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au 31 Mai 21 :
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Plaidoirie d'une Jalouse
Par Kause
Originales  -  Romance  -  fr
4 chapitres - Complète - Rating : T (13ans et plus) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 2     Les chapitres     4 Reviews    
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Je ne suis pas jalouse !

Bonjour à toutes et à tous !

 

D'abord, excusez-moi pour le retard, mais avec mon boulot (que j'ai commencé il y a tout juste deux semaines), j'ai du mal à gérer mon temps... Je rentre crevée donc le 11, j'ai pas eu le courage de poster le chapitre T.T Shame on me !

En tout cas, j'espère qu'il vous plaira autant que le premier et comme l'autre fois, je vous invite à me faire part de vos remarques, questions et autres critiques !

 

Bonne lecture ;)

_________________________________

Sauf qu’il y a quelqu’un.

 

- Qui es-tu ?!

 

Alors que cette phrase sort tout naturellement de ma bouche, la position dans laquelle je me trouve l’est bien moins, naturelle. Juste à côté de mon lit, il y a mon bureau et c’est là qu’est assise, comme si tout était normal, une femme absolument magnifique. Elle a d’interminables cheveux bruns, un regard que je devine envoutant et un visage enchanteur. A tâtons et la main tremblante, j’essaie d’allumer la petite lampe de chevet qu’il y a juste derrière moi. Je mets quelques longues secondes à y arriver et puis quand la lumière se fait, je ne pense finalement pas que ça ait été une bonne idée. A présent, tout ce que je pouvais deviner d’elle me saute au visage. Elle est effectivement d’une beauté rare, trop parfaite pour être réelle. Son corps délicieux est mis en valeur par une robe courte et près du corps. Pour autant, même si elle est assise en travers de mon bureau, elle reste tout à fait décente dans sa tenue. Sa longue chevelure tombe en cascade sur ses épaules pour finir sa chute sur sa poitrine et dans le bas de son dos pour les quelques autres mèches. Ses yeux de braise semblent me transpercer de part en part tant son regard est intense.

Et moi, j’ai l’air d’être la fille la plus idiote du monde. Je suis complètement saucissonnée dans mes draps, blottie dans un des coins de mon lit, le plus loin possible de cette femme qui, je dois l’avouer, me terrifie. Il faut dire qu’il y a plus rassurant comme situation. Je me pensais tout à fait seule dans mon appartement, je m’apprêtais à rejoindre le pays des rêves -après des heures de réflexion, mais ce n’est qu’un détail- et voilà qu’en fait, pas du tout. Je ne suis absolument pas seule. Mais une question me vient à l’esprit : « Comment cette fille est rentrée chez moi ?! » Je ferme toujours la porte d’entrée à clé, les volets et les fenêtres. Concrètement, il n’y a aucun moyen d’entrer.

 

°Tu sembles songeuse...°

 

- On le serait pour moins ! Je peux savoir comment vous êtes entrée ? Et puis qui êtes-vous ?!

 

La surprise passée, je repasse au vouvoiement. J’ai beau être chez moi et elle a beau être l’intruse, mon éducation m’interdit de tutoyer les gens que je ne connais pas. Même si ces gens sont rentrés par effraction dans mon appartement, sans que je m’en rende compte. Peut-être devrais-je appeler la police ?

 

°Comment je suis rentrée n’est pas vraiment la question que tu devrais te poser.°

 

- Je me pose les questions que je veux quand même ! Et puis ça ne répond pas à celle que je te pose pour la seconde fois !

 

°Tu ne vois pas qui je peux bien être ?°

 

- Je pense que si je demande, c’est que non. Je n’ai pas pour habitude de parler pour rien dire.

 

°Bon... Tant pis. Je reviendrai une prochaine fois alors.°

 

Le sourire qu’elle me décroche m’aurait faite rougir si la situation avait été autre. J’aurai même juré voir un clin d’œil. Mais à peine ai-je le temps de cligner des yeux, qu’en les rouvrant, elle a disparu. C’est complètement improbable comme situation. Finalement, je me dis que je suis peut-être en plein rêve, parce qu’une femme, beaucoup trop belle pour être honnête, qui apparait sur mon bureau et disparait la seconde d’après, ça n’a rien de plausible... N’est-ce pas ?

Doucement, comme pour être sûre de ne rater aucune des choses bizarres qui pourraient encore arriver, je repose ma tête contre l’oreiller et cette fois, il ne faut que quelques minutes à Morphée pour venir me chercher.

 

Le lendemain, je suis effectivement persuadée d’avoir rêvé. En me levant, je regarde mon téléphone pour m’apercevoir que j’ai un message. Léna se lève toujours avant moi et m’envoie donc toujours un petit bonjour. Cette fois, celui-ci est accompagné d’une invitation. Nous sommes jeudi et elle propose qu’on aille passer l’après-midi du samedi en ville avec Amélie. Je ressens comme une petite pointe au cœur, mais lui réponds que j’accepte. Après tout, je ne connais pas vraiment cette fille. Ce sera l’occasion d’essayer d’en apprendre un peu plus sur elle, historie de me rassurer. Je ne comprends toujours pas pourquoi, mais j’ai du mal à l’apprécier. Rapidement, je me prépare pour une longue journée de travail et file au bureau.

 

Samedi est arrivé et me voici à attendre que les deux amies me rejoignent. On a rendez-vous sur le même parking que l’autre fois. Je ne sais pas vraiment ce qu’elles ont prévu de faire, mais il me semble qu’il y a un marché pas trop loin d’ici. Si elles n’ont pas d’idées, je pourrais nous y conduire. Les minutes passent mais je sais me montrer patiente. Un quart d’heure plus tard, les voilà qui arrivent en rigolant. Toujours cette pointe, mais je l’ignore. Depuis le milieu de la semaine, j’ai appris à essayer de l’oublier, surtout que je ne comprends toujours pas ce qu’elle fait là.

Un sourire flanqué sur les lèvres, je sors de mon véhicule et les interpelle.

 

- He les filles !

 

D’un mouvement de bras, je leur fais signe et elle se dirige vers moi. Léna marche rapidement et vient me serrer dans ses bras. Ça fait deux jours qu’on ne s’est pas vu alors j’en fais de même, un immense sourire éclairant mon visage. Je fais ensuite la bise à Amélie, toutes pointes et autres désagréments envolés.

 

- Vous vouliez faire quoi ? Je demande.

- On avait peut-être pensé au marché de la ville d’à côté, me répond Amélie, mais ça risque d’être long à pied.

- J’y avais pensé aussi ! Et je peux vous emmener si ça vous dit. Il faut à peine cinq minutes en voiture.

 

Les filles se demandent l’une l’autre leur avis et c’est finalement à l’unanimité qu’on décide d’aller au marché. Les deux montent dans la voiture tandis que je m’installe au volant et nous voilà partie pour la ville voisine.

 

- Comment s’est passé votre fin de semaine ? Je demande pour engager la conversation.

- Pour ma part, rien de bien nouveau. A part le boulot, y’a pas grand-chose. Commence Léna.

- Si ! On est sorti jeudi soir, tu te souviens pas ? Enchaine Amélie. On est allé boire un coup avec les gens de la fac. On a bien rigolé !

- Ah oui ! Oui, tout à fait.

 

Le rire de Léna emplit la voiture quand elle se souvient de leur soirée et moi, ce sont les larmes qui me montent aux yeux. A ce niveau-là, ce n’est même plus une pointe qui me pique le cœur, c’est un pieu qui s’y enfonce. Je ne sais plus quoi répondre, alors je les laisse rire et échanger leurs souvenirs pendant que je m’applique à conduire. Mes yeux me piquent, mais je ne dois pas pleurer. Ce serait le comble. Et si elles me demandaient pourquoi je me mets dans cet état, qu’est-ce que je leur répondrai ? Que savoir Léna à une soirée sans que je sois au courant me brise le cœur ? Que j’aurais aimé être au courant ? Elle me prendrait pour une personne que je ne suis pas : pour une jalouse.

A l’instant même où je pense à ce mot, c’est comme l’illumination et mes yeux s’ouvrent en grand tandis que je serre les dents. Non, non et non, je ne suis pas jalouse. Ces filles-là sont infâmes, du genre à envoyer des textos toutes les deux minutes pour savoir ce que l’autre personne fait et avec qui. A appeler quand elle ne répond pas assez vite. A péter des colères quand les choses ne vont pas dans leur sens. Je ne suis pas comme ça, je ne peux pas l’être... N’est-ce pas ?

 

Heureusement, quelques minutes plus tard, on arrive au marché. Les deux amies descendent et je fais de même, mais je les laisse passer devant. Je ne me sens plus d’humeur joyeuse et je m’en veux terriblement pour ça. Alors qu’elles marchent devant moi, je ne peux m’empêcher de jeter quelques regards à Amélie. Aujourd’hui, elle porte une jolie jupe rose pâle et blanche, très aérienne avec un haut tout aussi fluide et clair. Son aspect poupée ressort encore plus. Sans m’en rendre compte, mes yeux deviennent accusateurs et sa proximité avec Léna m’énerve. Elles sont loin d’être collées l’une à l’autre, mais leur bras se touche de temps en temps. Ça m’agace.

 

°Je t’avais dit que tu ne l’aimais pas.°

 

Je connais cette voix. C’est celle de mon rêve étrange de l’autre nuit. Je ne sais pas comment je fais, mais je réussis à ne pas sursauter. Et pourtant, ce n’est pas l’envie qui m’en manque. Le plus calmement possible, je tourne la tête d’un côté. Rien. Alors je la tourne de l’autre. Et là, marchant à mes côtés, se trouve la même femme sulfureuse, toujours vêtue de cette magnifique robe qui met en valeur ses hanches pulpeuses. Je jette un coup d’œil à Léna et Amélie devant moi, juste histoire de vérifier qu’elles ne me regardent pas d’un œil halluciné et je repose mon regard sur l’inconnue.

 

*Mais c’est qui cette fille à la fin... !?*

 

Mes pensées tournent et tournent encore, si bien que je suis prise de vertiges. Rien de bien violent, mais suffisamment pour que je m’embronche dans mes propres pieds.

 

- Marie ? Qu’est-ce qu’il t’arrive ?

 

Léna s’arrête et vient vers moi. Je vois dans ses yeux qu’elle est inquiète, mais je ne peux décemment pas lui dire que je me sens mal parce que j’entends des voix et vois des personnes qui, apparemment, ne sont pas là. Oui, il semblerait qu’il n’y ait que moi qui puisse voir cette femme. Pourquoi ? Comment je le sais ? Tout simplement parce qu’elle n’attire absolument pas les regards. Et pourtant, il y aurait de quoi. Ne serait-ce qu’à cause de son déhanché. Il est en faire tomber amoureux le plus fidèle des époux.

Un petit sourire sur le visage, je réponds à ma copine.

 

- Ne t’en fais pas. Ce n’est rien, sûrement un coup de chaud. J’ai de l’eau dans mon sac.

 

Aussitôt, je sors la petite bouteille que j’avais prévue et bois une gorgée.

 

- Ca va déjà mieux.

 

J’embrasse brièvement ses lèvres et elle passe sa main sur ma joue. Je savoure ce contact comme jamais je ne l’ai savouré jusqu’à présent. Sa main est fraîche, c’est agréable, ça me rassure. En fond, je vois qu’Amélie nous regarde, un air inquiet dans les yeux. Pourquoi je n’arrive pas à supporter cette fille ? Elle a l’air tellement gentil !

 

°Parce qu’elle va te la prendre.°

 

- Ce... C’est bon Léna. Tu peux repasser devant. Je vous suis.

 

Cette fois, c’est un sourire forcé qui étire mes lèvres. Je prie tous les Dieux du ciel pour qu’elle ne le remarque pas et ça semble fonctionner puisqu’elle repasse devant. Sa main reste jusqu’au bout dans la mienne mais elle finit par la lâcher. On ne peut pas marcher correctement sinon.

Une fois son dos de nouveau face à moi, je me retourne vivement vers Elle. Je décide de l’appeler l’Inconnue, puisqu’elle ne semble pas vouloir me donner son nom.

 

°Ce n’est pas que je ne veux pas te le donner, c’est que j’aime jouer et je voudrai que tu le devines.°

 

*Tu lis dans ma tête en plus ?!*

 

°C’est plus subtil que ça.°

 

Son rire résonne en moi : c’est terriblement angoissant. Je ne comprends pas ce qui m’arrive, je déteste ça. Pourquoi est-ce que cette femme me parle-t-elle ? Pourquoi suis-je la seule à la voir ? Pourquoi lit-elle en moi ? Pourquoi je l’entends dans ma tête ? Je ne suis pas folle, alors pourquoi tout ça m’arrive ?

Comme pour me débarrasser de l’Inconnue, je presse le pas, glisse ma main dans celle de Léna et me place à ses côtés. Je lutte pour ne pas me coller à elle, que sa simple présence puisse me rassurer. Je ne voudrais pas qu’elle soit gênée ou qu’elle s’inquiète encore plus. Pour couper court à d’hypothétiques questions, je prends directement la parole.

 

- Vous voyez des choses qui vous plaisent ?

 

Mon ton me parait faux, mais il ne doit pas l’être tant que ça puisque les filles me répondent sans détour.

 

- Oui, toute à l’heure, j’ai vu un petit stand avec de jolis bols. Me répond Amélie. Il faudra qu’on y retourne pour que je m’en achète un ou deux.

- T’es sûre de réussir à le retrouver ton stand ? Rit Léna.

- On peut y aller de suite et continuer après si tu veux.

 

Après que la poupée se soit exclamée que ce n’était pas très gentil de se moquer de sa mémoire, on fait demi-tour pour retrouver ses bols.

 

- Ca va mieux Petite Marie ?

 

Evidemment, je ne pouvais pas y échapper. Un petit rire me secoue quand je me rends une fois de plus compte de cette qualité chez Léna. Elle ne parle pas beaucoup, mais ce n’est pas pour autant qu’elle ne voit rien.

 

- Oui, oui, ne t’en fais pas. J’ai juste eu la tête qui tourne, mais ça doit être la chaleur.

 

Je serre sa main dans la mienne pour la rassurer et elle en fait de même. Elle va jusqu’à déposer un baiser sur mes lèvres.

 

°Tu la préfères comme ça hein... ! Je t’entends ronronner d’ici.°

 

Mes yeux se ferment fort, aussi fort que possible. Je ne veux plus l’entendre. En plus de l’étrangeté de la situation, cette femme me dit des choses horribles. Je ne préfère pas Léna comme ci ou comme ça... Je l’aime tout le temps, quoiqu’il arrive, quoiqu’il se passe.

Au fur et à mesure que la culpabilité monte en moi, son baiser devient mien. Je pose ma main libre sur sa joue et la glisse sur sa nuque. Je ne veux pas aller trop loin, juste la sentir un petit peu plus qu’un simple lèvres contre lèvres. Là, tout de suite, j’ai besoin de l’avoir contre moi. Heureusement, elle ne semble pas contre et partage ce baiser que je lui donne. Mon cœur s’apaise un peu, alors je me détache d’elle, dépose un dernier bisou sur son nez et la serre dans mes bras.

 

- T’es câline aujourd’hui. Me dit-elle en riant.

 

Je ne fais qu’hocher la tête pour affirmer, n’étant pas sûre de la stabilité de ma voix. Quand on finit par se détacher et qu’Amélie nous demande notre avis sur deux bols, je me rends compte du ridicule de ma réaction. De mes réactions en général d’ailleurs. Jamais je n’aurai pu penser que j’étais du genre à agir ainsi.

 

Plus tard, alors qu’on quitte le marché, je me sens un peu mieux. L’étau qui écrasait mon cœur s’est desserré et je respire à peu près bien. Léna ne m’a toujours pas lâchée, je pense que ça joue pour beaucoup. J’essaie de parler un peu plus avec Amélie, de lui demander des trucs sur elle, pour apprendre à la connaitre. Pourtant, je garde cette sensation au fond de moi. J’ai comme l’impression qu’elle ne me quittera jamais. C’est angoissant. Je veux revenir à quand tout allait bien, quand je n’avais pas mal comme ça, sans aucune raison apparente.

 

Il n’est que seize heures quand on arrive à la voiture alors je propose qu’on aille manger une glace dans notre ville. Vu la chaleur, Amélie et Léna approuvent vivement et nous voilà en route. Sur le chemin, les filles discutent de ce qu’elles ont vu comme bizarreries et je voudrais bien participer, mais à cause de toutes mes folies, je n’ai pas pu profiter de ce qu’il y avait à vendre. Je n’ai même rien acheté. Pour autant, je garde le sourire et j’approuve quand elles me demandent mon avis.

 

- Oh, et tu as vu ce lustre à un moment ? Avec ces drôles d’éléphants accrochés un peu partout ?

 

C’est Amélie qui me pose la question, elle en rit tellement que j’ai du mal à comprendre la fin de sa phrase. Toutes ces choses que je ressens ne m’empêche pas d’être touchée par sa bonne humeur alors je souris et lui réponds volontiers.

 

- C’est vrai que parfois, tu te demandes où les gens vont chercher leurs trucs ! C’est à croire qu’ils les fabriquent eux-mêmes...

 

On rit toutes les trois de ce fameux lustre. Il me semble bien l’avoir vu, à un moment donné, entre deux crises de folies et c’est vrai qu’il était bizarre. C’était comme si on avait demandé à un enfant de cinq ans de customiser un objet du quotidien selon ses envies. C’était pour le moins absurde.

 

Peu de temps après, on arrive en ville, mais il y a tellement de monde que pour trouver un parking qui ne soit pas complet, on met encore dix minutes avant de poser pied à terre. Je prends mon sac, mes clés et une fois tout le monde dehors, je ferme la voiture. Sans se presser, on se dirige vers le seul glacier du coin à proposer des granitas. En plus de raffoler des sorbets à la pomme, je suis une grande amatrice de cette glace pillée aromatisée. Quand on arrive devant la boutique, je commence à baver sur les différents parfums exposés. C’est Amélie qui me sort de ma contemplation en me tapotant sur l’épaule.

 

- Toi aussi tu aimes les granitas ?

- Oh que oui ! J’adore ça ! Tu peux demander à Léna, je l’embête toujours pour qu’on en prenne quand on sort en ville...

 

Je toussote, un sourire au coin des lèvres.

 

- Mon Dieu oui, si tu savais ce qu’elle est pénible avec ça... « Léna, on peut aller là, ils en font des bons ! J’en ai pris un l’autre jour, au citron, c’était juste extra ! ».

 

J’ai tendu le bâton pour me faire battre, mais je n’assume pas trop, alors en riant, je ne peux m’empêcher de répondre.

 

- Mais euh ! Ne te moque pas de moi !

 

Gentiment, je la bouscule et avant que l’on puisse se chamailler plus longtemps, le vendeur nous demande ce qu’on veut. J’opte pour un granita au citron, Amélie pour un à la passion et Léna prend un sorbet à la pomme. Mes yeux s’illuminent et je la regarde, la bouche en cœur.

 

- Han tu prends un comme j’aime !

- Bah tu m’as pas laissée goûter l’autre jour, je suis bien obligée ! Tu as tout mangé sans même daigner me laisser une toute petite mini cuillère... !

- Mais, mais, mais...

 

Je force mes yeux à se faire larmoyants et même Amélie éclate de rire.

 

- C’est parce qu’elle a trop aimé pour t’en laisser. Que veux-tu, tu ne fais pas le poids face à une glace... !

- C’est la triste réalité de mon quotidien.

- Arrêtez, vous me faites passer pour la grosse de service... !

 

J’ai mal aux joues à force de rire. C’est exactement à ça que je veux que mes sorties ressemblent. Je ne veux plus de l’Inconnue dans ma tête. Mais je n’ai pas plus le temps de repenser à cette brune que le monsieur nous tend notre commande. Chacune de nous paye sa part, même si j’aurais bien aimé payer celle de Léna et qu’elle aurait bien aimé payer la mienne. D’ailleurs, Amélie a répondu que c’était injuste, personne ne voulait payer la sienne. C’était drôle, alors j’en ai ri.

 

La chaleur n’y étant pas pour rien, notre balade est pour le moins tranquille. C’est limite si les gens ne nous doublent pas en soupirant parce qu’on bloque le passage. J’ai presqu’envie de leur dire qu’il ne faut pas se presser dans la vie, qu’on a toujours le temps, mais Léna aurait aussitôt saisi l’occasion de m’embêter. Généralement, c’est moi qui m’agace de voir à quel point certaines personnes peuvent être lentes. En voiture, c’est une catastrophe. Elle est parfois obligée de poser une main sur mon épaule ou sur ma cuisse pour me calmer. Je n’irai pas jusqu’à descendre pour cogner sur le bonhomme, mais le volume et la grossièreté de mes paroles montent facilement.

Petit à petit, la conversation revient sur la soirée du jeudi, la fameuse soirée à laquelle Léna est allée sans m’en parler. Je ne demande pas spécialement à ce qu’elle me tienne au courant de tout ce qu’elle fait, mais c’est étrange. Ca me serre le cœur de savoir qu’elle est allée s’amuser avec des amis à elle sans me le dire. Je ne saurais pas expliquer ce que je ressens exactement, mais en tout cas, comme le sujet est de nouveau sur la table, ce voile de mauvaise humeur se repose progressivement sur moi.

 

- Tu te souviens quand Léo t’as tendu un verre en te disant qu’il te l’offrait et que tu as refusé en lui répondant que tu n’accepterais jamais quoique ce soit de consommable de sa part ? Demande Amélie, en riant.

- Mais ce mec est super louche ! J’suis sûre qu’il avait mis des trucs dans ce verre. Il ne m’adresse jamais la parole et là, bizarrement, il m’offre un coup à boire ? Maiiis bien sûr ! Il a cru que j’étais née hier ou quoi ? Répond Léna.

- Je suis sûre que tu te fais des idées... ! Peut-être qu’il est raide dingue amoureux de toi et qu’il a saisi cette occasion, trouvant son courage dans l’alcool, pour t’offrir ce verre de l’amour ?

- Tu délires ma pauvre amie, tu délires...

 

Pendant que les deux filles rigolent de cette histoire, je me retrouve en la merveilleuse compagnie de l’étau. Oui, il est revenu m’écraser le cœur. Un mec -pas fréquentable- est venu draguer ma copine, pendant une fête à laquelle j’ignorais qu’elle allait et lui a proposé un verre sûrement drogué ? C’est absolument fantastique. Et si elle n’avait pas fait attention et qu’elle l’avait bu ce verre ? Qu’est-ce qu’il serait arrivé ? Oh moi je le sais. J’aurais traqué le type et je l’aurais passé à tabac. On ne fait pas du mal à la personne que j’aime le plus au monde sans en assumer les conséquences.

Alors qu’une colère sourde monte en moi, je serre les dents et les poings pour ne pas la laisser éclater. Des larmes me montent aux yeux, mais elles n’ont rien à voir avec de la tristesse. Malgré moi, ma respiration s’accélère et malheureusement, j’attire l’attention de Léna. Revoilà l’inquiétude dans ses yeux. Je m’en veux de pourrir l’ambiance avec mes états d’âme... Je m’en veux tellement que je pourrais faire une bêtise, comme disparaitre pour cesser de lui faire du mal avec ma connerie.

 

- Hey, Marie... Qu’est-ce qu’il t’arrive ?

 

Ma respiration est saccadée par les sanglots et la colère que je retiens. J’arrive à peine à lui répondre.

 

- Il t’a proposé un verre drogué...

- Mais non ma Puce... C’était une blague... ! Ne t’en fais pas comme ça. Et puis je ne l’ai pas bu ce verre, regarde ! Je suis là, entière et avec tous mes souvenirs !

- Oui, mais il aurait pu être vraiment mauvais... Tu l’as dit toi-même, ce mec est pas fréquentable. Imagine si t’avais pas pensé à refuser ou alors, s’il s’était mis à te taper dessus, vexé que t’acceptes pas son truc ? Les gens bourrés sont cons...

 

Je sens les bras réconfortants de Léna enlacer mon corps tendu et, par-dessus son épaule, j’aperçois le regard inquiet d’Amélie. Elle a l’air de regretter d’avoir raconté cette histoire et moi, je m’en veux d’autant plus. Je ne suis pas fichue capable de me mettre de côté deux secondes pour ne pas pourrir l’ambiance. Je me sens misérable, lamentable et tout un tas d’autres adjectifs tout aussi glorieux.

 

°Lui non plus tu ne l’aimes pas.°

 

Mes pleurs redoublent à l’entente de cette phrase. Mes poings ne se serrent plus sur eux-mêmes, mais sur le haut de Léna. Je suis complètement dépassée par ces sentiments violents. J’ai l’impression de n’être plus qu’un cœur qu’on comprime encore et encore. J’entends vaguement Léna demander à Amélie si elle ça la dérange de rentrer toute seule et celle-ci répondre qu’il n’y a aucun problème, qu’elle comprend que Léna puisse avoir autre chose à faire que de la raccompagner.

Le plus doucement possible, Léna nous guide à l’écart des passants qui ont commencé à s’arrêter autour de nous pour savoir ce qu’il se passe. Plus il y a de chuchotements, plus je me sens mal. J’attire l’attention alors que j’aurais voulu exactement le contraire.

 

- Calme-toi Petite Marie. Respire doucement. Regarde, comme moi...

 

Aussitôt, elle prend de grandes inspirations et expire longuement l’air qu’elle a dans les poumons. Autant que faire se peut, j’essaie de la suivre et je calque ma respiration sur la sienne. Ce n’est pas facile parce que mes pleurs se sont transformés en sanglots et que je tremble de partout, mais j’essaie. Parce que je lui dois bien ça.

Deux ou trois minutes s’écoulent avant que je ne me calme un peu. Il m’a paru que c’était des heures tant je suis vidée. Léna me prend la main, la porte à ses lèvres et me demande si ça va mieux.

 

- Un peu... Je suis désolée...

 

Ma voix se brise à nouveau alors elle me reprend dans ses bras et me serre à m’en étouffer.

 

- Tu n’as pas à t’excuser... Explique-moi ce qu’il s’est passé.

- Je... J’ai eu peur. S’il t’était arrivé quelque chose ? S’il avait réussi à te faire boire cette merde et qu’il t’avait touchée... ?

- Il ne s’est rien passé Marie, alors ne t’inquiète plus. Je suis grande tu sais, je sais me défendre toute seule.

 

Je sais qu’elle dit cette phrase pour me réconforter, mais quelque part, ça me blesse un peu. Je me rends compte qu’effectivement, elle est grande et qu’elle n’a pas autant besoin de moi que ça. Mais je hoche la tête parce que lui dire ce genre de trucs, ce serait le summum. Même moi j’ai conscience du niveau de bêtise de cette façon de penser. Mais c’est plus fort que moi, je ne maitrise plus rien. Je suis l’esclave de ces sentiments qui m’envahissent.

 

Plusieurs minutes plus tard, mes pleurs se calment enfin. J’ai les joues rougies de larmes et les yeux gonflés comme jamais. J’en ris, un peu blasée par la situation.

 

- Alors ça, ça m’était encore jamais arrivé... C’est une grande première !

 

Elle rit aussi, même si je vois encore qu’elle est inquiète.

 

- Tu as eu peur, c’est normal. Est-ce que tu veux que je conduise pour te ramener ?

- Non... Non, ça ira. Je ne veux pas t’embêter plus que ça. Ça va aller. Regarde, hop ! Plus rien !

 

D’un geste que je veux comique, j’essuie le reste de larmes qu’il y a sur mes joues et me frotte vite fait les yeux.

 

- Bien sûr, et tes yeux gonflés, pouf y’a plus non plus ? Aller, laisse-moi te raccompagner. Ça ne me fera pas de mal de marcher un peu pour rentrer.

- Je suppose que quoi que je dise, tu ne flancheras pas ?

- Non ! Tout juste ! Et je vais même faire ça !

 

Sans que je n’aie le temps de voir quoique ce soit venir, je la vois fouiller dans mon sac et en sortir mes clés de voiture. Aussitôt, je crie « Au vol ! » et lui cours après alors qu’elle se dirige vers la voiture. En deux secondes, elle a déverrouillé les portières, ouvert le côté conducteur, posé ses fesses sur le siège et bouclé sa ceinture. Perplexe, je reste plantée devant sa portière avant d’éclater de rire et d’abdiquer. Je m’en vais m’asseoir du côté passager et elle démarre. Le voyage se fait tranquillement. Ni elle ni moi ne parlons. Je suis trop fatiguée pour le faire et elle semble me laisser me reposer.

La tête contre la vitre, je sens mes yeux qui se ferment quand elle me secoue doucement le bras.

 

- On est arrivé ma Puce. Tu veux que je reste dormir ce soir ?

- Non Léna... Je ne veux pas abuser de ton temps. Il faut que tu rentres chez toi et que tu te reposes. Ne t'en fais pas. Je te contacte si ça ne va pas.

- Promis ?

- Oui, promis. Juré, craché même, si tu veux !

 

Elle rit mais son air sérieux revient vite et je fronce les sourcils en me demandant pourquoi. Inévitablement, je stresse, mais je me calme quand je vois qu’elle caresse le plus tendrement possible ma joue et qu’elle s’approche pour m’embrasser. Je pose alors ma main sur la sienne et je savoure son baiser. Il est si doux que je pourrai me remettre à pleurer. Au bout de quelques secondes, on se sépare mais c’est pour mieux s’enlacer après être sorties de la voiture. Alors que mes bras enlacent sa taille, les siens serrent mes épaules. Elle caresse mes cheveux et me murmure à l’oreille qu’elle m’aime. Je ne peux m’empêcher d’être émue à nouveau et je lui réponds que moi aussi, en m’agrippant à ses épaules aussi fort que je le peux.

 

- Aller, à demain alors, Petite Marie.

- A demain !

 

Elle tourne les talons et le sourire niais qui ornait mes lèvres se transforme en moue triste. J’aurais dû lui dire de rester mais je me sens déjà suffisamment coupable d’avoir abuser de sa patience pour lui demander ce genre de choses. Rapidement avant qu’elle ne se retourne et qu’elle me voit encore au bord des larmes, je récupère mes affaires dans la voiture, la ferme et entre dans mon immeuble. J’essaie d’essuyer les quelques larmes qui recommencent à couler mais elles ne veulent pas s’arrêter. Ce n’est qu’en fermant la porte de mon appartement derrière moi que je m’autorise à pleurer à nouveau. Je m’appuie contre l’entrée et m’oblige à respirer profondément, comme Léna m’a dit de faire toute à l’heure. Une minute passe, puis deux et je finis par me bouger. D’un seul mouvement, je quitte mes affaires, me dirige vers la salle de bain, enlève mes vêtements et me jette sous le jet d’eau chaude. Je me savonne rapidement, me rince, sors et me sèche. Mon pyjama n’est pas loin et je l’accueille sur ma peau avec plaisir. Je me sens déjà un peu mieux alors je vais pour manger quelque chose. J’ouvre le réfrigérateur mais rien ne me fait envie. Tant pis, ce soir, je ne mangerai pas. Ce n’est pas grave si je saute un repas de temps en temps.

Comme il est encore tôt, je me pose devant la télévision et zappe d’une chaine à l’autre avant de tomber sur une émission quelconque. Je crois que ça parle d’éléphants. Ça me fait penser à ce lustre qu’on a vu cette après-midi.

 

Une heure plus tard, je me lève et vais me coucher. Moi qui pensais trouver le sommeil rapidement, je me suis trompée.

 

°Tu ne les aimes pas. Léo et Amélie. Ils vont te la prendre.°

 

- C’est faux. Léna m’aime. Elle me l’a dit.

 

° Oui, mais ils sont mieux que toi. Léo est un garçon et Amélie est vraiment jolie.°

 

- Oui mais... Elle me l’a dit.

 

°Et alors ? Elle les trouve mieux. Ça ne veut pas dire qu’elle ne t’aime pas. Elle t’aime juste moins qu’eux.°

 

- C’est faux...

 

°Alors pourquoi tu réagis aussi fort ? Tu sais que non. Tu sais que j’ai raison.°

 

- Non... C’est faux... ! Tu as tort ! Je réagis comme ça parce que ça fait partie de moi... Je suis entière... C’est Léna qui me l’a dit un jour...

 

°Si, tu vas la perdre. Et ça ne te plait pas. Tu l’es devenue.

 

- C’est faux, faux... Faux !!

 

°J’ai raison. Tu es jalouse.°

 

- Non ! Je ne suis pas jalouse !!!

 

Mon cri résonne dans la chambre. J’ai dû réveiller les voisins, mais ça m’est égal. Des sanglots me secouent le corps entier et ce n’est que plusieurs minutes plus tard, complètement à bout de force, que je trouve le sommeil.

 

A suivre...

 
 
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