Disclaimer : L'univers appartient à J.K Rowling et les personnages aussi, je ne fais que jouer avec. Harry soupira de soulagement en sentant le vent frais l’entourer, le rassurer. Il était parvenu à sortir de l’école sans que personne ne le remarque. Il ne s’attendait pas à être autant surveiller, mais cela devait être normal pour eux, comme pour Hermione et Ron… Il baissa la tête et avança. Il allait voir Remus Lupin, il allait enfin le retrouver sans l’Ordre pour surveiller ou quelqu’un d’autre. Non, ils seraient tranquilles, à la limite de la Forêt Interdite, personne ne viendrait le chercher là… Il remarqua une silhouette adossée à un tronc. Le jeune étudiant n’avait jamais été très expressif après la mort de Sirius, il avait du mal à montrer son amour, de peur de perdre l’objet de ses sentiments. Et pourtant, là, dans le froid de la nuit, il se précipita vers le lycanthrope, réclamant un peu de chaleur humaine. Il ressentit soudain le besoin d’être rassuré, qu’on lui prouve qu’on tenait à lui, sans peur, sans angoisse… avec sincérité. Il voulait que quelqu’un, autre que Drago Malfoy, agisse ainsi. Il sentit des bras l’enlacer… avec maladresse, de manière un peu gauche. Pas comme avant. Rien n’était comme avant. Pourtant, il était toujours le même, Saint Potter, celui qui avait le complexe du héros, celui qui avait survécu, celui qui devrait tuer pour le reste d’une communauté, celui dont le destin était scellé depuis sa première année et qu’un dangereux psychopathe poursuivait pour le tuer à chaque instant de sa vie… Pourquoi les termes qu’il utilisait semblaient tout droit sortis de la bouche du Prince des Serpentards ? Peut-être parce qu’il pensait trop à lui… tellement que rien de bon ne pouvait arriver. Pourtant il l’avait sauvé… Non, il ne devait pas espérer. Cependant, il avait dit vouloir la mort du Lord noir. Non, il fallait qu’il arrête ! Tout ne pouvait qu’être une ruse… la plus douloureuse qu’il aurait pu trouver. Il sentit son ancien professeur l’éloigner de lui, il ne comprenait pas pourquoi, mais en croisant son regard, il crut mourir. Alors lui aussi, il le considérait comme un monstre ? Pourtant, ce n’était pas lui le lycanthrope ! Non, il ne devait pas penser comme ça, il fallait qu’il… qu’il évite ses yeux, il n’avait qu’à tout ignorer. Ce qu’il ne pouvait constater n’existerait plus et il irait bien, son cœur ne souffrirait plus. Alors il baissa la tête et attendit des mots, un « bonjour », un « ça va ? », même un « Tu as tué plein de mangemorts, gentil petit soldat », n’importe quoi… sauf ce silence. C’était lourd, pesant… tellement anormal. Avant, il n’y avait que de la joie, du bonheur, comme si tout n’était qu’éternelles retrouvailles. - Tu n’es pas James. Que… ? Harry se sentit perdu. D’accord, il savait que Lupin voyait son père en lui, et c’était sûrement pour cela qu’il y avait cette lueur étrange à chaque fois qu’ils se revoyaient… certes, c’était assez déplacé de faire revivre son géniteur à travers lui mais… c’était si bon de se sentir aimé qu’au final, il n’osait plus formuler cette angoisse qui le saisissait. Car il n’était pas James Potter, et quand Remus s’en rendrait compte… Il avait eu peur d’être rejeté, d’être seul, de… Sa peur venait de se réaliser. Cependant, il y avait encore un espoir. Peut-être qu’il apprécierait le fils, pas autant que le Maraudeur qu’était son ami, mais au moins un petit peu… Peut-être ! Il n’avait plus que cela, l’espoir. C’était dur, son cœur semblait s’alourdir comme si au prochain battement, il ne pourrait continuer. - J’ai eu tord de le faire vivre en toi. C’était juste si tentant ! Retrouvez mon vieil ami, c’était si… Lupin avait regagné son monde, et montrait un nouveau visage, celui d’un jeune adulte ayant perdu un de ses plus anciens amis et qui n’était jamais parvenu à faire son deuil. Il paraissait un peu fou. Juste un peu, car Harry lui pardonnerait tout à condition d’être à nouveau son monde… absolument tout. - C’était une erreur. Tu lui ressemblais tellement, le Quidditch, tes cheveux en bataille… C’était tellement lui… Sauf que… - Je ne suis pas lui. - Tu es Harry Potter, et tu ne te lies pas facilement aux autres, tu n’es pas Préfet-en-chef, et surtout tu n’as pas sa magie ! Il l’accusait comme si, par sa faute, la jolie bulle d’illusion avait éclaté. Trop de différence. Il fallait croire que le jeune homme n’avait pas su tenir son rôle correctement. Il avait été le Sauveur tellement attendu, celui qui souriait, qui ne doutait de rien. Mais il n’avait pas été la copie exacte de son père, il avait oublié des éléments, mis de côté ses études… Il avait juste oublié de cumuler les rôles, les masques et costumes. Il n’avait jamais su jongler, et à cause de cela, il allait encore perdre quelqu’un… A moins que… Oh non ! Que ce stupide espoir meure à jamais et qu’il emporte avec lui son cœur ! - Tu n’as pas sa magie, non, plutôt. Tu ne l’as plus ! Ton père était fort mais jamais d’instinct il ne parviendrait à utiliser un sort de magie noire ! Jamais ! Il avait fait cela ? Mais comment ? Il ne se souvenait pas en avoir étudié un jour ! Peut-être que… Il toucha délicatement sa cicatrice. Pourrait-il, lorsqu’il perdait son contrôle, user des connaissances de Voldemort ? - Tu… Tu as tué cinq mangemorts trop facilement ! Beaucoup trop ! Tu… Tu n’es pas James ! Tu n’es pas mon James ! A cause de toi ! Il est mort et… Harry ne bougea pas. A quoi bon ? Il ne pouvait pas se défendre. Son vis-à-vis n’avait pas accepté la mort de son ami, que pouvait-il y faire ? Il se surprit à apprécier la scène néanmoins. Après tout, tout le monde voyait en lui quelqu’un, soit un héros, soit un mort… mais jamais lui, sauf Drago. Fallait-il qu’il soit haï pour que l’on accepte son existence ? Alors que le monde entier soit contre lui, que chaque individu espère sa mort si fort que tous connaissent son nom et son prénom. Harry Potter, un élève de Gryffondor. - C’est de ta faute tout ça ! Tu étais comme lui, mais maintenant tu es plus puissant ! Beaucoup trop ! Ta magie n’est plus celle des Potter, elle est… Tu es Harry Potter. - Oui, merci, ça je le savais. Son ton avait été hargneux, agressif. Il n’avait pas du tout apprécié la haine que Lupin avait mise lorsqu’il avait craché son nom et son prénom. Sauf que son « ami » n’avait pas fait attention à son interruption et continua. - Tu es un garçon puissant, tellement puissant. Le ton aurait pu paraître admiratif, le Prince des Rouge et Or le prit ainsi. Il se sentait soulagé, il pourrait peut-être être accepté par le lycanthrope une fois son deuil achevé. L’étau autour de son cœur se desserra un peu. Il pouvait respirer plus librement, les battements dans sa poitrine ne le détruisaient plus. - Beaucoup trop ! Et dangereux aussi ! Tu es le seul à pouvoir affronter Tu-Sais-Qui, même Dumbledore n’aurait jamais réussi ! Alors tu es aussi fort que le Lord Noir. Et il faut le tuer à cause de ça, donc ! - Il faut me tuer ? C’est bien cela ? C’était la fin de ta phrase, n’est-ce pas , coupa-t-il avec dureté, Je sauve votre petit monde et pour être sûr que je ne finisse pas comme Voldy… Oh arrêtes de trembler, ce n’est qu’un prénom ! Et encore je n’ai fait qu’utiliser un petit surnom ! Sa voix grondait comme une tempête. Ses yeux s’assombrirent. Sa magie crépitait. Sa patience l’avait abandonné. Sa conscience semblait avoir disparu en entendant la dernière réplique de celui qu’il avait considéré comme un père. Son cœur avait été détruit, l’étau l’avait bien trop serré. Aucune larme ne coulait, il n’en avait plus la force. Ses nerfs l’abandonnaient. Il en venait à se demander comme il pouvait encore tenir debout. L’espoir que le regard de Lupin change ? Il avait beau dos l’espoir… Lui ne pouvait plus le supporter. Souhaiter quelque chose, l’attendre avec impatience et finalement… souffrir. Car rien n’allait ! - Alors je dois risquer ma vie ! Me priver d’avenir ! J’ai dû travailler ma magie, l’augmenter sans relâche pour l’égaler ! Car c’est vous, vous tous et une prophétie sortie de nul part, qui en avez décidé ainsi ! Et après vous vous plaignez ? « Oh mais regardez, il est un risque pour la société, il est aussi fort que celui qu’il a dû tuer sous notre demande », « Oh oui, il faut le tuer, après tout, il n’avait qu’à ne pas devenir aussi fort, certes, il serait mort, nous serions tous morts, mais nous ne ferions pas une chasse au sorcier à son égard » ! Si mon niveau vous gêne, je quitte monde magique, j’abandonne tous mes pouvoirs et je vous laisse un Lord Noir sur les bras ! Alors, lequel a-t-il marqué comme son égal ? Qui pourra gagner suffisamment de pouvoir pour le vaincre ? Oh, suis-je bête, c’est moi votre unique espoir ! Et je devrai vous sauver après tout cela… Mais vas-y Lupin, vas au combat à ma place ! Vas te faire tuer face à Voldemort ! Au moins, tu retrouveras mon père tant aimé ! Il avait dit tout cela sans vraiment le penser, ou juste un peu… à peine, mais c’était déjà trop. Le regard de Lupin trahissait une réelle panique. Et encore une fois, il y avait trop d’espoir. Le jeune homme se disait que ses paroles l’avaient réveillé, qu’il s’en voulait de lui avoir volé sa vie, qu’il… l’aimait. Il secoua la tête. Depuis quand était-il à ce point dépendant des autres et de l’amour ? Depuis la mort de Sirius… Sûrement. Il se retrouva de nouveau étreint, des paroles rassurantes étaient prononcées par cette voix qu’il appréciait tant et qui tremblait sous l’inquiétude. - Ne t’inquiète pas Harry, tu ne seras pas seul sur le champ de bataille, nous serons tous là, à tes côtés, à te soutenir, lors que tu affronteras Vold… Volde… Tu-Sais-Qui. Il avait beau être Gryffondor, foncé avant de réfléchir, faire passer les émotions avant tout… Il avait compris. Ce n’était pas de l’amour que le lycanthrope offrait, ni un peu de respect ou d’amitié pour se racheter… Il voulait juste s’assurer que le brun remplirait sa mission jusqu’au bout, jusqu’à sa mort s’il le fallait. Car d’apparence, ce dernier ne serait pas seul, alors il devrait être rassuré. L’ancien professeur continua : - Et tu sais, je suis sûr que nous pourrions trouver une pierre ou un sort ou une potion, ou n’importe quoi qui pourrait te priver de ta magie, comme cela, tu aurais une petite vie tranquille, au milieu des moldus. L’élève avait prévu cela de toute façon, alors il acquiesça. Il sentit le souffle de son « père » d’adoption caresser sa tempe lorsqu’il soupira de soulagement. Non, Rémus Lupin ne lui offrait ni amour, ni amitié, ni respect… Rien de tout cela, il ne lui offrait que solitude et combats… Il lui offrait la mort sur un plateau d’argent. Et Harry accepta cela. Un contact humain, de l’intérêt porté, même factice… C’était ce dont il avait désespérément besoin. Après tout, à la fin, il pourrait gagner le monde des moldus, vivre normalement, sans tout son passé. Alors autant accepter, et se rassurer à l’écoute d’un cœur qui battait un peu trop vite. Oh oui, le loup-garou avait peur, le Survivant aurait presque pu la sentir, et le pire dans tout cela, c’était que de cette cadence infernale, il s’en délectait. Il resserra son étreinte, rapprocha un peu plus leur corps, comme s’il désirait disparaître entre les plis des vêtements trop larges du Maraudeur. Le rythme s’aggrava, les pulsions devenaient insupportables. Et le sourire du jeune homme grandit. Même si tout était faux, il s’en moquait bien, car là, en l’enlaçant, en libérant une partie infime de sa magie mais suffisante pour terrifier, il savait qu’il était le monde de Rémus Lupin. Les deux hommes se séparèrent, quelques minutes plus tard, après des « au revoir » affligeants. Aucune sincérité, aucune spontanéité. Tous les mots étaient choisis, pesés, posés. Il ne fallait pas froisser l’autre, conserver les apparences. Harry eut même pitié du loup-garou, et après quelque pas, il le salua comme son père l’aurait fait. Le même geste ample, le même surnom. Il le connaissait ce rôle, il ne l’aimait pas, mais il savait le jouer, sur le bout des doigts. C’était ce que tout le monde voulait de lui au départ, avant d’être le Survivant, chacun cherchait le grand Maraudeur en lui, celui qui était sorti avec Lily Evans, celui qui était si aimé, si populaire, tellement qu’il lui arrivait parfois de le haïr ! Même Severus s’était pris au jeu… juste au début, mais c’était déjà trop. Il s’était fait pardonné, mais cela ne changeait rien. Lui aussi attendait quelque chose de lui, en plus d'être le parfait reflet de sa mère, d’avoir ses yeux… Il savait que le professeur cherchait le regard de celle qu’il avait aimé et aimait toujours, à chaque fois qu’il le fixait, il voulait capter l’émeraude. Harry le savait et répondait à ses attentes. Cependant, Rogue voulait aussi le voir vaincre le Seigneur des Ténèbres. Le jeune homme avait dix-sept ans et s’en excusait. Il n’était pas son père, il n’était pas Préfet en chef, il n’était pas Maraudeur, il n’avait pas de petite amie merveilleuse et incroyable, rousse aux yeux verts. Car il y avait des filles qui collaient à la description, particulièrement Ginny Weasley… Sauf que lui préférait les hommes, et particulièrement la fouine qui lui servait d’ennemi. Quoi que maintenant, il ne pouvait plus vraiment dire qu’ils étaient des Némésis, il venait de lui sauver la vie. Sur ce point aussi il devrait y réfléchir, ou laisser les choses se faire et agir selon son instinct. Il choisit la seconde solution, après tout, il était Harry Potter, Prince des Gryffondor, il devait donc agir comme tel ! Ce fut donc le sourire aux lèvres qu’il gagna son territoire. Demain, il étudierait les Serpentards, et surtout le sien. Après tout, l’espoir n’était pas mort. Il avait risqué un Avada Kedavra pour lui, et bien que le jeune homme ait réussi à échapper à beaucoup d’entre eux, cela le touchait. Si ce n’était pas de l’amour… à moins que lui aussi attendait que Saint Potty sauve le monde… Cela était beaucoup plus dérangeant, d’autant plus que le jeune homme aux cheveux blonds lui avait dit que Voldemort devait mourir. Peu importe, il aurait Drago Malfoy ! Il n’y avait plus de Pansy Parkinson, et cela l’étonnerait que son rival arrive dans la Grande Salle demain avec une nouvelle conquête au bras, ce n’était pas digne d’un sang pur comme lui. Alors rien à craindre, il pourrait continuer son exploitation de ce monde opposé au sien. Il en aurait tout le temps demain… plus personne n’oserait parler de lui. C’est vrai, tous les étudiants ne parleraient que du sauveur aux yeux orages que ce soit par admiration, réserve ou dégoût, il serait le centre d’attention, même à la table des Gryffondors… surtout à celle-là. Il n’aurait pas à être discret, de toute façon, ce n’était pas son fort. Personne ne remarquera son comportement étrange, tout sera expliqué par le combat. Il gagna les bras de Morphée en se disant que lui, au moins, ne le repousserait pas. Un peu d’amour… Il devait en demander trop, il ne devait pas mériter autant de bonheur. |