(Février 2012)

______________________________________________________________________________

J’ai regretté au moment même où mon dos a touché le matelas. Ce que je faisais était mal, et je ne savais même pas pourquoi je le faisais. Je n’en avais même pas envie. J’avais laissé les choses se passer, et maintenant je regardais Paul en ne pouvant penser à rien d’autre qu’à Sonia. Elle l’aimait, j’étais son amie, j’étais censée arrêter ça. Paul aussi, mais il avait peut-être ses raisons, lui. Ou pas. On était sans doute en train de faire quelque chose qui n’avait aucun sens, qui ne signifierait quelque chose que par le besoin qu’on aurait de le cacher à Sonia, ou par sa douleur si elle l’apprenait. Je n’ai jamais aimé les confrontations alors je n’ai pas arrêté Paul. Je n’ai jamais réussi à prendre le sexe au sérieux, avant, mais soudain chaque geste résonnait de manière grave, pas par ce qui me liait à lui, mais par ce qui nous liait en passant par Sonia. Ce n’était pas meilleur, je dois avouer que ce n’était pas moins bon, mais c’était différent, par le fait même que ça n’aurait pas dû arriver.

Je n’ai rien dit d’abord quand on a eu terminé. Mais j’ai finie par être irritée du silence de Paul, j’attendais quelque chose de lui je crois.

- Pourquoi t’as fait ça ?

- Et toi ?

- Je me suis laissée portée par le mouvement.

J’ai laissé au silence le temps de juste revenir.

- Je ne me débats plus contre ce qui m’arrive.

Il a souri. On était nus dans un lit et on venait de coucher ensemble, mais c’était comme avant entre nous.

- J’en avais envie.

Sa réponse m’a fait sourire en retour. Ca paraissait normal, acceptable, compréhensible dit comme ça. Ce qui me gênait c’est que je savais que Sonia ne serait pas de cet avis, et que je savais aussi que je serais d’accord avec elle.

- On refera pas ça, j’ai dit en me levant et en commençant à me rhabiller.

- Qui sait ?

J’ai acquiescé.

- Qui sait.

C’était mieux comme ça. Il ne fallait pas sacraliser ce que nous venions de faire, en faire « le seul, l’unique », mais il était hors de question qu’on ait des airs de prendre rendez-vous. On s’en remettait à ce qui se passerait, en somme.

Je m’en voulais quand même, et j’étais décidée à ne pas recommencer. Mais je m’en voulais avec une certaine distance, comme si je n’avais pas fait exprès.