nous sommes ici ! lança Harry, en lui faisant un signe de la main.
Alice se dirigea vers eux tandis qu’Hermione prenait ses affaires.
- Ben , qu’est-ce que tu fais ? lui demanda Ron.
- Je suis fatiguée. Je monte me coucher.
Et elle s’éloigna non sans avoir jeter un coup d’oeil hargneux à Alice. Harry et Ron se regardèrent sans comprendre.
- Qu’est-ce qu’elle a ? interrogea Harry
- Je sais pas ! Elle est bizarre, aujourd’hui ! répondit Ron, en haussant les épaules.
Pendant ce temps, Alice, silencieuse, vint s’installer sur le fauteuil face à Harry. Elle s’allongea en travers laissant pendre ses jambes d’un côté et reposer sa tête de l’autre.
- Tu étais où ?
- Avec Rogue… Dumbledor veut qu’il essaye sur moi toutes sortes de potions pour retrouver la mémoire, expliqua-t-elle devant leur surprise à cette annonce.
- Et ça marche ?
Elle haussa les épaules.
- Pas vraiment…
Ils virent qu’elle ne souhaitait pas s’étendre sur le sujet. Ils entamèrent donc une grande discution sur leur thème préféré : le Quiddich. Alice leur demanda de lui expliquer les règles et ils se firent un plaisir de répondre à toutes ses interrogations.
Ils passèrent ainsi une bonne partie de leur soirée à parler sport.
Harry était ravi. Il n’avait pas passé une aussi bonne soirée depuis… depuis la veille ! Il se dit que l’arrivée de cette inconnue avait changé quelque chose dans sa vie ! Il avait envie de rire, de s’amuser à nouveau, de vivre tout simplement.
Au bout de deux heures, Ron, qui baillait à s’en décrocher la mâchoire, décida de monter se coucher. Alice et Harry restèrent seuls.
- Tu as pu parler avec Ginny ? interrogea Alice.
- Non, pas encore. Mais, de toute façon, ça n’a pas d’importance…
- T’en es sûr ?
Il ne répondit pas et continua de fixer la cheminée devant lui.
- Au fait… Je m’appelle Alice.
Il se redressa d’un bond.
- La potion de Rogue a marché ? C’est génial !!!
- Non, Harry, non ! J’ai décidé que je m’appellerai Alice…
- Oh…
Il s’affala à nouveau sur le fauteuil.
- C’est joli…
- Je trouve aussi.
- Tu as eu cette idée comment ?
- C’est Neville qui me l’a suggéré…
- C’est le prénom de sa mère… comprit immédiatement Harry.
Il regarda son amie. Elle balançait ses jambes et semblait rêver. Elle était vraiment spéciale… tantôt volubile, tantôt songeuse… Une vraie bouffée d’oxygène !
- Tu sais, Harry… C’est étrange, je ne suis là que depuis deux jours mais j’ai l’impression d’avoir toujours été ici ! C’est comme si j’avais rêvé mon passage dans cette école et qu’il ne me restait que des bribes de souvenirs… des impressions, des déjà-vus… Et puis, je suis si bien avec toi. Comme si je te connaissais depuis toujours…
- Moi aussi, j’ai cette impression…
- Tu crois que ça pourrait être ça ? On se serait connus dans une autre vie ?
- Peut-être…
- Harry ? Si tu me parlais un peu de toi ? De ton enfance, tes parents… ?
- Mes parents sont morts quand j’étais bébé…
- Oh… Je suis désolée…
Elle tourna son visage vers lui et accrocha son regard au sien.
- Si tu veux… On peut aller se coucher… Tu n’es pas obligé d’en parler, si tu veux pas…
- Non, je… J’ai envie de parler avec toi… de ma vie.
Elle lui sourit doucement et il réalisa qu’il était sincère : il voulait vraiment parler de lui, partager ses souvenirs avec elle. Il sentait confusément qu’il pouvait tout lui dire.
Alors Harry lui raconta tout : son enfance chez les Dursley, son arrivée à Poudlard, son amitié pour Ron et Hermione, les aventures qu’ils avait vécu ensemble. Il lui parla également de la mort de son parrain, de celle de ses parents, de Voldemort.
- C’est lui Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-prononcer-Le-Nom ?
- Oui… Mais comment sais-tu que… C’est Neville qui t’en a parlé ?
Elle hocha la tête.
- Il t’a raconté pour ses parents ? Il n’en parle jamais pourtant…
- Il m’a juste dit que se mère était devenue folle à cause de ce Voldemort. C’est tout.
Harry hésitait, devait-il lui raconter la vie de son ami ?
- Ses parents ont été torturés par un mangemeort avec un sort impardonnable, l’Endoloris, jusqu’à ce qu’ils perdent la raison.
- Mais pourquoi ?
Il hésita à nouveau puis se dit qu’au point où il en était dans les confidences il pouvait bien lui parler de la prédiction. Et c’est ce qu’il fit.
- Ils ont torturé les parents de Neville et tuer les tiens à cause d’une prédiction ?!
- Oui… Voldemort a eu peur de perdre son pouvoir…
- Et il n’a pas eu tort ! Je veux dire qu’il l’a perdu puisque tu l’as vaincu !
- Pas vraiment… Il est revenu.
Il lui raconta le tournoi de la coupe de feu, le piège dans lequel il était tombé et la mort de Cédric.
Ils passèrent une partie de la nuit à parler de Voldemort et de la prédiction.
- On se ressemble, toi et moi… fit remarquer Alice.
- Comment ça ?
- Eh bien… On est seul au monde. Toi, parce que tu n’as pas connu tes parents et moi, parce que je ne les connais plus…
Harry ne répondit pas. Oui, c’était vrai. Ils étaient deux orphelins, perdus dans un monde trop grand pour eux.
- Tu pourrais être ma famille… murmura Harry.
Alice se tourna vers lui.
- Ta famille ? C’est une déclaration ? se moqua-t-elle, gentiment.
Harry lui sourit à son tour.
- Non… Je pensais qu’on pourrait être une famille, toi et moi…
- Comme un frère et une sœur ?
- Oui…
Alice aimait beaucoup cette idée. Elle hocha la tête en signe d’assentiment.
Vers les deux heures du matin, ils se décidèrent tout de même à aller dormir. Harry raccompagna Alice jusqu’à l’entrée de son dortoir. Avant de monter les escaliers, Alice leva la main et l’approcha de la cicatrice de Harry. Il eut un mouvement de recul : personne n’avait touché sa marque ! Alice baissa sa main mais Harry la lui saisit et la posa de lui-même sur son front. Elle effleura tendrement sa cicatrice. Celle-ci en forme d’éclair était étrangement douce et fine. « Elle ne se voit pas tant que ça » pensa Alice. Elle sourit à son ami, lui déposa un baiser sur le front et monta se coucher.
Le reste de la semaine se déroula tranquillement, les cours succédant à d’autres cours. Hermione évitait toujours Alice qui ne faisait rien pour que ça s’améliore.
Le mardi suivant, lorsque Rogue entra dans sa classe, il s’aperçut tout de suite de l’absence d’Alice.
- Quelqu’un peut-il me dire où est Alice ? demanda-t-il de sa voix froide.
- Je l’ai vu près du lac, Professeur, le renseigna un Serpentard.
Rogue sentit monte une vague de colère. Comment osait-elle sécher son cours ?!
- M. Malefoy, vous allez surveiller la classe pendant que je pars chercher cette impudente !
Il y eut des bruits de contestation mais Rogue ne les entendit pas : il était déjà dans le couloir.
Malefoy alla s’installer au bureau de Rogue, avec un air de suffisance et de supériorité.
Alice était effectivement près du lac, il la voyait assise sous un vieil arbre à admirer la nature autour d’elle.
Toute à sa contemplation, elle n’entendit pas Rogue arriver.
- Mes cours ne sont pas en option dans cette école ! lui asséna-t-il d’un ton sec.
- Mais les excuses oui apparemment ! rétorqua-t-elle sur le même ton.
Elle le regardait, une expression courroucée sur le visage. Pour qui se prenait-il ? Il n’avait pas tous les droits !
Rogue voulut dire quelque chose mais aucun son ne sortit de sa bouche. Elle se détourna et fixa à nouveau le lac.
« Comment fait-elle pour me déstabiliser aussi facilement ?! »
Il soupira et s’approcha d’elle.
- Ecoutez… Peu importe ce qui s’est passé la semaine dernière, vous ne devez pas sécher mes cours.
- Quelle importance ? Je suis nulle en potion de toute façon !
Ils se turent, guettant les réactions de l’autre. Chacun campant sur ses positions.
Rogue céda le premier : il ne pouvait pas laisser trop longtemps sa classe sans sa présence ! Et puis, il se sentait faible face à cette jeune fille si troublante et si entêtée !
- Venez en cours avec moi, s’il vous plait… Lily.
Elle leva les yeux vers lui et le regarda intensément. Elle était agréablement surprise de son changement de ton envers elle. Il avait presque été doux.
- Qui est Lily? Osa-t-elle demander au bout d’un moment.
Rogue fixa le lac sans rien dire puis se tourna vers elle. Comment faisait-elle ? Comment faisait-elle pour deviner à qui il pensait en cet instant ? Il réfléchit un instant. Devait-il répondre ? Pouvait-il se confier à elle ? Il avait l’impression que oui. Cela lui faisait bizarre : il n’avait plus parlé d’elle ni même prononcé son nom, depuis des années.
- Une fille… une femme que j’ai connue… Elle est morte, il y a longtemps.
- Vous l’aimiez ?
- Oui…
J'espère que ça vous a plu! A bientôt!
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