Ceci est dérivé d’une fic à venir. By Cloe.
La Centauresse
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Inspiré de la sculpture de Camille Claudel.
Daphné est ma métamorphose. Elle m’extirpe de mon corps inflexible. J’ai beau battre le sol de mes lourds sabots, étouffer dans mes propres hanches, elle m’attrape et m’entraîne ; elle fait ce qu’elle veut de moi.
Vers elle je tends les bras, comme un enfant, comme une assoiffée ; je lève la poitrine, me démets ; ce sont ses mains dans les miennes qui m’étirent. J’ai besoin, plus que tout, de ces contorsions – qu’elle me cambre et me dévore, qu’elle m’écarte les jambes et me force. Je n’existe pas sans les contours sinueux qu’elle invente de ses mains froides sur ma peau et de sa langue chaude – là – sans la poitrine qu’elle m’invente, sans le soutien qu’elle serre sur mes reins. Sans la prise dure de ses doigts dans mes formes étranges.
Qu’elle me recouvre, qu’elle me guide. Qu’elle rassemble, feu par feu, tous mes morceaux éparpillés. Qu’elle reforme doucement ma nuque de nouveau né. Qu’elle m’embrasse et cesse de prononcer mon nom – Susan – je n’existe pas – Susan – non, c’est son corps à elle qui existe, contre moi, Susan, Susan, contre mes seins, mon ventre et mes genoux mon amour ma paume oui je ne vois plus son visage quand elle vient – Daphné – elle disparaît – ou c’est moi qui ferme les yeux et me cache dans un noir où je ne vois plus qu’elle, et l’écoute, et colle mon oreille près de sa respiration, colle ma joue près de son souffle, cherche sa bouche automatiquement
Le sort me brise si je ne m’étends pas. Daphné à beau me serrer dans ses bras, c’est son empreinte dans le matelas qui me retient.
Le haut de mon corps s’étire et le reste reste lourd, paralysé, comme – s’il te plaît – découpé – afin que Daphné me prenne, et me soulève du gouffre, et me retire de l’eau, et me secourre, les deux mains agrippées aux bras, sous mes coudes, et les miennes qui l’empoignent, plus fortes, plus fortes… Daphné m’arrache au poids mort et me retord. Elle me plie quand j’en ai besoin. Elle semble vouloir réparer la monstruosité en moi, l’adorer même, parfois, mais je veux trop et cela ne dure pas.
La tension ne suffit pas. |