Mes yeux n'arrivent pas à se détourner. De ma cachette, je vois tout, j'ai une magnifique vu d'ensemble sur le massacre. L'asphalte est taché par des trainées de sang. Des corps sont là aussi, mort. Et je vais devenir comme eux, je me dis. Je vais mourir, je ne veux pas. Pas comme ça. Mon corps recroquevillé temble, mes poils sont hérissés contre ma peau alors qu'il ne fait même pas froid. Des pas résonnent. Ils montent ici, il vont me voir et je ne peux pas partir, c'est trop tard. Ils sont dans les escaliers. Il vont me trainer dehors et je vais recevoir une balle, comme les autres. Je n'arrive même pas à pleurer, et la peur fige mes muscles.
Je n'ose pas regarder la porte, derrière-moi. Mes yeux sont aussi vides que ceux d'en bas. Je suis déjà mort. Alors quand on m'attrape par le t-shirt, je ne cris même pas. Je me laisse tirer en arrière tel un pantin. Puis je croise son regard, le siens, et mon coeur se gonfle d'espoir. Il est toujours là, avec moi.
On arrivera peut-être à s'en sortir, j'espère alors, tous les deux. Ensemble. Il le faut, on doit s'échapper.
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