Kyle Farrel était déjà levé lorsque son réveil sonna. Pour dissiper la brume dans son esprit, il plongea sa tête dans l’évier rempli d’eau froide et y resta dix secondes. En sèchant son visage dégoulinant, il s’observa dans le miroir. Son visage était accablé par la fatigue : en effet ses yeux marqués par des cernes profondes trahissaient le nombre de nuits blanches qu’il avait dû passé. Une barbe de trois jours lui poussait sur le menton et ses cheveux noirs en bataille lui donnait l’impression de se trouver face à un inconnu. Il resta figé devant son miroir pendant quelques minutes avant de se décider quant au sort de cette barbe qui menaçait d’envahir ses joues. Finalement, il la laissa telle quelle. Après une douche rapide, il enfila son pentalon et sa chemise. Dans sa tête, le programme de sa journée défilait comme le générique de fin d’un vieux film. Il grimaçait au fur et à mesure qu’il avançait dans la journée.
« La journée risque d’être très longue » soupira-t-il intérieurement avec une pointe d’amertume . Une semaine auparavant, il avait été désigné pour escorter un témoin clef qui devait comparaître aujourd’hui lors d’un procès qui devait boucler une longue et pénible affaire. Contre quel criminel cet homme devait témoigner, il n’en savait rien et s’en foutait complètement d’ailleurs. De toute façon, une fois qu’il serait entre les mains des fédéraux, il n’aurait qu’à signer un tas de paperasse et l’affaire était règlée. Terminant le nœud de sa cravate, il fit du café dont l’arôme enveloppa la cuisine . Il engloutissait le liquide sombre et chaud par petites gorgées, savourant après chacune d’elles la saveur exquise de l’arrière-goût amer à souhait et laissant sa gorge s’engourdir par la chaleur du café.
Soudain, la sonnerie de son portable résonna dans l’appartement, interrompant la dégustation du café matinal.Tout en lachant un juron à l’intention du perturbateur, Kyle décrocha avec lassitude quand il vit le nom du stagiaire affiché sur l’écran.
_ Monsieur Farrel ? C’est Ralph McGhun … Je ne vous derrange pas ?
_ Non, menta-t-il, qu’est-ce que je peux faire pour toi Ralph ?
_ Je vous appelle de la part du chef O’Neal, il souhaiterait que vous soyez au point de rendez-vous d’ici quinze minutes.
_ L’heure était fixée à neuf heures et demie et pas deux heures et quart à l’avance, s’énerva-t-il.
Ralph enchaina presque aussitôt avec un réponse qui semblait avoir été apprise part coeur :
_ Le procès a dû être avancé et doit se tenir dans les plus bref délais.
_ Je me fiche de cela Ralph, dis-moi juste avec un minimum de mots pourquoi ce procès est avancé de deux heures, riposta Kyle
Le stagiaire marqua une petite hésitation d’une dizaine de seconde. A croire qu’il n’était pas sûr de ses arguments. Puis il reprit enfin :
_ Nous avons retrouvé le corps de trois des témoins aux cours des quatre dernières heures, tous abattu de sang-froid.
Le cerveau de Kyle, à peine réveiller, digérait les information. Il répondit après une minute :
_ J’arrive… Tâche que tout soit prêt dans dix minutes.
_ Bien monsieur !
Puis il raccrocha, déjà faitigué par cette journée. Mais il était loin de ce douter que ce n’était que le début d’un long et pénible cauchamard. |