Y'a que toi qui m'ailles à l'endroit
Il est pieds nus sur le goudron qui borde la route, sa robe noire lui tombe jusqu’aux chevilles. On s’arrête près de lui. « Je suis pas une pute. » « Tu vas où comme ça ? » « Loin. » Loin c’est bien. Il fait chaud dans la voiture et la musique diffusée par la radio l’apaise. Lou s’endort, la tête posée contre la vitre.
Une main sur son épaule, qui le secoue. Ils sont arrêtés sur une petit place grise, devant un hôtel. Ils déjeunent de beignets au sucre et de café, et d’une tranche de brioche et d’un coca pour Lou. Lou qui trempe sa brioche dans son coca, et l’autre qui le regarde étrangement. « Tu veux goûter ? C’est bon. » Effectivement, c’est bon, les bulles dans la mie qui pétillent sur la langue.
Lou n’est pas une pute, mais il couche avec l’autre dans le lit minable de la chambre, pour le remercier, parce qu’il ne sait pas faire autrement.
Ils reprennent la route, longtemps, dorment dans des hôtels un peu pourris et « tu veux peut-être acheter des fringues mieux ? » « J’ai pas d’argent. » « Je te les paie. »
Ils arrivent devant une petite maison comme sur les cartes postales, avec les volets bleus et les murs blancs. Ca sent bon la mer, et le sel et le soleil. Le vent maltraite les herbes folles du chemin des dunes et emmêle les longs cheveux blonds de Lou.
L’autre passe un pull autour des épaules de Lou et presse un baiser sur sa tempe, sous son oreille et sur ses lèvres. Les pieds dans le sable, Lou pense que loin, c’est bien. |