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au 31 Mai 21 :
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Plaidoirie d'une Jalouse
Par Kause
Originales  -  Romance  -  fr
4 chapitres - Complète - Rating : T (13ans et plus) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 4     Les chapitres     4 Reviews    
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Elle est là, n'est-ce pas ?

Bonjour à toutes et à tous !

 

Voilà le dernier chapitre de cette fiction. Je ne laisse pas de note parce qu'il y en a une grande à la fin !

 

Je vous souhaite une bonne lecture !

 

_________________________________

 

[...] la panique s’empare de moi quand j’entends ces quelques mots.

 

- Il faut qu’on parle, Marie.

 

C’est la bouche sèche et la gorge on ne peut plus serrée que je suis Léna jusqu’à la salle du film, puis jusqu’à nos place. Elle m’a dit qu’on en discuterait après la séance parce que ce n’est pas correct de planter Amélie en plein milieu de la sortie. Sa main serre la mienne et ce doit être bon signe, mais mon cerveau a abandonné le navire. Pour moi, je n’ai que cette phrase qui se répète inlassablement dans ma tête.

 

°C’est le genre de phrase qui n’augure rien de bon, tu le sais ?°

 

Silencieusement, je hoche la tête. Oui, je le sais. Dans les films ou même dans les histoires des autres, un « Il faut qu’on parle », c’est mauvais, très mauvais. Je sens la rupture arriver. Rien qu’à cette pensée, mes mains tremblent et les doigts de Léna se resserrent un peu plus. J’en fais abstraction. Je ne veux pas souffrir, même si je souffre déjà plus que ce que je pensais possible. Mon cœur n’a jamais été aussi compressé, je crois que la main qui vient de s’enfouir dans ma poitrine n’est pas prête d’en sortir. Je dois d’ailleurs me contrôler pour ne pas me mettre à haleter ou carrément à hyper-ventiler.

 

La fin du film, je ne la vois pas. J’ai l’impression de m’être créer une bulle dans laquelle j’évolue, loin de tout et surtout loin de ce qui m’attend. Tout est silencieux autour de moi, comme vide. Je ne suis plus vraiment là, si bien qu’il faut que Léna me demande, quand elle voit que je ne bouge pas devant la portière, si je me sens de conduire pour nous ramener chez moi ou si elle doit prendre le volant. Toujours sans décrocher un mot -à coup sûr que je me remettrais à hurler ou pleurer, ou les deux-, j’acquiesce mais elle ne prend finalement pas mon avis en compte et me guide jusqu’au siège passager. Je m’y attache, plus par habitude qu’en y pensant vraiment, et nous voilà en route pour mon appartement.

Plus les minutes qui nous séparent de cette discussion s’effilent, plus je sens l’angoisse monter. La bulle se fissure jusqu’à voler en éclat quand je dois sortir les clés de l’immeuble. Tout à coup, une dizaine de bruits parviennent à mes oreilles et je dois lutter pour ne pas laisser sortir mon angoisse. J’ai l’impression de passer mon temps à lutter, contre moi, mes sentiments, mes envies, mes pensées. C’est tellement épuisant que je donnerai beaucoup pour que tout s’arrête, que je puisse juste me reposer et vivre mon couple -qui ne sera bientôt plus d’ailleurs- normalement.

 

Finalement, après plusieurs secondes à essayer de viser la serrure, le battant s’ouvre et on monte jusqu’à chez moi. Là aussi, je mets un certain temps à déverrouiller la porte. Je fais les premiers pas dans l’appartement et alors que je pose toutes mes affaires sur la table du petit salon, j’entends Léna qui ferme derrière elle. Je ne peux m’empêcher de déglutir comme si j’étais en danger et une part de moi s’énerve de ça. Je me trouve plutôt lamentable -pour ne pas changer- de réagir ainsi. Au pire, ce n’est qu’une rupture, je survivrai... Ou peut-être pas. Surement qu’au final, si, dans quelques mois ou quelques années, mais à quel prix ? Je l’aime tellement que je ne saurais trouver les mots exacts pour définir mes sentiments.

C’est une main sur mon épaule, dans mon dos, et une petite phrase qui me sort de mes pensées.

 

- Qu’est-ce qu’il se passe Marie ?

 

Le « petite » a disparu. Ça m’angoisse. Même si son ton est doux. Je hausse les épaules et lui réponds.

 

- Rien...

 

Je ne peux guère dire plus, étant donné qu’à peine cette syllabe prononcée, ma voix se casse. J’essaye de reprendre le pas sur mes émotions, j’avale ma salive pour desserrer ma gorge, j’inspire profondément pour me calmer. Mais Léna tire doucement sur mon bras pour me retourner et quand mes yeux rencontrent les siens, ma poitrine se vide de tout son air et les larmes retournent à l’assaut de mes joues.

 

- J’en sais rien Léna, j’en sais rien... !

 

°Si tu sais. Dis le lui. Perdu pour perdu, autant vider ton sac.°

 

Elle a raison, mais je ne peux pas m’y résoudre. Je ne peux décidemment pas lui expliquer tout ça, je ne peux pas provoquer cette rupture. J’aurais l’impression d’avoir rompu alors que je ne le veux pas. Ça doit être une des choses que je veux à tout prix éviter : cette séparation. Alors je me tais et je serre les dents pour m’empêcher de parler. Parce que oui, je la sens cette vérité qui pousse pour sortir. Sauf que je refuse. Je pars donc faire le tour de la pièce pour tenter à nouveau de me calmer et surtout pour ne plus voir les yeux inquisiteurs de Léna. Tout en elle me crie de lui expliquer, qu’elle ne comprend pas et que la lumière ne peut pas se faire dans ses pensées sans les informations que je détiens.

 

- Je sais pas... Je te promets que j’en sais rien.

- Tu mens... Tu ne peux pas ne pas savoir alors que tu es dans cet état... ! Regarde-toi, tu trembles des pieds à la tête !

 

Et voilà qu’elle aussi panique. Effectivement, mes mains, ainsi que mon corps tout entier tremblaient, mais ce n’est plus comparable maintenant que je vois dans quel état je mets la fille que j’aime. Je crois que je vais m’effondrer.

 

- Je suis désolée Léna... Je suis tellement... Je ne s... Je peux pas te dire... Je peux pas...

 

°Oh ! Je viens d’avoir une idée ! Imagine que tu le lui dis et qu’elle décide de laisser tomber Amélie ou toutes ces autres personnes que t’aimes pas ?!°

 

Cette fois, mes mains viennent se plaquer sur mes tempes. Cette garce ne m’aide pas à réfléchir ni même à ne serait-ce que me calmer. J’en ai tellement, tellement marre. Mes pas résonnent dans l’air, je martèle le sol de mes pieds nus et puis bientôt, plus rien. Les doigts de Léna attrapent mes poignets, tirent dessus pour les enlever de sur ma tête et ses yeux se plongent dans les miens. Ma respiration se coupe. Une de ses mains vient se poser sur ma joue, caresse doucement, presque tendrement, ma peau et mes larmes coulent sans discontinuer.

 

- Explique-moi. Tu peux tout me dire Marie, on s’est toujours tout dit. Tu le sais hein ? Que jamais je ne te jugerai sur quoique ce soit ?

- Mais tu vas me détester...

 

Mes pleurs redoublent, même si ses mots me mettent un peu de baume au cœur. J’ai tellement peur de la perdre que je n’arrive plus à être logique. C’est comme si mon bon sens avait laissé tomber, m’avait laissée tomber.

 

- Mais non Petite Marie ! Jamais je ne te détesterais ! Il faudrait que tu fasses quelque chose de vraiment grave pour que j’en arrive là et encore, certainement que je chercherais à comprendre avant de prendre ma décision. Confie-toi à moi Marie, je souffre de te voir comme ça...

 

L’espoir s’insinue en moi. Peut-être avais-je tort ? Peut-être ne va-t-elle pas me laisser parce que je suis jalouse et possessive ? J’hésite quelques secondes. Je baisse les yeux et triture mon haut avec ma main de libre puis je me lance.

 

- Je... Tu sais quand, par exemple, Amélie et toi, vous rigolez beaucoup, ou vous racontez des trucs que vous faites à des soirées, tout ça ?

 

Doucement, elle hoche la tête alors je continue, tout en prenant soin de bien choisir mes mots.

 

- Je suis contente pour vous tu sais, vous vous amusez c’est vraiment super. Mais... Ça me fait mal... ? En quelque sorte. Je sais que c’est moi qui suis fatiguée et qui ne vous accompagne pas, pour reprendre l’exemple des soirées, mais tu sais, je suis sûre que tu ne supporterais pas de m’avoir avec toi dans ces moments-là...

- Pourquoi ?

 

Son ton est calme, posé, elle cherche à en savoir plus pour comprendre.

 

- Parce que je passerai mon temps dans mon coin à ruminer contre tout le monde... !

- Pourquoi ?

 

°Dis-lui directement que tu es jalouse !°

 

- Parce qu’il y a cette petite voix en moi, qui me dit des choses horribles, des choses que je ne veux pas entendre mais qui sont là quand même. Des choses qui me font peur...

 

Mes larmes ne coulent presque plus et il ne reste sur mes joues que les anciennes. La main que Léna avait mise sur ma joue ne bouge pas mais son pouce caresse ma peau. Je sais que je peux continuer à lui parler et pourtant, c’est difficile. J’approche de la vérité et j’ai tellement peur de la dégouter que ça me paralyse.

 

- Je sais qu’elle a faux, mais tu me connais, j’arrive pas à ne pas croire les mauvaises choses qu’on me dit. Et même si je lutte pour qu’elle se taise, quand je rentre chez moi, ou qu’il se fait tard, avec la fatigue, mes défenses tombent et elle en profite pour revenir à l’assaut. Alors je me dis qu’elle a raison, que je suis une mauvaise personne, égoïste et méchante... Qui ne te mérite pas...

 

Je vois dans ses yeux que la lumière se fait et je ne peux m’empêcher de fermer les miens, encore et toujours de peur.

 

- Qu’est-ce qu’elle te dit cette voix ? Me demande-t-elle.

 

Je nie de la tête, lui faisant comprendre que je ne veux pas le lui dire. J’espère qu’elle comprend que c’est uniquement parce que j’en ai honte et non pas parce que j’ai décidé de faire ma tête de mule. Alors elle récupère la main qu’elle avait posée sur mon visage, glisse l’autre de mon poignet à ma paume et me tire. Elle me guide jusqu’au canapé sur lequel elle s’assoit et m’invite à faire de même. Pour qu’on puisse être l’une en face de l’autre, on s’est installée avec une jambe dehors et l’autre repliée en tailleur. Sa main n’a toujours pas lâché la mienne et l’autre vient récupère ma seconde. Ses doigts s’entrelacent aux miens et j’en frissonne, parce que par ce geste, elle me fait comprendre que je peux continuer, que je peux lui dire ce que l’autre me souffle à l’oreille. Alors j’inspire et je me jette à l’eau.

 

- Une fois, elle m’a dit qu’Amélie allait te prendre à moi... Ou cette fois où vous avez rigolé parce que Léo t’avait invitée, bah elle m’a dit que lui aussi allait te prendre à moi. Que j’allais te perdre parce que tu les aimerais plus que moi, qu’ils seraient mieux que moi et que tu allais tomber amoureuse d’eux...

 

Les mots sont tous sortis d’un coup, sans même que j’y réfléchisse et j’en rougis de honte. Mes mains deviennent moites et mes yeux se baissent. Je voudrais pouvoir me cacher dans un tout petit trou et y rester pour toujours pour qu’on m’oublie. Je ne vois d’ailleurs pas le petit sourire attendrit qui étire les lèvres de Léna. Par contre, je sens sa main quitter la mienne, attraper mon menton et le soulever. Et puis je sens aussi le baiser qu’elle me donne, les frissons que ça me provoque et les larmes qui remontent mouiller mes cils. Je n’ai envie que de la remercier d’être aussi gentille, d’être celle qu’elle est. Mais comme ma gorge est bien trop serrée pour qu’un mot puisse en sortir, je la serre dans mes bras et répond à son baiser. À un moment donné, je me détache un peu d’elle pour mieux m’en rapproche et nicher mon visage dans son cou. Je sens son rire plus que je l’entends.

 

- Ce n’est pas grave tout ça Petite Marie ! Mais il ne faut pas le garder pour toi... !

 

Ses mains font de petits cercles dans mon dos tandis que je lui réponds, toujours cachée et blottie contre elle.

 

- Vouloir enfermer la personne qu’on aime pour la garder près de soi, c’est pas « pas grave » je trouve...

- Je dis pas que c’est très sain... ! Mais ce n’est pas catastrophique. Tu aurais dû m’en parler avant. Tu t’es montée la tête toute seule alors que j’aurais pu te rassurer avant qu’on en arrive à des extrémités pareilles.

 

Si le début de sa réponse était plein de rire, la fin est bien plus sérieuse. Elle a sûrement raison, mais je suis certaine que si c’était à refaire, j’agirai de la même manière. Je me dis que si là, elle réagit bien, peut-être qu’un autre jour où elle aura moins de patience, où elle sera un peu plus fatiguée, elle ne sera pas aussi clémente, et je la comprendrai. Moi-même j’aurais envie de me foutre dehors.

 

- Tu me promets de m’en parler si elle revient te parler cette voix ?

 

Je hoche la tête, mais je ne suis pas sûre d’arriver à m’y tenir. Elle s’en rend d’ailleurs compte alors elle me pousse par les épaules et me fait lever les yeux vers elle.

 

- Tu le promets ?

- ... D’accord...

 

Je tente un petit sourire que je veux rassurant, mais les larmes qui commencent à sécher sur mes joues et mes yeux rouges ne vont pas pour aider. Cependant, elle a l’air d’y croire, puisqu’elle dépose un dernier baiser sur mes lèvres avant de me demander si je veux boire quelque chose.

 

- Avec tout ce que tu as pleuré, tu dois avoir soif !

- Ben vas-y, propose-moi à boire chez moi !

 

Nous rions ensemble, même si pour ma part, mon rire est fatigué. Pleurer ne donne pas forcément soif, comme semble le sous-entendre Léna, mais ça fatigue énormément. Alors je la laisse me servir, s’occuper de moi. Exceptionnellement, l’Autre ne la ramène pas et pourtant, je sais ce qu’elle m’aurait dit « Voilà, tu es contente, elle s’occupe parfaitement de toi maintenant ! ». Au silence qui m’entoure, je ne peux m’empêcher de sourire.

 

- Qu’est-ce qui te fait sourire Petite Marie ?

 

Un bâillement m’échappe avant que je puisse lui répondre.

 

- Je me dis juste que je suis heureuse que tu sois là... Même si ça m’agace que tu m’aies forcée à parler !

 

Une information sérieuse, une qui l’est un peu moins. C’est ma technique pour ne pas plomber l’ambiance. Maintenant qu’elle est redevenue à peu près bonne, je ne voudrais pas tout casser. Je vois que ça a marché parce qu’en revenant avec deux verres d’eau, Léna me sourit tendrement.

 

- Tu veux que je reste dormir cette nuit ?

- Comme tu veux Léna. Moi, ça ne me dérange pas, mais tu n’es pas obligée.

 

Ses sourcils se froncent quand elle se rassoit et son air se fait sévère.

 

- Tu veux que je reste dormir ce soir ?

- ... Je... Oui... J’aimerai bien...

 

Je n’aime pas me sentir timide comme ça, mais elle me pousse dans mes retranchements, alors je compose avec ce qu’il me reste de caractère. Il se fait tard. Entre l’après-midi au lac, le film et la discussion forte en émotion, la fatigue me tombe dessus sans que je m’y attende. Ma tête bascule sur le dossier du canapé et je ferme les yeux, alors que les doigts de Léna effleurent ma joue. Doucement, je tourne mon visage vers cette main pour l’embrasser puis attrape son poignet et me blottit tout contre sa paume. La voix déjà lointaine de Léna parvient à mes oreilles. J’entends son sourire dans sa voix.

 

- On va aller se coucher tout de suite hein... Aller, lève-toi !

 

Elle attrape mes deux mains et tire dessus pour me relever. Tant bien que mal, je me redresse et la suit jusqu’à la chambre. Là, je la laisse me déshabiller pour me mettre en pyjama puis je me couche pendant qu’elle se change. Quelques secondes après, je sens son corps se mettre contre le mien alors que je sombre dans un profond sommeil réparateur.

 

Voilà quelques jours maintenant que je n’ai plus eu mal. Pourtant, on a revu Amélie et même Léo, une fois, dans la rue. Peut-être était-ce la main de Léna dans la mienne, nos doigts entrelacés, mais la douleur qui me broyait le cœur n’est pas réapparue. Il y aurait eu de quoi parce que la fois où on a croisé ce gros lourd de Léo, celui-ci a été... Lourd, donc. Il l’a draguée ouvertement, alors même que j’étais là, mais je sentais bien l’exaspération de Léna, dans les réflexions qu’elle lui faisait. J’en avais presque le sourire tant il était aveugle de ne pas comprendre le message qu’elle lui envoyait. On en a même beaucoup rit en repartant. Elle le refaisait exagérément, usant de mots plus colorés les uns que les autres.

Mais comme toutes les bonnes choses, cette période d’accalmie a vite pris fin. Aujourd’hui, tout juste deux semaines après la discussion qu’on avait eue, alors qu’on fait les magasins toutes les deux, le caissier fait du rentre-dedans à Léna. D’abord, je me dis que ce n’est rien, et j’essaie de me remémorer les baisers et les étreintes qu’elle m’a donnés ce soir-là. Puis à force de l’entendre parler et de voir que Léna sourit sans pour autant le repousser, mon visage se ferme.

 

°C’est vrai qu’il est mignon ce jeune homme.°

 

Je ne dis rien, mais n’en pense pas moins. J’essaie d’agir comme si de rien n’était et retourne faire un tour parmi les rayons. Je veux bien dire à Léna quand ça ne va pas, mais je ne vais pas non plus me plaindre à chaque fois que j’ai un pet de travers. Je ne veux pas l’étouffer, même si elle m’a dit que je pouvais me confier à elle. Je préfère gérer un peu et lui parler si y’a vraiment un truc qui risque de me faire exploser, c’est plus raisonnable. Mais c’est sans compter sur l’œil affuté de Léna.

Alors même que je rejoins le premier t-shirt exposé, j’entends des pas derrière moi.

 

- Marie... !

 

Aïe, je vais me faire engueuler. Je me retourne, une moue désolée sur le visage.

 

- Elle est là, n’est-ce pas ? Me demande-t-elle.

- Comment t’as su... ?

- Tu rigoles ou quoi ? Tes épaules sont tellement tendues que tu vas faire craquer ton haut !

 

Je me retiens de rire devant sa comparaison : je ne suis ni aussi large, ni aussi tendue.

 

- Tu exagères, ce n’est pas à ce point.

 

Pour me prouver le contraire, Léna pose ses mains sur mes épaules, appuie dessus et masse mes trapèzes. Je sens alors mes bras descendre de cinq bons centimètres, au fur et à mesure que je me détends. Là, je rougis de honte.

 

- Bon, peut-être un petit peu alors... Mais c’était bon, je pouvais gérer...

- Je me moque de ce que tu peux gérer. Les autres fois, t’as tellement « géré » comme tu dis que t’en as pleuré en plein cinéma. T’en as même fait une crise panique !

- Mais c’est super compliqué de te dire que ça va pas. Tu m’imagines, alors que tu discutes ou que tu fais un truc, me ramener avec la bouche en cœur « Hey Léna, tu peux arrêter ça, j’ai une main dans la poitrine qui m’écrase le cœur. Oh, pardon monsieur/madame, je vous dérange en pleine conversation peut-être ? » ? Moi non. Je vais finir par t’étouffer si j’en viens à te dire chaque fois que je suis mal à l’aise. Et puis ça ferait fuir tes amis et je ne veux pas générer ce genre de trucs.

 

Une seconde, nous nous arrêtons et elle baisse un peu le visage. J’ai gagné sur ce point, mais je déteste ça, je déteste lui faire baisser le regard. Je vais pour m’excuser d’avoir parlé ainsi quand elle reprend la parole.

 

- Tu as raison. Il faut qu’on trouve un truc plus discret.

 

J’ai envie de pleurer, mais de joie maintenant. J’aime tellement qu’elle se donne autant de mal pour moi, pour nous, pour notre couple que j’en suis émue. J’ai envie de la serrer contre moi et de l’embrasser, mais nous sommes toujours en plein milieu des rayons alors je me contente de prendre sa main et de la serrer très fort entre mes doigts, un sourire aux lèvres. Sourire qu’elle me rend.

 

- Que dirais-tu d’un truc que tu ferais et que je pourrais voir ou sentir à chaque fois que tu te sens mal ?

- Tu penses à quoi ?

- He bien tu pourrais... Me prendre le bras ?

- Non, ça fait trop « Touche pas, je mords » pour la personne qu’il y a en face.

- C’est pas faux...

 

Son rire me fait du bien. J’aime aussi ça chez elle, cette manière qu’elle a de rendre une discussion sérieuse, un peu moins difficile.

 

- Tu pourrais me toucher dans le dos si tu es derrière moi ?

- Oui, ou tirer ton t-shirt genre comme ça...

 

Aussitôt, j’attrape le bas de son haut et tire légèrement dessus.

 

- C’est très bien ! Va pour ça alors. Si tu sens que ça ne va pas, même aux prémices du truc, tire sur mon t-shirt.

- D’accord.

- Promets le moi, et pour de vrai cette fois !

- Oui, je te le promets Léna.

 

Pour sceller cette promesse, je pose mes lèvres sur les siennes, chastement, et nous repartons terminer nos courses. En repassant devant les caisses, je ne peux m’empêcher d’accélérer le pas en baissant la tête et je grogne, à travers mon sourire, quelques mots incompréhensibles quand j’entends Léna qui se moque de moi.

 

Ce n’est que quelques jours plus tard que survient la seconde crise depuis que nous avons discuté, Léna et moi, et le première depuis qu’on a trouvé ce moyen de communication. Étrangement, c’est au même endroit qu’un des jours où je n’ai rien pu cacher : au lac. Comme l’autre fois, on y est toutes les trois, Léna, Amélie et moi. Pour le moment, on ne s’est pas encore baigné parce que l’eau est toujours aussi froide et qu’il est toujours aussi tôt après manger.

 

- Cette fois, je ne suis pas sûre qu’il y ait quoique ce soit d’intéressant au ciné... Explique Amélie.

- C’est pas grave. Réponds Léna en riant. L’autre fois, on était tellement fatigué entre l’après-midi et la soirée qu’on s’est couché en arrivant avec Marie.

 

J’apprécie qu’elle ne mentionne pas l’incident qu’il y a eu ce soir-là, à savoir mon pétage de câble. Je suis sûre qu’Amélie s’est rendue compte de mon état l’autre fois -en même temps, il aurait fallu être aveugle pour ne rien voir- et je ne voudrais pas la mettre mal à l’aise. La pauvre n’y est pour rien. C’est vraiment une chouette personne et au fond, je l’apprécie beaucoup. C’est juste qu’un retournement de situation est très vite arrivé. Si demain, la blonde se rend compte que Léna est encore plus désirable qu’un incube et gentille qu’une bonne fée, je ne pèserai plus grand-chose dans la balance.

 

- Vous voulez faire quoi après du coup ? Demande Amélie.

- Je ne sais pas trop...

 

C’est vrai que je n’ai pas spécialement d’idées. Ou peut-être une seule, alors je la propose.

 

- Peut-être un restaurant ?

- Ah oui, ça pourrait être mieux qu’un sandwich dans ta voiture, vite fait avant une séance. Répond Léna.

 

Nos trois rires résonnent dans l’air. C’est vrai que l’autre fois, pour être sûres de ne pas rater la dernière séance du film, on avait acheté de quoi manger sur la route. Ce souvenir me fait sourire, même s’il n’est pas associé à une journée que je classerais comme bonne.

L’heure tourne et nous discutons toujours de choses et d’autres quand, comme la dernière fois, Amélie se rend compte qu’elle n’a pas mis de crème solaire et qu’elle est en train de prendre un coup de soleil monstrueux. Je me souviens des jours qui avaient suivis notre escapade au lac. Léna m’a raconté qu’elle n’avait même plus pu mettre de t-shirt tant sa peau lui faisait mal. Elle ne portait plus que des débardeurs. Heureusement que son travail le lui permettait. Je connais des entreprises où les habits sont fournis et très couvrants.

C’est la question de la blonde qui me sort de mes pensées.

 

- Léna, tu peux m’aider à me tartiner le dos s’il te plait ?

 

Léna vient d’attraper la bouteille d’eau pour se désaltérer donc elle fait signe à la blonde de patienter quelques secondes mais je ne m’en préoccupe pas. J’essaie de me raisonner. C’est normal qu’elle lui demande à elle. La dernière fois, Léna le lui a proposé naturellement alors elle lui pose naturellement la question. Et puis elles sont amies depuis quelques temps maintenant. Mais rien qu’imaginer les mains de Léna caressant la peau d’Amélie, j’en ai mal au cœur.

 

°Léna a les mains douces en plus.°

 

Alors que je vais pour fermer les yeux, je me souviens de ce qu’on s’est dit : je ne dois pas gérer toute seule. J’hésite quelques secondes, juste le temps que Léna finisse de boire puis j’envoie discrètement la main vers elle. Comme elle n’a pas de haut, je passe doucement mes ongles sur le bas de son dos, puis un peu plus franchement. Aussitôt, elle se retourne vers moi, voit ma mine désolée et me sourit tendrement. Ses mains viennent encercler mon visage et ses lèvres se posent sur les miennes avant de pousser un énorme soupir.

 

- Non, Marie va le faire plutôt. Je meurs de chaud, je pars me rafraichir.

 

D’un geste, elle fait comprendre à Amélie qu’elle en a même la tête qui tourne et un instant, je me demande si elle est vraiment mal. Puis alors qu’elle se lève, mon attention est attirée par un tube de crème qu’on me met sous le nez. L’air un peu perdu, je me retourne vers la blonde qui me tend effectivement son tube, un grand sourire sur les lèvres.

 

- Hésite pas à en mettre beaucoup sur les épaules. Les débardeurs, c’est sympa, mais le matin, il fait trop frais pour partir sans veste.

 

J’espère pour elles qu’elles ne se sont pas concertées, sinon, ça va barder. J’en ai les larmes aux yeux d’émotion, parce qu’Amélie est une personne inconditionnellement gentille, parce que Léna comprend, parce qu’elle m’aime autant que je l’aime et qu’elle est prête à m’aider autant que ce que je suis prête à faire des efforts. Les dents serrées, je récupère le tube et fais signe à la blonde de me tourner le dos, mais cette fois, c’est pour empêcher des larmes de joie de couler. Je pense que tout ira bien à partir de maintenant.

 

_____________________________

 

 

 

Mot de la fin !

L'histoire que vous venez de lire, elle est véridique : c’est mon quotidien. Il ne se passe pas une semaine sans que j’ai à serrer les dents parce que j’ai cette peur sans nom qui me ronge le ventre. Bien sûr, je n’ai pas de belle femme toute de cuir vêtue -qui a dit « dommage » ?!- qui vient me susurrer des horreurs à l’oreille, mais c’est tout comme. Je n’ai fait que donner ces pensées à ce personnage. Je ne dis pas que pour la personne en face, les choses sont faciles à vivre. Comme m’a dit une certaine personne, une fois qu’on a dit à la jalouse qu’on l’aime envers et contre tout, on ne peut, ni sait plus rien faire. Je le comprends tout ça, mais par ce texte, j’espère que vous porterez un autre regard sur cette jalousie qui tient plus de la peur et de la détresse que de la jalousie au sens où la plupart des gens l’entendent. Pensez-y si votre copain ou votre copine vous dit un jour qu’il n’est pas rassuré et sortez lui les vers du nez pour essayer de comprendre ce qui pourrait l’aider à se calmer et avoir plus confiance en votre relation. Le dialogue, c’est le bien, même si ça pleure, même si ça crie, même si ça secoue par les épaules. Ce n’est pas en cachant les choses qu’une relation se consolide. Dites-vous que ce n’est qu’un mauvais -mais essentiel- moment à passer.

Une dernière chose pour conclure, souvenez-vous bien de cette phrase : « ce n’est pas en toi que je n’ai pas confiance, c’est en moi et les autres. »

 

Kause.

 

 
 
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