Avant dernier chapitre :D

POV Tomo

J'imagine le bruit de tes pas qui s'approchent, tes grands bras qui m'entourent, j'imagine la douceur de ta voix qui vient me murmurer à l'oreille que ce n'est qu'une erreur. Que je fais battre ton coeur aussi fort que le mien, que j'occupe en permanence tes pensées. Je me sens envelopper par ta chaleur, par la saveur de mes rêves éveillés. Je sais que tout est faux, mais je me dis que peut-être, peut-être cela pourrait être vrai.
Je reprends conscience du monde extérieur, avec l'impression qu'on m'observe. Je suis incapable de tourner la tête, de vérifier si tu es là. Je préfère mes songes, au moins je sais qu'ils font finir comme je le souhaite. Avec toi rien n'est sûr.

- Tomo ?

Je n'avais plus conscience de rien, ta voix me rappelle du néant. Je lève les yeux vers toi, tu es presque essoufflé, et tu pâlis, alors que ton regard me parcourt sans relâche. Qu'as-tu ? Tu n'aimes pas ce que tu vois ? Les révélations de Shannon n'auraient-elles pas été à ton goût ? Je crois que j'ai si mal que je pourrais me laisser submerger.

- Tomo, dis-moi ce qui se passe ?

J'ai encore tous ces mots que tu as dits au fond de ma tête, et puisque j'ai décidé de te parler vraiment, autant ne pas mentir maintenant.
- J'ai entendu ce que tu as dit à Shannon.
- Oh...
- Et j'ai entendu ce qu'il t'a dit.
Tes yeux sont fixés dans les miens comme si tu cherchais des réponses, je lis de la peur dans ton regard. Pourquoi ? C'est moi qui devrais avoir peur.
- Tout ?
Et ta voix me semble si faible.
- Jusqu'à « Tomo est mon ami... ».
Ma voix elle, est bien trop amère. Tu sembles surpris et soulagé. Tes yeux se mettent à m'éviter et tu ouvres la bouche pour parler. Je le fais avant toi. Sinon je n'aurai plus le courage, sinon je ne serai plus que ce lâche que j'ai toujours été.
- Tu as dis, que l'on ne devait pas mélanger le groupe avec nos histoire de coeur...
J'hésite.
- Je le comprends tu sais... je voudrais pouvoir ne pas ressentir ce que je ressens. Tu l'as dit, je suis seulement ton ami...
- Si tu t'en fais pour Tim et Shannon ce n'est pas la peine, j'ai... enfin, cela ne me pose plus de problème.
- Je ne parle pas pour Tim et Shannon.
Tes sourcils se froncent, et tes yeux cherchent les miens à nouveau.
- Je veux parler un peu de moi pour une fois.
J'ai mis plus de force que je ne le voulais dans cette phrase, je le vois dans ton regard étonné, j'y lis cette lueur à nouveau, celle qui fait battre mon coeur de cette façon tellement désordonnée.
- Ce que j'essaye de te dire Jared, c'est que même si je n'aurais pas dû, et même si tu préférerais sans doute ne pas l'entendre...
- Je peux tout entendre.
- Ah, Vraiment ?
- Oui.
- C'est pas l'impression que j'ai eu tout à l'heure.
Ton visage se crispe, un éclair de colère passe dans tes yeux. Je ne sais pas pourquoi je dis ça, peut-être parce que la tendresse qu'il y avait dans ton regard me fait peur, peut-être parce que je préfère être face à des sentiments que je connais, pour pouvoir te parler.
Je me dis une seconde que si je pouvais te mettre assez en colère je n'aurais plus à le faire. Mais cette idée s'efface aussitôt, je ne supporterais pas de vivre d'autres jours comme ceux qui viennent de passer. Plongé inlassablement dans ces incertitudes, à vivre de suppositions.
Mais je ne peux pas empêcher l'agressivité dans ma voix, j'essaye de me défendre par avance du mal que tu pourrais me faire.
- Je sais que j'ai mal réagi tout à l'heure, mais je n'étais pas prêt à découvrir ça ! dis-tu.
- Et pourquoi serais-tu prêt à m'entendre moi?
Encore cette ironie, celle que je déteste tant.
- Je sais que je le suis !

Comment peux-tu affirmer une telle chose, avec cet air si sûr de toi, on dirait presque que tu connais déjà la réponse, et que tu l'attends de toute tes forces. Si seulement cela pouvait être vrai.
- Je ne sais pas ce que Shannon t'a dit exactement Jared, mais je doute que tu saches vraiment ce que je veux.
Tu ne me réponds même pas, ton visage s'est fermé, tu sembles triste, même si une lueur d'espoir flotte au fond de ton regard. C'est elle qui me fait avancer, elle qui me fait espérer que peut-être...
- Est-ce qu'il t'a dit que ce n'est pas de ton amitié que je veux ? Qu'elle ne me suffit plus ? Que je crois en fin de compte qu'elle n'a jamais suffit ?
Le son de ma voix est monté d'un cran, et je reprends convulsivement mon souffle. Pourquoi tu ne cherches pas à me répondre, pourquoi tu me laisses continuer à te parler de cette façon là.

Est-ce tes yeux qui m'apaisent ? Leur force étrange, cette lueur ? Je sais seulement que quand je parle à nouveau ma voix se fait faible, incertaine.
- Je suis en train de tomber amoureux de toi Jared... et je ne peux rien y faire. J'ai essayé tu sais, de nier tout ça. Je sais qu'il n'y a aucune raison pour que tu me rendes un jour cet amour. Je ne vois même pas pourquoi tu le ferais. Tu pourrais aimer quelqu'un de tellement mieux que moi, je ne te mérite pas. Mais j'y peux rien, je n'arrive plus à nier ce que je ressens. Alors je préfère te le dire, même si cela doit briser quelque chose entre nous. Je ne supporte plus de t'avoir face à moi en sachant que tu ne sais pas.
Je parle les yeux fixés au sol, sans jamais te regarder, je ne pourrais pas sinon. Tu es tellement silencieux, je me mets à trembler.
- Ne dis pas ça, souffles-tu.
J'ai l'impression que l'on vient de planter un poignard dans mon coeur. J'essaye de sourire, de continuer à respirer, de continuer à vivre tout simplement. Est-ce que je m'attendais vraiment à ce que tu te précipites dans mes bras en criant « moi aussi ».

- Ne dis pas que tu ne me mérites pas... c'est moi qui ne te mérite pas Tomo. Moi qui suis aveugle et qui n'ose même pas mettre de mots sur ce que je ressens. Moi qui suis bien trop lâche pour ton courage.
Qu'est-ce que tu viens de dire ? Mes yeux se fixent dans les tiens. J'ai l'impression qu'ils brillent. Mon coeur s'affole, et l'espoir fait battre mon sang si fort.
Nos regards s'accrochent, se cherchent. Je me noie dans tes yeux, alors qu'une sensation d'allégresse monte dans mon ventre, j'ai soudain envie de sourire, de rire, de sauter sur mes pieds, et de crier ma joie à la face de la Terre. Pourtant tu n'as encore rien dit.
Pourtant tu n'as encore rien fait. Mais cette lueur est là dans tes yeux, et maintenant je sais la nommer.
- Si je mérite tant que ça d'être aimé, alors pourquoi tu ne fais rien !
Une audace que je ne me connaissais pas vient de naitre en moi. Je me sens rougir sous ton regard devenu tellement sombre. Je sens mon souffle se précipiter dangereusement alors que tu t'approches un peu.
Juste un peu, juste assez pour que les papillons dans mon ventre s'affolent, et que cette envie maintenant familière naisse de nouveau en moi. Je veux toucher ta peau, je veux gouter tes lèvres. Et cette fois je le ferai.
Tu es presque moqueur, on dirait que tu me veux me provoquer, que tu sais parfaitement cette impatience qu'il y a en moi, et que tu veux en jouer. Cela te ressemble tellement, toi qui veux toujours jouer de tout, du danger et du reste.

Je me lève de ce lit, et m'approche à mon tour. Je me sens trembler jusque dans mes doigts de pieds. Je m'arrête tout près de toi, si près que ton odeur grisante m'envahit, si près que nous nous frôlons dangereusement. Tu n'as plus envie de rire, tu es terriblement sérieux. Tu me regardes comme si j'étais la chose la plus importante dans ton monde. Et j'aime ça.
- Hein Jared, pourquoi tu ne fais rien ?

Je sens mon souffle s'écraser sur ta peau, je te vois frissonner. Je te vois approcher. Mes yeux se ferment d'eux même, et je ne vois plus rien. Je sens juste. Je sens juste ta peau qui vient toucher la mienne, la chair de tes lèvres qui s'appuie sur les miennes.
Je me dis que c'est encore plus doux que tout ce que j'avais imaginer, que le monde pourrait bien s'ouvrir sous mes pieds. Ta bouche est posée sur ma bouche, bougeant lentement, savourant leur contact.
Je me dis que pour un seul baiser de toi j'aurais pu souffrir dix fois plus, j'aurais pu attendre toute une vie.

Un gémissement étouffé m'échappe, et ma main remonte jusqu'à ta joue. Caressant pour la première fois ta peau du bout des doigts, d'un geste qui n'a plus rien d'amical.
Je t'embrasse plus profondément encore, je me laisse emporter. J'ai l'impression de flotter, de n'être attaché à la réalité que par la saveur de tes lèvres, la force de tes bras qui m'enlacent.
À bout de souffle nos lèvres se séparent un instant. Juste quelques millimètres, encore si près qu'elles se frôlent à chacune de nos respirations. Tes yeux plongent dans les miens et tu souris contre ma bouche.

- Mais je fais quelque chose Tomo, murmures-tu en réponse à ma provocation.

Ta voix rendue rauque par le désir, fait remonter des frissons le long le ma colonne vertébrale, allumant un brasier dans mes veines. Tu continues, tu chuchotes contre mes lèvres, et les mots que tu dis viennent transporter mon âme.

- Je te prouve que je t'aime.


A suivre....