Chapitre 15
« - Je t'interdis de lui acheter des Chocogrenouilles ! Il va avoir des caries.
- Mais c'est juste pour le récompenser ! Il a fait un sans-faute au devoir que j'ai donné !
- Ce n'est pas la première fois qu'il fait un sans-faute à tes devoirs, Potter et je suis sûr qu'il n'est pas le seul.
- C'est différent ! »
…
« - Attends, attends… il est né quand ?
- Je l'ai recueilli un vingt-huit avril mais sa vraie date de naissance, il faudra le demander à ta rouquine.
- Malfoy, Teddy est né un vingt-huit avril. Te rends-tu compte de ce que j'ai fait subir à Artémis ce jour-là, l'année dernière ? Comment je vais faire pour me rattraper…
- Artémis n'est pas né un vingt-huit avril, Potter. Je le considère comme le jour de sa naissance, c'est tout.
- Mais il le considère comme sa date d'anniversaire aussi !
- T'es chiant, Potter. »
…
« - Il voulait me ressembler ?
- Il n'aurait pas pris le rôle d'Attrapeur, sinon.
- Mais…
- Merlin, Potter. Tu ne l'as pas encore deviné ? Même s'il ne te considère plus comme son père, tu restes un idéal dans son esprit. »
…
« - Et… ta femme ? Comment ça se fait qu'elle soit…
- Morte ? Trop fragile. Elle avait un cœur déjà assez fragile alors la perte de sang qu'elle a subie lors de son accouchement n'a pas aidé…
- Je suis désolé.
- Tu sais, Potter, je ne l'aimais pas. C'était une bonne amie. Et j'ai ressenti de la peine à sa mort. Mais je ne l'ai jamais aimé. »
…
« - Pour Noël ?
- Ou ne serait-ce que la première semaine ?
- Je ne sais pas. Ce n'est pas à moi que tu dois demander ça.
- Je voudrais qu'Artémis rencontre au moins le côté de sa mère. Qu'il ne se dise pas… qu'on l'a abandonné parce qu'on ne l'aimait pas.
- Demande-lui. Mais préviens moi de ce qu'il dira. S'il ne me le dit pas avant. »
…
La sonnerie résonna à travers le château et Harry demanda à ses élèves de finir leur dernière phrase. Le devoir était terminé et il avait promis que ça serait le dernier de l'année, une semaine avant le début des vacances de Noël et quelques jours avant le premier match Serpentard/Gryffondor. Les Serpentards lui rendirent la copie en silence, pendant que les Gryffondors se plaignaient déjà.
- Monsieur Valentin, pria le brun. Vous continuerez votre discussion avec Miss Grasset dans le couloir. Certains n'ont pas encore terminé.
Il expulsa ainsi le trois-quarts des élèves de sa classe et annonça aux retardataires que s'ils ne lui rendaient pas les copies tout de suite, il enlèverait des points.
Artémis fut le dernier à baisser sa plume, plissant les yeux sur la copie qu'Ictyane Bouth, élève à Serpentard, venait de rendre. Était-ce lui… ou y avait-il moins de questions que sur son sujet à lui ?
- Terminé ?
- Oui, professeur.
Il attendit que tout le monde soit sorti de la salle de classe pour lancer la discussion avec son professeur.
- Vous avez fait exprès de me mettre plus de questions pour que je sois le dernier, n'est-ce pas ?
L'air coupable de l'adulte confirma ses doutes et Artémis ressentit une pointe d'agacement avant de passer son sac sur l'épaule et de se diriger vers la sortie.
- On étudie les loups-garous en Troisième Année, critiqua le jeune Gryffondor. Pour une question à cinq points, c'était méchant.
- Je voulais te demander quelque chose, soupira Harry. Et comme tu ne veux pas me voir en dehors des cours, à part quand je te mets en retenue, je n'avais pas d'autre choix.
- Posez-moi votre question alors.
- Pour les vacances de Noël, tu ne voudrais pas venir voir la famille Weasley ?
- La famille de Victoire ?
- Oui. Ta mère… était une Weasley. Je me dis que rencontrer ta famille biologique te ferait du bien…
- Du bien ? Je ne considère pas les Weasley comme ma famille, Victoire, à la limite, mais les autres ne sont que des étrangers pour moi.
Harry ressentit un pincement au cœur en entendant ça mais qu'y pouvait-il ?
Après sa discussion avec Malfoy, il s'était étonné de cette animosité. N'était-ce pas Artémis lui-même qui avait abordé, le premier, le sujet de leur lien ? N'était-ce pas lui qui avait tendu la perche de la compréhension à Harry ? Maintenant que ce dernier savait et faisait tout pour se rapprocher de ce fils, l'enfant le rejetait comme un malpropre !
- Victoire sera au Terrier, pour la fête de Noël, tenta malgré tout l'adulte. Tu ne seras pas entouré que d'étrangers.
- Je vais en parler avec mon père.
Et il s'en alla sur cette phrase lancée avec une voix traînante.
Harry soupira avant de s'avachir sur son bureau. Ce n'était pas gagné mais si Malfoy comprenait ses intentions, il espérait bien un peu d'aide pour faire fléchir cette tête de mule d'Artémis.
- Harry ?
Le brun releva la tête en reconnaissant la voix de son filleul.
- Teddy. Tu n'es pas allé manger ?
- Je me suis dit que manger en tête-à-tête, comme à la maison, serait bien, hésita le jeune métamorphomage en faisant un pas dans la salle de classe. Mais si tu ne veux pas… je peux retourner à…
- Non, ne t'inquiètes pas, l'arrêta l'adulte en se levant. Ça me fait plaisir que tu penses un peu à ton vieux parrain.
Ted eut un sourire ravi avant de s'avancer vers le bureau, tirant une chaise derrière lui, posant son sac de cours étrangement rond, sur la table.
- Je suis passé aux cuisines avant, expliqua-t-il en sortant du pain, des tranches de poulet rôti, des pommes de terre fondantes et de la salade.
Harry ressentit une bouffée d'affection en voyant le jeune garçon discuter tout en préparant de petits sandwichs pour leur déjeuner. En effet, depuis qu'Harry avait appris pour Artémis, il avait un peu oublié Teddy qu'il avait blessé avec sa colère mal dirigée. Ce dernier lui avait dit que tout allait bien, qu'il n'avait pas à s'inquiéter et Harry l'avait cru jusqu'à ce qu'Artémis lui fasse remarquer, lors d'une énième heure de colle non méritée, qu'il n'était pas un « papa » très attentionné envers Lupin.
L'adulte s'était senti honteux et avait pris son filleul entre deux yeux, lui demandant pardon et lui proposant un dimanche de vol dans la Forêt Interdite et un pique-nique .
Le jeune métamorphomage lui avait avoué, pendant cette sortie, qu'il n'aimait pas son obsession pour Malfoy junior, fils ou pas fils, et que son comportement l'avait blessé.
Harry lui avait alors promis d'être un peu moins… obsédé, comme Teddy le disait si bien, et leur relation s'était améliorée de nouveau.
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Artémis se tenait en vol stationnaire au-dessus du stade, tremblant de froid sans son bonnet ni son écharpe. Bien sûr, il avait ses gants en peau de dragon et il n'était pas nu ! Mais s'il avait su que son premier match en tant qu'attrapeur se déroulerait au mois de décembre, par une très froide journée, il n'aurait pas accepté. Par chance, la neige tombait finement et il n'y avait pas de vent.
Merlin, s'il avait joué sous la tempête, il aurait déclaré forfait immédiatement.
Le coup de sifflet entraîna le début du match et les commentaires de Max Joke.
- Comme vous le savez tous, Gryffondor a vu de nombreux changements dans son équipe avec le départ de quelques Septième Année et l'arrivée de quelques… amateurs.
Le brun sentait parfaitement le sarcasme dirigé contre lui mais il ne dit rien. Max faisait partie des Gryffondors qui ne croyaient toujours pas que Teddy avait perdu contre un Deuxième Année et c'était tant pis pour lui.
- Ted Lupin qui était attrapeur a repris la place de Poursuivant et… OUI ! 10 points pour Gryffondor ! Il semble que Serpentard ait sous-estimé notre petit Teddy !
Ledit Teddy fit un geste très peu élégant à son meilleur ami, entraînant le rire dans les gradins, avant de reprendre son sérieux et de faire pression sur son adversaire pour qu'il fasse une mauvaise passe.
Apparemment, de ce côté-là, Gryffondor était sûr de gagner quelques points…
- Nous ne savons pas encore ce que donnera le nouvel attrapeur de Gryffondor mais espérons qu'il soit aussi meilleur que Teddy l'avait été. Sinon, il saura sûr que sa place n'était pas du tout en tant qu'at…
- Monsieur Joke ! Concentrez-vous sur le match au lieu de faire des remarques inintéressantes !
- Mais professeur ! Vous savez bien qu'on va gagner puisqu'on a une équipe d'enfer ! Enfin, je dis ça mais on ne sait toujours pas si Malfoy va gagner ou faire exprès de perdre pour laisser Serpentard gagn…
- Merlin ! Monsieur Joke, faites votre travail ou je trouve quelqu'un pour vous remplacer ! N'avez-vous pas vu le but gagnant de Jenkins ?
- Je vous l'avais bien dit qu'on gagnerait !
Artémis préféra ignorer Joke et se concentra sur ce pourquoi il s'était tant pris dans la figure, le Vif d'Or.
Peut-être que Lupin était plus fort que lui, peut-être qu'on ne l'aimait pas plus que ça mais il aimait le Quidditch et son père lui avait appris plein de choses intéressantes pour gagner, autant loyales que déloyales.
Mais avant tout, il devait avoir l'œil, surveiller son adversaire, surveiller le match, surveiller les Batteurs. En gros, il devait rester vigilant.
- Lafleur a réussi à empêcher un but d'entrer dans ses cercles mais ce n'est plus qu'une question de temps ! En attendant, Shuttleworth rattrape le Souaffle lancé par son coéquipier et Machet et Mackenzie couvrent ses arrières avec les Cognards !
Là.
Artémis fonça vers le gradin des professeurs où il était sûr d'avoir vu le Vif d'Or et il ne se trompa pas. La petite balle dut sentir qu'on l'avait repérée car elle vira soudain vers le sol, battant l'air de ses petites ailes.
Le brun jura entre ses dents avant d'accélérer. L'Attrapeur de Serpentard l'avait aussi repérée et il arrivait, de l'autre côté du terrain.
Ça lui faisait une belle avance mais le Vif d'Or volait vers le Vert et Argent et il était hors de question qu'il perde pour son premier match.
Foi de Malfoy, il réussirait.
La petite balle était à un mètre du Serpentard quand elle bifurqua à gauche, surprenant le garçon qui pensait sa victoire arrivée. Artémis ne s'en formalisa pas et continua à la suivre, ne s'intéressant plus du tout au match qui se déroulait autour d'eux.
La balle remonta, faisant crisper sa mâchoire, les Poursuiveurs menaient une bataille au centre du terrain pour avoir le Souaffle et les Cognards n'étaient pas loin pourtant, il continua. Son père lui avait dit et répété des centaines de fois que le plus important, c'était avoir la petite balle au creux de sa main. Qu'importe les blessures, qu'importe la douleur, il devait gagner.
Le Vif d'Or n'était plus qu'à un effleurement quand la prédiction de Jenkins eut lieu.
CRAC !
Hurlement de douleur. Souffles qui se retiennent sous l'horreur. Exclamation de surprise.
Artémis Malfoy venait de se prendre un Cognard dans le bras, attirant l'attention de tout le stade.
L'arbitre, Monsieur Stick, le nouveau professeur de vol, annonça le temps mort pour récupérer le blessé.
- Putain de merde ! Malfoy ! Je t'avais dit qu'il fallait que tu apprennes à regarder autour de toi ! hurla Will Jenkins en le maintenant d'un côté tandis que le professeur le tenait de l'autre pour redescendre sur la terre ferme. Regarde ce que tu as fait ! Tu t'es pété un bras et tu n'écoutais pas ! Bon sang et on n'a pas de remplaçant !
- Capitaine…
- QUOI !
Artémis tendit son bras non blessé dont le poing était fermé et écarta ses doigts en tremblant légèrement. Une petite balle dorée s'y tenait qui déploya ses ailes quand elle sentit l'air la frôler.
- Je l'ai attrapé quand même.
Jenkins ouvrait et fermait la bouche, pendant que Stick sifflait la fin du match. Les autres membres de l'équipe s'approchèrent d'eux pendant que Pomfresh et son assistante arrivaient en trombe pour donner les premiers soins. Artémis tombait tout doucement dans l'inconscient pendant que Max commentait la fin du match.
- Par les noix de coco de Merlin ! Ce match fut aussi rapide que sanglant ! Finalement, le nouvel attrapeur de Gryffondor a un peu d'espoir dans l'équipe avec la chance qu'il a !
Artémis eut un léger sourire en fermant les yeux. Ce n'était pas de la chance, c'était du talent.
OoooooOoooooO
Il regarda les élèves s'interpeller sur le quai de Pré-au-Lard, les hiboux hululés, le Poudlard Express fumé. C'était les vacances. Artémis avait dit non et Malfoy n'avait pas donné un seul signe de vie depuis qu'Harry lui avait demandé de faire changer d'avis son fils.
Il grinça des dents en retournant à Poudlard. Il avait des valises à préparer. Artémis ou pas, les fêtes restaient familiales et Ron et Hermione l'avaient invité ce soir à dîner.
…
- Je sais que tu as fait cette promesse pour moi et ta grand-mère mais c'était il y a deux ans !
- Quatre, papa et quand je fais une promesse, je la tiens.
- Je sais, mon fils. Tu es aussi fidèle qu'un Gryffondor, ce qui est, au fond, une belle qualité. Mais là, j'appelle ça « être borné ».
Artémis soupira avant d'entrer dans sa chambre.
- Arty, tu ne connais pas la famille Weasley. Tu ne peux pas savoir s'ils sont mauvais ou non. Tu ne sais rien d'eux, tu n'as aucune raison de ne pas aller là-bas.
- Ils ne t'aiment pas.
Draco sentit son cœur rater un battement devant cette remarque tout à fait juste, un point pour lui.
- C'est juste… que je ne suis pas tout propre dans l'histoire non plus.
Le brun lança un regard à son père, attendant une réponse plus développée. Il n'avait jamais entendu parler des Weasley autrement qu'en mal…
L'adulte fit quelques pas, jusqu'à s'installer sur le lit de son fils, près de lui, et commença son histoire.
- Les Weasley sont une famille de Sang-Purs mais Traître à leur sang. C'était une expression qu'on utilisait par le passé pour séparer les familles qui étaient pour le mariage avec les moldus et l'entrée des nés-moldus à Poudlard. À la différence des Malfoy, les Weasley étaient pauvres et nombreux. Harry est devenu ami avec l'un d'eux…
Artémis écouta son père raconter, avec difficulté, l'histoire de Ron Weasley et Harry Potter, de ses actions faites à l'encontre du rouquin, de ce que cette famille avait fait pendant la guerre et Artémis Harry Malfoy se sentit un peu coupable et peut-être un peu curieux.
…
Harry venait de rentrer du Ministère, où il était allé saluer quelques anciens collègues, et faisait maintenant face à une chouette hulotte, qui le regardait avec un air… méprisant.
Bien. Comment faire pour récupérer une lettre quand le volatile ne semblait pas enclin à se laisser approcher ?
- Tu veux un biscuit ? proposa le brun, désespéré devant une énième tentative d'éborgnement de la part de l'animal mais ce dernier lui hulula dessus avant de se percher sur le lustre poussiéreux du salon.
- Bon, d'accord, grommela Harry. Si c'est ça, tu n'as qu'à rester perché sur le lustre mais sache que tu ne pourras pas sortir tant que tu ne m'auras pas donné cette lettre !
Nouvel hululement menaçant avant qu'il ne déploie ses ailes et ne plane jusqu'à la table basse.
- Si j'apprends qui est ton maître, grogna l'adulte en échappant à un coup de bec tout en se saisissant de la lettre.
« Professeur,
Mon père m'a convaincu de venir passer Noël chez les Weasley mais sachez que ce ne sera que pour une journée. Je viendrais à treize heures chez vous. Mon père m'y déposera et à onze heures du soir, il vous attendra sur le pas de votre porte.
Bien à vous,
Artémis Malfoy »
Harry préféra ne pas faire attention au « Professeur » ni aux deux fois où Artémis avait appelé Malfoy « son père » et encore moins à la lettre dans son ensemble qui paraissait si froide.
Le garçon acceptait, c'était déjà fantastique !
Il envoya un message à Draco, lui demandant une faveur, lui promettant sur tout ce qu'il voulait, qu'il ferait attention. La chouette étant partie après avoir fait son devoir, Harry utilisa sa propre chouette pour le message.
Il écrivit une seconde lettre à l'adresse de Molly, qui serait ravie de rencontrer ce petit-fils dont on parlait dans la famille, comme dans les journaux depuis un mois et demi.
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Artémis buvait son chocolat chaud, toujours dans son pyjama quand il vit son père se mettre à grommeler et écraser la pauvre lettre qu'il venait de recevoir, entre ses mains. Lui-même avait reçu quelques lettres dont une d'Harry Potter mais il n'y avait pas prêté plus attention. Après tout, Harry Potter n'allait pas le rejeter maintenant qu'il avait accepté de venir à cette réunion familiale où il ne se sentirait pas à l'aise…
Le jeune homme regarda son père se lever et maudire encore une fois l'expéditeur puis il lorgna sur la lettre que Paul lui avait envoyé, contenant juste deux mots : « Toi, débile ».
Mais comment ça débile ? C'était faux ! Artémis lui avait exposé la situation, lui expliquant que leur professeur de Défense contre les forces du Mal l'avait invité à passer les fêtes dans sa famille mais qu'il avait refusé, par principe, et parce qu'il n'en avait aucune envie. Paul avait mis presque trois jours pour lui répondre mais il n'aurait plus à l'insulter de cette manière puisqu'il avait accepté, après l'histoire que son père lui avait racontée.
Il regarda l'heure. Dix heures. Voler ? Ou faire ses devoirs ?
- Artémis, tu n'as toujours pas fini de manger ?
Le brun se tourna vers sa grand-mère et sourit en la voyant avec son équipement de jardinage.
- Je viens de terminer, répondit-il en se levant. Tu vas à la serre ?
- Tu veux m'accompagner ?
Artémis haussa des épaules avant de sourire. Narcissa Malfoy le prit pour un « oui » et lui demanda d'aller mettre ses bottes.
…
Draco entra dans son bureau, avant de jeter la lettre de Potter dans la cheminée.
Se moquait-il de lui ?
« Malfoy, puis-je te demander une faveur ? Peux-tu laisser ton fils chez moi après la soirée chez les Weasley ? Je te promets qu'il aura tout ce qu'il veut et qu'il n'y aura aucun souci. »
Pas question que ce type garde son fils une seule nuit ! Il ne serait pas rassuré. Déjà, à la sortie d'Artémis du Poudlard Express, on avait essayé de le mitrailler de flashs et de questions ! Mais sur aucune photo n'était apparue le visage d'Artémis. En effet, le blond avait enseigné à son fils un sort pour brouiller ses traits alors, lorsque la Gazette avait sorti ses titres, aucune photo du garçon n'était apparue. Bien.
Il était persuadé qu'il y aurait des problèmes si son fils passait plus d'une journée à l'extérieur du Manoir et sans lui. Il était sûr que Potter ferait une bêtise qui engendrerait la fin de leur tranquillité, à lui et à son fils. Malgré leurs correspondances régulières, il ne pouvait décemment pas laisser Artémis entre ses mains !
« C'est parce que tu as peur qu'Artémis le préfère à toi. »
Non. Ne pas penser comme ça. Rejeter ces paroles mauvaises.
« Tu ne l'auras pas », pensa-t-il en se mettant devant son bureau pour écrire une réponse.
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Lorsqu'Harry descendit dans la cuisine pour préparer le petit-déjeuner, il était déjà treize heures, autant pour lui et les horaires. Il remarqua un hibou grand-duc, patientant devant la fenêtre. Il se demanda si ce n'était pas Malfoy qui répondait à sa lettre de la veille et eut un large sourire en reconnaissant la lettre du blond, sourire qu'il perdit en prenant connaissance du contenu…
« Harry Potter,
Je pense que vous me demandez un peu trop de choses. Artémis ne voulait pas aller à ta fête des roux et c'est moi qui l'ai convaincu, moi et pas toi. Tu n'as rien fait quand il a failli se faire agresser à la sortie de la gare King's Cross par tous ces vautours en manque d'informations. C'est moi qui l'ai sorti du pétrin où tu l'as mis. Alors te laisser une nuit avec lui ? Ta maison est-elle aussi protégée que le Manoir des Malfoy ? N'as-tu pas peur qu'on découvre qui est vraiment ton fils ? N'as-tu pas peur de l'encre qui va couler à flots si tu fais un seul faux-pas pendant cette soirée ? Tes roux sont-ils assez discrets pour qu'on n'apprenne pas toute l'histoire d'Harry Potter, celui qui a engrossé leur petite dernière avant de sombrer dans l'alcool et le sexe ? Potter, je ne peux pas te faire confiance sur ce point. Parler, c'est beau. Mais protéger ce que j'ai de plus précieux, pas question.
Tu as de la chance que je n'annule pas cette soirée. J'ai un cœur et je veux qu'Artémis découvre sa famille biologique.
D.M »
…
Lorsque Teddy descendit dans la cuisine, son parrain n'y était plus. À la place restait cette lettre. Le jeune Lupin eut un frisson de peur après la fin de sa lecture puis une vague de haine le saisit. Artémis Malfoy n'aurait jamais dû entrer dans leurs vies.
OoooooOoooooO
L'elfe de maison qui lui ouvrit ressemblait un peu à Dobby. Peut-être était-ce à cause de ses yeux verts globuleux ? En tout cas, la ressemblance s'arrêtait là. Cet elfe était silencieux et portait plus des vêtements que des haillons. Étonnant.
- Maître Draco attend monsieur Harry Potter dans son bureau, annonça la créature en s'inclinant avant de disparaître dans un « POP ».
Harry regarda la grande porte avant de froncer des sourcils. Il était sorti de chez lui sous le coup de la colère, oubliant Teddy qui logeait chez lui pour la semaine, permettant à sa grand-mère de souffler un coup avant la fête des Weasley où elle était également invitée.
Il n'avait pas fini la lettre que déjà, il était devant la porte d'entrée, transplanant après avoir mis ses chaussures.
En prenant un peu de recul, il réalisait que c'était stupide. Il avait pourtant appris pendant sa carrière d'Auror à analyser les situations avec froideur, à lire entre les lignes ! Mais là, rien. Il était parti et maintenant, il ne savait pas vraiment quoi faire, debout devant cette porte imposante…
- Ce n'est pas en t'enracinant devant mon bureau que tu t'exprimeras mieux, Potter.
La porte s'ouvrit d'elle-même, laissant place à une pièce simple dont un pan de mur entier occupé par une bibliothèque et un bureau au milieu.
Malfoy était installé dans son fauteuil, regardant par la fenêtre face à la bibliothèque. Son regard était vague et son visage, mangé par des cernes, fatigué, pensif, peut-être.
Harry aurait presque pu le trouver beau si la colère n'était pas revenue en le voyant aussi nonchalant.
- Puis-je savoir ce que cette lettre signifiait ? gronda-t-il finalement en comblant la distance qui les séparait.
- Elle signifie ce qu'elle signifie, répondit platement le blond, sans le regarder.
- J'aurais pu comprendre ton refus mais là, tu m'as littéralement agressé !
- J'ai fait ça ? Tu m'en vois navré mais moi aussi, j'étais furieux contre toi. Pourtant, je ne suis pas allé chez toi avec un air menaçant.
- C'est quoi ton problème ?
Le brun regarda son ancien ennemi se raidir, puis tourner ses yeux vers lui, les sourcils faussement levés d'étonnement.
- Mon problème ? demanda Malfoy en se levant. C'est toi, mon problème.
- Pardon ?
- Oui. Toi, Harry Potter. Tu cherches à tout détruire dans ma vie. Connais-tu le nombre d'années que j'ai mis pour aimer ce gosse ? Sais-tu tout ce que j'ai fait pour lui ? T'es-tu demandé ce que j'ai ressenti quand j'ai découvert que ma femme était en train de mourir, rejetant un bébé mort-né de ses entrailles ? Il devait s'appeler Scorpius, Scorpius Hypérion Malfoy et Artémis est arrivé. Tu m'as donné ton fils ! Tu me l'as balancé à la figure, comme pour dire « J'ai pas besoin d'héritier pour le moment, je te le laisse ». Sais-tu ce que j'ai ressenti devant ce bébé aux yeux verts ? De la haine. De la honte. Et quand je t'ai revu sur le Chemin de Traverse, j'ai eu peur que tu me le reprennes. Réalises-tu ce que je te dis ? Tu m'as fait aimer ce gosse ! Et maintenant, tu reviens dans sa vie, et tu veux devenir son père ? Tu cherches vraiment à tout détruire… à détruire tout ce que j'ai construit… loin de toi.
Malfoy l'avait acculé contre un mur pendant sa tirade, faisant Harry se sentir tout petit. Il ne savait pas pourquoi le blond se mettait à craquer comme ça, à l'accuser de la sorte alors que, depuis le début de leurs correspondances, tout avait l'air de bien se passer. Il ne comprenait pas pourquoi Malfoy avait cet air si douloureux sur le visage jusqu'à ce qu'il sente un effluve d'alcool dans le souffle de son vis-à-vis. Mais avant qu'il n'ouvre la bouche pour lui faire une remarque, il écarquilla les yeux en sentant quelque chose de dur frotté contre sa hanche.
Par les couilles de Merlin, qu'est-ce que c'était que ÇA ?!
- Pourquoi tu es revenu… pourquoi tu fais tout pour m'empêcher de t'oublier…
Harry était pétrifié. Malfoy était en train de poser ses lèvres sur sa tempe !
- Pourquoi tu me fais vivre tout ça…
Et Draco s'écroula.
Et Harry s'enfuit.
A la prochaine ! |