CHAPITRE 4 – SENRISFINN
Harry était émerveillé par ce qu’il voyait.
Ils venaient d’entrer dans un hall deux fois plus long que large et dont la hauteur et la beauté n’avaient rien à envier à la grande salle de Poudlard. Il était uniquement formé de ce qui semblait être du verre laissant apparaître les poissons et autres espèces sous-marines semblant voler au-dessus de leurs têtes. Mais le plus impressionnant était le sol. Harry n’était pas capable d’en deviner le matériau mais il captait tous les rayons de lumière et bien plus encore. En effet, les rayons de lumière formaient une aquarelle mouvante. Toutes les nuances de couleurs étaient représentées et le tableau changeait en permanence. Il s’agissait vraisemblablement de paysages du royaume.
Après avoir traversé le hall, ils arrivèrent dans une salle ronde dont la taille rivalisait avec celle du hall du ministère de la Magie Anglais. Le sol était fait d’une mosaïque de pierres et de coquillages représentant une scène d’intronisation. Elle était entourée de plusieurs tableaux représentant différentes espèces marines parmi lesquelles il reconnut les centaures marins qui l’accompagnaient, les tritons et les sirènes. Les murs étaient formés de pierre ciselée tellement finement que l’on aurait dit de la dentelle prête à se briser au moindre effleurement. Le plafond était en continuité avec les murs mais formé de coraux sertis de pierres précieuses.
Les deux centaures le firent avancer vers le fond de la salle où deux escaliers entouraient une porte. Ils menaient à une mezzanine où se tenait un humain à la peau hâlée et aux cheveux immaculés et bouclés entouré de quatre personnes : une femme rousse à la peau blanche se tenait à sa gauche, sa tenue assortie à celle du premier. A sa droite se tenait une jeune fille ayant la même teinte de peau que la femme mais dont les cheveux, couleur ébène, ondulaient jusqu’à sa taille. De part et d’autre des deux femmes se tenaient deux hippocampes en armure.
Les deux centaures s’inclinèrent et il en fit de même.
Le roi prit la parole :
- Relevez-vous Rowan et Uscias, et toi aussi jeune Alastyn. J’aimerais une explication.
Se relevant, l’un des centaures prit la parole :
- Votre majesté, nous avons trouvé cet Alastyn dans le Comté d’An Mhi, à deux heures de marche du Palais. Par sécurité, nous avons préféré vous l’amener.
- Je vois…
Le roi laissa sa phrase en suspens le temps d’observer Harry ce qui lui laissa le loisir de faire de même. Le roi semblait d’un âge avancé même s’il semblait à Harry impossible de le chiffrer. Il portait une couronne coralliaire sertie d’émeraudes assortie à sa veste. Celle-ci était ouverte sur une tunique couleur sable et un pantalon ample noir avec des liserais rouille. Harry n’avait jamais vu de tenue semblable, un beau mélange des modes de différentes nations, moldues comme sorcières, utilisant des tissus semblant venus d’un autre monde.
Leurs regards se croisèrent et Harry eut un temps d’arrêt mis à profit par le souverain pour poursuivre sa phrase.
- Pouvez-vous vous retransformer Mr…
- Potter mais vous pouvez m’appeler Harry votre majesté.
- Alors Harry, pourriez vous vous retransformer, votre forme équine est intéressante mais ne me permet pas de déterminer qui vous êtes exactement.
- Votre majesté, je… je ne sais pas à quoi je ressemble en ce moment même et encore moins comment me retransformer. J’espérais que l’un d’entre vous pourrait me l’expliquer.
Le souverain parut ennuyé. Il lança un regard vers sa femme qui lui sourit, acceptant sa demande informulée. Tous les deux se tournèrent ensuite vers la jeune femme. Elle sembla comprendre ce que l’on attendait d’elle et inclina la tête en signe d’acceptation.
Le roi se tourna à nouveau vers Harry.
- Mr Potter, je vous présente ma fille, Dubflaith. Elle a la possibilité de vous retransformer pour une courte durée, le temps que je vous sonde pour être sûr que vous n’êtes pas un risque pour mon royaume. Si tel est le cas, je prendrais personnellement le temps de vous apprendre à vous transformer à volonté et à comprendre les spécificités de votre, ou devrais-je dire notre espèce.
Harry était surpris, pas spécialement du test qu’il allait devoir passer mais plutôt par la proposition du souverain de l’entrainer lui-même. Il s’empressa d’accepter la proposition.
La jeune princesse préféra le prévenir :
- Mr Potter, ça risque d’être douloureux car je le présume qu’il s’agit de votre première transformation. Pour limiter la douleur, il faut que vous vous détendiez au maximum. Allez vous allonger.
Avant que Harry n’ait pu soulever l’absence de lit, Dubflaith fit apparaître d’une main une sorte de matelas d’eau. Le jeune sorcier alla s’y allonger tant bien que mal du fait de la longueur de ses pattes qui lui étaient inhabituelle.
La jeune fille apposa sa main au-dessus de Harry et commença à incanter :
De réir Nérée agus a Nereids
Faoin Aigéan agus a Aigéan Aigéin
Go bhfuil an Alastyn seo ag athrú
Go léiríonn sé a fhírinne
Chun an fhírinne cruth a thógáil.
Non seulement Harry ne comprenait rien de son incantation mais son corps commença à chauffer. Il sentait la magie s’introduire dans chaque cellule de son corps pour les forcer à se réagencer, rétrécir pour certaines, s’allonger pour d’autres. La magie qu’il sentait n’était pas mauvaise mais la douleur augmentait de seconde en seconde jusqu’à ce qu’il ne puisse plus se retenir de crier.
Au bout de quelques minutes qui lui parurent des heures, son calvaire s’arrêta brusquement. Curieusement, il se sentait bien et, relevant la tête, il croisa des yeux vert-émeraudes, semblables aux siens.
Une lueur de surprise passa furtivement dans les yeux de la jeune princesse avant qu’elle ne se relève et ne se tourne vers son père.
- Père, c’est fait. Notre invité semble en état de répondre à vos questions.
- Merci ma fille. Je vais prendre les choses en main à partir de maintenant. Ruwan, Oscias, Capallmara Milis et Capallmara Láidir vous pouvez disposer. Merci de votre soutien. Maav, ma chère, Dubflaith, vous connaissez les règles, je dois m’entretenir seul avec notre invité. Harry Potter, suivez-moi.
Harry se leva, ravi d’avoir retrouvé ses deux jambes. Il suivi le maître des lieux, descendant l’escalier pour passer la porte se situant en dessous. Un long couloir se trouvait derrière. Le couloir était sombre contrairement au reste du palais. Les murs étaient pleins et la faible luminosité de la pièce semblait provenir de veines le parcourant.
Le roi passa une porte sur la droite du couloir et, quand Harry le suivit, il l’invita à s’asseoir en face de lui.
- Je vous en prie, prenez place.
- Merci votre majesté.
Harry s’assit donc face à un bureau formé d’un coquillage surmonté d’une plaque de verre. La couleur irisée du nacre ainsi que la taille du coquillage représentaient la magnificence du royaume. Le fauteuil, ressemblant plus à un trône qu’à une chaise, la sobriété du lieu ainsi que la luminosité, beaucoup plus forte que dans le couloir semblaient être calculés pour éblouir les invités et forcer leur respect.
- Monsieur Potter, nous sommes ici pour déterminer si votre arrivée n’est pas due à de mauvaises intentions et si vous êtes dignes de rester parmi nous. Je préfère vous prévenir que le siège où vous vous tenez me permet de savoir si ce que vous dites est la vérité. Maintenant que vous connaissez les tenants et les aboutissants de notre entrevue, et à moins que vous n’ayez des questions, nous pouvons commencer.
Harry inclina la tête pour signifier son accord et le souverain poursuivit.
- Que faites-vous ici ?
- Je ne le sais pas et j’espérais que vous pourriez répondre à cette question. Répondit Harry en levant un regard interrogateur.
Le roi sembla perplexe et l’invita à poursuivre.
- Aux dernières nouvelles, je me trouvais dans le jardin de mon oncle et de ma tante, j’avais des tâches à accomplir et je me suis fait attaquer, je me suis caché dans un buisson pendant plusieurs heures et à force d’attente, me suis endormi. Quand je me suis réveillé, dans ce même jardin, la nuit était tombée et la maison était verrouillée. Ne voulant pas réveiller mon oncle et ma tante, je me suis préparé un lit de fortune avec l’herbe que j’avais coupée dans l’après-midi et me suis couché. Quand j’ai ouvert les yeux, j’étais dans votre royaume, entouré de deux ichtyocentaures et d’autres personnes dont l’espèce m’est inconnue. Je n’en sais pas plus.
La surprise sur le visage du roi se traduisit par une suite de questions assez rapide.
- Vous dites avoir été attaqué ? Par qui ? Comment ?
- Je ne le sais pas. Un rayon vert est passé au-dessus de ma tête plusieurs fois avant que je ne me cache. Je n’ai pu voir la personne qui tentait de me lancer l’Avada mais la couleur du sort parlait d’elle-même.
Un éclair de compréhension passa dans les yeux du souverain et, semblant rasséréné, il poursuit son interrogatoire.
- Pouvez-vous m’en dire plus sur votre famille ?
Harry, surpris par le changement de sujet dans les questions et ne sachant pas de quelle famille il s’agissait, posa la question au roi.
- Ma famille d’adoption ou ma famille biologique ?
- L’une et l’autre s’il vous plait.
- J’habite actuellement chez mon oncle, Vernon Dursley, et ma tante, Petunia Dursley, née Evans. C’est ma tante du côté maternel. Ils ont eu un fils, mon cousin, Dudley. Mes parents sont morts à mes 1 an, tués par Voldemort. Ma mère, Lily Evans s’était mariée à James Potter. Je ne sais pas si vous avez besoin de plus de détails…
- Toutes les personnes dont vous me parlez ont-elles des relations avec la magie ?
- Non, ma tante et mon oncle sont moldus. Ma mère a été la première sorcière de la famille à ma connaissance et mon père est issu d’une famille de sang-pur.
- Et vos grands parents ?
- Je n’ai jamais connu mes grands-parents du côté paternel. J’ai cru comprendre qu’ils étaient décédés entre le mariage de mes parents et ma naissance. Du côté de ma mère, je n’en sais pas beaucoup plus. La seule chose que je sais c’est que mes grands-parents étaient ravis d’avoir une sorcière dans la famille.
- J’ai une dernière question qui va vous paraître étrange mais elle pourra m’éclairer plus que vous ne le pensez. Pouvez-vous me décrire physiquement toutes ces personnes ?
Effectivement c’était une question particulière. Harry prit le temps de la réflexion. En fait, il pouvait comprendre pourquoi on lui posait une telle question. Il avait pu remarquer depuis son arrivée dans le monde magique que les grandes familles, ancrées depuis longtemps dans ce monde, pouvaient être aisément reconnues d’après leurs caractéristiques physiques et que plus la famille était puissante plus les caractéristiques étaient préservées dans la génération suivante. A moins que ça ne soit dû aux mariages consanguins ? Il se mit alors à décrire les membres de sa famille.
- Ma tante est blonde aux yeux bleus ainsi que son fils. Elle est maigre et assez grande contrairement à Dudley qui est trapu, obèse. Mon oncle est brun aux yeux marrons et est aussi gros que son fils. Je n’ai vu mes parents qu’en photographie mais mon père avait globalement la même morphologie que la mienne mais ses yeux étaient bleus. Ma mère, elle, était fine et d’une taille moyenne. Elle était rousse avec des yeux du même vert que les miens.
Le roi se fit silencieux. Harry respecta ce silence qui, loin d’être inconfortable, lui permettait de s’apaiser après cet interrogatoire.
Au bout de quelques instants, le souverain siffla trois notes dont l’écho résonna dans l’ensemble du palais.
Une seconde après, Harry, vit un flash vert au niveau de l’épaule du souverain. Avant même qu’il n’ait pu faire un geste pour le secourir, le flash se dissipa, laissant apparaître un phénix vert et bleu.
- Je te présente Murlach, mon familier. |