Salut la compagnie, je sais, ça fait trois semaines depuis la dernière publication mais ma bêta a ses raisons ! Et voilà ! J'espère juste que vous n'allez pas m'étrangler parce que je n'ai encore répondu à aucune reviews, mais je pense tous les jours à vous ! Je suis en train de taper un Os, qui, j'espère, vous plaira. Bonne lecture et... voilà
ah oui, j'ai oublié, il y a un blog sympathique qui m'a demandé ma participation et je voudrais que vous alliez y jeter un coup d'oeil... Deux minutes de votre vie, c'est pas trop cher payer, si ? haha
Une bonne occasion de lire de nouvelles fictions... J'ai lu la traduction d'Archimede "Towel Boy" grâce à ce blog et je peux vous dire que pour avoir chaud, c'était chaud chaud chaud !
fanfictionshpaward . skyrock
*************
Harry se réveilla au son des éclats de voix près de lui et un mal de crâne carabiné le frappa. Il osa ouvrir un œil qu'il referma aussitôt. D'après le peu qu'il en avait vu, il était à l'infirmerie. Même en étant devenu professeur, il continuait à fréquenter ce lieu.
Il tenta de se rappeler les raisons de sa présence dans le sanctuaire de Pomfresh mais il n'y arrivait pas. Merlin mais qui avait mis un hippogriffe dans sa tête?
- Je vous dis qu'il doit encore se reposer !
- Et moi, je veux qu'il paye ! Tout de suite !
Il rouvrit brusquement les yeux avant de regretter son geste. Malfoy ? Ici ?
- Non ! Arrêtez !
Harry fronça les sourcils devant l'excès de lumière. On avait ouvert les rideaux autour de lui et maintenant, Draco Malfoy se tenait là, dans un rai de lumière. Il aurait pu le prendre pour une créature divine mais là, il avait mal à la tête et une furieuse envie de vomir le submergeait.
- Merlin ! Monsieur Potter, prenez cette potion immédiatement !
Harry saisit la fiole que lui tendait l'infirmière et l'avala. Il tenta bien de la recracher mais, le regard sévère de la vieille femme et la présence du blond derrière elle l'en dissuada. Il sentit la substance couler dans son estomac et soudain, il se sentit moins barbouillé, l'esprit plus clair.
- Potion anti-gueule de bois, marmonna Malfoy à côté de lui. Je ne pensais pas que vous en aviez ici. Vous n'auriez pas dû la lui donner. Je trouve qu'il ne souffre pas assez.
- Qu'est-ce qu'il se passe, soupira le brun. Qu'est-ce que je fais là, d'ailleurs ?
Il voyait bien que Malfoy était prêt à exploser mais il fut reconnaissant à la directrice d'intervenir.
- Monsieur Malfoy, calmez-vous, s'il vous plaît. Nous sommes dans une école, par Merlin ! Que dirait Artémis en vous voyant ?
Harry regarda son ancien ennemi ouvrir la bouche, puis la refermer en se pinçant les lèvres. La directrice dut se dire, comme lui, qu'ils étaient tranquilles pour un moment. Elle l'attaqua dès que le blond se fut éloigné un peu, le regard sévère.
- Maintenant, Potter, reprit-elle sèchement. Que s'est-il passé hier soir ? De quoi vous rappelez-vous ?
De quoi se rappelait-il ? Il ferma les yeux, essayant de reconstituer sa soirée.
- J'ai mangé dans la Grande Salle comme tout le monde, murmura-t-il en fronçant les sourcils de concentration. Puis je suis allé me reposer dans mes appartements. Je voulais préparer mes cours pour le lendemain et… j'ai bu.
C'était sûrement pour cette raison qu'il avait eu aussi mal au crâne. Et vu l'intensité de la douleur, il avait dû y mettre la dose. Et comme il ne continuait pas, la directrice décida de lui conter la suite, à sa place.
- Potter, fit-elle sans se départir de cet air sévère qui lui allait si bien. Vous avez attaqué un élève pendant que vous étiez soûl.
Harry cligna des yeux. Attaquer un élève ?
- Qui ? souffla-t-il, la panique le prenant au ventre.
- Mon fils, cracha Draco Malfoy, de sa voix la plus haineuse, revenant à la charge. Par Salazar, tu l'as mis en état de choc !
Harry pâlit. Artémis ? Il se rappela soudain mais, très vaguement, avoir entendu quelqu'un toquer plusieurs fois à sa porte et voir entrer un élève dans ses appartements.
Il se frotta le visage. Merlin, il l'avait plaqué contre le mur en lui criant dessus !
- Je…
- Tu es désolé ? le coupa le blond. Ça ne sera pas suffisant ! Si le monde sorcier découvrait qu'Harry Potter, notre Saint Sauveur, avait attaqué un gamin de onze ans, je ne donne pas cher de ta peau.
- Monsieur Malfoy, l'arrêta McGonagall. Je comprends votre inquiétude mais votre fils n'a reçu aucune blessure sévère.
- Dites plutôt que vous ne voulez pas virer votre professeur préféré sous peine de mauvaise publicité, grommela le blond en se dirigeant vers le fond de l'infirmerie.
Le brun se sentait vraiment mal. Hier soir, il avait succombé à l'alcool à cause de diverses choses, fatigue, agacement et vision de Ginny derrière ses paupières.
Depuis son dernier rêve, survenu quelques jours plus tôt, il ne pensait plus qu'à cette jeune femme qu'il avait aimé. Dès qu'il fermait les yeux, il la revoyait lui sourire tendrement. Dès qu'il posait les yeux sur une chevelure rousse, il pensait à elle, dès qu'il entendait une parole féroce de la part d'une élève, il se rappelait son caractère de feu. Cette situation était pénible, il ne dormait plus la nuit et hier, il avait craqué. Il voulait l'oublier, comme autrefois, en se noyant dans l'alcool. Comme un imbécile, il avait oublié de fermer la porte à clé.
Harry tourna la tête vers le blond et sentit la honte le submerger.
Il se tenait devant un lit, la main caressant des cheveux… bruns ?
Le professeur comprit qu'Artémis se trouvait aussi à l'infirmerie, très loin de son propre lit, sûrement sur la demande de Malfoy.
- Potter.
Il tourna la tête vers son ancienne directrice de maison et eut l'impression de revenir à ses années de scolarité, sous ce regard autoritaire.
Il était en faute, il le savait et il s'attendait à une punition terrible, qu'il n'était pas prêt à subir.
- Je ne veux pas être renvoyé, souffla-t-il en la regardant dans les yeux.
- Cette situation ne doit pas se reproduire, répondit la directrice, comme à regret. Je suis désolée.
OoooooOoooooO
Artémis regarda à travers la fenêtre et soupira.
- Arrête de soupirer.
Le brun tourna la tête vers son ami asiatique et parvint à esquisser un mince sourire.
- Pardon.
Cela devait bien faire deux semaines qu'ils étaient sans professeur de Défense Contre les Forces du Mal et deux longues semaines que Victoire ne lui parlait plus.
Il entra en classe de Métamorphose et sortit sa baguette. Le professeur Marcus Flint semblait de mauvaise humeur, super.
Paul se mit à côté de lui.
Il était resté neutre dans l'histoire. Après tout, il ne se sentait pas plus proche que ça du professeur Potter et si Victoire était aussi affectée, tant pis. Paul n'aimait pas les cris.
Artémis suivit les instructions et exécuta le sort, sans grande concentration.
Il s'était réveillé à l'infirmerie ce jour-là et son père se tenait à ses côtés. Au début, il n'avait pas compris ce qu'il faisait là et la directrice était venue lui expliquer avec plus d'impartialité que son père, les raisons de sa présence sur ce lit blanc.
- Malfoy ! Concentration ou c'est un parchemin d'explications à rendre au prochain cours !
- Pardon, professeur.
Paul lui lança un regard blasé et transforma son caillou en coussin. Artémis grogna d'agacement et réussit l'exercice à la fin du cours.
Victoire et Paul étaient venus le voir à l'infirmerie, inquiets - Paul devait être inquiet, sinon, il ne serait pas venu, avait-il pensé - et ils avaient pris de ses nouvelles.
La jeune fille ne l'avait pas cru quand il lui avait dit qu'Harry Potter l'avait « attaqué » pendant qu'il était soûl et elle lui en avait voulu pour le départ de son oncle. Paul l'avait simplement écouté se disputer avec elle et avait annoncé, après qu'elle soit partie, que c'était agréable de le voir en conflit avec quelqu'un d'autre que lui.
Artémis se dirigea vers la Grande Salle avec Paul en silence. Ils n'avaient pas besoin de parler pour se comprendre. C'était une des choses qui avait vraiment étonné Artémis sur sa relation amicale avec le Poufsouffle.
Ils arrivèrent devant la table des Gryffondors et Paul se dirigea vers sa table. Il n'aimait pas manger avec autant de bruits autour de lui.
Le brun regarda dans la direction des Serpentards et soupira. Alexandre l'ignorait depuis quelque temps déjà et ça le rendait triste. Il devait lui en vouloir de ne pas avoir réussi à récupérer ses cinquante points. Mais une petite voix dans sa tête lui disait que ce n'était pas de sa faute et que le Vert et Argent n'avait qu'à s'expliquer auprès du professeur au lieu de lui demander de le faire à sa place.
Il allait se resservir en purée quand on le tira par le col.
- Il est revenu !
Artémis tenta de se retourner mais il avait déjà reconnu la voix. Victoire le tirait à travers la Grande Salle comme si sa vie en dépendait, semblant oublier leur dispute.
- Vic', tu l'étrangles !
Le brun vit Ted Lupin, son sauveur, le libérer de la rousse et il le remercia dans un souffle.
- Teddy ! s'écria Victoire en le tirant par la manche, il est revenu ! Viens ! Toi aussi, Malfoy !
Le jeune Gryffondor grimaça à l'entente de son nom de famille. Victoire ne l'appelait plus comme ça depuis la bataille de boule de neige mais il les suivit quand même. Ils grimpèrent six étages, Artémis, à la traîne, et la Serdaigle toqua à une porte avec frénésie. Le temps que le brun arrive à leur hauteur, la porte était déjà ouverte et la jeune fille avait sauté à l'intérieur. Il sentit son cœur faire un bond dans sa poitrine en voyant la scène devant lui et se recula.
Harry Potter serrait dans ses bras Ted Lupin et Victoire Weasley, un sourire aux lèvres.
- Content de vous retrouver, fit-il en les éloignant pour les observer.
Artémis se sentit de trop et décida de s'en aller, il n'aurait pas dû suivre Victoire. D'ailleurs, il ne savait même pas pourquoi cette dernière lui avait demandé de les accompagner.
OoooooOoooooO
Artémis Malfoy,
Je vous prie de venir à cinq heures, cet après-midi, en salle de Défense contre les Forces du Mal. Si vous ne venez pas, je comprendrai.
HP
Le jeune homme avait beau tourné et retourné la missive, il n'y voyait pas de piège.
Ce matin, Ducray était arrivé avec plusieurs courriers, essentiellement de sa grand-mère et ce message très court. Quand il eut compris quel en était l'expéditeur, son regard s'était tourné vers la table des professeurs et un regard vert s'était accroché au sien. Il avait finalement rougi et hoché la tête puis il était parti avec Ethan en cours de potions.
Il était cinq heures et il arrivait dans le couloir de la salle de cours, tentant de faire partir les mauvais souvenirs d'une certaine soirée. Cela faisait presque trois semaines.
Artémis remarqua que la porte était ouverte et ralentit. Il n'était pas prêt, il n'était pas prêt du tout.
- Tu es là.
Il sursauta et se retourna pour voir son professeur de Défense contre les Forces du Mal, un sourire gêné aux lèvres, portant un sac à bout de bras.
- Je suis allé dans les cuisines chercher de quoi faire un thé, expliqua le brun en les faisant entrer dans la salle.
Artémis le regarda avancer et se rendit compte de plusieurs choses. Depuis qu'il était revenu, Harry Potter semblait plus en paix avec lui-même. Il semblait plus honnête aussi, ne jouant plus le professeur « cool » et « héroïque ».
Il le fit monter dans son bureau, juste au-dessus de sa salle de classe et le première année fut frappé par toutes ces photos souriantes : deux roux tenaient un gâteau précairement stable devant une table hilare et une femme d'âge mûr semblait furieuse contre les deux hommes, Harry Potter avec une ribambelle de gamins roux, blond ou brun-roux autour de lui, sur des balais pour enfants. Il crut même reconnaître le professeur Londubat avec une blonde rêveuse à un bras et une brune sérieuse à l'autre. Une photo de cinq hommes dont ses professeurs de Défense contre les forces du mal et de botanique, un roux qui portait la tenue des Aurors, un grand noir et un blond. Une forme de complicité les entourait. Il vit aussi quelques photos de Ted Lupin et de son parrain ensemble, lors d'un pique-nique, d'une sortie à la plage, d'une réunion familiale. Des roux, essentiellement, se tenaient devant l'objectif et Artémis se dit que chez lui, ce genre de photo n'existait pas.
- Ma famille.
Il tourna la tête vers Harry Potter qui regardait un cadre de lui avec le roux et la brune qui revenaient souvent sur les autres photos, un sourire nostalgique aux lèvres.
- Tu as dû entendre parler de toutes ces histoires sur moi, expliqua le professeur pendant que le thé se préparait tout seul. L'orphelin qui a protégé le monde sorcier, affrontant Lord Voldemort alors qu'il était si jeune. Seuls les Weasley sont restés près de moi sans me juger et depuis mon entrée dans le monde magique, ils sont ce que je peux rapprocher le plus d'une famille d'adoption. Ils m'ont soutenu, protégé et accepté pendant toutes ces années.
Artémis se rapprocha un peu, un visage neutre sur le visage.
C'était dans ces moments-là que la très légère éducation des Malfoy se peignait sur son visage, quand il était inquiet ou quand il était vraiment, vraiment en colère.
Pourtant, il ne dit rien, détaillant ce bureau qu'il trouvait étrange pour un professeur de Défense contre les Forces du Mal.
- Si je t'ai fait venir aujourd'hui, c'est pour te remercier.
Le jeune garçon se figea puis se tourna vers l'autre, un air interrogatif sur le visage.
- Je sais que ton père me voulait loin de toi, grimaça Harry Potter en l'invitant à s'asseoir, surtout après ce qu'il s'est passé. Je ne voulais pas être renvoyé. Poudlard est ma maison et me savoir hors de ses murs m'a fait paniquer. Je n'ai pas besoin de travailler mais c'est une saine occupation d'être professeur. J'apprends autant que j'enseigne.
Le silence lui répondit mais il ne s'en formalisa pas. Qu'aurait-il donc à dire ?
- Le fait que tu aies témoigné pour moi m'a vraiment touché, continua l'adulte. J'étais en train de préparer mes bagages quand tu t'es réveillé et, quand tu as demandé à la directrice de me garder parce que je n'étais pas responsable de ta présence à l'infirmerie…
Harry avait eu honte en se rappelant. Artémis était toujours en train de dormir, sûrement grâce à une potion de sommeil sans rêve. Il avait supplié McGonagall de ne pas le renvoyer. Malfoy l'avait regardé avec beaucoup de dégoût mais il s'en fichait. Il allait quitter Poudlard et c'était la dernière chose qu'il souhaitait. Il n'avait rien pu faire. Quand la directrice décidait quelque chose, il fallait obéir. Il était donc parti, tête basse, ranger ses affaires. C'était seulement le lendemain alors qu'il déprimait au 12, Square Grimmauld, qu'il avait reçu une lettre de l'école lui disant qu'il récupérerait son poste s'il allait consulter un psychomage pendant ses deux semaines de congé forcé et qu'il obtienne un certificat prouvant qu'il était stable.
Il s'était précipité sur la poudre de cheminette, direction Sainte Mangouste, avant de se dire que son visage à la Une de la gazette comme héros instable, ne serait pas une bonne publicité pour Poudlard.
Harry avait finalement fait jouer ses contacts avant de se rappeler, comme un idiot, que Seamus Finnigan, son vieil ami, était psychomage !
Il lui avait envoyé un hibou, lui expliquant la situation. Seamus lui avait proposé une séance par semaine mais il avait refusé. Il devait trouver les raisons pour lesquelles il avait du mal à lâcher la bouteille. Alors le médecin avait accepté de le recevoir une fois par jour pendant une heure. Harry avait donc passé presque deux semaines dans son cabinet, sur une chaise longue, à faire sortir ses démons intérieurs. Finalement, son ami irlandais lui avait avoué la raison principale de son vice.
- Vous m'aviez demandé pourquoi je vous avais posé une question étrange quand j'étais petit.
Harry revint à lui, se demandant de quoi il parlait.
Le jeune Gryffondor leva un sourcil en voyant son air confus avant d'approfondir, devant le manque de réaction de son aîné.
- Quand je vous ai demandé si vous étiez mon père.
L'adulte rosit avant d'acquiescer. Il se rappelait de cette question. Elle l'avait taraudé pendant plusieurs mois après leur première rencontre à la rentrée, avant d'être lâchée pendant un moment d'ébriété avancé.
- Ce que je vais vous dire doit rester entre nous, lâcha Artémis en rosissant à son tour.
- Je ne dirais rien.
Pourtant le silence accueillit sa déclaration et Harry se sentit stupide.
- Vous savez que les héritiers Malfoy sont tous blonds, dit-il d'une voix tellement basse qu'Harry eut peur d'avoir mal entendu. J'ai eu une moitié de chance. Je suis né garçon mais je ne suis pas blond. Je n'ai pas non plus les yeux bleu-gris des Malfoy.
L'adulte n'osa pas lui dire qu'il n'avait pas non plus le visage pointu et méprisant de son père.
- Mon grand-père Lucius m'a détesté dès le début, continua Artémis en regardant ses pieds. Je crois même qu'il voulait m'abandonner mais mon père et ma grand-mère s'y sont opposés. J'ai passé toute mon enfance à vivre avec sa haine et ses remarques et, quand papa n'était pas là, il prenait plaisir à m'insulter.
Dire qu'Harry était dégoûté était très loin de la réalité. La fureur lui tendait le corps. Artémis n'avait pas pu vivre une belle enfance avec une pourriture pareille. Il aurait dû demander son enfermement à Azkaban après la guerre.
- J'ai remarqué que j'étais le seul brun de la famille, soupira le jeune garçon. J'ai même demandé aux tableaux de mes ancêtres pourquoi j'étais si différent d'eux mais eux aussi étaient du même avis que grand-père Lucius : je ne suis qu'une erreur qui n'aurait jamais dû vivre au Manoir. C'est pour ça que je me suis mis à croire que je n'étais peut-être pas un Malfoy et que mes parents devaient être ailleurs, qu'ils devaient me détester tout autant que grand-père. Lorsque j'ai eu cinq ans, mon père m'a emmené sur le chemin de Traverse pour que je choisisse mon cadeau d'anniversaire. Je vous ai vu et je n'ai pas hésité à vous poser ma question.
Harry se sentit mal. Il se rappelait de cet instant. Il ne pensait alors qu'à deux choses, sa libido et sa nouvelle conquête. Voir Malfoy l'avait quelque peu ébranlé mais il n'était plus dans son état normal depuis déjà quelques années.
- J'ai eu une discussion avec mon père quand nous sommes rentrés de cette balade, finit le petit brun. J'avais cru avoir fait une grosse bêtise et je m'en étais excusé. C'était la première fois que je le voyais aussi malheureux et… ça m'a allégé comme attristé.
Artémis ne voulait pas continuer. Déjà parce que ça ne le regardait pas, ensuite, parce que c'était une discussion de père à fils trop direct et honnête. Il était trop tôt pour que son professeur sache.
OoooooOoooooO
Le jeune Gryffondor regarda son ami, attendant qu'il se décide enfin à parler.
Il n'avait pas beaucoup vu Paul aujourd'hui, leurs emplois du temps n'étant pas compatibles. Alors quand Artémis l'avait croisé dans un couloir, il avait été heureux de le voir. Le Poufsouffle lui avait semblé préoccupé et il lui avait ensuite demandé de le suivre dans la bibliothèque. Maintenant, ils étaient dans un coin reculé, loin des autres élèves, entre les rayons inutilisés d'Histoire de la magie.
Paul Nott grimaçait de temps à autre, lançant souvent un coup d'œil inquiet autour d'eux avant de soupirer.
C'était la première fois que le jeune Malfoy le voyait comme ça et l'inquiétude commençait à monter.
- Paul, tenta le Gryffondor. Qu'est-ce qu'il se passe ?
Le silence lui répondit, évidemment.
- Tu me promets de ne le dire à personne ? murmura enfin le châtain en le regardant. Même pas à la Serdaigle ?
Artémis fronça les sourcils. La Serdaigle ? Paul n'appelait jamais Victoire, « la Serdaigle ».
- Tu t'es disputé avec Victoire ?
Son ami eut l'air troublé et secoua la tête.
- Ce sont mes parents, soupira-t-il en guise de réponse.
Alors il lui raconta. Il conta l'histoire de son père, un fils de mangemort qui s'était enfui le jour de son initiation, qui avait fui pendant quelques jours, sans manger ni boire, qui avait été accueilli par les parents de sa mère. Il avait fait des études moldus, gracieusement payées par ses beaux-parents et était devenu comptable.
Artémis eut du mal à comprendre ce qu'était un comptable mais n'en dit rien, pour une fois que le châtain se livrait à lui.
- Tu as dû le remarquer, soupira le Poufsouffle, les autres disent souvent des choses sur nous, des rumeurs, des regards mauvais, des gestes déplacés.
Oui, il le savait. Au départ, ses camarades de chambres refusaient de s'approcher de lui parce qu'il était un Malfoy, un fils de mangemort. Ils avaient essayé d'éloigner Ethan mais ce dernier ne le jugea pas. Il se moquait du passé des parents du brun. Après tout, ce n'était pas avec eux qu'il était ami. Le jeune Gryffondor se rappelait aussi des chuchotements après le premier cours de Défense contre les Forces du Mal. Il avait été accepté par Harry Potter et on l'avait laissé un peu tranquille. C'était grâce à lui qu'il avait eu une paix relativement calme, peut-être, peut-être aussi parce qu'il était un des meilleurs élèves de son année avec Victoire et Paul.
Le silence se réinstalla entre eux et Artémis, pour une obscure raison, se dit qu'il s'était rapproché du Poufsouffle et qu'il en était vraiment heureux. Alors il décida de lui faire part aussi de ce qu'il avait vécu, pour lui montrer qu'il n'était pas seul.
- Papa et grand-mère n'en parlent pas à la maison, commença-t-il lentement. C'est un sujet tabou mais ils savent qu'ils ont fait du mal par le passé. Ils savent qu'ils ont fait le mauvais choix pendant la guerre et quand j'étais petit, on ne sortait pas souvent du manoir. J'ai grandi avec eux et je ne suis jamais allé à l'école. Ça ne me dérangeait pas beaucoup mais, avec mon grand-père, c'était souvent… difficile. Alors mon père m'emmenait sur le chemin de Traverse, pas très longtemps mais je découvrais un monde que je ne connaissais pas très bien.
Son père l'emmenait sur le chemin de Traverse pour ses anniversaires et quand il avait besoin d'ingrédients pour ses potions. Il ne sortait pas très souvent et il était tellement émerveillé par ce qu'il voyait qu'il ignorait les regards mauvais et les chuchotements qu'entraînait leur arrivée. Son père devenait alors un homme froid et distant, un masque fier et méprisant sur le visage, qu'il avait appris à aimer parce qu'il était la preuve qu'il avançait courageusement dans la vie, sous les insultes et les remarques haineuses. Mais ça, c'est ce qu'il se dirait plus tard, quand le rôle des Malfoy lui sauterait au visage pendant un cours d'Histoire en septième année, sur la Grande Bataille de Poudlard.
Paul l'écouta, de plus en plus ennuyé, mais qu'il cacha quand Artémis se tourna vers lui, un petit sourire gêné aux lèvres.
Le châtain le quitta peu de temps après, prétextant un devoir à rendre à un professeur, ce qui étonna beaucoup le Gryffondor. Ils avaient fini et rendu tous leurs devoirs ensemble, la veille. Néanmoins, il se sentit léger et heureux d'avoir eu une discussion aussi « intime » avec son ami. C'était la deuxième fois qu'il pensait ça en l'espace de trente minutes. Il avait l'impression d'avoir fait un grand pas dans son amitié avec le Poufsouffle et pourtant…
OoooooOoooooO
Artémis claqua la porte de sa cabine de toilettes en soufflant. Ici, personne ne le trouverait.
- Déjà de retour ?
Il ne sursauta même pas en entendant la voix. Il ne fit que grogner et se tourna vers sa nouvelle amie.
- Salut Mimi.
Si un fantôme avait pu rougir, elle l'aurait fait. Mais tout ce qu'elle put faire, c'est glousser et croiser ses mains devant elle.
- Ça fait plaisir d'avoir de la compagnie.
- Je ne te dérange pas alors ?
Il savait qu'elle était toujours toute seule, les toilettes pour filles du deuxième étage étant condamnées depuis des décennies. Il ne l'écouta pas babiller, fatigué qu'il était, cela faisait presque deux semaines que la situation durait.
Harry Potter était revenu, à la grande joie de tous, au grand soulagement des cinquième et septième Années qui passaient des examens importants.
Les élèves s'étaient posé des questions mais les raisons de son départ restèrent obscures et personne ne fit le lien avec l'entrée à l'infirmerie d'Artémis Malfoy. Le professeur Potter resta aussi dans le flou, leur priant d'étudier plus assidûment pour rattraper son retard.
…
« - Mon absence a dû vous causer quelques frayeurs mais ne vous en faites pas, je vais vous aider à tout rattraper. J'espère quand même que vous avez mis du vôtre pour les BUSE et les ASPIC.
- Nous avons cru que vous nous aviez abandonné !
- C'est cruel !
- Je m'excuse de ce contretemps. Maintenant, on va se remettre sérieusement au travail. »
…
Alexandre était revenu vers le Gryffondor, lui demandant s'il ferait ou non ce qu'il lui avait demandé, à savoir récupérer les points perdus auprès du professeur Potter. C'était finalement Victoire qui l'avait sorti de cette impasse et le Serpentard était reparti, furieux.
…
« - Allez Artémis, il est revenu, je suis sûr qu'il acceptera de t'écouter.
- Je ne sais pas Alex… peut-être qu'il a oublié. C'est peut-être mieux que ce soit toi qui expliques la situation, non ?
- Artémis, je suis une victime dan…
- Nott, va utiliser quelqu'un d'autres pour récupérer tes points, si tu n'es pas capable de le faire toi-même. Artémis est aussi une victime dans cette histoire.
- Merci Vic'
- Non, c'est à moi de m'excuser pour tout ce que j'ai dit. »
…
La jeune fille s'était excusée pour son comportement des semaines passées, expliquant qu'elle n'arrivait pas à croire que son oncle soit renvoyé et ce, par sa faute. Elle lui avait aussi expliqué la raison pour laquelle elle l'avait traîné jusqu'au sixième étage pour voir Harry Potter. Ce dernier le lui avait demandé dans une lettre, pour le remercier. Artémis avait rougi avant d'acquiescer.
Un bruit le fit légèrement sursauter et Mimi se tut, sa tête fantomatique traversant la porte en bois.
- Il n'y a personne, chuchota-t-elle.
Le brun hocha la tête et se cala plus confortablement dans sa cabine.
Quelque temps après sa réconciliation avec Victoire et le froid qu'Alex avait jeté sur leur amitié, Paul lui avait semblé étrange. Ce n'était arrivé qu'une seule fois mais il en avait été perturbé. Il l'avait trouvé au détour d'un couloir et le châtain avait discuté de choses privées dont ils n'avaient jamais parlé auparavant. Ce qu'il ne savait pas, c'était que ce jumeau n'était pas celui qu'il croyait. En effet, Alex, sûr que son frère serait coincé dans son dortoir, avait pris l'uniforme des Poufsouffles et s'était fait passer pour Paul.
Le Gryffondor avait senti son sang se figer quand il avait réalisé son erreur, pendant une altercation entre Gryffondor et Serpentard dont il était la principale victime.
…
« - Alors Malfoy ? Papa et grand-mère savent qu'ils ont fait du mal par le passé ? Ils savent qu'ils ont fait le mauvais choix pendant la guerre ? Tu n'es jamais allé à l'école ?
- Alex… comment… Paul…
- Arty… je sais que Paul est mon jumeau mais tu es son ami, non ? Tu n'as même pas remarqué que ce n'était pas lui qui parlait avec toi ! »
…
Il écouta Mimi Geignarde chantonner et il ferma les yeux, les genoux repliés contre son torse.
Cela faisait quelques jours qu'on le regardait étrangement, chuchotant sur son passage. Il ne s'en était pas beaucoup préoccupé, s'étant habitué aux regards en biais, jusqu'à ce que Victoire lui demande, pendant leurs heures de travail à la bibliothèque, si les rumeurs étaient vraies. Il n'avait pas compris de quoi elle parlait et elle avait abandonné, marmonnant des « il n'est pas comme ça, il est trop honnête ».
Sauf qu'elle avait beau pensé cela, les autres n'étaient pas de cet avis et il s'était même disputé avec un de ses camarades de dortoir, Richard Valentin. Les parents de ce dernier ne croyaient pas en la rédemption des Malfoy et Richard avait répété ce que ses parents lui avaient dit, en regardant Artémis avec un air dégoûté. Si Ethan n'avait pas été là, les deux garçons auraient fait un tour à l'infirmerie et subi une bonne réprimande de leur directeur de maison.
…
« - Mes parents avaient raison, un Malfoy à Poudlard est trop dangereux. Il y en a un qui a fait entrer des mangemorts dans le château une fois. Tu vas nous faire quoi, toi ? Pire que ton père ?
- Qu'est-ce que tu cherches à dire ?
- Vous pratiquez encore la magie noire. Tout le monde le sait ! Ethan, si tu continues à le fréquenter, tu vas souffrir. Les Malfoy n'aiment pas les Sangs-mêlés, ni les Sang-de-bourbes.
- Ce n'est pas vrai !
- Les mecs…
- Je ne veux pas d'un mangemort dans le même dortoir que moi !
- Par Merlin mais je ne suis pas un mangemort ! Ça n'existe plus, ça !
- STOP ! »
…
- Bouh !
Le Gryffondor poussa un cri de surprise mais grimaça pendant que Mimi éclatait de rire, ravie de son effet.
- Ce n'est pas gentil de m'ignorer, bouda le fantôme en se rapprochant.
- Excuse-moi, sourit faiblement le brun en calmant les battements de son cœur. Je suis un peu fatigué.
Mimi Geignarde, fantôme des toilettes pour filles du deuxième étage. Il l'avait rencontré pendant une de ses fuites, pendant une de ces récentes « chasses aux Malfoy ». Et quand il avait réalisé où il se trouvait, il avait essayé de rebrousser chemin, son père lui ayant interdit d'y entrer, sous peine de terribles souffrances. Pourtant, il n'avait rencontré que le fantôme d'une jeune fille un peu instable, pleurnicharde quand on ne la connaissait pas, trop bavarde dans ses bons jours.
…
« - Qui es-tu ? Que fais-tu là ? Ce sont MES toilettes !
- Mince, les toilettes du deuxième étage. Papa m'avait dit de ne pas y aller.
- Un Gryffondor ? J'en ai vu tellement qui se cachaient ici en laissant toutes leurs crasses dans MES toilettes !
- C'est pas gagné avec elle…
- Je te parle ! »
…
Artémis lui avait expliqué les raisons de sa présence dans SES toilettes et elle avait compati. Oui, elle avait compati et s'était montrée très gentille avec lui. Ils avaient discuté longtemps, apprenant beaucoup de choses sur l'un comme sur l'autre. Il lui avait expliqué qu'il était devenu le garçon le plus haï de Poudlard à cause d'un de ses amis, un ami qui avait lancé des rumeurs totalement fausses sur lui et sa famille, qui avait fait monter la haine et la colère des enfants de victimes de guerre contre lui, qui lui faisait des coups bas au moment où il s'y attendait le moins.
Oui, Artémis Malfoy s'était senti très mal quand il avait réalisé qu'Alexandre Nott l'avait trahi et trompé. En plus, il s'était à nouveau disputé avec Paul. Il savait que c'était de sa faute. Il n'avait pas su faire la différence entre le Serpentard et le Poufsouffle. Il n'avait pas su reconnaître son ami taciturne qui ne dévoilait jamais son histoire et ses problèmes. Il avait été trop occupé à croire en une chimère pour se rendre compte de son erreur et le Gryffondor l'avait compris en voyant l'air blessé puis furieux du châtain.
- Quelqu'un arrive !
Artémis se releva, regardant Mimi voleter au-dessus de sa tête.
- SORTEZ DE MES TOILETTES !
- Oh c'est bon, fit l'intrus.
- Paul ?
Le brun ouvrit la porte de sa cabine précipitamment, les yeux écarquillés d'étonnement.
- Non, c'est Alexandre.
L'hésitation fit place dans son esprit avant qu'il ne grimace.
- Alex n'irait jamais dans les toilettes des filles.
- Qu'est-ce que ça veut dire ça ?
Il eut la confirmation que c'était bien le Poufsouffle devant lui. Il eut un sourire timide et attendit que le châtain se mette enfin à parler.
- J'ai découvert que les cuisines étaient près de ma salle commune, commença Paul en regardant ailleurs. Tu me suis ?
Artémis remarqua alors qu'il avait sauté le dîner en se cachant dans les toilettes et rougit en sentant son ventre grogner. Il hocha finalement la tête et suivit l'autre hors des toilettes, après un signe d'au revoir à Mimi.
Ils n'en parlèrent pas mais le Gryffondor savait qu'ils étaient « réconciliés ». Paul lui pardonnait et il ne fut jamais plus heureux de l'avoir avec lui. Il se promit vaguement de l'étudier par cœur afin de ne plus le confondre avec son jumeau démoniaque, pendant que son ami chatouillait la poire d'un tableau pour accéder à la cuisine.
*************
Voilà la fin, j'espère que ça ne vous a pas donné envie de me taper et j'espère vous retrouver au plus vite...
Je vous aime haha
EliH
|