Note de l'auteur : Je ne sais pas quoi dire. C'est assez bizarre de poster ce chapitre. Je ne sais pas si on m'a lu. Je sais encore moins si ça vaut la peine de poster la suite mais j'ai envie d'essayer et de continuer. Je ne vais pas abandonner ! /s'enflamme/
Bon et comme d'hab tout est à JKR.
Qu'est-ce qui est à venir ?
(Je ne crois pas en un avenir glorieux et merveilleux.)
Je sais que tu vas te battre avec toute ta conviction Potty. Je sais que malgré tes crises d’angoisse, tes blessures, ta souffrance, tu tiens bon. Tenir bon. Quelle connerie. Jusqu’à quel point t’ont-ils formaté, mis dans le moule parfait du héros ?
Je sais aussi que tu vas gagner. C’est tellement couru d’avance. Inutile de prendre les paris, tu gagneras parce que c’est la seule chose que tu saches faire. Triste n’est-ce pas ? Parce que l’important ce n’est pas toujours de gagner et crois-moi, je commence juste à le comprendre mais je le comprends avec encore trop de clarté au goût de mon ambition. Gagner c’est bien. Savoir vivre et se laisser aller c’est essentiel, vital.
« Je ne veux voir que la Victoire. Ne me demandez pas : "Après"? Après, je veux la nuit noire Et le sommeil sous les cyprès. »
(Edmond Rostand.)
Tu penses que tu sers juste à Tuer le Lord. Et tu as raison. À leurs yeux, c’est la seule raison. Pour moi tu es là pour vivre. Tous l’ont oublié. Tellement concentrés pour gagner en tuant, ils ont oublié qu’ils le faisaient pour vivre. Je suis un frein à la vie et personne ne pense à me supprimer. Et toi, tu es devant moi, méprisant, détaché, bouleversé. Un Paradoxe dans le cours des destinées. Tu aurais dû finir comme moi. Et tu es un héros, soutenu et aimé. Loin de la boue des fossés, loin des crachats, loin de la morsure de la merde.
Tu sais pourquoi je suis un frein à la vie que tu défends si férocement ? Je tiens un carnet de puis ma cinquième année. Un mince carnet noir couvert d’encre maintenant. Chaque chose que je devais faire y est notée, chacun de mes rêves, de mes espoirs aussi. Je l’ai fait pour ne rien oublier de celui que j’étais. Aussi pour me rappeler que je suis une raclure, j’en tire une certaine fierté une fois que ma conscience m’a lâché. J’y aie écrit absolument tout. Jusqu’à la dernière page. Où il n’y a qu’une phrase de mon écriture fine et penchée. La dernière chose qui me reste à faire après que les rêves aient été salis et dévorés. Après que tous mes soutiens, amis, camarades, familles, avenir, me soient dérobés. Une petite chose. Un dernier souhait.
Je n’ai plus d’aspirations, plus de sourires, les Doloris me les ont arrachés quelque part dans les cachots du Manoir. Je suis presque mort, ou le suis-je déjà ? Regarde-moi Potter. Vois les débris de mon regard autrefois plus effrayant que la lame d’une épée. Vois mon corps mince devenu squelette. Vois mes lèvres pincées n’être plus qu’une ombre sur une peau d’albâtre. Vois ce cadavre assis qui te scrute avec un rictus serpentardesque. Regarde-moi.
_ Achève-moi.
Je te le dis comme une provocation. Tu me détestes, non ? N’y résiste pas. Achève-moi. Tu ne me tueras pas. Tu resteras innocent bien après ton dernier soupir, aucune mort ne te souillera, aucun crime ne t’abaissera. Au milieu de cette guerre meurtrie, tu es certainement le dernier vivant debout. À côté de toi le monde est une ombre éclaté.
Ça ne vaut rien de mourir. Je sais. Mais je veux mourir. Me déliter. Disparaitre. S’il existe un droit pour les ordures, c’est bien celui là. Même si j’ai un rêve qui subsiste, je le garde pour moi. Il s’appelle fantasme. Non pas sexuel, je m’en fous. Ça signifie juste qu’il est dans la catégorie « Ne se réalisera jamais ». Bien sur, l’impossible toi, tu ne connais pas. Tu es le Survivant, le Sauveur de la Planète et de l’Univers. J’attends avec impatience quand tu partiras sur ton Eclair de Feu spatial pour combattre les petits hommes verts. Je délire.
J’ai mal. La poussière et la boue crée par le sang ne me vont pas au teint. Mais là où je me trouve il n’y a que de la cendre. Plus terne que mes yeux, certes. Mais avoue que c’est très aristocratique comme linceul. Je soupire. Je ne tiens pas bon moi. Je lâche prise. Et le vent ne me porte pas. Et les voix ricanantes des lambeaux de ma raison me coulent, m’asphyxient.
_ Pourquoi tu ne te bats pas, Malfoy ?
Je reste dans le silence. J’ai toujours appartenu au silence. Il fallait faire taire le cœur, ma sensibilité. J’ai éveillé la mienne en secret, en silence. Muet. Mais il aurait fallu décapité Malfoy et je n’ai pas eu le courage nécessaire. Pas eu le courage de faire tomber le masque. De me regarder en face. Mon reflet me terrifie. Et j’ai toujours eu une relation conflictuelle avec les miroirs, je les vomis, je les massacre. À mes yeux, un bon miroir est un miroir brisé. La lâcheté ne se combat pas.
Et par pitié cesse de pourrir mon champ de vision avec ta verdure en pupille. Je sais que tu attends une réponse. C’est toujours comme si tout t’étais toujours du. Je n’ai pas demandé à ce que tu viennes. Alors fais ton boulot de héros et tue-moi. En échange je t’offrirai bien mon sarcasme finale, ma moquerie suprême. Mais les mots se perdent en moi, ils n’ont plus de sens. J’ai vu mon Lucius supprimé ma mère, mes amis anéantir mes alliés, ma main couverte d’âmes errantes qui crient "vengeance".
Je suis lâche. Mes épaules ne sont pas faites pour supporter les regrets. Les remords et la culpabilité je peux m’arranger avec. Mais pas les regrets, pas ce que je n’ai pas pu empêcher, pas la mémoire de ceux que je n’ai pas su retenir. Et - ironie tragique - tu sais comment s’appelle ce sentiment ? "Le complexe du survivant ", si je t'assures. La culpabilité des ceux qui ont su résister parmi les morts porte ton nom. Et j’en suis gravement atteint.
Tu tiens vraiment à avoir une putain de réponse ? Soit.
_ Pourquoi ? Histoire de te faire chier… Saint Potty…
Malfoy, mauvaise foi jusqu’au bout des ongles. Ça me tuera. Et vu le niveau de crispation de ta mâchoire je dirais que ça me tuera dans pas longtemps. Oups. J’oubliais. J’allais mourir même sans toi. Mais tu vois, fierté oblige, si je dois crever, ce ne peut être que de ta main. Je te laisse le rôle de Celui-qui-survit-à-la-guerre. Je préfère mourir une bonne fois pour toute plutôt que me déliter et sombrer dans une dépression neurasthénique. Tu peux croire le peu de Draco qui subsiste en moi, il savait très bien ce qui m’attendait. Ses yeux ont eu un éclat de vie lorsqu’il a imaginé son plan. Parfait bien entendu. Absolument parfait comme son créateur… Même dans mon propre esprit mes phrases grincent, je n’y crois plus depuis longtemps.
L’ultime bataille est venue. Quand je t’ai vu t’avançant vers moi, j’ai souris de ce rictus amer et dissonant des momies. Tu es venu. Je t’ai énervé, battu à chaud, manipulé en somme. J’ai obtenu de toi ce que je voulais. J’ai gagné. Il fallait bien que je gagne un jour contre toi Potter. Je suis le meilleur. Toujours.
C’est furieux. La tension qui se dégage de toi. C’est affligeant. La faiblesse qui s’empare de moi.
Je ferme les yeux. Sous mes paupières bien closes il y a mon monde. Loin du nôtre, le seul que nous partageons vraiment. Pas de guerre là-bas. Mais toujours autant de disputes et de cris. Loin du pouvoir qui nous dépasse, des rôles qui nous dominent… La réalité est hideuse et incassable. J’ai beau fermer les yeux, crispés à en avoir mal, elle ne répond pas à ma prière. J’aurai voulu un espoir. Juste infime. Qui existe.
Je n’ai plus que l’illusion pour me sauver de la réalité. Je n’ai que toi pour me préserver de la vie.
_ T’es un…crétin…Potter…
Merci, Harry. Malfoy, mauvaise foi jusque dans les tréfonds de… de quoi ? De Draco ? Oui voilà. Parce que Malfoy a emprisonné Draco. Il l’a caché, jeté à terre, marqué de son fer brûlant. Et Draco a abandonné. J’ai lâché prise. Je me suis révolté uniquement pour mourir. Parfois j’ai l’impression de n’être né que pour la fin.
_ Je te hais.
C’est ta seule certitude, je te la laisse de bon cœur. Accroche-toi y. Je suis un beau parleur, un beau menteur. Mes lèvres mentent. Mon cœur ne sait pas se mentir. Mais ça, je ne le dirais jamais.
A suivre...
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