Voilà la seconde partie du diptyque : le point de vue de Rey =)
Bonne lecture !
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Il fait froid. J’ignore où je suis, mais il fait froid. Mes muscles paraissent durcis, tétanisés par la douleur aigüe qui survient après l’effort, un effort terrible. Que s’est-il passé ?
Je lutte pour ouvrir les yeux, mais mes pensées nagent à contre-courant, propulsées vers la surface pour aussitôt replonger tout au fond, là en bas, dans les abysses, l’inconscience. J’ai un goût de fer dans la bouche. Est-ce que j’ai saigné ? Non, c’est le goût de la peur. Elle ruisselle tout le long de mon corps, dans ma sueur, imprègne mes vêtements. Je suis terrifiée… Il ne faut pas !
Avec un sursaut, j’ouvre brusquement les yeux. La forêt a disparu. Je suis dans une pièce métallique, sans fenêtre, violemment éclairée par une lumière artificielle. Immédiatement, l’éclairage me brûle la rétine, mais j’ai eu le temps de le voir. Lui. Il est là devant moi. Ce monstre que je n’arrive pas à qualifier d’homme. Sa position étrange me paralyse : agenouillé à quelques mètres devant moi, son casque sans expression relevé vers mon visage, comme un prédateur s’apprêtant à bondir sur sa proie.
- Où suis-je ? je lui demande par réflexe, et parce que je ne supporte pas le silence de ce masque sans traits.
- Tu es mon invitée, répond-il.
Sa réponse bloque mes pensées. Malgré la déformation du masque, il y a une douceur surprenante, dans sa voix. Je m’en méfie d’autant plus. Sur Jakku, je n’ai jamais connu de gentillesse qui ne soit pas intéressée. Mais surtout, j’ai vu ce monstre à l’œuvre…
Brusquement, le souvenir de Takodana me revient en mémoire : la forêt, les Stormtroopers, et cette haute silhouette noire qui avait surgi tout à coup du plus obscur de mes cauchemars : ce masque, cette voix, et la puissance titanesque qui s’était saisie de moi, déchirant mon esprit, transperçant, aspirant tout…
- Où sont les autres ? je demande, paniquée et désespérément seule.
- Tu veux dire les meurtriers, les traitres et les voleurs que tu appelles tes amis ? Tu seras soulagée d’apprendre que je n’en sais rien.
Une fois encore, la douceur dans sa voix me déstabilise. Comme le calme avant la tempête… Il me fait l’effet d’une pointe chauffée à blanc tout contre ma gorge, comme la pointe de son sabre : un mot de travers de ma part et la façade se brisera, il se jettera sur moi pour me briser comme une vulgaire poupée de chiffon…
Mais non, il y a autre chose. Pourquoi s’exprime-t-il ainsi ? Pourquoi reste-t-il en retrait, pourquoi ne pas me torturer tout de suite ? Il reste là à me contempler… Je ne comprends pas. Ses paroles résonnent en boucle dans ma tête, elles passeraient presque pour de la résignation…
Leur sens me rattrape tout à coup. Finn et Han ne sont pas là. Pas même BB-8… Je suis toute seule. Seule avec ce monstre.
- Tu veux toujours me tuer…, murmure-t-il tout à coup.
Je le dévisage, sans savoir quoi répondre. A quoi cela t’avance-t-il de me demander cela ? Qu’est-ce que tu imagines ? Tu es mon ennemi, c’est moi qui me retrouve enchaînée dans cette pièce sordide par ta faute ! C’est toi le monstre qui m’a traquée et ramenée ici ! Qu’est-ce que je devrais ressentir ? Du doute ? De la pitié ? Mais pourquoi me demandes-tu ça ? Presque comme si tu avais des sentiments, et je sais que tu n’en as pas ! Pourquoi me demandes-tu ça comme si tu regrettais, comme si notre situation à tous les deux, là ici, l’un en face de l’autre, la victime et le bourreau, te répugnait ? Mais pourquoi es-tu si triste ?!
- C’est ce qui arrive lorsqu’on est pourchassé par une créature masquée, je réponds finalement, morte de colère.
Brusquement, il se lève, retire son masque. J’en oublie de respirer. Son geste m’a fait peur, mais à présent… Le visage qui me contemple n’est pas si différent du mien. Il est jeune. Effroyablement jeune. Mon regard se heurte à l’aspect lisse de sa peau, de ses traits, et ses yeux noirs qui me contemplent d’un air de défi, avides de ma réaction. Il y a de l’horreur dans ces yeux. Ils semblent… écartelés. Brisés par un passé dont j’ignore tout, et qu’il n’y a sans doute pas de mots pour décrire. Je suis bouleversée tout à coup, et ma colère s’amplifie.
Ce n’est pas juste… Il est plus facile de faire face à l’ennemi lorsqu’on le qualifie de monstre. Lorsqu’on ignore tout de lui. Lorsqu’on lui dénie toute humanité, toute souffrance, toute émotion, et la profondeur qui sied à toute vie humaine… Kylo Ren me dévisage aujourd’hui, ses yeux dans les miens, sans frontière, sans masque, et je ne vois en lui que le reflet de ma propre terreur.
- Parle-moi du droïde, ordonne-t-il avant que je ne récupère de mon trouble.
Sa voix est grave, profonde. Riche des nuances que seule la tragédie nous apporte. Dans une tentative de repli, j’énumère aussitôt la fiche technique de BB-8, rompant le contact visuel. Son visage m’est insupportable…
- Nous savons que la carte du robot est incomplète, me coupe-t-il. Nous avons reconstitué le reste grâce aux archives de l’Empire, mais le fragment… Tu as convaincu le droïde de te le montrer, à toi. Toi… Une pilleuse d’épaves…
Ces paroles sont censées être une insulte, mais je n’y vois que de la fascination. La fascination d’un cobra devant sa proie… Kylo Ren me scrute comme si j’étais un mystère, et je n’ai aucune clé à lui apporter.
- Tu sais que je peux prendre tout ce que je veux…, enchaîne-t-il, se rapprochant de moi, si près, trop près…
J’ai beau ne pas le regarder, je sens son souffle sur ma peau, et même son odeur saline, fraîche, humaine… Sa présence agresse tous mes sens, et alors qu’il tend la main près de mon visage, je la ressens à nouveau, tout à coup : cette puissance impalpable, terrible, qui perce en moi des portes que je n’avais encore jamais soupçonnées, qui voit clair en moi, qui devine tout…
Je lutte et je pleure, je tremble de tout mon corps, horrifiée par ce contact invasif qui s’infiltre en moi, sans que je ne puisse rien faire pour l’empêcher…
- Tu es si seule…, murmure Kylo Ren à mon oreille de sa voix si douce, et je me retiens de hurler.
Il me touche, il me ressent, comme s’il goûtait la saveur de mon âme sur sa langue, et sa présence submerge toutes les fibres de mon être.
- Si effrayée de partir…, poursuit-il.
Ce n’est pas comme dans les bois. Il m’explore, mais il n’y a pas cette violence, cette brutalité pure qui m’a immobilisée dans les airs et disséqué l’esprit, sans que je ne puisse prononcer un seul son. Quelque part, ça n’en est que plus terrible. Kylo Ren me démontre à quel point il est facile pour lui de lire en moi. Son visage, son timbre, presque sa sollicitude, me touchent et me donnent envie de le haïr, mais je ne le peux plus. Je ne suis plus face à un monstre, je suis face à un être humain, et c’est lui l’énigme.
Pourquoi m’infliges-tu cela ? Comment réagir ? L’impuissance m’envahit, me désespère, et j’évite plus que jamais son regard, parce que je sais que si je le croise, il prendra tout.
Mais voilà qu’il s’enfonce plus avant. Cette fois, la douleur me traverse : une onde de choc froide et terrifiante, qui remonte tout le long de mes os.
- La nuit, quand tu désespères de t’endormir, dit-il, tu imagines un océan. Je le vois.
Non… Ce n’est pas possible, non !
- Je vois l’île…, poursuit-il, impitoyable.
Il ne peut pas, c’est ce qu’il y a de plus intime en moi, il ne peut pas…
- Et Han Solo.
Le visage de Han s’impose à moi. Sa chaleur, sa bienfaisance m’envahissent tout à coup, et son courage. Han, que dois-je faire ? Toi, tu saurais quoi faire. Par pitié, sauve-moi, aide-moi…
- Tu le vois comme le père que tu n’as jamais eu, articule Kylo Ren, amer. Il t’aurait déçue.
Que veut-il dire ? Je n’ai pas le temps de m’y attarder : ma panique se solidifie tout à coup, se cristallise autour du souvenir de Han, et j’articule :
- Sors de ma tête !
Il obéit. Il se recule, et je sens comme un poids s’ôter de mes épaules. Une fatigue immense se fait jour en moi, se coule dans mes veines, me fait prendre conscience de l’énergie dépensée… Mais je ne m’en préoccupe pas. Je ne dois pas m’en préoccuper. Kylo Ren n’en a pas fini avec moi…
Il semble hésiter, se redresse, comme pour s’enjoindre à l’action :
- Je sais que tu as vu la carte, gronde-t-il avec une intensité retrouvée. Et maintenant, tu me la donnes.
Voilà qu’il me frappe à nouveau, plus fort, plus incisif, tranchant net dans ce qu’il désire, et je sens tous les muscles de mon corps se tendre pour résister à cet assaut. Mon visage semble irrésistiblement attiré vers le sien, et je sers les dents, tous mes traits contractés, puisant soudain dans son regard en oubliant tout de ma crainte, de ma faiblesse, de ma douleur.
- N’aie pas peur, murmure-t-il. Je le sens aussi.
Je ne sais d’où me vient cette inspiration, mais je contre :
- Je ne te donne rien du tout !
- On verra.
A nouveau, cette assurance calme, ferme, comme consciente de ses fautes, et néanmoins forcée de les perpétrer… Je n’ai plus le temps d’y réfléchir : le pouvoir indéfinissable de Kylo Ren se jette sur moi comme un animal en furie, et je dois faire barrage. C’est comme si des griffes vivantes me labouraient tout à coup, comme si des dizaines de lames me poignardaient toutes en même temps, et je sens cette énergie brute, palpable, comme un véritable mur en mouvement, foncer vers moi et se fracasser pour détruire tout sur son passage, creuser, brûler, annihiler, et la pression sur mon crâne augmente, augmente, augmente…
La lutte parait insoutenable. Perdue d’avance. L’étau se resserre et je me sens me recroqueviller sur moi-même, devenir insignifiante, minuscule, réduite à ma plus simple expression, au noyau d’essence qui fait de moi ce que je suis, fondamentalement, intrinsèquement, lorsqu’il n’y a plus ni la chair ni les os. Dépouillée de mes souffrances, de ma peur, de la vie et de la mort, il ne reste plus que moi, moi, face à Kylo Ren.
Cette infime singularité que j’incarne s’enflamme au milieu des ténèbres, elle brûle pour survivre : alors, sans conséquence, sans passé, sans avenir, mais seulement en cet instant précis, j’agrippe toute ma douleur, et ma fatigue, et ma rage, la peur que je ressens, l’incompréhension face à cet être étrange, et l’amour pour Han, et Finn, et même BB-8, tout ce qu’ils incarnent, tout se mélange en moi, et je le projette en avant avec toute la ténacité dont je suis capable.
Ce n’est peut-être qu’un maigre rempart, mais je m’en moque : je ne les livrerai pas au Premier Ordre, je ne leur livrerai rien, non, non, NON !
Je trouve quelque chose. Un appui, un repère, quelque chose d’indéfinissable sur lequel je prends position, et qui stoppe la vague monstrueuse qui m’assiège, tout à coup. Que se passe-t-il ? Aucune importance : le visage de Kylo Ren s’est troublé l’espace d’une demi-seconde, et je m’engouffre dans la faille : c’est à mon tour de pousser, de faire pression, combattant l’emprise brûlante et folle qu’il tend vers moi, palpant les contours, saisissant pour la première fois le relief de cette force inconnue qui me cerne, de toutes parts…
Je n’ai aucune idée de ce que je suis en train de faire. Je n’ai aucune idée des puissances qui s’affrontent autour de nous, mais je les sens : deux ondes vibrantes, électriques, qui se caressent et se mordent, se plaquent l’une à l’autre pour en épouser le moindre relief…
C’est un combat de l’esprit. J’ancre mes yeux dans ceux de Ren et j’appuie, déterminée, calme, concentrée, à la recherche de cette minuscule lueur de doute que j’ai aperçu, et qui s’agrandit soudain, se déchire, s’ouvre devant moi : je me propulse en avant tout à coup tandis que le mouvement s’accélère, et je force les défenses de Kylo Ren telle une flèche transperçant sa cible.
C’est comme plonger dans une dimension inconnue. Un univers immense s’offre à moi : obscur, sauvage et brûlant, rempli d’un milliard de constellations dont chacune forge le relief de cet être qui se tient en face de moi, infiniment complexe, torturé, déchiré, fou de peur et de rage dans des proportions qui défient l’imagination. Je sens le conflit en lui, je sens sa douleur, je sens tout : je deviens lui. Mon esprit se répand dans le sien, capte un goût d’éternité, de chaleur et de soufre, plonge dans l’abyme sans fond que j’ai perçu : tout un paysage de failles et de pics encaissés, d’anfractuosités nues, de brisures, cicatrices, une palette aux mille aspérités que j’accroche toutes en même temps.
Je n’arrive pas à croire à ce que je vois. Je ne peux le contenir, il y en a trop… Jamais je n’ai ressenti la présence d’un tel être aussi fortement, jamais je n’ai éprouvé les contours de son âme, sa personnalité, son identité, jamais je n’ai compris quelqu’un aussi profondément, intimement, liée à un point tel qu’il laissera son empreinte sur moi, j’en suis certaine…
Kylo Ren est sombre. Kylo Ren a mal : il lutte contre moi, mais il lutte surtout contre lui-même. Je devine en lui les bases d’un dilemme que je ne peux expliquer, des choix qui l’écartèlent et qui trouvent leurs racines loin dans la souffrance, dans ce que je ne peux saisir. Des milliers d’images défilent devant mes yeux : souvenirs, impressions, odeurs, larmes, du sang dans la nuit, du feu dans son cœur, et cette fascination qu’il éprouve pour moi, la haine, le dégoût, l’incompréhension, la peur, et le doute qui le ronge, l’abyme sur lequel il vacille, en permanence, il suffirait d’une poussée…
- Toi, tu as peur, j’articule. Peur de ne jamais être aussi fort que Dark Vador !
Il recule, aussi violemment que si je l’avais giflé. Je n’arrive pas à y croire… Je l’ai fait ! Je l’ai vaincu ! Je l’ai repoussé, j’ai vu en lui !
Mais qu’est-ce que j’ai vu… ?
Kylo Ren me dévisage, épouvanté, et le trouble sur son visage me bouleverse tout à coup. Celui qui se dressait en face de moi tout puissant quelques instants plus tôt dévoile soudain une vulnérabilité qui ébranle tout ce qu’il y a de solide en moi. Qui m’ébranle, parce que je n’ai pas vu que des ténèbres en lui…
Au contraire. Là où je m’attendais à un bloc monolithique, un abysse de fureur et d’obscur, j’ai vu du doute, de l’espoir, de la lumière… Quelque chose qui vaut la peine que l’on se batte pour lui. Quelque chose qui peut encore être sauvé…
Dans les yeux de Kylo Ren, j’aperçois une égale fascination, et autant de questions… Nous n’avons plus besoin de parler. J’ai le sentiment de le connaître plus profondément que n’importe qui dans cet univers. Il est, sans le moindre doute, un être dangereux, perdu, mais aussi… quelque part… bon. J’ai envie de le sauver. Pourquoi ai-je envie de le sauver ?
Avant même de réaliser cette pensée, il s’avance tout à coup et plaque ses lèvres sur les miennes.
La surprise me paralyse, mais je ne le repousse pas. Pourquoi est-ce que je ne le repousse pas ? Pourquoi suis-je incapable de…
Je sens sa force, son odeur, son baiser à la fois brutal et doux, et je ressens l’envie de l’enlacer tout à coup. Je ne peux pas. Les attaches me retiennent, matérialisent cet élan qu’elles réfrènent. Mes lèvres s’entrouvrent, presque malgré moi, et alors, il me possède, m’inflige le même traitement que celui que je viens de lui faire subir, comme une juste vengeance, une vengeance terrible au goût de miel, qui me dévaste totalement…
Je ne peux pas, il ne faut pas, il ne faut pas… Mais qu’est-ce qui me prend ?
Je sens les contours de son esprit, cet esprit qui m’a touchée, que j’ai touché, cette onde palpable et sensuelle qui nous entoure, nous relie, pour le meilleur et pour le pire, oublieux de toute morale, par-delà la conscience…
Les mains de Kylo Ren courent sur moi ; je n’en conçois aucune angoisse. Mon corps tout entier se tend vers le sien, dans l’attente de cette communion que nous avons partagée, cette union des âmes, cette compréhension au-delà de l’espace et du temps…
Je comprends soudain que voir ainsi tout au fond de lui n’a pu rester sans conséquence. Une part de lui s’est accrochée à moi, vit en moi, et m’attire vers lui, irrésistiblement, aspirant à retourner à son maître, à m’unir à lui…
Je veux nous fondre à nouveau ensemble. Je veux partir à la recherche de cette lumière que j’ai aperçue, d’une telle beauté, d’une telle pureté, je veux retrouver ce jeune homme qui vit encore en lui, ce jeune homme qui n’est pas Kylo Ren, mais qui a été autre chose : une personne heureuse peut-être, digne d’amour…
Amour… Ai-je aimé ce que j’ai vu ? Oui, je crois. J’aime l’intensité de ces baisers tout contre ma bouche, la ferveur de ces mains, et la profondeur de ce regard terrible qui voit tout au fond de moi, qui me brûle, m’adore, presque religieusement…
Ren défait mes vêtements, passe ses mains sur mon corps. Lorsqu’il plonge une dernière fois ses yeux dans les miens, je ne cille pas. Nous ne faisons déjà plus qu’un lui et moi. Ce que nous avons partagé fera à jamais parti de nous…
Peu importe les conséquences. Peu importe l’avenir et les tensions qui nous divisent. A partir de cet instant, nous ne sommes plus qu’un seul et même être. Et si nous devons nous combattre, cela marquera notre chair et nos âmes…
Kylo Ren m’apparait tel un immense trou noir, une beauté déchirée qui m’attire, et soudain, il me prend, nous sommes ensemble : ses mains dans les miennes, lui en moi, et jamais je n’ai ressenti un tel sentiment d’entièreté, de plénitude, de vérité absolue. J’oublie aussitôt ma douleur pour ne plus éprouver que ce lien étrange qui nous relie, sur tous les plans de l’existence, cet éclat qui nous condamne tous les deux, à tout jamais, à évoluer l’un autour de l’autre, dépendants, soleils ennemis amenés à se détruire, se mélanger, vibrer ensemble au chant d’un même requiem, jusqu’à la toute fin…
Nous sommes les fruits de notre propre perdition. A cet instant, nous sommes tragiques et beaux. Je ne suis plus moi. Il n’est plus lui. Nous sommes nous, pour toujours. Quel que soit notre destin, nous le vivrons et l’achèverons ensemble. Je mourrai de sa main ou lui de la mienne. Ou je l’aimerai de mes mains, et lui des siennes…
Il m’embrasse, je ne veux pas cesser ce baiser, je ne veux pas… Revenir à une réalité froide où tout nous divisera, où le conflit gouvernera notre rôle, nous dévorera…
L’émotion que je ressens à cet instant, l’intensité, le plaisir, m’arrachent une larme qui roule sur ma joue tandis qu’il jouit en moi, que je me resserre autour de lui, et que nos souffles s’affrontent, désordonnés, perdus, mais ensemble.
Il se retire soudain, il me quitte, et la réalité se vide. Kylo Ren revient l’envahir, écrase ce qu’il y a de bon en lui, l’étouffe. Non, reste, je t’en prie, ne meurs pas…
Ne me laisse pas… Tu vaux tellement mieux que cela… Libère-moi, pars avec moi, je t’en prie !
Mais non. Kylo Ren est de nouveau là. Sans me jeter un seul regard, il remet son masque et s’enfuit, brûlé comme je le suis, traumatisé au plus profond de son être.
Le garde posté derrière la porte entre à son tour pour me surveiller. Il aperçoit mon vêtement défait, et je sais aussitôt ce qu’il pense. Il croit que son maître a abusé de moi pour me briser. Il n’en est rien. Quelque chose de chaud coule le long de ma peau : du sang, et aussi autre chose : un peu de lui, un peu de moi…
Sans un mot, le garde me rhabille et resserre mes liens. Mon regard reste fixé sur la porte qui vient de se refermer sur celui que j’aime, l’homme derrière le masque… Que se passera-t-il lorsque tu reviendras ? Aurai-je toujours envie de tuer ? Aurai-je la force de le faire ?
Oui, je le crois. Je t’aime. Je t’aime assez pour te sauver. Mais, s’il le faut, je t’aimerai assez pour te tuer.
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Et voilà, j'espère que ça vous a plu !
Je tiens également à vous dire que si vous aimez ce que je fais, mon premier roman papier, Ezéchiel, est paru aux éditions Edelweiss le 27 janvier 2021 !
C'est un roman psychologique qui parle de la frontière entre le rêve et la réalité, et de la façon dont notre subconscient peut nous manipuler. Avec une jolie romance en prime ! ;D
N'hésitez pas à jeter un coup d'œil aux premiers chapitres que j'ai gratuitement mis en ligne sur ce site si vous souhaitez vous en faire une idée, et à en parler autour de vous pour me soutenir dans mon travail et m'encourager !
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Nat'
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