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Bonsoir !
Comme prévu, voici le chapitre 3 de Rancoeur. Il reste encore 2 chapitres avant la fin ! N'hésitez pas à me dire si vous avez aimé ou s'il y a des points à améliorer.
Bonne lecture et à lundi prochain !
CHAPITRE 3
-Lève le Silencio, Severus. Maintenant.
La voix qui s’élève dans la pièce n’est en rien amicale. Pire, elle est glaciale... A la grande stupeur du Maître des Potions, resté juste là accolé à la porte, et qui lance au blond un regard chargé d’incompréhension.
-Tu penses aussi que je ne suis pas capable de m’en charger moi-même, hein ? Mon propre parrain… Après tout, je ne suis plus à ça près, n’est-ce pas ? De toute façon, tout ça n’aura bientôt plus d’importance… Tout ça sera bientôt fini…
En s’agrippant les mains dans les cheveux, il se met à faire les cent pas, malgré l’espace réduit dont il dispose. Sa ressemblance avec un fou, avec un forcené n’a jamais été si frappante. Le prince de Serpentard n’est plus qu’un lointain souvenir, un fantôme resté hanter les décombres de Poudlard… Et en le détaillant, Severus Rogue s’interroge peu à peu. Depuis combien de temps n’a-t-il pas dormi ? Mangé, bu ? Depuis l’aube, aucun mouvement, entrée ou sortie, n’avait été noté dans la cellule – à l’exception de l’arrivée tonitruante de Bellatrix, quelques heures plus tôt.
-Je ne te comprends pas, Drago. Tu sais très bien que tu ne pourras jamais tuer Potter. Ça serait contre-nature, je le sais, tu le sais, et il le sait aussi. Tu l’as bien vu se démener comme un beau diable quand je suis entré, mais est-ce que tu penses que c’est pour lui qu’il avait peur ? Réfléchis-y, Drago. Il sait qu’il est condamné –ne faites pas cette tête là, Potter, on dirait la Grosse Dame s’étouffant avec du pudding. Et pourtant, il était prêt à me sauter dessus si je t’avais voulu du mal. C’est si émouvant… Si les quantités de nourriture que servent tes elfes n’étaient pas si restreintes, j’en vomirais presque.
Cette fois-ci , c’est au blond de lancer un regard haineux au Mangemort.
-Si c’est pour te plaindre de la qualité de nos repas que tu es venu me chercher, tu trouveras Mère au salon, Severus.
-Que t’es-t-il arrivé ces deux derniers mois, Drago ? J’ai quitté un jeune homme sûr de lui et indéniablement intelligent, et je me retrouve maintenant face à une loque. A moins que ça ne soit Potter qui te fasse cet effet ? Félicitations, Potter, vous avez toujours été d’une aide et d’une utilité incroyable. Comme votre salaud de père, d’ailleurs…
Les mâchoires du brun se contractent puis s’ouvrent pour former ce qui ressemble à une injure. Alors que Rogue se tourne vers lui et esquisse un sourire moqueur, devant son inaptitude à s’exprimer clairement, le blond sort sa baguette et murmure discrètement un Finite Incantatem. Difficile de dire, par la suite, si son petit sourire en coin est dû au regard complice que lui jette le Survivant, ou s’il est plutôt provoqué par l’amplification soudaine du volume sonore de la pièce.
-MON PERE ETAIT QUELQU’UN DE BIEN !
Nouveau sourire du blond, qui affiche désormais un air passablement niais. Il doit s’en apercevoir, car à peine quelques secondes plus tard, il revêt à nouveau son masque indéchiffrable. S’ensuit l’éternelle joute verbale ayant toujours opposé Rogue et Potter. Ce son a quelque chose de réconfortant, et presque agréable, malgré son goût amer et âpre. Comme le lointain rappel d’une quiétude passée, définitivement terminée… Mais, alors que les disputes qu’il avait connues jusque là s’amplifiaient jusqu’à se muer en hurlements, celle-ci prend peu à peu le ton de la confidence et de la complicité. L’étrangeté de la situation interpelle le jeune héritier Malefoy, qui, après avoir passé plusieurs minutes plongé dans ses pensées, se tourne enfin vers les deux autres. Et ce qu’il voit le cloue sur place. Comment ROGUE et POTTER pourraient-ils parler calmement ?
D’un geste tenant plus du tic qu’autre chose, le brun tourne son regard vers lui au même instant. La lueur si caractéristique qu’il retrouve dans les prunelles émeraudes du brun le fait réaliser qui lui fait face. Même enchaîné, même affaibli, cet homme reste Harry Potter, Celui-qui-a-survécu, et qui survivra peut-être encore. Après tout, déjà gamin, rien ne pouvait l’anéantir… Pourquoi le Maître –il frissonne en pensant à lui- y parviendrait-il maintenant ? Cela fait bien longtemps que Drago ne s’est plus perdu dans des prunelles si intenses, bien longtemps qu’il n’a pas cherché à interpréter la petite étincelle y apparaissant de temps à autres. Les secondes s’égrènent, et le brun ne détourne pas le regard. Sa surprise a laissé place à un sentiment de victoire grandissant. Et, étrangement, il a la sensation de ne jamais s’être senti aussi bien depuis des années…
Insensible à la magie de l’instant, Severus Rogue les regarde avec consternation. Comment Drago Malefoy a-t-il pu tomber sous le charme de Potter, ce gamin maigrichon au culot incroyable ? Seuls ses yeux, magnifiques, ont quelque chose qu’on pourrait qualifier d’intéressant. Le vert indescriptible dont il était lui-même tombé amoureux, des décennies auparavant… Drago ne pourrait jamais tuer Potter, tout comme il n’avait pas pu tuer Dumbledore, c’était indéniable. Alors, Severus Rogue, Mangemort depuis des années, prit sa décision. Encore une fois, en hommage à un petit blondinet de cinq ans qui riait aux éclats dans un champ, et dont il ne reste plus une place, en hommage à la bribe d’espoir se dégageant de deux regards restés accrochés dans une cellule minuscule, et en hommage à une femme dont il n’oubliera jamais le nom, il s’engage dans le plus complexe des combats. Celui de la protection. Plongé dans ses pensées, mesurant l’impact et les conséquences futures de sa toute-nouvelle résolution, il ne réagit même pas quand des pas mesurés, puis un froissement de tissu se font entendre. Il ne réagit pas non plus au bruit d’un corps tombant doucement au sol, ni à la vue de mains serties de pierres précieuses –jades ? émeraudes ?- dans une chevelure brune, ni à celle de lèvres délicates rejoignant d’autres gercées.
Severus Rogue ne tint pas compte cette heure-là des cris et rires complices, faisant abstraction de tout, des pleurs silencieux aux paroles d’espoir venant de l’un comme de l’autre. Après avoir fermé les yeux, son esprit fatigué semble mélanger souvenir, rêve et réalité. Alors, quand parvient à ses oreilles une mélopée de « je t’aime », c’est de la voix, restée trop longtemps coite, de Lily Evans-Potter qu’il l’entend…
A son réveil, quelques minutes plus tard, le Maître de Potions n’en croit pas ses yeux. Comment a-t-il pu céder, comment a-t-il pu tolérer tant de niaiseries SOUS SES PROPRES YEUX ? La vision de son filleul et de ce morveux de Potter, encore enlacés, lui donne un haut-le-cœur. Alors, il fait la première chose lui venant à l’esprit : il hurle. Et réveille ainsi en sursaut un Harry Potter aux cheveux plus ébouriffés que jamais, toujours enchaîné – « Je ne peux pas te détacher… Seul Lui le peut. Pardon… »-, mais la tête confortablement installée sur le corps d’un certain blond à la posture étrange. Cette forme de confort est de courte durée puisque, à peine après avoir ouvert les yeux, le blond se dégage brusquement et tente de reconquérir un semblant de dignité… Peine perdue. Le sourire goguenard qu’affichent Rogue et Potter en dit long sur ce qu’ils pensent de son état actuel.
Alors, tous les trois éclatent simultanément d’un rire rauque, caverneux, presque guttural, avant que Rogue ne reprenne une expression neutre. Et, compte tenu du contexte actuel, cette expression a quelque chose d’inquiétant. Son visage aurait pu refléter la haine, la colère, la rancœur ou bien l’espoir, l’amusement, la moquerie que cela aurait pu se justifier. L’indifférence, signal d’alarme inquiétant dans un monde en guerre. Alors que les lèvres du Maître de Potions s’apprêtent à s’ouvrir, le blond comme le brun devinent que ce qu’il va dire risque de ne pas être agréable à entendre.
-Préparez-vous. Je repasserai dans dix minutes et toquerai discrètement à la porte. Dès lors, vous mettrez le plan prévu à exécution, Potter. Je compte sur vous... A défaut de vous sauver, peut-être que cela prolongera votre espérance de vie…
L’air scandalisé qu’affiche l’héritier Malefoy à cet instant lui donne un air particulièrement ridicule. Alors qu’il s’apprête à protester, c’est la voix de Potter qui l’interrompt.
-On ne proteste pas, Malefoy.
Pour le moins interloqué, le blond se tourne vers lui. Et avant même de pouvoir esquisser le moindre mouvement, deux émeraudes, animées d’une lueur déterminée, accrochent l’argent de son regard.
Alors, évidemment, plus rien n’a d’importance… pas même le cri retentissant poussé par Rogue, moins d’une seconde après qu’il ait franchi la porte de la cellule.
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