POV Tomo Je suis sortit du tourbus en tremblant, heureux de me soustraire à ta vue. Je t'ai regardé partir de ton coté avec Shannon. Vous aviez rendez-vous pour une interview, et cette fois je ne faisais pas partie du voyage. Quelque part, cela m'arrange, je n'aurais pas à te faire face à nouveau. Du moins pas tout de suite. J'ai envie de fumer, envie de tenir une cigarette entre mes doigts, d'avoir quelque chose pour m'occuper, ralentir mes pensées. Mais je ne le ferai pas, mes cigarettes nocturnes sont déjà bien assez. Tim sors à son tour, les mains dans les poches de son jean, les bras nus, il ne semble jamais avoir froid. Il ne frissonne même pas. Moi je porte ma veste, et pourtant je n'en suis pas loin. J'essaye de lire sur ses traits ce qu'il a bien pu penser de l'approche de Shannon tout à l'heure, mais il n'en montre rien. Je promène mon regard autour de moi, il n'y a vraiment rien a faire ici, à par attendre. Et je ne veux pas me mettre à penser encore. - Tu viens on va visiter un peu le coin, je tourne en rond là. ¤¤¤ Je ne sais pas si je dois me sentir heureux de t'avoir de nouveau sous les yeux ou simplement inquiet. - Et merde ! Je sursaute légèrement au son de ta voix. Tim et Shannon ont appliqués la méthode du repli stratégique. Il s'agit de tout faire pour éviter de croiser ton chemin, en espérant que tu oublieras leur existence. Moi je suis bêtement rester coincé dans le couloir, devant la porte ouverte de la salle de bain. J'observe tes gestes nerveux, tes mouvements de colère. C'est plus fort que moi, il faut que je sois là, juste à côté, alors que les seules paroles que tu risques de m'adresser pourraient bien être des cris. Je n'ai pas tout à fait compris ce qui s'était passé lors de l'interview, tu étais trop occupé à crier, et Shannon à s'éloigner le plus rapidement possible, pour que quelqu'un me fournisse une explication cohérente. J'ai cru comprendre que les questions ne t'avais pas plues du tout, tout comme l'attitude du journaliste en général. Je ne sais pas ce qu'il a bien pu faire ou dire pour te mettre dans cet état là. Parce que même si tu t'énerves souvent après eux, il est quand même rare que ce soit à ce point. Comme souvent quand tu es angoissé, stressé, ou agacé, tu essayes de te calmer par une séance maquillage. Mais aujourd'hui, je dirais que cela ne marche pas, mais alors, pas du tout. Chaque produit qui te passe entre les mains a le droit à une insulte. Je trésaille à nouveau en entendant le bruit que fait le crayon noir en s'écrasant contre le miroir. Tes dents viennent mordiller tes lèvres, tu passes tes deux mains sur ta nuque, comme si un poids trop grand venait soudain de se poser sur tes épaules. La seule chose que moi je vois, c'est que tu as joliment loupé le noir qui souligne tes yeux bleus. Tu pousses un profond soupire. Quelque chose se noue à nouveau dans mon ventre, je n'aime pas la fragilité que le lis dans ton attitude, j'ai envie de venir te serrer contre moi, d'entendre les battements sourds de ton coeur se calmer peu à peu. Mais tu ne m'en laisserais pas l'occasion. Je ne suis pas assez sage pour te fuir quand tu es comme cela, mais je ne suis pas fou non plus. J'avance avec la prudence d'un chasseur devant un animal sauvage. Je rentre à tes cotés dans la minuscule salle de bain. Cette fois c'est le mascara qui va être l'objet de ta fureur. J'en ai assez. Je veux revoir ton sourire, entendre la douceur de ta voix, je ne veux plus de tes cris qui n'ont aucun sens. Tu remarques ma présence. Tu ne peux pas faire autrement, je te frôle presque tant nous manquons de place. Je lis les interrogations rageuses qui naissent dans tes yeux. De ça non plus je n'en veux pas. Je te prends par la taille, et je fais basculer tes hanches, jusqu'à se que tes fesses se retrouvent calées sur le rebord du lavabo. Tu me fais face maintenant. Tu t'apprêtes à raller encore, mais je pose mon mon pouce sur tes lèvres pleines, t'imposant le silence. Tes sourcils se froncent un peu, mais tu ne dis plus rien, tu réfreines ton envie de t'énerver encore. J'attrape le coton et le produit démaquillant, tout en restant assez près pour qu'il ne te prenne pas l'envie de filer passer tes nerfs ailleurs. D'un geste doux je passe le produit sur ton visage, enlevant le maquillage que tu viens de poser, je suis les contours de tes yeux, de tes joues, la ligne de ta mâchoire. Quand je n'en vois plus aucune trace, je lâche le coton et passe lentement mes doigts sur ta peau, pour l'essuyer un peu, la faire sécher plus vite. J'attends encore un instant, toujours sans croiser ton regard une seule fois. Sinon je sais que je risque de ne plus pouvoir penser correctement, que mes gestes vont se ralentir, se faire lourds de désir, et pour l'instant ce n'est pas le but. Je récupère le crayon noir que tu as lancé contre le miroir, et je reviens vers toi. Mais là il faut bien que je les regarde tes yeux, comment pourrais-je les maquiller sinon. Je n'aurai pas du faire ça, j'aurai du te laisser te débrouiller, tu te serais bien calmer tout seul. Dans quoi me suis-je encore lancé. J'inspire profondément avant d'oser enfin te regarder bien en face, le crayon dans la main. Et mon coeur bat plus vite, ma respiration s'accélère. Tu es tellement proche, si proche que je pourrais... C'est tellement difficile de lever ce crayon jusqu'à ton visage comme si de rien n'était, comme si je n'avais pas l'envie irrépressible de gouter la saveur de tes lèvres. Ton souffle vient chatouiller mon cou, alors que je me penche sur toi et commence à assombrir les contours de ton regard, je frisonne. J'essaye de ne pas trembler. Nous ne disons pas un mot, le silence me semble si lourd, plein d'interdits. Je n'arrive pas à lire dans tes yeux. La lueur que j'y vois ne peut être d'un mensonge, une invention de mon esprit. Ma main s'éloigne de toi, j'ai terminé, je crois que ce n'est pas mal du tout, si j'en crois le trouble qui s'allume dans mon ventre. Il faudrait vraiment que je m'en aille, mais je ne peux plus lâcher ton regard, et cette lueur que je comprends si mal. Tes doigts viennent se poser sur les miens qui s'en vont, des étincelles remonte le long de mon bras et viennent se bruler dans mon sang. Tu tiens ma main dans la tienne, et je ne pense à rien d'autre. Jusqu'à ce que tes lèvres bougent pour prononcer deux mots. - Merci Tomo. Et là c'est elles que je vois, leur douceur. Mes yeux hésitent, passent de ton regard à tes lèvres. Dans un instant de stupeur j'ai l'impression que les tiens font pareil. Je ne peux plus respirer, tes yeux me brulent trop fort, toujours remplis de cette lueur. Cela ne peut être que de la gratitude, cela ne peut être rien d'autre. Pourtant... pourtant je sens que je vais faire une bêtise...
A suivre.... |