Ils arrivèrent bientôt à une haute tour qui était légèrement en ruines ; Grands-pas marchait un peu plus loin devant eux. « C’était la tour de guet d’Amon Sûl », sa voix était pleine de douleur autant que de respect pour les ruines, « nous nous reposerons ici ce soir », dit-il alors qu’il se tournait pour dissimuler toute trace de souffrance.
Ils montèrent à mi-chemin de la tour, jusqu’à un promontoire, et montèrent le camp. Grands-pas regarda à travers les terres pour vérifier qu’il n’y ait aucun ennemi, avant de se tourner vers les hobbits installés et d’ouvrir un sac en montrant rapidement de courtes épées, c’est-à-dire bien trop courte pour un homme, mais faites pour un hobbit.
« Celles-ci sont pour vous, gardez-les sur vous », leur dit-il, « Je vais jeter un regard aux alentours. Restez ici », ayant dit cela, il s’éloigna.
Les hobbits s’assirent et Frodon était sur le point de s’endormir, Remus s’approcha et posa ses pattes avant sur l’estomac de Frodon, et sa tête sur ses pattes. Ses yeux étaient fermés mais il ne fallait pas se laisser tromper à penser qu’il dormait. Harry regardait les trois autres pour être sûr qu’ils ne feraient rien de stupide le temps que Grands-pas soit parti. Il fit en sorte d’éteindre tous les feux qu’ils essayaient d’allumer avec un « Aguamenti » murmuré. Frodon se réveilla dans un sursaut, quelque chose allait arriver ! Remus et Harry le sentirent aussi et commencèrent à essayer de pousser les quatre hobbits jusqu’en haut de la tour.
Les hobbits, connaissant la fiabilité de leurs instincts de loups, les suivirent et sortirent rapidement leurs épées alors qu’ils marchaient. Alors qu’ils arrivaient en haut, ils entendirent les cris des Nazgûls et se couchèrent promptement sur le sol pour ne pas être vus. Ce ne fut pas assez, car bientôt, les Nazgûls furent en haut avec les six voyageurs. Les quatre hobbits sautèrent sur leurs pieds et reculèrent pour pointer leurs épées vers les silhouettes approchantes. Harry et Remus étaient accroupis près de Frodon et grondaient, les babines retroussées pour montrer leurs crocs. Cela n’arrêta cependant pas les Nazgûls, qui poursuivirent leur avancée.
Bientôt, Sam, Merry et Pippin furent assommés, et il ne restait plus que Frodon et les deux loups. Harry et Remus échangèrent un regard avant de s’adresser un imperceptible hochement de tête. Les Nazgûls tombèrent à leurs pieds quand il y eut un flash de lumière et qu’à la place des deux loups se trouvaient deux hommes à l’apparence redoutable. Harry sortit l’épée de Gryffondor et serra sa baguette magique dans sa main. Il hurla « Expecto patronum ! », et un cerf argenté, un sinistros et un phœnix jaillirent de sa baguette. A leur façon de lutter contre un bon nombre de Nazgûls, les pensées des deux sorciers se confirmèrent, ils étaient exactement comme les Détraqueurs, sans certains de leurs attributs les plus ‘attrayants’.
Quelques-uns furent assez courageux pour lutter contre les patronus et commencèrent à s’approcher de Frodon, qui était tombé à terre sous la peur. Harry et Remus bondirent avec leurs épées flamboyantes. Le reste des Nazgûls prit la fuite, mais l’un d’entre eux avait une courte épée prête à poignarder Frodon. Avant qu’il puisse blesser le hobbit impuissant, Grands-pas sauta avec une torche enflammée dans la main qu’il jeta sur le capuchon du Nazgûl, le faisant prendre feu. Voyant que la bataille était finie, Harry et Remus rengainèrent leurs épées et coururent pour vérifier que Frodon n’avait rien.
« Est-ce que tout va bien, petit frère ? » demanda Harry à la recherche de la moindre blessure, pour se figer d’horreur à la vue de la courte épée saillant de la poitrine du hobbit. Il la retira rapidement et la jeta sur le côté. Il déchira le haut de Frodon pour voir la blessure et fit simplement une grimace à la vue de la plaie empoisonnée, car en effet, c’était une lame maudite qui l’avait frappé, « Il a été blessé par une lame de Morgul. C’est au-delà de mes compétences de guérisseur. Il a besoin de médecine elfique », entendit-il Grands-pas dire derrière lui.
« Nous sommes à six jours de Fondcombe ! Il ne pourra jamais y parvenir ! » s’exclama Sam d’une voix paniquée.
« Sois calme, mon jeune louveteau, Harry est le meilleur guérisseur de notre temps et notre monde. Il saura quoi faire », entendit-il Remus murmurer doucement.
« Remus », dit-il pour appeler son père d’adoption près de lui, « J’ai besoin que tu regardes dans mon sac et que tu en sortes une fiole avec un liquide ressemblant à du sang coagulé. Fais vite Papa, frère n’a pas beaucoup de temps », dit-il en sortant rapidement un poignard et en réouvrant la plaie fermée.
Quand ce fut fini, du pus gris suinta de la blessure. Harry sentit Remus près de lui et tendit la main. Remus lui remit une bouteille familière à laquelle Harry retira rapidement le bouchon à l’aide de ses dents, et de l’autre main il écartait la plaie de Frodon car elle ne devait pas se refermer. Il pencha ensuite la potion en arrière pour s’assurer qu’elle ne toucherait pas sa langue et qu’il ne l’avalerait pas.
Ensuite, il se pencha, posa sa bouche sur la plaie de Frodon, et laissa lentement couler le liquide sur la plaie causée par la lame. Quand il eut tout versé, il se redressa et cracha le reste sur le côté avant de relâcher sa prise sur la plaie et de se tourner vers Remus.
« Donne-moi les bandages et le baume que Sev nous a donné à mon anniversaire », dit-il d’un ton concentré avant de se retourner vers Frodon et de sortir sa baguette magique.
Avec un sort murmuré, la blessure commença à se recoudre d’elle-même, et le pus qu’elle avait produit se nettoya tout seul. Remus lui tendit alors les bandages, qu’il saisit, et il indiqua à Remus de soutenir Frodon. Quand il eut le chemin libre, il commença à enrouler étroitement les bandages autour de la poitrine de Frodon. Très vite, il finit de les fixer, et ils redressèrent un peu l’halfelin. Il se recula et renifla pour s’assurer qu’il n’y ait pas de signe de mort prochaine pour son petit frère. Il poussa un soupir de soulagement quand il sentit seulement l’odeur naturelle de Frodon, « Il est sauvé », murmura-t-il, la voix emplie de soulagement.
Grands-pas ne regardait que les deux hommes avec surprise et crainte, « Qui êtes-vous ? » demanda-t-il en pointant son épée sur la gorge d’Harry.
Remus allait se lever et protester, mais Harry esquissa un petit geste pour arrêter son mouvement, « Ce sont les deux loups qui étaient là avant, Grands-pas, ils peuvent se transformer en animaux ! » lui dit Pippin en poussant son bras afin d’essayer d’enlever l’épée pointée sur la gorge d’Harry.
Grands-pas le regarda avec incrédulité, mais juste devant ses yeux, Remus se transforma dans sa forme de loup couleur sable. La pointe de sa queue était blanche, ainsi que ses pattes qui ressemblaient à des gants. Grands-pas écarta rapidement sa lame et la rengaina à nouveau, en s’excusant auprès d’Harry alors qu’il lui tendait la main pour l’aider à se relever.
« Pas besoin d’excuses, tu as raison d’être suspicieux, mais il faut vivre un peu et apprendre quand il faut faire confiance ou non », dit Harry en balayant ses excuses, avant de prendre la main offerte et de se remettre debout.
« Merci grand-frère ! » cria Sam joyeusement, avant de sauter dans les bras d’Harry en l’étreignant chaleureusement. Merry et Pippin le rejoignirent bientôt, et Harry se sentit tomber à la renverse.
« Timber ! » entendit-il Remus crier, avant d’entendre son rire profond.
Depuis sa position au sol, il rencontra le regard des trois hobbits au-dessus de lui, et ils échangèrent un sourire sournois. Remus ouvrit les yeux pour voir quatre de ses louveteaux venir vers lui avec des sourires effrayant collés au visage et un reflet étrange dans leurs yeux. Il recula lentement en tendant les mains devant lui et en répétant, « N’osez même pas ! » avant de se faire taclé par les quatre. Ils tombèrent dans une mêlée de corps et leurs rires retentirent dans la nuit. Grands-pas sourit à cette vue et il sentit une vague de chaleur envahir son cœur. Bientôt, les rires moururent et ils se démêlèrent rapidement en riant encore par moment. Harry aida Remus à se relever avant de l’étreindre étroitement et d’enfouir sa tête dans sa poitrine. Remus le laissa le serrer, et le comprima chaleureusement contre lui, avant qu’Harry ne retrouve son sang-froid et recule lentement. Remus embrassa son front, ses joues, puis chaque paupière avec amour, « Tu t’en es bien sorti mon petit louveteau », murmura-t-il.
Harry lui adressa un faible sourire avant de s’éloigner complètement et de se tourner vers le rôdeur, « Est-ce que nous restons ici cette nuit, ou bien allons-nous marcher ? » demanda-t-il.
« Nous avons besoin de partir, nous ne pouvons risquer de rester ici alors que les Nazgûls savent où nous sommes. De plus l’aube est proche », répondit Grands-pas avant de rejoindre le camp et de préparer les sacs.
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