Mars 2015.
Du non-engagement à l'insurrection.
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Je m’asseyais par terre
ces soirs qui étaient doux
je t’écoutais parler
et quand je répondais, c’était en murmurant.
On est bien peu de chose
tu disais, j’acquiesçais
et tous enfermés, dans nos regards, nos préjugés
on critique et on juge, on loue et on blâme, on méprise, on déteste
mais nos pensées biaisées sont trop arrogantes à vouloir dire le vrai.
Tu disais, j’acquiesçais.
Je m’asseyais par terre
ces soirs qui étaient doux
je m’ouvrais à tes mots
à toi, à tes pensées
et au monde au-delà, aux hommes à travers toi.
Je suivais tes conseils, je m’admettais faillible
et je respectais tout
et les soirs étaient doux.
Tu disais (j’acquiesçais) que l’indulgence modeste sauverait des conflits
et qu’il faudrait un jour que les hommes disent tous
que rien n’était bien sûr, qu’ils se trompaient sans doute.
Ce jour-là, disais-tu, les hommes vivraient en paix
sans orgueil pour eux-mêmes
sans mépris pour les autres
sans vouloir plus se battre pour de simples illusions.
Tu disais, j’acquiesçais
fesses sur le macadam
et c’était bien paisible, en regardant le monde, de ne pas valoir mieux.
Et le temps a passé. J’ai beaucoup regardé.
Je n’ai pas oublié les soirs qui étaient doux
et pourtant j’ai jugé
non je n’acquiesce plus.
J’affirme que ceux qui tuent pour le plaisir d’un dieu
se trompent bien plus que ceux qui joignent les mains.
J’affirme que ceux qui disent qu’il y a des hommes moins hommes
se trompent bien plus que ceux qui crient « égaux ! ».
J’affirme tout cela, je dis « vrai », « mal », « injuste »
et non au nihilisme !
Et si je me trompe, j’affirme que toi (protégé de l’erreur puisque tu ne dis rien)
j’affirme que tu te trompes bien plus que moi. |