" Je veillais sur elle nuits et jours. C'était une petite fille différente des autres, elle possédait sa propre beauté, elle était unique. Elle possédait un sourire à vous faire fondre. Elle avait beau prendre une année lors de chacun de ses anniversaires, elle gardait un mode de vie et une manière de penser d'une enfant de cinq ans. "

Soeur Léah soupira tristement, portant ses mains jointes contre son buste, serrant dans une des mains un chapelet. Elle baissa ensuite la tête et continu :

" Ce n'était pas de tout repos de s'occuper d'elle, une grande majorité du temps, elle refusait de parler et gémissait tel un enfant en bas âge l'aurait fait face à une situation dérangeante. Mère Martha disait souvent que le démon l'habitait. Monseigneur Timothy a bien essayé quelques séances d'exorcisme, mais rien ne marchait. Pour moi elle était juste différente, et elle voulait grandir à sa manière. Le jour de sa disparition, Mère Martha avait autorisé quelques enfants à jouer dans le bois à deux pas d'ici. Mais avait ordonné à ma soeur de rester dans sa chambre, sous prétexte qu'elle allait faire peur au peu d'habitant de ce village si on venait à la voir. J'ai trouvé cet ordre injuste, et c'est moi-même qui me suis permise d'ouvrir la porte de ma soeur pour qu'elle aille jouer avec les autres. Le soir venu... Tous les enfants sont rentrés, mais pas ma soeur. Ils nous ont dit qu'ils l'avaient perdu au niveau des bois pendant une partie de jeu. Je me suis sentie tellement coupable... Des recherches ont été mises en place, mais aucunes traces d'elle... C'est comme si elle s'était évaporée dans les bois... "

Une larme dégringola le long de la joue blanche de la femme, elle finit sa chute sur la main qui tenait fermement le chapelet. Sébastian acquiesçait lentement face aux explications, il tendit un mouchoir en tissus à la jeune femme qui reniflait à présent.

" Vous ne vous êtes pas faite réprimander suite à votre acte, celui d'avoir désobéi à votre mère supérieure ?

— Euh, je... Elle déglutit et s'arrêta brusquement de renifler. Oui. 

— Je vois... "

Le majordome acquiesça une dernière fois et soupira, se disant que cette affaire pouvait tout à fait relever d'une fillette en déficience mentale avancée qui se serait perdue dans les bois, tout simplement. Sauf qu'il y avait eu deux disparitions. Et cela releverait totalement de la coïncidence, si ces deux jeunes filles possédaient les mêmes caractéristiques.La mère supérieure avait fini son entretien avec Monseigneur Timothy, Sébastian pouvait l'entendre monter les escaliers en bois qui hurlait à chacun de ses pas qui manqués totalement de délicatesse. Soeur Léah essuya rapidement ses larmes avant son arrivée, rendant le mouchoir en tissus au majordome. Celui-ci le pris avec hésitation, ne sachant où mettre ce tissus trempé de larme et autres substances humaines. Il le mit dans sa poche sans rien faire paraitre, tel un vrai gentleman.

" Vous êtes toujours ici mon fils ?

— Oui, soeur Léah a eu la bonté de m'expliquer un peu plus l'historique de l'établissement.

— J'espère qu'elle vous sera été intéressante, je dois partir à mes occupations maintenant, je vous demanderais d'avoir la bonté de partir.

— Très bien. "

Mère Martha se déplaça à la gauche de l'escalier et tendit une main pour l'inviter à descendre, ce qu'il fit. Elle lui ouvrit ensuite la porte de sortie, sans une formule de politesse, une fois le majordome sorti, elle ferma la porte une nouvelle fois dans réel délicatesse. Cette situation esquissa un sourire sadique sur les lèvres de Sébastian. Il replaça correctement son manteau avant d'attirer son regard sur un homme, qui avait les mains sur les épaules de la jeune fille qui s'était échappé quelques instants auparavant. Cet homme avança jusqu'à la porte d'entrée de l'orphelinat et tapa deux coups brefs. Mère Martha, comme éxcédée par le nombre de visite inabituelle ce matin, sorti avec les traits de son visage encore plus tirés.

" Quoi encore pour l'amour du Christ !

— Mille excuses ma mère de vous importuner en ce matin de paix, j'ai trouvé la petite Alisson dans ma grange entre mes ballotins de foin. J'ai cru comprendre que vous la cherchiez par soeur Lisbeth.

— Un grand merci mon fils, vous êtes un cadeau tombé du ciel ! "

La mère supérieure frappa bien fort dans ses mains en regardant en direction du ciel. L'homme lui sourit chaleureusement et poussa doucement la petite fille en direction de la religieuse. Celle-ci attrapa le bras d'Alisson et l'attira à l'intérieur :

" Encore merci monsieur Keegan, nous vous attendons dimanche pour la sainte messe en l'honneur des jeunes disparues ?

— Bien sûr, je serais présent moi et ma famille. "

La religieuse confirma d'un mouvement de tête qu'elle approuvait cette présence, elle salua brièvement l'homme et ferma la porte derrière elle. Le majordome regardait une nouvelle fois de manière curieuse l'homme qui avait ramené la jeune fille. Il tremblait légèrement à certain moment et avait des cernes assez prononcées. Sébastian détourna le regard dès que l'homme avait remarqué qu'on le regardait. Sans se présenter, il retourna à l'auberge, faire son rapport à son maître.