Bonsoir !
Honte à moi, j'ai failli oublier de poster à temps ! Voici le chapitre 4 - et l'avant dernier- de Rancoeur d'une pierre précieuse.
N'hésitez pas à me partager votre avis !
Bonne soirée
Périphrase
CHAPITRE 4
-A mon avis, ça ne prouve rien, Bella. Tu deviens complètement paranoïaque ! C’est de Severus Rogue dont on parle, l’un des hommes en qui le Maître à le plus confiance.
-Mais tu l’as entendu ! TU L’ENTENDS ! Il s’allie avec l’ennemi ! Il complote contre le maître ! C’EST UNE TRAHISON !... UN SCANDALE !!!
Ces derniers mots résonnent, sans que leur écho n’atteigne la moindre oreille, dans le long couloir de pierre. Au cœur de celui-ci, une femme aux cheveux frisés et aux yeux globuleux est semblable à une furie. Alors qu’elle évoque, à grand renfort de gestes, des châtiments plus sanglants les uns que les autres, un autre homme, drapé comme elle dans de longues étoffes noires, l’observe d’un air livide. Grand, élancé, il possède ce visage mince et fin d’une aristocratie passée d’âge, mais qui a conservé sa prestance. Si l’on excepte son teint blême, ses ongles rongés par l’inquiétude et ses longs cheveux filandreux, rien ne le différencie des peintures ancestrales accrochées aux murs, quelques étages plus haut.
Comme tout homme, ses pensées vagabondent. Une liberté bien trop rare, dans cet environnement, autrefois familier, devenu hostile.
… Mais que fait-il ? tu devrais l’avoir fait tu es grand tu es fort c’est mon dernier espoir aide toi aide nous mais il survivra on l’aidera je serai fier de lui mon petit tout petit garçon avec ses larmes au bord du cœur il est grand il est fort mais que fout Rogue mais il vaincra je t’en supplie tu vas le faire je crois en toi que fait bella tuer c’est trop dur de l’aide de l’aide de l’aide de l’aide il va le faire ce n’est qu’un vaste cauchemar il pleut que fait il vas-y s’il te plaît…
Son cheminement mental prend fin brusquement alors qu’il constate avec effarement que d’autres pensées, machiavéliques au possible, s’infiltrent dans son esprit. En face de lui, Bellatrix Lestrange, Mangemort accomplie, dangereusement mortelle, le fixe de ses yeux d’ébène, alors que dans sa tête, tout s’emmêle. Des images affreuses et cruelles s’impriment en face de ses paupières closes alors qu’il tente de faire barrière. En lettres de feu se forme alors un mot longtemps craint : Legilimens.
Soudainement, l’intrusion se retire, presque aussi brusquement qu’elle s’était imposée. En reprenant ses esprits, Lucius Malefoy découvre avec effroi le dégoût visible sur le visage de la Mangemort. Les traits déformés par la haine, elle crache, avec tout le dédain possible :
-Tu ne vaux donc pas mieux que lui.
L’aîné Malefoy n’a pas le temps de répliquer, ni de réaliser les conséquences funestes de sa découverte, que l’autre a déjà découvert son bras, dévoilant une Marque des Ténèbres d’un noir ébène sur laquelle elle appuie un pouce au vernis écaillé. Son sourire prend soudainement une allure franchement inquiétante, elle semble se délecter de l’arrivée prochaine du Seigneur des Ténèbres à ses côtés.
Elle est folle. Elle est totalement folle. Et Draco, oh, Draco ! Il est toujours à l’intérieur…
Malheureusement pour Lucius, son inquiétude est loin d’être infondée. Très vite, les Mangemorts présents dans la bâtisse entière viennent s’amasser près de la porte de la cellule 19, placée évidemment sous la plus haute des surveillances. Chose étonnante, Severus Rogue n’est pas en faction à la porte, comme il aurait dû l’être.
C’est en remarquant l’état d’hystérie incroyablement élevé de Bellatrix -pour une période sans rafle notable, bien sûr- que Lord Voldemort réalise qu’un seul évènement a pu se produire : une trahison. De quelqu’un d’important… Quoi de plus jouissif, pour une femme de l’acabit de Lestrange, que de voir un membre plus élevé hiérarchiquement qu’elle tomber plus bas que terre ?
A cet instant, le Lord paraît perplexe. Qui pourrait représenter une réelle menace pour elle ? Soudain, il semble réaliser.
Severus Rogue. Le seul à avoir pu le trahir. Lui, en qui il plaçait pourtant une confiance quasi-aveugle. Severus Rogue. Ce jeune homme pitoyable, l’ayant presque supplié d’épargner une Sang-de-Bourbe, des années plus tôt, devenu l’un de ses plus fidèles –il grimace en réalisant que l’adjectif n’est plus si approprié- serviteur. Severus Rogue. L’agent infiltré qui lui avait rapporté le moindre fait et geste de l’Ordre du Phénix, qui avait combattu à ses côtés, qui avait tué Dumbledore.
Severus Rogue… Ce traître.
En une fraction de seconde, l’atmosphère du couloir entier se glace. Les conversations enjouées se muent en un silence confus, tandis que la colère qui semble s’être emparée du Lord amplifie de seconde en seconde. Celle-ci atteint son paroxysme lorsque la porte de la cellule 19 s’ouvre sur ledit incriminé… Difficile de reconnaître, en Severus Rogue, le professeur de Potions au ton doucereux, ayant persécuté et traumatisé des centaines d’élèves, alors qu’il hurle de peur en réalisant le comité d’accueil auquel il a droit. Cet éclat ridicule, s’il suscite les rires du côté des Mangemorts, lui attire simplement un sourire méprisant du Lord, qui, d’un ton terriblement calme – trop calme ?- prend la parole.
-Ne sois pas si gêné, Severus. Ce petit… sursaut n’enlève rien à ta valeur ! En effet, chers Mangemorts, vous n’êtes pas sans savoir que Severus est l’un de nos plus précieux éléments, n’est ce pas ? Un véritable petit bijou, capable de se sortir de n’importe quelle situation. Et, malgré son âme corrompue et ses desseins machiavéliques – qui d’autre se serait allié à notre cause avec tant de ferveur, sinon ?- Severus a su rester un homme juste. N’est-il pas celui qui est venu me voir, il y a un peu moins de vingt ans, en me suppliant d’épargner Lily Potter, Sang-de-Bourbe de son état, ainsi que son mari, qu’il exécrait pourtant, parce qu’il les jugeait innocents ? Un homme juste, resté néanmoins à notre service, puisqu’il nous a tout de même révélé la date où monsieur Harry Potter quitterait Privet Drive, à ses dix-sept ans, puis en tuant Dumbledore, nous prouvant son allégeance et éteignant nos doutes.
L’attention reste coite alors que le Seigneur des Ténèbres continue sa tirade élogieuse –quoiqu’un brin sarcastique-, sous les regards perplexes de l’assemblée. Quant à Rogue, s’il tente de dissimuler sa stupeur, ses sourcils restent néanmoins froncés.
Nous sommes finis. Rogue est perdu. Et Draco… Et Draco…
-J’ignore quand tout a dérapé, Severus. Je l’ignore vraiment. Peut-être était-ce une mauvaise idée de te laisser enseigner dans cette école. Côtoyer tant de Poufsouffles et de Gryffondors, tout au long de ces années, a dû te doter d’un sentiment, cher au vieillard qui fût Directeur quelques années plus tôt, qu’il faut éradiquer : l’Amour.
Les cris et grimaces de dégoût qui se propagent dans le couloir en une fraction de seconde amplifient peu à peu et se muent en débats passionnés –après tout, Rodolphus et Bellatrix n’étaient-ils pas sensés s’aimer, du moins un minimum, bien qu’étant Mangemorts ?- avant d’être interrompus d’un simple signe de main du Lord.
-Plutôt qu’un désir de justice, n’est-ce pas plutôt l’Amour démesuré que portait, plus jeune, Severus Rogue à la délicieuse Sang-de-Bourbe aux yeux verts, Lily Evans, qui l’a poussé à prendre sa défense ? Puis à me –à nous- rejoindre ?
A l’évocation de son amour perdu, Rogue contracte les mâchoires. Les jointures de ses mains blanchissent alors qu’elles se crispent sur ses robes, arrachant un ricanement au Lord.
-N’est-ce pas un comble, pour un Mangemort, d’avoir intégré ce rang par amour. Un paradoxe, une véritable hérésie. Il n’y a pas de place pour l’amour ici, pas en ces lieux. Vous savez ce que je pense de l’amour ? C’est un sentiment bas, vil, qui vous fera inévitablement flancher, à un moment ou à un autre. Un sentiment qui vous rend faible, et vous tend à faire des choses inconscientes. Dans notre quête, nous nous devons d’être forts, indestructibles, sans aucune faille. C’est pourquoi, dès la formation de nos plus jeunes recrues, ceux-ci se doivent d’être sans pitié. C’est en partie pour cette raison que le jeune Malefoy fut choisi pour achever Albus Dumbledore. Pour lui apprendre ! Après tout, n’est-ce pas ce qu’il faut faire dans une école ? Mais bien sûr, comme vous le savez, Severus est intervenu. Alors…
Il éclate alors d’un rire suraigu, proche de la démence. En l’observant, on pourrait presque voir l’ombre de Bellatrix, quelques minutes plus tôt. Le Maître a l’air fier de son discours, qui n’était, comme l’ont très vite remarqué ses Mangemorts les plus fidèles, qu’une machination pour ménager le suspense. Quelque chose d’important s’apprête à être dévoilé.
A cette seule pensée, Lucius Malefoy devient livide, ou du moins, plus encore qu’auparavant. Si le nom de son fils a été annoncé, cela n’a rien d’anodin. Et, alors que Lord Voldemort annonce d’un ton théâtral le point de chute de son fabuleux discours, il manque de défaillir.
-Il va falloir réapprendre à Draco, qui semble s’être montré quelque peu… dissipé, ces temps-ci. Il lui faut donc un professeur, pour certifier que sa démarche est correcte, son père – les parents et les enseignants ne doivent-ils pas travailler en étroite collaboration ?- ainsi qu’un public prêt à l’acclamer. Il a besoin de soutien, n’est-ce pas ? Et quel héros ce sera… Tuer Harry Potter. Mais les examens sont minutés. Il y a des sanctions si on les rate, ou si l’on dépasse le temps imparti. Ici, nous parlons d’un examen à issue mortelle. Allons, Severus, ne comprends-tu pas ? Nous allons, tous autant que nous sommes, entrer dans la fameuse cellule 19. Tu regarderas les deux personnes encore vivantes pour qui tu serais prêt à me trahir, pour la dernière fois, avant que Malefoy n’achève Potter. Et s’il n’y parvient pas, hé bien… Je serais contraint d’achever les deux, n’est-ce pas ? Et vous autres découvrirez à quel point j’avais raison en disant que l’Amour rend faible, en voyant Lucius Malefoy et Severus Rogue, ex-Mangemorts puissants, coupables de trahison, hurler à la mort en contemplant deux cadavres blanchâtres…
Tu ne peux pas mourir…
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